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mercredi 21 octobre 2015

Finnish Death Metal Maniacs

- Pori (Finlande)

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : L'ami Caacrinolas et moi-même nous remettons à peine de l'excellent Fall of Summer, qu'il est déjà temps de ressortir les valises pour le dernier festival de l'été. Et cette saison s'achève en beauté puisque nous embarquons pour la Finlande afin d'assister à l'un des événements les plus attendus de l'année (en ce qui nous concerne) : le Finnish Death Metal Maniacs !
L'annonce de ce tout nouveau festival en début d'année m'avait complètement abasourdi, à tel point que ce « FDMM » était devenu ma priorité (devant le Brutal Assault ou le Fall of Summer, qui pourtant avaient de quoi convaincre). Pour ceux qui ne connaitraient pas, il s'agit là d'un festival 100% axé Death Metal finlandais. Entre reformations de groupes cultes et nouveaux combos prometteurs, l'affiche avait de quoi faire baver n'importe quel amateur du genre.
Nous prenons soin d'arriver la veille dans la capitale afin de visiter un peu, boire quelques pintes au fameux bar le PRKL et passer une bonne nuit dans l'un des hôtels du Stade Olympique d'Helsinki. Dès le lendemain midi, trois heures de bus nous attendent pour nous rendre à Pori (sur la côte ouest), où se déroule le festival.

 

JOUR 1 (warm up)

 

Sleap : Premier constat : cette ville est assez petite. Tout est donc très près niveau distance (hôtels, bars, gare, commerces, etc). C'est donc après quelques trois minutes de marche de l'hôtel que nous arrivons au bar Annis, accueillant l'espace d'un week-end tout le gratin de la scène extrême finlandaise.
On découvre ce petit complexe de deux étages avec à l'entrée quelques stands, tables et barrières pour former une petite ''cour''. Les murs sont tous intégralement recouverts de graffitis colorés qui rappellent indubitablement ceux du feu Kill-Town DeathFest. Et les similitudes avec le festival danois seront d'ailleurs très nombreuses tout au long du week-end.
Finlande oblige, la bière se fait rare. Un seul petit ''stand'' est installé à l'extérieur et il est interdit d'amener sa pinte hors de la zone dédiée (une dizaine de mètres carrés). Heureusement, le choix est assez varié et le prix étonnamment raisonnable.
Les quelques stands de merch et distros présents proposent un choix également très varié pour des prix abordables. Beaucoup de Metal extrême (avec un choix en Death finlandais plus que conséquent), mais également un stand Thrash et même Heavy très alléchants.
Mais l'heure tourne, il est déjà temps d'inaugurer la salle principale (située au premier étage) qui accueillera tous les groupes de ce warm up.

ASCENDED

Sleap : Et c'est avec un groupe local que débute ce warm up. En effet, les très bon Ascended résident ici-même, à Pori, et sont donc plus qu'adaptés pour ouvrir les hostilités. Alors que les musiciens arrivent sur scène, on découvre que le vocaliste n'est autre que Jussi de Stench of Decay (jouant en tête d'affiche ce soir). Mais la véritable surprise de ce début de concert est le morceau d'intro. Le groupe décide en effet d'ouvrir son set sur Perpetual Ascent de Demigod ! Cet instrumental, en plus de rendre hommage au groupe le plus emblématique de la scène Death finlandaise (malheureusement indisponible pour cette édition), fait également office de très bonne introduction au set d'Ascended (littéralement et musicalement).
Mais les compos du quatuor se situent dans la plus pure tradition FinnDeath. Les autres morceaux joués ne font donc pas pâle figure après cette reprise magistrale. On retrouve chez Ascended cette atmosphère sombre ponctuée de leads torturés qui ont fait la renommée de cette école si particulière de Death Metal, comme sur le titre éponyme de la démo The Art of Necromancy. Cette dernière reste à mon sens la meilleure réalisation du groupe à ce jour, mais les titres de leur EP et même de leur dernier split joués ce soir (comme l'entrainant Spirits of the Passage) sont tout aussi prenants en live.
Même si je déplore un jeu assez brouillon de la part du batteur (ces pains, sérieusement...), ce show d'Ascended est tout de même une très bonne entrée en matière pour un festival tel que celui-ci. À ceux qui ne connaitraient pas encore, voilà un combo à suivre dans le paysage Death finlandais actuel !

DECAYING

Sleap :Decaying est la petite découverte de la soirée pour votre serviteur. Ne connaissant que de nom, c'est avec curiosité que je me place dans la salle. Et, ma foi, cela va être une très bonne surprise en ce qui me concerne. Le quatuor d'Helsinki pratique un Death Metal lourd à la Asphyx, teinté de petites mélodies dramatiques qui rappellent la dernière période de Bolt Thrower. Un cocktail qui ne peut que me plaire, avec en prime des vocaux ''Van Druneniens'' absolument géniaux de la part du chanteur / guitariste (comme sur le très efficace The Ardennes Offensive).
Le batteur est cette fois-ci à l'opposé de celui du groupe précédent. Une précision chirurgicale autant pendant les parties rapides que lors des plans plus lourds. Mention spéciale aux nombreux ralentissements rythmiques du plus bel effet à chaque fois ! En plus des nombreuses parties skank beat (toukatouka), le riffing se fait également pesant et torturé comme sur l'intro de The Aftermath (qui rappelle carrément celle de Forgotten War d'Asphyx), ou encore celle de Firestorm avec ce petit lead à la Bolt Thrower période IVth Crusade / For Victory. Bref, une très bonne surprise en live. Je quitte cependant le concert assez précipitamment après ce morceau (un ami ayant repéré le chanteur de Cartilage dans la cour, l'occasion d'aller lui faire autographier ma superbe réédition du split avec Altar) !

KRYPTS

Sleap : Même si c'est le seul groupe de ce soir que j'ai déjà pu voir en live, Krypts est tout de même celui que j'attends le plus. Les quatre Finlandais paraissent toujours aussi jeunes et ils vont à nouveau nous plonger dans une atmosphère sombre et oppressante pendant plus de 40 minutes. Leur Death Metal est incontestablement ce qui se fait de plus lourd en Finlande ces dernières années, et c'est encore plus le cas en live. L'excellent son et l'ambiance développée suffisent à nous immerger dans la dense musique du combo. Pas besoin de jeu de scène particulier, les gars ont une attitude très sobre qui sied parfaitement au concert. Les morceaux de la démo ou de l'EP, comme le classique Open the Crypt, s'intercalent entre les titres du full-length tout aussi prenants. Ainsi, les longues pièces aux délectables leads finlandais comme Putrified into Nothingness laissent parfois place à des morceaux plus bruts et rentre-dedans comme l'ultra efficace Day of Reckoning et son passage D-beat ravageur. Le groupe nous achève enfin sur le dernier titre de l'album, Beneath the Archaic, magnifique pièce de plus de 6 minutes à l'ambiance lourde et sinistre, dont le lead lointain nous reste en tête pendant de longues minutes. C'est donc encore une fois un show très riche de la part de Krypts, et sans surprise, mon concert de la soirée. Encore bravo !

STENCH OF DECAY

Sleap :Stench of Decay est le dernier groupe à jouer, et également celui que j'attends le plus aujourd'hui après Krypts. Certains problèmes de line up de dernière minute empêchent le groupe d'être au complet ce soir, mais deux membres de Krypts viennent justement remplacer les musiciens absents. On retrouve également Jussi au chant et à la guitare (après sa très bonne prestation vocale avec Ascended en début de soirée), qui va encore une fois mener d'une main de maitre ce concert. Il s'agit indéniablement du frontman le plus charismatique de ce warm up, communiquant peu avec le public mais adoptant une posture solennelle et lançant des regards assassins à l'audience tout au long de la prestation. Audience totalement acquise à la cause du groupe, à commencer par ce cher Immu (organisateur du festival) qui devient totalement fou dans la fosse dès les premières notes de Vision Beyond Death.
Le Death Metal de Stench of Decay se situe assurément dans le sillon crée par Demigod et Abhorrence au début des 90s, mais avec une approche légèrement plus brute et directe. Leurs trois sorties sont représentées ce soir, et en particulier la seconde démo Where Death and Decay Reign avec le titre éponyme mais également Creation of Carnal Lust, mêlant à la perfection l'aura sombre ponctuée de leads tourmentés et la lourdeur Death Metal old school. Et ce show se termine de façon magistrale avec une reprise de l'un des titres les plus emblématiques de toute la scène finlandaise, à savoir As i Behold i Despise de Demigod. Qui aurait cru débuter ET finir la soirée avec deux titres des patrons du genre... Tout simplement parfait !

 

JOUR 2

 

Sleap : C'est aujourd'hui que les choses sérieuses commencent, avec cette première véritable journée de festival. Il est temps d'inaugurer la salle du bas dans laquelle joue le premier groupe de la journée...

WITCHCRAFT

Sleap : C'est avec le groupe le plus à part de la journée (aux cotés d'Archgoat) que débute le festival. En effet, les trois jeunes musiciens présents sur la seconde scène en ce début d'après-midi ne sont pas connus pour jouer du Death Metal. Witchcraft se situe dans la droite lignée de ce que ses membres faisaient quelques années plus tôt au sein de Black Feast, à savoir un Black Metal très clairement inspiré par Beherit. Et cela se ressent jusque dans la dégaine des membres, tous grimés en sosies de Nuclear Holocausto Vengeance.
C'est donc parti pour près de 40 minutes de Black Bestial dans la plus pure tradition. Un jeu de batterie alternant blasts approximatifs mais totalement dévastateurs et breaks brise-nuques tels que celui de Grave Immolation (qui rappellent incontestablement ceux de Desecration ou Ritual des bien nommés Blasphemy). Le riffing très grave et grésillant rappelle également beaucoup les deux groupes suscités, tout comme les ponctuelles vociférations réverbérées du jeune chanteur / guitariste. Et pour clore le tout de façon plus lourde et lancinante, le trio nous laisse sur une reprise de Nightmare (Sarcofago) exécutée à la perfection. Après avoir usé un grand nombre de fois leur dernière tape (que je conseille à tout le monde), j'ai la confirmation live que Witchcraft est un groupe à surveiller au sein de la scène Black Bestial actuelle.

PESTIGORE

Sleap :Pestigore est le premier groupe de cette première journée à être revenu d'entre les morts à l'occasion du Finnish Death Metal Maniacs. Les Finlandais n'ont sorti qu'une poignée de démos au début des années 90, mais leur retour reste un petit événement pour un certain nombre de personnes dans la salle.
On ressent dès le début du set que le groupe n'a pas été sur scène pendant un certain temps (plus de 22 ans en l'occurrence). Les musiciens paraissent en effet très réservés et hésitants. Le frontman, arborant une casquette et une veste à patch à l'effigie de nombreux groupes des 80s / 90s a plus des allures de fan que de véritable chanteur. Même si ses vocaux sont plus que corrects, sa posture quasi-statique et ses timides interactions avec le public ne rendent pas la prestation bien vivante.
Les 40 minutes de set permettent au groupe de nous interpréter la quasi-totalité de sa courte discographie, avec entre autres The Incurtion of Chaos et Ahead of the Law, tirés des deux premières démos. Mais c'est leur dernière (et meilleure) démo Twisted Perversions... qui est à l'honneur aujourd'hui : Plaguelord, Incur the Gods Great Disfavour ainsi qu'un final sur Sea of Souls dédicacé au public. Mais malgré l'efficacité certaine de quelques unes de leurs compos, le concert reste tout de même assez quelconque, surtout en comparaison de ce qui arrive plus tard. Une prestation honnête de la part d'un vieux groupe qui retrouve la scène et le public avec humilité et sympathie, mais tout de même peu marquante...

GOREPHILIA

Sleap : Voilà enfin ma première véritable attente de la journée. Et ce n'est pas l'un des nombreux vétérans du week-end, mais cette fois-ci un groupe relativement jeune dans la scène finlandaise. Le combo de Vantaa s'est fait remarquer au début des années 2010 avec son premier EP Ascend to Chaos, et a véritablement marqué les esprits quelques temps plus tard avec son premier et terrible full-length Embodiment of Death. Il s'agit d'un des groupes finlandais récents que j'affectionne le plus car il se démarque en effet beaucoup des carcans du FinnDeath classique. Les influences sont plutôt à chercher du coté des USA, avec un riffing et des tapis de double pédale rappelant aisément Morbid Angel (comme sur Hellfire, l'un des nouveaux titres joués ce soir). Mais Gorephilia incorpore justement à ce Death Metal pas mal de leads à la finlandaise comme sur Reaching the Diving End, l'un des rares morceaux de l'EP joués aujourd'hui. Le résultat, vous l'aurez compris, est vraiment intéressant pour n'importe quel aficionado du genre.
Le principal défaut de ce concert est le son. C'est d'ailleurs la seule fois du week-end que celui-ci sera aussi brouillon. Dommage, surtout pour un Death Metal aussi dense que celui de Gorephilia. Les musiciens, eux, ne souffrent d'aucune difficulté particulière, si ce n'est le chanteur qui a l'air complètement saoul. Mais sa posture titubante et son regard vitreux font partie intégrante de son jeu de scène j'imagine. En revanche, celui qui accapare le plus mon attention est le batteur, le plus impressionnant de la journée selon moi. Un jeu fourni et varié, beaucoup de changements et une rapidité à toute épreuve, que ce soit aux blasts ou au double kick (comme sur l'énorme Gods Stand Aghast). Le groupe termine son set sur Exist to Suffer, autre terrible titre de leur unique album, avant de quitter la scène sous les applaudissements. Si l'on excepte les conditions sonores quelque peu désavantageuses, Gorephilia nous délivre un show très poignant, à l'image de leur musique studio.

DEMILICH

Sleap : Il y a un an presque jour pour jour, j'étais prêt à faire le déplacement jusqu'en Finlande pour voir Antti Boman et deux de ses compères interpréter du Demilich dans un petit bar de leur village natal. Si l'on m'avait dit que le groupe se reformerait au complet de manière officielle quelques mois plus tard, et que j'aurais même l'occasion de les voir en festival, j'aurais pouffé de rire... Et pourtant, me voilà aujourd'hui en Finlande pour voir mon groupe finlandais préféré pour la troisième fois. J'ai encore du mal à y croire.
Je ne vais pas réitérer toutes mes éloges une nouvelle fois, j'invite donc ceux qui n'ont pas lu mes reports du Brutal Assault et surtout du Wolf Throne à y jeter un œil afin de se faire une véritable idée de ce que peut-être la joie de voir ces légendes sur scène. Cependant, je me dois de mentionner les particularités de la prestation de ce soir, qui en font indiscutablement la meilleure performance de Demilich qui m'ait été donné de voir.
Tout d'abord le cadre, encore plus intimiste que celui du Wolf Throne 2015. La ''grande'' salle du premier étage, avec sa scène de quelques centimètres de haut, son parquet, son plafond très bas et sa petite capacité font presque passer les groupes comme Demilich pour des premières parties. Mais cela rend leur concert encore plus convivial et prenant. Antti, à quelques centimètres de nous, s'adresse de nombreuses fois au public (la plupart du temps en finnois) avec un grand sourire et même quelques rires. Les fans sont évidemment très réceptifs et certains déclenchent même des pits plusieurs fois durant les morceaux. Même si je trouve cela assez inhabituel pour une musique comme celle de Demilich, l'ambiance s'en trouve encore plus électrifiée.
La setlist ne change pas des précédentes fois (pas de Erecshyrinol ou de You'll Remain...) mais reste toujours aussi poignante. Les envolées torturées de The Cry, le groove macabre de Chamber of Whispering Eyes, l'atmosphère poisseuse de Inherited Bowel Levitation, tous ces éléments qui ont fait la renommée du combo de Kuopio sont parfaitement restitués en live. Le tout emmené par les fameux vocaux dégoulinants de Antti. Et je ne mentionne même pas le son tant sa qualité va être exemplaire tout au long du week-end. La prestation du groupe à Paris en Mars dernier était jusque là l'un de mes meilleurs concerts de l'année, mais celui de ce soir vient de le surpasser largement. En toute subjectivité, il s'agit sans surprise de mon concert du festival !

CONVULSE

Sleap : L'enchainement se poursuit dans la salle du bas avec le trio de Nokia. Cela fait presque 2 ans que je n'avais pas vu Convulse, et revoir la bande à Rami sur scène est un plaisir. Plaisir de réentendre en live les titres du fabuleux World without God, mais également de voir Rami toujours souriant et heureux de jouer et faire partager sa passion. Même si les titres post-1991 ne sonnent évidemment plus du tout pareil, le frontman paraît si enthousiaste que cela fait presque passer la pilule. De plus, le public est certainement l'un des plus dévoués de tout le week-end. Les poings se lèvent et les cris d'enthousiasme fusent dès les premières notes de l'intro solennelle de World without God, et c'est comme ça pour chaque morceau dudit album. Aucun doute, il n'y a que des vrais fans dans la salle. Malheureusement, nous n'aurons pas droit au terrible Putrid Intercourse cette fois-ci, mais l'énorme Blasphemous Verses ainsi que les deux derniers titres de ce premier album me font vite oublier cela. Les trois Finlandais sont tout aussi actifs sur scène que le public mais gardent en plus une attitude très simple. On aura même l'occasion d'échanger quelques mots avec Rami et sa bande dans la fosse juste après le concert, ainsi que durant tout le reste du festival. Il est rare de voir un groupe de la trempe de Convulse rester aussi humble, respect !

ARCHGOAT

Sleap : Après les avoir raté un nombre incalculable de fois pour diverses raisons, je ne cache mon excitation de voir enfin Archgoat en live. Et pour une première fois, les conditions sont tout simplement parfaites. Voir le groupe en Finlande, qui plus est sur une affiche hommage aux 90s, avec le vieux logo du groupe trônant fièrement en son centre, n'est pas une simple date.
Le public est totalement déchainé dès l'arrivée des deux frères sur scène et l'apocalypse commence véritablement lors des premières notes de Nuns, Cunts & Darkness. Car oui, la setlist ne va malheureusement pas changer de celle de la précédente tournée avec Inquisition, alors que les conditions et le cadre laissaient pourtant présager un show spécial (qui a dit Angelcunt ?). Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, la setlist en question reste tout de même absolument énorme, surtout lorsque les compos sont sublimées par les fameux coups de tocsin en sample.
Les 5 principales sorties de la carrière du groupe sont donc équitablement départagées, du vieux Penis Perversor au récent Grand Luciferian Theophany (dont les relents exquis de Beherit ont un effet décuplé ce soir dans la salle) en passant par le classique Lord of the Void et son break dévastateur. Pour ma part, je perds tout contrôle de moi-même lors de mes deux titres favoris Dawn of the Black Light et le final sur Rise of the Black Moon (raaaaah ces coups de tocsin sur le break me rendent complètement fou)... Et en plus de ces fameuses cloches, les samples d'intro sont également présents comme sur Goddess of the Abyss of Graves et ses gémissements féminins.
Malheureusement, Tuomas n'est plus de la partie et c'est le batteur de Maveth qui le remplace derrière les fûts ce soir. Rythmiquement, le changement n'est que peu perceptible, et le charisme du power trio n'en est heureusement pas diminué. Aucune communication avec le public, juste quelques annonces de titres d'une voix caverneuse et un regard noir de la part des membres tout au long du set. Je n'en attendais pas moins d'un show de Archgoat, et cette première fois se hisse aisément dans mon top 5 des meilleurs concerts Black Metal de ma vie.

PURTENANCE

Sleap : « Je les ai placé en tête d'affiche aujourd'hui car c'est l'un des rares ''vieux'' groupes de la scène que je n'avais encore jamais vu, et également l'un de mes préférés » me confiait Immu avant le début du concert. Pour ma part, même si j'aime beaucoup leur démo Crown Waits the Immortal et dans une moindre mesure le premier full-length, Purtenance n'ont jamais fait parti de mes Finlandais favoris. Mais je ne cache évidemment pas ma joie de voir le groupe sur scène, surtout avec une heure de show et plusieurs exclusivités tout au long de celui-ci.
Et cela débute avec le line-up actuel, emmené par Ville, nouveau bassiste / vocaliste depuis la reformation du groupe. Les quelques premiers morceaux (récents pour la plupart) sont donc bien exécutés et bénéficient même d'une efficacité supplémentaire en live. Mais c'est véritablement lorsque le chanteur original arrive sur scène que le concert démarre. En effet, Timo Häyrinen (vocaliste de Purtenance Avulsion puis de Purtenance tout court sur la première démo et le premier album suscités) fait le déplacement en personne pour revenir chanter les titres phares du groupe pendant près de 40 minutes. Et on constate que cela n'était pas arrivé depuis plus de 23 ans en voyant la joie du frontman de retrouver ses collègues musiciens. Le bougre déploie une énergie folle à communiquer avec le public, faire le show et bien sur chanter tous les meilleurs morceaux de Purtenance comme Apparition of the Mist, Deep Blue Darkness, Reality Isn't Disappeared ou encore les tueries Crown Waits the Immortal et Black Vision en fin de set.
Le tout est mis en valeur par des conditions sonores absolument parfaites (de très loin le meilleur son de tout le week-end) ! Évidemment, un concert est rarement parfait en tout point, et ce soir c'est la batterie qui est le principal (seul ?) défaut. Le batteur peine à tenir les blasts (pourtant pas extrêmement véloces) et commet donc pas mal de pains durant les parties rapides. Mais les conditions si spéciales de ce show finissent par éclipser cet aspect. Et justement, le concert se termine par une autre exclusivité : le chanteur original quitte la scène pour laisser place à Blackvenom, chanteur de Flame, qui vient interpréter Risen from the Grave dans la folie la plus totale (Immu lui-même monte sur scène, accompagné des gars de Witchcraft et même d'autres fans). Comme je le disais, je n'étais pas aussi excité pour Purtenance que pour Demilich ou même Convulse, mais ce concert si spécial est finalement l'un de mes meilleurs moments du week-end.

 

JOUR 3

 

Sleap : C'est déjà le dernier jour de festival, mais heureusement, l'organisation nous a réservé la journée la plus chargée avec plus d'une dizaine de groupes (dont les cultes Rippikoulu, Depravity et Lubricant) dans deux complexes différents. Le tout se terminant par un long set de Skepticism judicieusement bien placé.

FESTERDAY

Sleap : Et c'est avec un autre vétéran que débute ce troisième jour. Festerday a beau être resté dans l'ombre, le groupe est tout de même actif depuis 1989. Leur manque de popularité au sein de la scène est surement dû à des changements perpétuels de noms et de styles musicaux. Tantôt Death, tantôt Black, Indus, Sympho, le groupe a souvent expérimenté et s'est aventuré sur beaucoup de terrains (glissants) au fil des années sans connaître le succès. Assez logique au vu de ces virages incessants et surtout de la qualité discutable de nombre de leurs sorties. Mais depuis 2013, les voilà revenus sur le droit chemin, à savoir leur toute première forme : Festerday, un Death Metal gras et direct qui, sans s'en détacher complètement, s'éloigne pas mal des standards de l'école FinnDeath classique.
Les 5 membres originaux (excepté le bassiste, ce dernier étant décédé en 1999) investissent la petite scène du haut et débutent leur set avec un son tout bonnement excellent. Le grain des guitares bénéficie d'une ampleur sonore telle qu'il sonne presque ''suédois''. Et cela colle carrément à la musique de Festerday. Le quintette utilise en effet beaucoup de mélodies et de leads de guitares qui semblent beaucoup plus empruntés à Dismember qu'aux Abhorrence ou Demigod nationaux (comme sur le très bon Mouth-to-Mouth Vomiting). Le tout est en plus amené par des rythmes rapides, très groovies et bas du front qui rappellent d'autant plus l'école suédoise que finlandaise.
Enfin, l'un des autres points fort de Festerday réside selon moi dans le chant de Kena. À l'instar de ceux d'Antti Boman (Demilich), ses vocaux sonnent tout aussi inhumains en live qu'en studio. Une dominante très grave, à la fois caverneuse et dégoulinante, et d'autres vociférations plus criardes rappelant celles de Jeff Walker de Carcass (en même temps Festerday, ça ne vient pas de nulle part...) ! Le frontman nous fait même quelques ''blagues'' comme « This is a new song... from 1992 ! ». L'essentiel de la setlist est en effet composé des titres de la nouvelle compil' The Four Stages of Decomposition qui regroupe tous les premiers enregistrements du groupe, ré-enregistrés, modifiés, voire carrément re-composés intégralement (avec, plus ou moins dans l'ordre, I Breathe Death, Wonderful Worms, Rotting Under Goregeous Autumn Colors, Shit-Blistering et un final sur Dismembered and Devoured). En plus de sonner différemment des autres groupes, Festerday nous aura offert un show brut et rentre-dedans qui aura bien réveillé l'assemblée pour attaquer cette journée chargée.

NECROLEPSY

Sleap : Après ce concert de SweDeath, place maintenant à un pur show de Death US avec les jeunes Necrolepsy ! Décidément, ce début de troisième journée est assez varié pour un festival de Death finlandais !
Pour éclairer ceux qui ne les connaitraient pas, les finlandais de Necrolepsy semblent être les plus gros adorateurs de Chris Reifert que la scène ait connu. Évoluant en power trio (avec batteur / chanteur évidemment), le groupe pratique un Autopsy-worship des plus convaincants. Les géants californiens sont l'influence la plus évidente, mais lorsque j'évoque Chris Reifert en particulier ce n'est pas anodin. En effet, les trois musiciens vont tout aussi bien piocher dans le répertoire d'Abscess (pour le coté Punk et concis mais également les thèmes graveleux) que dans le Death première période (notamment dans les accélérations skank beat ravageuses).
Il en résulte un Death Metal rampant et crasseux dont les lignes de basse ''Severed Survivalesques'' sont prédominante, comme sur Re-Animator. De plus, le tout est ponctué de sursauts rythmiques absolument bestiaux qui ne sont pas sans rappeler un certain Scream Bloody Gore (l'ouverture sur Rot in Piss par exemple). Mais ce feeling crade et bas du front n'empêche pas le groupe de nous pondre quelques soli assez bien amenés comme sur le bon Zombie, joué en fin de set. Pour couronner le tout, la voix du batteur, bien que moins puissante et calibrée que celle du Maître, est assez impressionnante, notamment lors des longs screams écorchés typiquement ''Reifertiens'' que l'on peut retrouver sur Grave Robber entre autres.
L'absence totale de communication et la courte durée des morceaux permettent au trio de nous interpréter une flopée de titres tous plus évocateurs les uns que les autres. La première démo Rot in Piss est bien sur jouée en entier, mais on a également droit à des morceaux inédits comme le final sur Urine Temple. Ce show de Necrolepsy semble donc en avoir convaincu plus d'un. Une bonne bouffée d'air frais (au sens figuré !) dans cette avalanche de FinnDeath.

LUBRICANT

Sleap : Place maintenant à la première véritable exclusivité de la journée : le retour sur les planches de Lubricant ! Et le simple « 22 fucking years ! » du chanteur à son arrivée sur scène suffit à enflammer le public massé devant cette ''grande'' scène. Ce groupe, déjà si particulier à l'époque dans le paysage Death Metal finlandais, confirme encore ce soir son statut de groupe à part. La dégaine ''random'' de chaque membre ainsi que le sample d'intro y sont pour beaucoup. En effet, avant que ne retentissent les premières notes de Imperious Radiopraxis, on a droit à une intro folk sifflotée assez improbable (qui s'avère être le générique TV d'une émission de cuisine locale des années 80).
Le petit chanteur, Sami, possède toujours les mêmes vocaux Carcassiens qu'en studio et dégage en plus une forte sympathie grâce à son jeu de scène et ses quelques interventions. Il n'hésite pas à faire quelques pas de danse sur les passages Death'n'Roll de Declaration of Gallopping Consumption et même chanter en voix claire comme sur le fameux Thrombose. C'est celui qui accapare le plus l'attention après le batteur. Ce dernier, en plus de son look complètement improbable, possède toujours un groove et une frappe exemplaire, en témoigne l'accélération complètement hallucinante rajoutée à la fin de Expulsive Gastroscopia en guise de final de concert. Les deux meilleures réalisations du groupe (la démo Swallow the Symmetric Swab et le fameux EP Nookleptia) sont équitablement représentées avec pas moins de quatre titres de chaque. Le point d'orgue du show est évidemment le très attendu Inflammatorius Pulmonectomia, dont les cris de canards lors du break sont repris par beaucoup de fans dans l'enthousiasme et la bonne humeur.
En plus de la joie de voir enfin le combo de Nokia sur scène, ce concert de Lubricant s'avère être un excellent moment de rigolade et d'étonnement. Les particularités musicales et visuelles du groupe évoquées ci-dessus, couplées à un public plus que réceptif, font de ce show le numéro 1 du week-end niveau ambiance !

AMPUTORY

Sleap :Amputory a beau avoir sorti un album correct en début d'année, le groupe ne m'a pas marqué plus que ça, et cela ne va malheureusement pas changer en live. Les jeunes finlandais comptent en leurs rangs deux membres de Pestigore et, à l'instar de ces derniers, leur prestation sera vite oubliée.
Leur récent (et premier) full-length Ode to Gore est joué quasiment en entier aujourd'hui, avec entre autres le titre éponyme, mais aussi Unaccountable, Bludgeoned, Aghori, Illuision of Sanity et un final sur la doublette Cleansing the Blade / Enslaved in the Basement. Mais malgré l'efficacité certaine de la plupart de leurs compos (notamment niveau rythmique), je ne rentre malheureusement pas tant que ça dans le show. Et au vu du petit public présent dans cette salle du rez-de-chaussée, je ne suis pas le seul dans ce cas. Même Dave Rotten, le gérant de leur label, ne semble pas plus emballé que ça par la prestation de ses poulains. Un nouveau titre, Final Collapse, est interprété pour l'occasion et semble rester dans la même veine que les autres, à savoir un Death Metal aux influences old school, tantôt rentre-dedans, tantôt mid-tempo mais sans feeling particulier, juste efficace sans plus... Amputory confirme donc en live ce que je pensais déjà du groupe en studio : un groupe Death Metal quelconque qui fait remuer la tête gentiment mais que l'on ressort très rarement des étagères...

NECROPSY

Sleap : Retour dans la salle du haut pour l'un des gros noms de la journée. Parmi les vétérans finlandais ayant pour la plupart sorti l'essentiel de leur discographie dans les 90s, Necropsy a un parcours assez atypique. Après plusieurs démos sorties durant l'age d'or du style, le groupe splitte pour finalement refaire surface en 2008 et réaliser son premier full-length quelques temps plus tard. Mais contrairement aux Suédois d'Interment ou aux américains de Goreaphobia (ayant sensiblement le même parcours), le Death Metal de Necropsy a considérablement évolué depuis. Et le constat est plus que flagrant ce soir, notamment entre l'ouverture sur Mental Disturbance (toute première démo) et le Cold Fart Morbidity qui suit (extrait du nouvel album). Le feeling old school et cradingue des premières réalisations a totalement disparu. Il en résulte des compos Death Metal génériques et sans grande saveur, dont la seule force réside finalement dans le chant de Tero. Car oui, s'il y a au moins une chose qui marque chez Necropsy, en studio comme en live, c'est bien la voix. Un grunt profond, à la fois gras et écorché, et surtout terriblement puissant. En revanche, le frontman n'a pas l'air bien convaincu de ses capacités et reste assez timide malgré la renommée du combo de Lahti. Il faut dire que les 5 membres sont assez à l'étroit sur cette scène, mais l'attitude du chanteur (main dans la poche, regard au sol, rares interactions) ne participe pas à maintenir le public dans le show. Beaucoup de personnes quittent justement la salle au fil du concert. Pour ma part, je reste tout de même pour entendre quelques titres de Bloodwork ainsi que le très bon Never to be Forgotten, mais j'avoue trouver cette prestation vraiment fade. Le tout s'achève sur le titre éponyme du nouvel album, Buried in the Woods, qui fait figure de clôture assez quelconque, malheureusement à l'image de la quasi-totalité du concert...

LANTERN

Sleap : Après un petit tour à l'hôtel, il est temps d'aller inaugurer le bar Kino, où se déroule la seconde moitié de la journée. L'organisation a finalement décidé d'offrir une chance à ceux qui n'avaient pas pu obtenir de pass pour le festival en faisant jouer une partie des groupes dans cet endroit plus spacieux. Ainsi, en plus des festivaliers, le bar Kino accueille ce soir d'autres fans (venus surtout pour Rippikoulu) pour cette soirée unique (et cette fois-ci on peut boire à l'intérieur) !
Ce sont donc les jeunes Lantern qui se chargent d'ouvrir les hostilités devant un parterre encore bien clairsemé. En effet, la plupart des festivaliers sont encore au bar Annis (où se déroule le reste du festival) et les autres fans ne sont pas encore tous arrivés en ce début de soirée. De plus, les nombreux (et douillets !) canapés disposés dans le fond de la salle et sur le balcon nous incitent plus à nous assoir qu'à se planter devant la scène... C'est donc malheureusement assez distraitement que nous assistons à la prestation du combo de Kuopio, un verre à la main.
Avec leurs jeans moulants, cheveux blonds lisses, gilets en cuir et autres bracelets, les quatre Finlandais ont plutôt la dégaine ''Suédoise'' si chère aux récents combos d'''extrême'' dont je n'ai même pas besoin de mentionner le nom... Et hormis le chanteur, les membres demeurent assez statiques sur cette scène pourtant plus spacieuse que les autres. Pour couronner le tout, en bas comme en haut, le son est très brouillon. On reste en mesure d'apprécier les morceaux, mais cette baisse de qualité est tout de même fort regrettable (surtout pour une salle en apparence mieux équipée que la précédente)... La part belle est faite au full-length Below, avec ses tremoli qui rappellent souvent Morbid Angel (en plus des soli légèrement ''Azagthothiens'' comme sur Revenant). Le nouveau titre joué ce soir promet également du bon, même si le chant pseudo-incantatoire me rebute encore un peu. Au final, même s'il passe assez bien, ce concert aurait pu être bien plus prenant dans de meilleures conditions. Dommage.

LUBRICANT

Sleap : En plus de la première partie, l'orga propose également un deuxième set de Lubricant pour ceux qui n'auraient pas pu assister au premier quelques heures plus tôt au bar Annis. Et, même si ce dernier reste un moment plus que spécial du festival, ce second le fut presque tout autant. Avec quelques verres de plus, les membres semblent encore plus décontractés et prompts à communiquer. Sami, le frontman, est même totalement fou sur scène, encore plus dansant, excité et drôle que durant le premier set. Celui-ci ne cesse de sourire et de faire des blagues entre les morceaux (malheureusement pour nous en finnois). En revanche, le groupe n'ayant pu faire que trois répétitions avant cette reformation, nous auront droit à la même setlist que précédemment (dans un ordre différent). Le son est toujours bien en dessous de celui du bar Annis et les samples sont même totalement absents lors de ce deuxième set. Mais cela permet, entre autres, à Sami de siffloter le sample d'intro évoqué plus haut, pour encore plus de fun et d'improbable. Le public semble également un peu plus actif (et saoul), certains se mettent même à caqueter avec moi lors du fameux break d'Inflammatorius Pulmonectomia. Je pense avoir toujours une préférence pour le premier concert au bar Annis, mais ce set du bar Kino sera également un excellent moment à passer avec tous les copains. Lubricant nous aura définitivement offert des souvenirs mémorables durant ce week-end !

RIPPIKOULU

Sleap : Voilà à présent le concert qui semble le plus attendu de tout le festival, et à juste titre. Rippikoulu ont beau s'être reformé il y a plus d'un an, ils avaient toujours refusé les propositions de concerts jusqu'à présent. C'est donc un moment d'autant plus inoubliable que d'assister à la reformation live officielle du mythique groupe finlandais.
La salle est comble alors que résonnent les premières notes d'une intro dans un registre presque Funeral Doom. Le jeu de lumière est très bien dosé, toujours assez lent et dans des tons bleutés fort bien adaptés à la lourde musique du groupe. Je trouve cependant ce morceau d'intro un peu longuet malgré une atmosphère saisissante par moments. C'est lors du Kadonneet Jumalat qui suit que l'ambiance devient véritablement prenante. Ce qui est considéré comme le morceau le plus emblématique de Musta Seremonia est repris en chœur par une foule conquise (finlandaise ou non). Les fulgurants élans skank beat rendent les uns totalement fous tandis que les passages plombants transcendent les autres. Placé sur le coté de la scène, j'ai une vue imprenable sur l'audience et je peux aisément affirmer qu'il s'agit là du public le plus dévoué de tout le festival.
J'émets en revanche de sérieuses réserves concernant la nouvelle claviériste. Premièrement, le bassiste étant absent, celle-ci se charge des parties de basses au clavier (et cela ne sonne pas franchement convainquant). Mais en plus de ça, la jeune musicienne s'occupe également de certains vocaux clairs sur les nouveaux morceaux et... elle chante absolument faux. Cela m'étonne moi-même de l'affirmer aussi sèchement, mais c'est indéniable, son chant clair n'est pas juste du tout. Ces deux poins en particulier, sans gâcher le concert, viennent tout de même l'entacher sérieusement.
Les deux derniers titres de la cultissime démo (Pimeys Yllä Jumalan Maan et Musta Seremonia) sont également des moments forts du concert, mais sont encore une fois entrecoupés d'un nouveau titre plus qu'anecdotique. Et, avec le premier, cité plus haut, ce seront les trois seuls morceaux de Musta Seremonia joués ce soir. Je ne demande pas forcément d'entendre Anteeksiannon Synkkä Varjo (si, un peu quand même), mais nous interpréter seulement trois titres de l'une des plus importantes sorties de la scène finlandaise est tout de même scandaleux ! On ajoute à cela un set d'à peine 40 minutes (!!!) qui se clôt assez maladroitement sur le titre éponyme du nouvel EP, Ulvaja (morceau construit sur les parties de clavier et où les vocaux se font beaucoup moins caverneux qu'auparavant). Ces points négatifs finalement assez nombreux rendent ce concert... décevant (oui je l'ai dit)... Malgré la joie d'entendre quelques pièces maitresses de la scène Doom Death, ce concert de Rippikoulu nous procure au final plus de frustration que de plaisir. Je peux comprendre les raisons d'un tel set de reformation mais je l'ai tout de même en travers de la gorge. Retour au bar Annis pour la suite des événements...

DEPRAVITY

Sleap : S'il y en a un qui ne va pas nous décevoir, c'est bien Depravity. La reformation du combo de Pirkkala est selon moi la plus grosse exclusivité de ce festival (eh oui, légèrement devant Rippikoulu et Lubricant). Après des siècles de silence (huhuhu), le groupe fait sa première apparition sur scène ce soir. Tous les membres originaux sont là (oui oui, même le batteur de Korpiklaani) et au vu de leurs nombreuses interactions avec le public, ils semblent très heureux de retrouver la scène.
Le carnage commence sur The Harnessed Dice et Sceptre of Oppression (respectivement premier et dernier titres de la toute première démo) entrecoupés d'un Castrated des plus détonants. À ma grande surprise, les démos ont l'air d'être beaucoup plus représentées ce soir que le classique EP Silence of the Centuries. Mais ce que je trouve dommage dans un premier temps s'avèrera être un choix plus que justifié tant ces premiers titres bien groovies et rentre-dedans sont taillés pour le live. De plus, à l'image des The Better Be Decended ou Undone joués plus tard, tous ces titres extraits des démos ne sont pas que de simples brulots Death old school ultra percutants. Ils possèdent également quelques leads mélancoliques ou interludes glauques qui créent cette ébauche de Death finlandais. Le seul défaut notable est la quasi-absence des nappes de synthé qui donnent à ces titres une aura encore plus particulière. Les samples ne sont pratiquement pas audible au travers de cette avalanche Death Metal.
Pour le reste c'est un sans faute, on a affaire au public le plus déchainé du festival (peut-être même plus que pour Archgoat) et à un son excellent, hormis pour les samples évoqués plus haut. Les moments forts du concert sont évidemment les titres de Silence of the Centuries : le morceau éponyme et son lead mélancolique, mais surtout Sleepy Oceans, très attendu par les fans. Pour ma part, c'est le terrible Remasquerade qui me rend totalement fou. Et même si je déplore l'absence de Phantasmagoria et Vacuum of Thoughts dans la setlist, Depravity nous concocte tout de même quelques surprises de taille. En effet, le groupe nous gratifie en milieu de set d'une fantastique reprise de Supposed to Rot d'Entombed ! Et comme si cela ne suffisait pas, on a droit à un final sur God of Thunder de Kiss (juste après l'expéditif Injourtable Emphasis).
Décidément, de sa présence sur l'affiche à la dernière note de son concert unique, Depravity n'aura cessé de nous surprendre. Très clairement dans le top 3 du week-end !

SKEPTICISM

Sleap : Il est maintenant temps d'assister à l'ultime concert du festival. Et quoi de mieux qu'une légende du Funeral Doom pour terminer en beauté ce week-end de folie... Aux cotés des mythiques Thergothon, Skepticism font figure de pionniers du Funeral Doom (en Finlande mais aussi dans le monde). Les ayant raté lors de leur passage au Brutal Assault cet été, je me fais donc une joie de voir enfin le groupe dans un cadre des plus adaptés. Je ne peux cependant éprouver une certaine crainte vis-à-vis du public Death Metal, mais celle-ci s'évaporera progressivement au fil du concert. En effet, très peu de personnes ne quitteront la salle au cours du magnifique set des Finlandais. Cela fait vraiment plaisir de voir autant de fans de Death Metal apprécier également la beauté musicale d'un des combos de Funeral Doom les plus influents du pays.
Ceux qui ne sont pas familiers avec le combo de Riihimäki seront évidemment surpris par l'aspect visuel très romantique. Tous les membres, à l'exception du batteur, sont vêtus de costumes queue-de-pie noirs et chemises blanches. L'immense piano du claviériste est orné d'un miroir brisé et le chanteur utilise une rose blanche pour agrémenter son jeu de scène très théâtral. Ce genre de mise en scène a plutôt tendance à m'insupporter lorsque la musique ne s'y prête pas (je ne citerai pas de noms...), mais ce n'est évidemment pas le cas pour Skepticism. De plus, le son est toujours aussi bon dans cette salle du premier étage. Le seul point véritablement négatif est le jeu de lumière, tout bonnement absent. Les trois pauvres spotlights de la salle oscillent entre tons rouges et bleus de manière assez aléatoire, ce qui dénature légèrement l'aura visuelle que dégage le groupe.
Mais fini de pinailler, Skepticism va nous offrir l'un des shows les plus mémorables du week-end. L'entrée sur Sign of a Storm et Pouring, les deux premiers morceaux du premier (et monumental) album, est tout simplement l'un des moments les plus transcendants de tous mes concerts de Funeral Doom. J'ai d'abord cru que ce chef-d'œuvre qu'est Stormcrowfleet serait joué en entier pour ce show spécial (affiche Death old school très 90s, vieux logo du groupe, etc), mais les Finlandais vont finalement piocher dans d'autres sorties de leur discographie. La part belle est toujours faite à Alloy, avec notamment le classique Antimony joué en rappel, mais toujours aucun morceau de Farmakon... Ce concert est également l'occasion de découvrir en (vrai) live les morceaux d'Ordeal. Bien que ce petit dernier ne m'ait pas autant marqué que les autres sorties suscitées, les morceaux joués ce soir sont tout aussi poignants que le reste de la setlist, avec une construction des compos autour du clavier comme à l'accoutumée (mention spéciale à Closing Music). Et ces nappes de synthé si épiques sont même souvent ponctuées de coups de toms sentencieux donnés par le batteur sur un énorme gong bass. Je n'aurai malheureusement pas droit à l'ultime The Everdarkgreen ce soir, mais à l'occasion de cette date au Finnish Death Metal Maniacs, le groupe nous interprète pour la première fois en 20 ans un morceau de son tout premier single : The Castles far Away ! Ce final Death Doom rappelle aux plus sceptiques les origines de Skepticism : le Death finlandais. Décidément, on ne pouvait trouver plus parfaite conclusion à ce festival. Subjugation !

 

Sleap : C'est ainsi que s'achève cette première et (dernière ?) édition du Finnish Death Metal Maniacs. Le temps de faire un dernier tour aux stands de merch, de prendre quelques bières et de discuter avec tout le gratin de la scène finlandaise dans la cour (membres de Demilich, Convulse, Lubricant, Archgoat, mais également l'illustrateur Daniel Corcuera actuellement en tournée avec Slaughtbbath), et nous voilà déjà repartis à l'hôtel. Un long voyage retour nous attend le lendemain !

Ce petit festival de même pas 300 personnes aura été une sacrée réussite :

- Situé à Pori, une petite ville tranquille, loin du tumulte d'Helsinki et du Sud de la Finlande
- Dans un simple complexe de deux étages avec une petite cour aménagée, des murs extérieurs entièrement recouverts de graffitis colorés, et des agencements de salles / couloirs qui permettent une bonne circulation du public
- Un son excellent à presque tous les concerts du week-end (c'est rare !)
- Une proximité rarement vue entre le public et les groupes, mais également avec l'orga (Immu était au premier rang à presque tous les concerts, et cela ne l'a pas empêché d'assurer le bon déroulement du festival avec ses acolytes !)
- Des prix abordables autant niveau boissons que merch (une dizaine d'euros pour des CD et LP parfois assez rares)
- Et bien sur, l'une des meilleures affiches Death Metal de l'année...

J'ai beau chercher, je n'arrive pas à trouver de point négatif à ce festival. Et j'affirme même que, parmi les douze fests que j'ai pu faire en 2015, le Finnish Death Metal Maniacs s'impose haut la main comme le meilleur de tous. Je prie pour qu'un tel événement puisse à nouveau avoir lieu en Europe !

Interview des organisateurs disponible ici.