Non.
Ayant décroché de l'univers de Chelsea Wolfe après Abyss (2015), je ne peux toutefois pas nier que l'artiste a continué de tracer sa route d'une manière admirable. Bien que Hiss Spun (2017) et Birth of Violence (2019) ne m'aient pas conquise, il est évident que l'artiste américaine est autant prolifique que totalement vouée à son art.
Toujours ancrée dans les tréfonds d'une noirceur accessible, Chelsea Wolfe ne s'est jamais réellement attachée à des influences metal. Elle vogue entre folk, rock et sonorités électroniques, où perce toujours sa voix éthérée si singulière. Au-dessus de ce beau mélange, plane une immense ombre gothique, à sa manière. Elle semble toutefois, avec She Reaches Out..., avoir délaissé les facettes folk ou rock pour explorer encore davantage les possibilités de la musique électronique, un pas en avant facilité par le travail du producteur Dave Sitek qui l'a accompagnée sur cet opus. Envie d'autre chose après Birth of Violence qui faisait de la guitare folk son invité d'honneur ? Volonté de toucher un public plus large ?
Si on entend de fortes influences trip hop, mais modernes et fantomatiques, je ne serais pas non plus étonnée qu'elle ait adhéré à la facette sombre de Billie Eilish. L'album a clairement une étiquette pop, tant dans la construction des titres, la production absolument étincelante de l'album et l'absence de passages plus massifs. Le seul souci, dans ce schéma, c'est que l'album manque cruellement de tubes. Si « Everything Turns Blue » et « Tunnel Lights », les singles dévoilés auparavant, ne me laissaient pas de marbre, j'ai du mal à trouver d'autres chansons entêtantes. C'est déjà ce que je reprochais aux deux précédents albums et, alors que la musicienne prend une direction pop encore plus assumée, il est dommage de ne pas jouer cette carte.
Après tout, Chelsea Wolfe a toujours été une artiste qui développe des ambiances (majoritairement extrêmement réussies !). Dans cette lignée, She Reaches Out... a un côté très cinématographique mais, après avoir justement bossé sur la bande originale du film d'horreur X (sorti en 2022), on aurait peut-être espéré quelque chose d'un peu plus explosif. L'album est clairement loin d'être mauvais mais il ne me touche pas. D'un point de vue purement personnel, je regrette aussi qu'elle joue tant la carte « witchy » sur cet album (même si je comprends les métaphores qu'elle met en place), allant jusqu'à inclure un oracle dans une version limitée du vinyle...
Sans doute l'artiste est-elle sortie des cases dans lesquelles je l'appréciais autrefois et, sans doute tente-t-elle de toucher de nouveaux publics tout en expérimentant sans cesse les facettes possibles de ses aspirations musicales et esthétiques. En ce sens, l'album est clairement réussi mais ne fera pas l'unanimité.
1. Whispers in the Echo Chamber
2. House of Self-Undoing
3. Everything Turns Blue
4. Tunnel Lights
5. The Liminal
6. Eyes Like Nightshade
7. Salt
8. Unseen World
9. Place in the Sun
10. Dusk
