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mercredi 6 mai 2015

Dopethrone

Vincent, Carl & Vyk

Romain

Drogué alcoolique aimant les amplis qui vomissent des basses bien grasses.

Toujours à l’occasion des Stoned Gatherings, on a pu avoir un entretien avec les trois membres Québécois (ce qui explique la non-traduction de certains mots anglais) de Dopethrone qui, récemment, ont sorti leur nouvel album : Hochelaga. C’est autour de bières qu’on se retrouve, dans un état un pas très premier pour certains.

Ça vous fait quoi de revenir d’un festival aussi emblématique que le Desertfest ?

Vincent : Ça nous a fait un super long drive qu’on a eu de Londres, parce qu’on a fait le Desertfest Berlin après, on a pris le ferry et on a fait 18 heures de drive, c’est long. Mais c’était vraiment excellent. Je pense que c’est les deux meilleurs shows qu’on ait fait. Tous les shows cette année sont quasiment les meilleurs, on a tourné avec Eyehategod, ensuite Desertfest, et là ce soir avec Black Cobra et Acid King, ça tue…

D’ailleurs ça vous fait quoi d’ouvrir pour Acid King, un des pionniers de la scène stoner et doom ?

Vincent : Ça me surprend. Tantôt j'étais allé magaziner avec le drummer pour aller acheter des trucs, ils sont super gentils. On a mangé avec eux, avec Eyehategod juste avant, tout le monde est cool.
Carl : J’ai vraiment hâte de les voir jouer, je suis très fier de jouer avant eux.
Vyk : C’est super, je suis honoré. C’est fun d’être le premier groupe parce que je peux apprécier le show aussi après, tu passes de la stage aux fans, c’est bien, ça fait une bonne transition agréable.

Vous avez eu le temps de voir des groupes aux Desertfest ?

Vincent : A Berlin on a eu le temps de voir Red Fang, puis on est allés voir Toner Low, j’ai vraiment aimé. A Londres on n’a pas eu le temps, on est arrivés 20 minutes avant de jouer, on est arrivés, on a couru parce qu’on était pris dans le trafic à Londres, on est rentrés, on a pluggué, on a joué tout de suite, j’ai même pas eu le temps de me saouler avant, ça me fait chier… Mais bon, qu’est-ce que tu veux faire… Une chance que Gareth de Gurt était là pour me donner une bouteille de whisky, ça a accéléré la chose.

C’est un rituel de rentrer saoul sur scène ?

Vincent : Pas saoul, mais pas à jeun.
Carl : Si on joue à 22h ou 23h, il fait noir… Là on jouait à 4h de l’après-midi, c’est très très différent !
Vincent : C’est à cette heure-là que je me lève !
Carl : MAIS, ça a bien été. 16h UK, 17h Berlin…
Vincent : Le lendemain.
Carl : De toute façon il fait toujours noir dans les salles… Fuck yeah !

Vous aimez bien jouer sur l’imagerie de la drogue, c’est juste l’imagerie ?

[hilarité générale]
Vincent : C'est juste l'imagerie !
Carl : C’est juste une joke, on va à l’église.
Vincent : On est straight edge, moi je suis témoin de Jéhovah.
Carl :[il montre sa cannette de bière] C’est de l’eau ici ! Plus sérieusement, l’album Hochelaga représente qui on est. L’album Hochelaga, et le nom d’Hochelaga, et la ville d’Hochelaga représentent qui on est en ce moment. Et pour moi c’est du sexe, de la bouffe, et pour lui [il montre Vincent] c’est différent mais c’est pas grave.
Vincent : Moi j’aime ça, abuser des bonnes choses de la vie. Légales ou illégales.

Du coup je suppose que l’expérience de la drogue vous a beaucoup aidé pour la conception du son de Dopethrone ?

Vincent : Toutes les drogues que tu peux imaginer, j’les ai pas mal toutes essayées, mais il y en a que j’ai pas adoptées. Mais moi je suis plus un ivrogne qui fume des joints. Mais c’est sûr que des fois quand quelqu’un d’autre paye pour quelque chose, je vais le faire, mais à part ça… Mais oui, ça a aidé.

Question plus générale : pourquoi le nom Dopethrone, pourquoi cet album-là de ce groupe-là, d’Electric Wizard en l'occurrence ?

Vincent : Le pire c’est que quand on a commencé le band on n’était pas vraiment au courant, moi je connaissais Electric Wizard, mais Vyk et moi on a grandi ensemble, on était à l’école ensemble, et puis on était des fans de Darkthrone et puis on était des fans de black metal, et puis on était des drogués, et on a dit Dopethrone. On savait pas qu’un album d’Electric Wizard s’appelait Dopethrone. Mais on l’aime bien cet album, c'est un super bon album. Mais on fait pas du tout la même chose, les influences sont pas les mêmes.
Vyk : Mais on ne s’attendait pas à ce que le groupe devienne si gros que ça à l’époque, c’était qu’un petit projet entre amis avec beaucoup d’alcool et beaucoup de weed, c’était un petit groupe de salon qui a juste méga trop grossi. On s’y attendait pas, on a réalisé qu’on était les premiers Canadiens à faire du sludge.

C’est vrai que dans certaines sonorités ça se rapproche du black metal, surtout au niveau la prod qui est assez atypique pour du stoner.

Vyk : Entre autres, mais y a aussi Vincent qui a eu une grosse influence crust, je dirais que c’est une combinaison des deux qui a donné ça, je vois pas plus loin que ça. Et il y a le côté blues quand même, qu’on apprécie beaucoup ; on écoute beaucoup de vieux blues, de classic rock… Je pense que ce côté ressort de temps en temps. Même chose avec Carl, il a beaucoup contribué à la musique, il a ses propres influences. C’est juste une belle combinaison de nous trois. Ça fait un drôle de beau mélange Québécois-Canadien.

Et ça marche bien en plus !

Vyk : Ouais, à chaque fois qu’on revient en Europe c’est de plus en plus gros, ça me dépasse ! Et on a de plus en plus d’interviews, ça ça fait bizarre aussi. Pour l’instant on est super satisfaits, au début de la tournée on jouait avec Eyehategod, c’est un groupe culte pour nous, on était hyper honorés ! L’autre côté qui est vraiment agréable quand tu joues avec des groupes qui ont beaucoup plus d’expérience, c’est qu’on apprend des trucs ; on les voit procéder, ça donne des idées.

Vous en pensez quoi de l’émergence de la scène stoner depuis quelques années ?

Vincent : Je sais pas… T’as eu les années 2000 c’était « Moi j’peux jouer plus vite que toi ! » avec le grindcore et tous ces trucs… Puis là 2001 t’as eu le 11 septembre, « boum » tout le monde a eu peur, fuck it on joue slow. [rires] Et c’est peut-être parce qu’il y a eu plein de monde dont les parents sont morts et puis ils sont tombés sur les collections de disques et ont commencé à les écouter.
Vyk : La scène stoner a beaucoup changé. A l’époque c’était vraiment une compétition « Qui c’est qui joue le plus vite ? Qui c’est qui joue le plus technique ? ». J’imagine que présentement, vu que le metal a été saturé, beaucoup trop saturé probablement, ça explique la nouvelle tendance stoner et sludge. En fait l’idée de base, c’est que c’est tous les bons vieux groupes des années ‘60 et ’70 que les gens ont intégré avec un son plus moderne, plus agressif, et plus actuel aussi.

Le mot de la fin ?

Carl : Angie caca pipi. [Angie est l’ingé son du groupe]
Vincent : Donnez-nous de la drogue après le spectacle.
Carl : S’il vous plaît, achetez nos albums, et dites à notre manager qu’on est bons comme ça il va booker des meilleurs shows. Et Angie caca pipi. Encore une fois. Fois deux, fois trois.
Vyk : [soupire] J’sais jamais quoi dire à cette question-là… J’vais prendre une gorgée à la place.

 

Merci à l'équipe des Stoned Gatherings pour avoir organisé cette interview et à Sylvain Golvet pour les photos l'ayant illustrée.

Propos recueillis à Paris le 28 avril 2015.