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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Symphony X

Iconoclast

LabelNuclear Blast
stylePower Progressif
formatAlbum
paysUSA
sortiejuin 2011
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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[…]"Iconoclast", sans décevoir, souffre finalement du syndrome de « l’album de plus », incapable de complètement réinventé le genre ou le groupe […] se cantonnant un peu trop timidement à suivre la ligne directrice, quand à elle novatrice, du disque précédent. Probablement trop professionnel, ce huitième album ne pourra que rester humblement en retrait face aux chefs d’œuvres passés et, espérons-le, futurs.

[…]Revenons aux fondamentaux…Symphony X s’est forgé, depuis "The Divine Wings of Tragedy", une place de leader presque incontestée et incontestable du métal progressif aux côtés de Dream Theater, les deux combos jouant une musique pourtant très éloignée. Toujours bâtit autour de rythmique en béton armé, de refrains accrocheurs ; même pour les longues épopées musicales, et d’une technique ébouriffante mais reniant toute forme de démonstration, les new-yorkais sont à chaque opus attendu comme le messie.
"The Odyssey" avait été en 2002 un accomplissement autant musical, artistique que pécunier. Le groupe été parvenu à créer cette mixture unique et indéfinissable faite d’une puissance incroyable, d’une rudesse rare, d’envolées sublimes (Russel Allen y étant pour beaucoup dans son chant exceptionnel) et surtout du titre éponyme de vingt-deux minutes à couper le souffle, véritable kaléidoscope sonore à la richesse inouïe. Devant cet aboutissement créatif, le groupe avait eu l’intelligence de changer complètement d’approche pour livrer un nouvel album culte en puissance grâce à la direction littéralement plus agressive et directe de "Paradise Lost", volontairement plus violent, très technique et sans fioritures. Les structures retrouvaient une forme plus conventionnelle tout en profitant de multiples subtilités, parfois agissant comme de simple éclairs de quelques secondes, mais ajoutant en intérêt à chaque écoute supplémentaire.
Qu’allait donc nous réserver ce nouveau cru ?

[…]Faisant suite à cette ouverture hautement épique et progressive, Symphony X repart en terrain très connu avec les brutaux (toutes proportions gardées) "End of Innocence" et "Dehumanized", qui ne délaissent pourtant à aucun moment la mélodie. Le refrain de End of Innocence est de ceux qui, en quelques écoutes, sont ancrés et que l’on se surprend à chantonner quelques heures plus tard. Un riff épais, typique du toujours aussi écœurant Michael Romeo agrémente des lignes de claviers plus présentes que sur "Paradise Lost" où Pinella s’était trouvé bien timide. "Dehumanized" se veut plus lourd et mécanique, syncopé presque, où Russel retrouve des vocaux plus âpres, à l’instar d’un Domination. Très en forme vocalement, le vocaliste est bluffant lorsqu’il s’envole sur le pré-refrain pour repartir sur un aspect beaucoup plus sombre et menaçant sur le refrain, là aussi très vite assimilable et digne d’un hit live en puissance. On pourra peut-être regretter une certaine simplicité (relativité une nouvelle fois…) dans le contenu…

[…]D’un point de vue sonore, la production ne souffre d’aucun défaut et s’affiche dans la même veine que "Paradise Lost", très puissante et grasse, tout en gagnant encore un petit peu en profondeur et densité. Romeo s’est véritablement surpassé tout en ajoutant une touche parfois presque industrielle sur des moments épars, mécaniques et robotiques (liés au concept comme l’homme nous l’aura indiqué en interview) ou très mélancolique lorsque le piano refait surface.

[…]"Heretic" semble atteindre un nouveau palier dans cette recherche toujours plus agressive de leur art. Les riffs se font plus vicieux et rudes que jamais, tandis que Russel s’approche parfois du death, sans pour autant pleinement plonger dans le bain et revenir à une vitesse ahurissante sur ses bases mélodiques et lyriques. "Prometheus (I’m Alive)" gouttera aux mêmes extravagances, mais sur une base mid-tempo, très lourde sur les couplets et mélancolique lorsque le refrain surgit de nuages plus noirs que jamais. Néanmoins, une certaine impression de déjà-entendu persiste en cette fin d’album…Symphony X garde une recette préétablie et peine à surprendre, ne réussissant pas à apporter une nouvelle fraicheur à sa musique comme il l’avait presque toujours fait de disque en disque, toujours de plus séparé par une longue période (ici quatre années). La jouissance auditive survenue à la découverte de Paradise Lost n’est plus, faute de surprise face à cette agressivité nouvelle.

[…]Une introduction grandiloquente, bien que rapide, accueille les auditeurs sur le titre éponyme, long de plus dix minutes, un peu à la manière de "The Odyssey", avant que ne s’abatte un riff à la complexité absolue et jouissive, accompagné par une partie de batterie des plus alambiqués et expérimentale. Des chœurs latins résonnent en même temps qu’une ligne grandiose de claviers, pour repartir de nouveau sur le riff thrash technique servant de tremplin pour l’entrée en matière du ‘sieur Russel. Sa voix impériale résonne comme dans une cathédrale, avec rage et beauté mêlées. Magique, l’ambiance se veut purement métallique mais très progressive, notamment sur un refrain grandiloquent, bien qu’un niais pour un groupe de cette envergure (« We are strong, We will stand and Fight »). Le break se laisse aller dans une atmosphère où déambulent des soli de toutes parts, particulièrement de la guitare plus aiguisée que jamais de Michael Romeo, insolent de fluidité. Les chœurs, présents depuis le début de la composition, prennent une nouvelle envergure juste avant la reprise du riff alambiqué initial, avant d’entendre revenir un Russel impérial (« Victory of Death !! ») et figurant sans contexte parmi les meilleurs chanteurs actuels. Symphony X repart sur le refrain une dernière fois, conclu de fort belle manière et entame son nouvel album de la meilleure des manières…la suite nous fait saliver d’avance…

[…]"Iconoclast", sans décevoir, souffre finalement du syndrome de « l’album de plus », incapable de complètement réinventé le genre ou le groupe. "When All is Lost", bien que le terminant de manière sublime, se perd parfois dans sa propre construction. D’une introduction étourdissante de beauté, au piano et à la voix éraillée et plus belle que jamais de Russel, les accélérations n’arrivent pas à convaincre complètement…sans doute cette sensation, encore une fois, d’entendre un "Paradise Lost" pt II.
Probablement trop professionnel, ce huitième album ne pourra que rester humblement en retrait face aux chefs d’œuvres passés et, espérons-le, futurs.
Il est certain que les morceaux passeront sans problème l’étape de la scène, car ils sont taillés pour. Néanmoins, en tant qu’auditeur, c’est très rapidement que nous retournerons aux albums précédents, qui eux, auront eu l’effet, un jour, de nous coller une véritable claque en travers du visage. "Iconoclast" ne sera pas de ceux là, faute de prises de risques. Un seul mot me vient à l’esprit… « Dommage… ». L’album est bon…le chef d’œuvre sera pour une autre fois…

1. Iconoclast
2. The End of Innocence
3. Dehumanized
4. Bastards of the Machine
5. Heretic
6. Children of a Faceless God
7. Electric Messiah
8. Prometheus (I Am Alive)
9. When All Is Lost

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