Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Gorath

Misotheism

LabelDescent Productions
styleBlack Metal Progressif
formatAlbum
paysBelgique
sortiemai 2008
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

La beauté de la vie, c’est que de banales assertions entre deux métalleux qui se font chier peuvent découler de très belles découvertes. Exemple vécu :

Dis 87, tu connais un peu ce qu’il se trame en Belgique point de vue metal extrême ?

- Vite fait ouais. Genre y a EnthronedLugubrum et puis… hmmmm, je sais pas moi, Sodomized by waterzooï ? (rires gras)’*

Et puis on se renseigne un peu, on mesure non sans joie l’étendue de son inculture et un groupe revient plus souvent que d’autres. Et il s’appelle Gorath.

Animé dès 1996 sous l’unique volonté de F.Dupont, cet initial one-man band, Gorath, fort de deux split et de deux full-lenght, a muté. Dopant d’une sortie sur l’autre la qualité et l’intelligence de composition, en quête manifeste d’amélioration sonore, comme le prouve notamment, et pour la première fois depuis les premiers balbutiements de l’entité Belge, l’intégration d’une vraie batterie, abandonnant ainsi les mécaniques de la programmation rythmique, Gorath évolue.

Gorath mûrit et accouche de Misotheism, album racé, d’une élégance remarquable, sans doute l’album charnière d’une carrière qui ne demande qu’à s’épanouir, à convertir les anonymes et à faire taire les contestataires ne considérant le Black Metal que pour ses plus véloces et agressives acceptions.

Pourquoi ? Car Misotheism a l’audace de proposer un Art Noir pertinent, débarrassé des redondances rythmiques et libéré de toute radicalité sonore ou textuelle. Il a la louable irrévérence d’exercer un Black Metal progressif, aux textures fouillées et complexes, ne négligeant jamais la musicalité.

Vous serez bercés d’une main de fer couverte de velours sur ce Misotheism. Déchirant, beau et méditatif, Misotheism est une franche réussite. Ses compositions à tiroirs et sa cohérence presque indécente inciteront l’auditeur sceptique à s’y plonger de nouveau pour en absorber les plus infimes nuances tandis que d’autres se repaîtront avidement de cette fluidité, de cette qualité et de cette intelligence.
Gorath porte l’étendard d’un Black Metal varié et structuré, savant sans être alambiqué, sachant caresser les esgourdes d’instants acoustiques d’une grande beauté, sans jamais perdre la vocation première de son style en tissant d’un fil rouge son album de lignes vindicatives, impériales, puissantes et imparables.

Gorath n’est pas, certes, à considérer comme un créateur de génie, l’influence d’un Dissection est tout à fait palpable, cette subtile science mêlant agressivité et musicalité a déjà été effectuée par le plus illustre des parrains qui soit, mais Gorath dépoussière et exacerbe ces éléments pour se les réapproprier non sans une certaine insolence qui laisse l’auditeur admiratif.

Sorte d’électron-libre du Black Metal, nanti de textes inspirés quasi-ésotériques et d’une musique n’hésitant pas à s’affranchir des barrières existantes, Gorath est un peu la force tranquille du genre.
Intense mais sensible, subtil mais brutal, vous trouverez de tout sur Misotheism. Abraxas et ses 10 minutes serait par ailleurs le morceau le plus représentatif de l’album, mariant sans pudeur black metal, intervalles acoustiques, lenteurs incantatoires et constructions harmonieuses.
D'assauts dévastateurs en langueurs hypnotiques, Gorath sait alterner les rythmes et les atmosphères, arpente des terres musicales répétitives et parvient néanmoins à hausser le ton sans jamais égarer l'auditeur, en proie à des guitares audibles, fourmillantes, aux rondeurs attractives, sans jamais abandonner la diversité des cadences tantôt pressées tantôt lancinantes.

En un mot comme en cent, Gorath est un groupe immense. Hors de question d’avoir peur des mots.

Et sachant que le combo Belge a depuis quelques temps déjà pondu un nouvel album, et en prépare un nouveau, il était exclu de passer sous silence ce Misotheism, qui aurait été excellent en tout point s’il n’avait pas été aussi marqué par ses influences.

Plus que recommandable.

(*) Pardon amis Belges pour cette vanne minable.

1. Gnosis
2. Apophasis
3. Abufihamet
4. Sophia
5. Metempsychosis
6. Abraxas
7. Sicarii

Les autres chroniques