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lundi 29 avril 2024

Marduk + Origin + Doodswens @Paris

La Machine du Moulin Rouge - Paris

Varulven

"The sound of falling, when the pictures are moving"

Après une entrée en douceur avec du funeral doom immersif et posé, nous poursuivons notre périple avec un style qui en est l’antithèse totale : le brutal black. Un enchaînement du coq à l’âne qui, de prime abord, peut donner l’impression de nous faire sortir d’une séance de méditation par le vacarme d’un char d’assaut sur un chant de bataille. Une image assez clichée, certes. Mais qui illustre bien l’association d’énergumènes qui joue ce soir. Marduk, vétérans du black metal suédois, viennent en effet défendre leur dernier album, accompagnés des Américains d’Origin et des Néerlandais de Doodswens. Entre brutal black, black traditionnel et brutal death technique. Tout ce qu'il faut pour repartir du bon pied pour la semaine à venir. 

 

Doodswens

C’est aux Néerlandais de Doodswens que revient la lourde tâche d’ouvrir les hostilités. Jeune groupe ayant sorti son premier album en 2021, il représente une certaine tendance des groupes les plus récents de la scène. Celle de proposer un compromis entre la violence crue du black metal norvégien et les atmosphères plus mélancoliques des groupes de post black des années 2010. Je m’attends donc à apprécier cette prestation, qui a la particularité de représenter tout le décorum du black à l’ancienne, à base de corpse paint, bougies et crânes humains. Pour un rendu certes cliché, mais assez marquant visuellement.

Mais musicalement, on ne peut pas vraiment dire que ce fut le cas. Pour être clair, hormis un passage plus atmosphérique sur l’avant dernier morceau, je me suis ennuyé à mourir. Car si les compositions étaient classiques et bien ficelées, elles manquaient cruellement de fond et de nuances. Là où ces caractéristiques étaient plutôt perceptibles sur album, sur scène ça ne passe vraiment pas. Que cela soit sur les passages de blast nerveux ou les plages plus contemplatives, il ne s’est absolument rien passé pendant ces 40 minutes de jeu. Ce qui est fort regrettable, surtout lorsque l’on compare avec un rendu studio très classique, mais somme toute très correct.

Setlist :
In Mijn Bloed
I
Ijsheiligen
Het Zwartewaterland
II
III
IV
Devil's Stone
Vlaamse Vloek

Crédit photo : Léonor Ananké (Hard Force)

 

Origin

Après cette petite et malheureuse inertie de début de soirée, il faut espérer que la suite du programme permette un réveil complet. Les chances sont plutôt fortes, avec les tech deatheux d’Origin. Fleuron de la deuxième génération de groupes alliant brutal death et death technique aux côtés des Nile et autres Hate Eternal, ils représentent cette tendance du death tech à en faire le plus possible pour montrer qui a la plus grosse. Si vous me lisez un peu, vous savez que cette ligne de conduite, devenue la norme dans la scène actuelle depuis les années post 2012, n’est vraiment pas ma tasse de thé. Pourtant, un album comme Antithesis (2008), aux côtés des Gorod et Obscura de cette époque, était le compromis parfait entre technicité et brutalité exceptionnelle, tout en conservant une fraîcheur et une fluidité qui rendaient l’ensemble plus digeste.

Crédit photo : Léonor Ananké (Hard Force)

J’espérais vraiment retrouver cette dimension là en concert. Sauf que... non. Alors, bien évidemment, tout est exécuté avec une précision et une violence assez inouie, il faut bien le dire. Mais le mix, beaucoup trop brouillon pendant une bonne moitié du set, m’empêche de me plonger dans la musique du combo. Surtout quand les morceaux s’enchaînent sans transition et se ressemblent tous. De plus, l’attitude très « metal moderne » du chanteur, à base de « je veux vous voir tous sauter en l’air, je veux vous voir faire un putain de circle pit » n’est vraiment pas ma tasse de thé. Moi, le fan de musiques sombres, j’ai vraiment du mal avec ce côté animateur de colonies de vacances. Heureusement, la fin de set fut globalement meilleure en terme de son, et me permit de profiter un peu des tarabiscotages brutaux des quelques extraits de Antithesis joués. Un peu trop tard peu-être, car à peine commençais-je à apprécier que le concert touchait à sa fin. C’est dommage.

Setlist :
Expulsion of Fury
Chaosmos
Accient and Error
Disease Called Man
The Burner
Saligia
Decolonizer
Portal
​The Aftermath
Unattainable Zero

Crédit photo : Léonor Ananké (Hard Force)

 

Marduk

C’est sur un fond de chants liturgiques que se fait l’attente pour la tête d’affiche de la soirée. Raison principale de ma venue, j’avoue avoir choisi de retourner voir Marduk en live pour une mauvaise raison. Celle de conforter mon opinion que, contrairement à ce que des voix extérieures me prétendent, Marduk en live, c’est vraiment de la merde. Car si je trouvais depuis quelques temps que leur réputation de groupe bêtement bourrin était assez erronée sur album, elle était complètement justifiée en live. J’avais déjà fait l’expérience des Suédois deux fois en festival. Et à chaque fois dans des conditions assez déplorables, avouons-le. Des morceaux qui s’enchaînent à la va-vite, une double pédale sur-triggée beaucoup trop mise en avant. Et surtout ce rendu sonore absolument horrible qui misait tout sur la violence primaire, pour occulter toutes les petites subtilités propres à la bande à Morgan Hakanson. Car Marduk, ce n’est pas seulement la brutalité linéaire à la Panzer Division Marduk. Ce sont aussi ces riffs, brutaux certes, mais très marquants, dont l’on peut scander les leads et les refrains. Et surtout ces mid tempos vicieux et rampants, qui se sont démocratisés avec l’arrivée de Mortuus en 2004, et qui renvoient directement à l’aspect le plus dérangeant d’un Funeral Mist.

Crédit photo : Léonor Ananké (Hard Force)

Je partais forcément avec un très mauvais a priori, ça peut se comprendre. Qui s’est rapidement dissipé, fort heureusement. Dès les premières notes de la très old school « On Darkened Wings », je savais à quoi m’attendre. Avec un son (enfin !) parfait du début à la fin du set, le groupe nous a littéralement roulé dessus, nous donnant une véritable leçon de black metal. On saluera notamment la diversité de la setlist, qui pioche dans toute la discographie, et propose enfin tout ce qui fait la palette musicale du groupe. Beaucoup de morceaux vindicatifs donc, qui sollicitent les nuques en permanence (« With Satan and Victorious Weapons » et « Panzer Divison Marduk », quelles tueries !). Mais aussi une flopée de titres plus mid tempos et torturés. « Souls for Belial » et ses leads sinueux, « The Levelling Dust » et son aura occulte, « Wolves » et ses vibes épiques très 90’s, ainsi que deux extraits du dernier album Memento Mori, qui concentre l’aspect sans concession et les teintes plus dissonantes et malsaines dignes du meilleur de Funeral Mist.

Crédit photo : Léonor Ananké (Hard Force)

L’aura totalitaire du chanteur Mortuus est omniprésente sur ces compos, ainsi que sa présence scénique dingue, à la fois captivante et intimidante. Sans oublier ses vocaux habités, à l'aura tout aussi dérangée et atrabilaire. Une prestation qui contraste d'ailleurs pas mal avec son attitude, moins glaciale et misanthrope qu'on pourrait l'imaginer. Ce n'est pas non plus Patrick Sébastien, rassurez-vous. Mais c'est toujours surprenant de le voir haranguer la foule, nous demander si on passe un bon moment et taper dans la main des fans du premier rang en quittant la scène. Très sceptique après deux premières parties peu convaincantes et mon passif live avec le groupe, Marduk à réussi à me donner tort en proposant un très bon concert. Simple, carré, efficace mais aussi violent et noir. Et quand tout cela est sublimé par un son parfait, c'est le jackpot. Enfin !

Setlist :
On Darkened Wings
Equestrian Bloodlust
Shovel Beats Spectre
Souls for Belial
The Funeral Seemed to Be Endless
Wartheland
With Satan and Victorious Weapons
​Blood of The Funeral
The Levelling Dust
The Sun Has Failed 
The Blond Beast
Throne of Rats 

Wolves

Panzer Division Marduk

 

Un grand merci à Garmonbozia pour l'organisation de ce concert et l'accréditation. Et aux groupes pour leurs prestations. 

Remerciements particuliers à Léonor Ananké de Hard Force, pour m'avoir autorisé à utiliser ses superbes photos.