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lundi 11 mai 2015

Acid King + Black Cobra + Dopethrone

Glazart - Paris

Romain

Drogué alcoolique aimant les amplis qui vomissent des basses bien grasses.

Mardi 28 avril 2015. L'édition londonienne du Desertfest vient de finir il y a deux jours déjà. Le sentiment d'amertume post-festival peut alors s'emparer de certains esprits. Mais ce soir aux Stoned Gatherings, une partie de ces sensations passées pourra être retrouvée grâce à une affiche comprenant trois groupes également présents dans les salles de Camden Town. Un bon moyen pour se remémorer ces instants et par la même occasion permettre aux absents d'avoir droit à une séance de rattrapage.

 

DOPETHRONE

La soirée commence très fort avec Dopethrone ! Le trio québécois se charge de chauffer le Glazart avec son sludge empestant la drogue. Et pour une première partie, il y a déjà du monde. Il faut dire qu’avec son dernier Hochelaga, le groupe ne cesse de monter tout en se forgeant une bonne réputation live.

Le combo parvient bien à enflammer la salle grâce à une setlist contenant donc des morceaux issus du dernier skeud comme un Dry Hitter ou un Scum Fuck Blues qui pourrait devenir culte sous peu ("Smoke Drink Die", ainsi est ouvert ce dernier, et cela résume plutôt bien ce qu’est la scène stoner). Le groupe n’oublie pas des titres plus anciens, finissant la soirée par un Ain’t No Sunshine repris de Bill Withers mais dans une version sludge growlée. Le tout est desservi par un bon son n'étant pour une fois peut-être pas aussi fort que d’habitude (ou alors il faut que je me décide à enfin consulter un ORL).

Le groupe a bien l’air de s’amuser sur scène que le public, Vincent à la guitare et au chant enchaînant les grimaces et les expressions improbables, montrant au passage son talent à contrôler ses globes oculaires de manière indépendante. On assiste même à un double-slam de Nico, organisateur des Stoned Gatherings et tourneur du trio, partant directement de la scène. Ce fut le seul du set et ce fut plutôt joli.


A écouter les réactions, ce fut pour certains la plus belle bûche de la soirée. Je n’irai peut-être pas jusque-là vu le nom des headliners. En tout cas ça y est, les cous des stoners sont échauffés, ce qui est une bonne chose vu les groupes à venir.

 

BLACK COBRA

Des trois groupes jouant ce soir, Black Cobra est le seul que je n’ai pas vu au Desertfest. Ce n’est malheureusement pas ce soir non plus que je pourrais assister à leur prestation étant en interview avec Dopethrone au même moment. J’ai toutefois pu échanger quelques mots avec Jason Landrian, guitariste et chanteur du groupe, avant le concert.

Même questions qu’à tous les groupes ce soir, un petit retour sur le Desertfest ?
C’était génial. C’était la deuxième fois qu’on y jouait, la première étant en 2012, les deux étaient géniaux, mais celui-ci encore plus. C’est de mieux en mieux organisé chaque année, tout était vraiment cool. Tout le monde était très serviable. On y est restés tout le week-end parce qu’Acid King jouait le dimanche et nous le vendredi, on les a attendu car on fait la tournée avec eux. C’était dingue car on a pu voir plein de groupes comme Sleep qui étaient vraiment cool, Acid King évidemment, une partie de Brant Bjork, Eyehategod étaient incroyables, Hang The Bastard qui l’étaient aussi… Un très bon festival.

Comme tu viens de le dire vous faites toute la tournée avec Acid King, qu’est-ce qu’on ressent lorsqu’on tourne avec un groupe aussi influent de la scène ?
C’est génial. On a déjà tourné avec eux aux Etats-Unis et en Europe. On vient tous de San Francisco, on est amis, donc en fait c’est assez facile de tourner avec eux. On connaît Lori et Joey depuis longtemps maintenant, avant la tournée. Cette tournée c’est comme une bouffée d'air pour nous, c’est vraiment facile.

Ça n’a pas été difficile de commencer un groupe de stoner avec uniquement deux musiciens ?
Au début, Rafael [batteur du groupe] et moi nous nous connaissions depuis longtemps, on a écrit de la musique ensemble parce qu’on voulait un nouveau groupe. On jouait tous les deux de la basse. Avant il était dans 16 et Acid King, j’étais dans Cavity. 16 et Cavity ont tous deux eu des changements de musiciens, tout le temps. On voulait une formation solide, sans membres qui partent et qui reviennent… Lui et moi étions sur la même longueur d’onde par rapport à l’écriture, aux tournées, et tout ce qui est lié. On a essayé de ne rester que deux. On est des gros fans de Thrones, groupe dans lequel Joe Preston fait tout tout seul, donc on s’est dits que deux ça devrait le faire. On a commencé à expérimenter, et ça a donné Black Cobra. Ce n’est pas que ça a été difficile, évidemment ça a été un challenge, mais ça a été très intéressant pour nous d’essayer de le faire.

Votre prochain album a déjà été annoncé, as-tu quelques mots à dire dessus ?
On est très excités. On va commencer les sessions d’enregistrements peu de temps après cette tournée, on espère que l’album va arriver en septembre ou octobre, on n’a pas encore de date de sortie. On est contents des nouvelles chansons, on en joue une sur cette tournée, pour donner un avant-goût au public de ce à quoi ça va ressembler.

Le public a l’air d’apprécier ?
Ouais, les réactions sont bonnes ! On n’en joue qu’une seule mais les réactions sont cools.

Ce sont quoi vos principales influences quand vous composez ?
Ces temps-ci on essaye de composer organiquement, on a des nouvelles idées assez spontanément. Mais sinon on est fans de groupes classiques comme Metallica, Slayer, on aime vraiment Anthrax… On est tous deux allés en école de musique, au Berklee College of Music à Boston, donc on a été exposés à différents types de musique comme le jazz ou la musique classique. Donc différents types de musique. Je ne pourrais pas te citer d’autres groupes en particulier, on puise nos influences un peu partout.

Quelques derniers mots pour conclure ?
Cette tournée va être géniale, mais on a aussi hâte de la finir pour enchaîner sur l’enregistrement du nouvel album !

   

 

ACID KING

Les lumières s’éteignent, la foule est bien compacte, Acid King peut désormais rentrer sur scène. Et on peut dire qu’ils sont attendus ! La salle est bien pleine pour accueillir le trio qui vient enfin de sortir son nouvel album après dix longues années d’attente. Et c’est par un Intro issu de ce dernier que débute le concert.

Pour avoir vu le groupe quelques jours plus tôt dans une salle bien plus grande, le son avait évidemment ce soir un peu moins de volume. Mais la puissance du groupe est conservée. Batterie hyper claire de Joey Osbourne, basse astronomique de Mark Lamb, vocaux réverbérés… La recette fonctionne toujours. Et il faut dire qu’Acid King fait partie de ces nombreux groupes de doom dont les prestations live sont beaucoup plus intenses qu’une simple écoute d’album ; riffs de quelques accords répétés pendant de longues minutes, lignes de chant lentes et efficaces, on est vite hypnotisés. Seul petit bémol du côté de la voix de Lori S. n’étant pas toujours d’une justesse impeccable, mais cela ne s’entend vraiment que lorsqu’on s’éloigne de la scène. Plus proche du premier rang, ces imperfections sont masquées par la reverb et la masse sonore dégagée par les instruments.

Niveau setlist, le groupe exploite très bien son nouveau et excellent Middle of Nowhere, Center of Everywhere pour notre plus grand plaisir, bien que la sortie de l’album étant encore récente, peu de monde dans la salle connaît encore bien ces nouveaux morceaux. Mais cela n’empêche pas de ravir le public. Evidemment, le groupe jouera aussi des morceaux déjà plus classiques en commençant avec un 2 Wheel Nation réveillant davantage une partie du public entrant alors en mouvements plus énergiques.
Et encore une fois, je vais malheureusement m'en plaindre. Pogoter sur du stoner-doom est une idée pour moi saugrenue. Bon, pourquoi pas autoriser un écart pour le morceau le plus connu de la formation américaine ? Si ça peut faire plaisir à certains. Seulement, cela durera alors jusqu’à la fin du concert, aussi bien sur Electric Machine que sur le très psychédélique Outro venant juste avant le rappel. Sérieusement les gars, ça devient pénible…

Bref, mis à part cela, aucun problème ne fut à noter ce soir, musicalement ou scéniquement, le groupe étant très à l’aise et exécutant son travail d’une manière proche de la perfection.

Setlist

Intro
Red River
Silent Pictures
Infinite Skies
Laser Headlights
2 Wheel Nation
Electric Machine
Coming Down From Outer Space
Outro
Rappel : War Of The Mind

 

Encore une fois la soirée fut très bonne. On peut enfin prendre un peu de repos avant la prochaine date. Et ce n’est pas plus mal, mes tympans et ma nuque en ont bien besoin !
Merci à Sylvain Golvet pour les photos ayant illustré ce report.

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