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lundi 23 février 2015

Toner Low + Sardonis + Fiend

Glazart - Paris

Romain

Drogué alcoolique aimant les amplis qui vomissent des basses bien grasses.

On approche de la 100ème des Stoned Gatherings ! Le sujet anime autant les discussions que le retour en France après deux ans d’absence de Toner Low. C’est en effet en 2013 dans ce même Glazart que le trio néerlandais a joué pour la dernière fois dans notre pays. On parle également des Belges de Sardonis qui soulèvent des questions chez ceux qui ne les connaissent pas, les duos étant rares lors de ce genre d’évènements. Mais pour l’heure, ce sont les Français de Fiend qui sont chargés d’ouvrir la soirée.
 

FIEND

Peu de monde est présent devant la scène lorsque Fiend commence à jouer. C’est timidement que les quatre musiciens commencent leur set.

Musicalement, pour un premier groupe, c’est plutôt pas mal. Bien que certaines structures (principalement au niveau du rythme) soient assez étranges, d’autres sont au contraire assez complexes et puissantes. Les riffs sont bons, on a affaire à du stoner rock de bonne facture.

Là où ça coince un peu plus, c’est scéniquement. On a par exemple droit aux fameuses grimaces de musiciens qui foirent un accord. Le bassiste est placé au milieu de la scène malgré son manque de mouvements et le fait qu’il ne chante que peu. Ce genre d’erreurs donne un aspect assez amateur au groupe. Ma première idée en voyant le concert est que le groupe est encore assez jeune, ce qui aurait expliqué ces quelques défauts. Sauf qu’un petit tour sur le net me dit que le groupe existe déjà depuis 2008, et que certains des musiciens n’en étaient pas avec Fiend à leur coup d’essai. Ah…

Je critique mais toujours est-il qu’au fil du concert, le public gagne en masse et semble plutôt réceptif. C’est ce qu’on se dit à l’entracte : c’était une bonne première partie qui chauffe gentiment la salle pour le reste de la soirée. Par contre les gars, c’est marqué sur le papier que vous êtes Français, ça sert à rien de nous parler et de nous dire au revoir dans la langue de Shakespeare. M’enfin bon…

 

SARDONIS

« On est que deux mais on fait du bruit comme 8 », je ne pourrais faire mieux que cette phrase issue de la description donnée par le site des Stoned Gatherings. Sur le papier, un groupe de stoner/doom composé d’uniquement deux musiciens, à savoir un batteur et un guitariste, ça semble étrange. D’autant plus que d’autres formations se sont déjà livrées à l’exercice avec plus ou moins de succès.

Dès le Coming of Khan d’ouverture, on est stupéfait par la puissance scénique dégagée pour un duo, instrumental qui plus est. Les deux amplis de Roel à la guitare explosent littéralement la gueule à toutes les personnes présentes dans la salle à coup de décibels. Et des personnes, il y en a ! La plupart des fumeurs profitant de la plage extérieure du Glazart étant rentrés dès le premier riff.

L’une des choses qui frappe avec Sardonis, c’est le jeu du batteur Jelle. Des batteurs carrés et puissants, on en a des pelletés dans la scène stoner/doom. Celui-ci excelle dans son domaine en nous proposant un jeu non seulement carré, puissant, mais aussi très technique pour le style : double-pédale, breaks, roulements à n’en savoir que faire, on en prend plein la tronche. Le voir en action, enchaînant les morceaux sans faute et avec toujours plus d’énergie, c’est plus que plaisant. C’est d’ailleurs lui qui s’occupe de communiquer de temps à autre avec le public, se servant alors du micro de son charleston ; quand on n’a pas de chanteur, on fait comme on peut.

Roel à la guitare n’est pas en reste. Armé de ses deux amplis, son son est tellement bien réglé que l’absence de basse et le fait qu’il soit le seul à jouer des cordes ne choquent pas du tout. La puissance est la même qu’à la batterie. Les riffs peuvent se répéter inlassablement durant de longues minutes tout en continuant à tenir le public en haleine.

Le duo occupe également l’espace visuel sans problème, des images de vieux films d’horreur étant projetées avec une unique couleur verte sur un écran tendu derrière la scène. Ça devient classique mais c’est toujours efficace. Si vous n’êtes pas occupé à headbanguer vous pourrez donc profiter d’une atmosphère bien sympa et s’adaptant bien à l’ambiance musicale.

Parlons à présent de la setlist : elle couvre bien l’ensemble de la carrière du groupe ayant maintenant sorti plus d’EP et de splits que de full-length (le dernier datant maintenant de 2012). Le premier album a selon moi été un peu trop boudé à mon goût, mais vu la qualité du concert, on ne va pas se plaindre de ce genre de détails, surtout pour un set de moins d’une heure. Et puis on a droit à Burial of Men et Skullcrusher AD pour terminer le show de la meilleure des manières.

« Quoi ? Ils sont que deux et ils ont pas de bassiste ? Mais comment ils peuvent jouer du doom ? » Sardonis a visiblement très bien répondu à la question des quelques sceptiques ne les connaissant pas. Une bonne grosse claque.

Setlist :

The Coming of Khan
Warmonger
Roaming the Valley
The Unknown
The Torch and The Bearer
Forward to the Abyss
Burial of Men
Skullcrusher AD

 

TONER LOW

On le sait dès le début, ce concert sera placé sous le signe de « LA DROOOOOGUE » pour citer quelques énergumènes présents dans le public. En effet, le même écran que celui utilisé pour Sardonis est toujours tendu, la couleur verte toujours présente, mais cette fois-ci sont projetées par Toner Low des feuilles de chanvres se déplaçant de manière aléatoire, rappelant la couverture du dernier album III. Tout simplement. On peut difficilement faire plus explicite. La grosse caisse est quant à elle éclairée par des sortes de bulles psychédéliques (ou de la lave colorée selon les points de vue) dans des tons principalement orange et violet. Ces différents effets nous accompagneront durant tout le concert.

Comme je suis dans un jour de  bonté, je vous offre cette magnifique image prise par mon GSM à la pointe de la technologie et mettant en avant mes talents de photographe. C’est flou, et mal cadré, mais tant pis, ça donne une petite idée de l’ambiance, c’est toujours ça de pris.

C’est la première fois que je vois Toner Low en live. Ne connaissant pas extrêmement bien le quatuor, je ne sais pas exactement à quoi m’attendre. Premier constat : le son est encore plus puissant et dévastateur que pour Sardonis. Cette fois-ci, le fait que la basse soit complètement distordue et la guitare largement réglée vers les sons graves fait qu’on se surprend à confondre les deux instruments. On comprend pourquoi Daan au chant et à la guitare s’est équipé d’un casque anti-bruit avant de nous livrer son premier riff mastodontesque.

Cependant, on constate rapidement que le chant est inaudible. Bien que nous ayons eu la preuve que le micro fonctionne durant les interventions entre les morceaux, on n’entend presque aucune note vocale lors des passages chantés. Mais Daan gueule avec tellement d’énergie qu’à quelques reprises on peut deviner son chant par-dessus l’astronomique masse de décibels. Heureusement, ces moments sont peu nombreux et la voix n’est pas l’un des éléments caractéristiques de l’atmosphère lourde et hypnotique créée par Toner Low.

Ce problème technique s’ajoute toutefois à un backing track se faisant attendre au début du deuxième morceau Phase Seven ainsi qu'au changement obligatoire et imprévu de la tête d’ampli de la bassiste Miranda Vandervoot pendant le rappel sur Phase Eight. Seul Jack à la batterie n’eut pas l’air d’avoir de problèmes particuliers, profitant autant des riffs dévastateurs que le public lors des moments où il ne joue pas.

Mais bon au final, les problèmes de chant, on s’en fout, on est venu pour bouffer du riff sombre et énervé ! Toner Low fait partie de ces groupes clairement faits pour la scène, leur son en live mettant largement les compositions en avant, rendant les morceaux beaucoup plus puissants et lourds que sur les versions studio.

En fait, l’un des gros points noirs se situe – malheureusement – dans le public : un pogoteur. Oui, un pogoteur pendant un concert de stoner. Je me suis d’abord demandé si à bientôt 19 ans je devenais déjà un vieux con, mais observer les regards des personnes m’entourant a suffi à me convaincre que non. En fait je dis « pogoteur », mais devrais plutôt dire « grand type complètement défoncé et ne tenant plus debout ». On aurait pu le calmer mais trop tard, voilà qu’un autre blaireau se dit que l’accompagner est une bonne idée. Bon, ça fait partie des aléas des concerts. Mais on ne m’enlèvera pas de la tête que ce n’est pas « métaaaaaal » de lancer un pit devant des riffs oniriques en-dessous des 50 bpm, mais que pouvoir headbanguer en paix est largement suffisant. Heureusement, on est – parfois – tranquille sur les passages plus calmes.

Bon, je me plains beaucoup. Je ne peux que relativiser en me disant que ça faisait deux ans que Toner Low n’était pas passé par la France. La grosse heure de concert est passée à une vitesse folle, les morceaux s’enchaînent sans qu’on s’en aperçoive, issus de l'ensemble de la discographie du groupe et principalement des deux derniers albums II et III.

Setlist :

Interlude (Through Endless Fields of Waving Grass We Battle)
Phase Six
Phase Seven
Duster
One
Two
Devilbot
Rappel : Phase Eight

 

On ressort content du Glazart, la soirée a été intense ! On est à peine dehors qu’on parle déjà des prochains concerts prévus par les Stoned Gatherings.

 

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