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Album

06 mai 2015 - DarkMorue

Sulphur Aeon

Gateways to the Antisphere

LabelImperium Productions
styleLovecraft Death Metal
formatAlbum
paysAllemagne
sortieavril 2015
La note de
DarkMorue
6/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Rah mais Sulphur Aeon quoi. Ou LE putain de groupe qui a soufflé absolument tout le monde en 2012 avec un monstre de classe maritime qui t'agrippait et t'enfonçait vingt mille lieues sous les mers comme on l'avait rarement entendu. Le portage ultime de la figure de Cthulhu en musique, le Death Metal le plus abyssal et aqueux qu'on puisse imaginer, perle d'ambiances, de lourdeur et de mélodies épiques qui se dresse encore aujourd'hui comme l'un des gros monuments de Metal Extrême des dernières années. Bref, l'un des rares opus du style dont on sent encore l'aura de nos jours. Et il fallait bien que le successeur arrive. Et... Et bah que dire de plus, il est là. Il se tient fièrement avec une pochette fourmillant de détails absolument magnifique dans la grande tradition, partageant cette fois la sortie entre Imperium Records et Vain Productions (exit FDA Rekotz, snif). Et comme prévu, il tabasse. Mais, la déception est là. Plus qu'à expliquer pourquoi.

On sent la tiédeur globale du public à la réception de cet opus. "Swallowed By the Ocean's Tide" avait fait parler de lui et foutu du monde à genoux, avait créé l’événement, c'était LE machin à pas louper en son début d'année. Là, autant la pochette et le premier extrait ont fait grand bruit un peu partout, autant la sortie de l'album ne semble pas avoir généré plus de buzz que ça. Genre ça manque gravement de selfies passionnés dans le miroir avec le LP dans les mains et de spam intensif de groupies à genoux. Et on comprend vite pourquoi. De la même manière que le premier album descendait tout d'un cran par rapport à l'EP précédent ("Deep Deep Down They Sleep" défonce TOUT, ruez-vous dessus), on a encore baissé, modifié quelques trucs, pour un résultat bon, mais... Mais franchement en deçà des espérances qu'on met dans un tel mastodonte prometteur de la scène. Du coup, ils nous ont fait quoi ces vilains garçons ? Bah parfois de l'auto-parodie, parfois du jouissif, et surtout une musique dont certains des paramètres vitaux se sont faits un peu plomber la gueule en mode sale.

Déjà la production. Le son. Genre si y'a un truc dont tout le monde se souvient du premier album, c'est bien ce raz-de-marée qui nous colle en apnée toute la longueur de l'opus (l'introduction du titre éponyme ou le moment le plus intense de votre vie). On a gardé un peu cet esprit, mais en plus clair, donc on entend mieux les instruments, mais on se fait tellement moins plomber la gueule... Et la compression audio abusée fait ici franchement de la merde (l'intro du titre éponyme fait n'importe quoi avec les volumes au point de zapper toute sa puissance comme un bon gros soufflé qui se dégonfle, mais regardez moi cette entrée des guitares ridicule et molle quoi). Premier gros souci, ça souffre de la comparaison sur la plastique. Et le second souci c'est que bah... Bah du coup on se rend compte des problèmes de composition. Cet éclaircissement du son nous fait réaliser à quel point les parties blastées n'ont juste aucun vrai riff, et dieu sait qu'elles sont nombreuses. Le début d'album est donc pénible car on enchaîne des titres sans trop de saveur tombant dans l'auto-repompe éhontée. IA IA YOG SOTHOOOOOTH, AZAGTHOTH, CTHULHU FTAGHN hurlé ad vitam eternam sur des leads pas marquantes et des riffs qui cognent un peu à coté sans qu'on retienne rien. Bon j'avoue "Titans" tient à peu près la route mais sinon, paie ton vide sidéral.

On passe donc une première partie d'album à se demander ce que c'est le problème, pourquoi c'est aussi avare en passages marquants, jusqu'à enfin lever le poing sur la triplette gagnante musclée et rassurante "Abysshex" – "Diluvian Ascencion" – "He Is The Gate", le premier bourrant enfin avec efficacité et les deux autres nous refilant les meilleurs leads de l'album, qui sont quand même la plus grosse force du combo si on le prive de son potentiel panzer. On constate aussi les progrès qu'a pu faire M. au chant, qui sans modifier d'un iota sa voix a gagné un peu de charisme, mais la ligne directrice adoptée ici déçoit. Comment dire. Ce qui faisait tout l'attrait de Sulphur Aeon c'était sa toute puissance écrasante et ses atmosphères de balade sous-marine avec un titan cosmique. Ici les leads sont bien réduites et les passages purement atmosphériques on les oublie (bon je reconnais que "In The Court of Azagthoth" ainsi que la conclusion sont absolument superbes et prennent aux tripes comme au bon vieux temps) pour se concentrer sur la vitesse et les frappes violentes. C'est bien, mais c'est pas ce qu'ils font le mieux. Et ce qu'ils font de mieux, ils le font de moins en moins, et walah comment c'est pire que rageant.

Du coup on se retrouve avec quoi ? Avec un sacré bon album doté d'un artwork splendide qui nous offre un bon moment mais souffre énormément de la comparaison avec son grand frère qui le surpasse sur strictement tous les points. Moins de passages marquants, globalement de moins bons morceaux, des clichés propres au groupe frisant parfois le ridicule (c'était la peine de refaire la même intro en plus kitsch et moins bien?), plus de blasts mais avec un son et des riffs rendant en ces moments trop nombreux la musique inaudible... Mais sauvé du naufrage par une petite moitié de l'album qui tient quand même plus que bien la route. Mais retenez que tous les morceaux non cités sont simplement inutiles et oubliables. On retient donc que malgré toute l'attente générée autour, "Gateways to the Antisphere" restera un album bien neutre, ne figurera pas dans les tops de l'année, et tout ce qu'on en retiendra dans les prochaines années sera surtout le poster refilé avec le digipack. Être déçu par un bon album, c'est vraiment pas le meilleur sentiment qui existe au monde, m'enfin...

Koutoulou : On prend tous les points forts du précédent, on les allège, et on exacerbe les quelques faiblesses pour un opus bon mais trop décevant.

Tracklist

1 - ...To Drown This World
2 - Devotion To The Cosmic Chaos
3 - Titans
4 - Calls From Below
5 - Abysshex
6 - Diluvial Ascension - Gateway To The Antisphere
7 - He Is The Gate
8 - Seventy Steps
9 - Onwards... Towards Kadath
10 - Into The Courts Of Azathoth
11 - Conclusion

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