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jeudi 25 janvier 2024

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper @ Montpellier

Victoire 2 - Montpellier

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Quel début d’année, mes aïeux ! Cela faisait une éternité que Montpellier n’avait pas eu une aussi belle programmation metal. Abbath, Toxic Holocaust et Hellripper ce soir, Impiety un peu après, Napalm Death, Wehrmacht, Primitive Man, Wormrot le mois suivant, Enslaved, Svalbard, Wayfarer encore quelques semaines plus tard… Et ce n’est que le commencement de 2024 !

C’est donc avec les trois premiers noms de cette liste que nous attaquons l’année. What the Fest et Garmonbozia nous servent en ce mois de janvier un plateau speed thrash old school absolument parfait : Toxic Holocaust et Hellripper. Joel Grind et James McBain sur la même affiche. Le maître et son meilleur élève. Que demander de plus ? Ah oui, une tête d’affiche… Eh bien c’est Abbath, ex-mascotte d’Immortal, qui aura la dure tâche de clore cette soirée mouvementée. Le tout dans la fameuse salle Victoire 2 où il n’y avait pas eu de concerts metal depuis un sacré bout de temps ! Un alignement de planètes qui, au vu de l’affluence, portera ses fruits. En effet, ce sont plus de 450 metalheads qui auront fait le déplacement – certains venus de Marseille, Toulouse et même de plus loin encore…
 

Hellripper

Depuis la sortie du troisième album Warlocks Grim & Withered Hags il y a un peu moins d’un an, la popularité d’Hellripper a explosé au sein de la scène metal. Et, bien que je n’aie pas du tout adhéré à ce changement de direction, je suis tout de même très heureux de voir autant de gens découvrir et acclamer le combo écossais. Mené d’une main de maître par le jeune James McBain, Hellripper avait attiré ma curiosité il y a bientôt dix ans avec son premier EP The Manifestation of Evil et m’avait ébloui deux ans plus tard avec son monstrueux premier album Coagulating Darkness (figurant dans mon top 10 de 2017 et même dans notre top speed thrash de la décennie). Cinq ans après les avoir vus en live à l’étranger, je trépigne d’impatience de revoir les Écossais sur scène, cette fois à la maison !


Dylan Gauthier ©

Arborant un t-shirt Anti Cimex – vrais reconnaissent vrais –, McBain foule les planches à 20h pile devant un parterre encore très clairsemé. Dommage que certains fans venus pour Toxic Holocaust restent à l’extérieur et ne prêtent pas attention à Hellripper qui pourtant leur plairait, surtout en live. Mais le public présent est, lui, totalement acquis à la cause des Écossais, et cela fait plaisir à voir. Ça headbang, ça lève le poing, ça crie entre les morceaux mais pas encore de véritable mouvement dans la fosse. Il faut dire que la guitare lead de McBain est quasiment imperceptible sur les premiers titres. Mais cela s’améliore heureusement lorsque mes chouchous du premier album arrivent :  « Demdike » et surtout « Bastard of Hades » sur lequel éclate enfin un mosh pit. Preuve que Coagulating Darkness reste le plus efficace héhé... Les nombreuses envolées mélodiques du dernier disque sont, en revanche, toujours atténuées par le manque de mids et surtout d’aigus dans le mix. Cela ne plait évidemment pas aux fans de ce dernier album, mais, pour ma part, cela me permet au contraire de plutôt l’apprécier, du moins en live.

Si la salle est encore loin d’être pleine, je constate néanmoins que les curieux se rapprochent petit à petit. Certains touristes ont même l’air fort séduits par la formule speed thrash blackisante du combo écossais. Étonnamment, c’est le titre « Vampire’s Grave » qui fait l’un des plus gros cartons dans la fosse. Mais l’apogée du show est évidemment atteinte sur le fédérateur « All Hail the Goat » repris en chœur par la foule. Je suis d’ailleurs surpris que ce ne soit pas le morceau de clôture du concert. En résumé, malgré une durée bien trop courte, cette prestation d’Hellripper en a impressionné plus d’un. Et, même si le groupe a fortement gagné en notoriété avec sa dernière sortie, je ne doute pas que cette grosse tournée européenne avec le mastodonte Abbath va mettre un coup de projecteur supplémentaire sur McBain et ses comparses. Hellripper a de grands jours devant lui !
 

Toxic Holocaust

Second one-man band, second groupe de revival speed thrash, mais pas n’importe lequel ! Joel Grind sévit en effet depuis maintenant 25 ans avec Toxic Holocaust. Et lorsqu’on sait l’influence qu’a eu l’Américain sur le jeune écossais d’Hellripper – en plus d’avoir masterisé l’un de ses disques –, c’est une joie de les voir enfin tourner ensemble.

Maintenant que la salle est bien chauffée, il suffit d’un quart de seconde au trio américain pour enflammer la fosse. Les deux premiers titres – heureusement les moins intéressants – sont exécutés sans presque aucun son de guitare avant que le problème ne soit réglé. Les 40 petites minutes allouées à Toxic Holocaust ne laissent pas de place pour beaucoup de morceaux, l’efficacité sera donc de mise. Les 'Ricains nous ont concocté une setlist 100% best of qui fera la part belle à An Overdose of Death pour le plus grand plaisir de tous. Même si je regrette qu’Hell on Earth soit toujours autant snobé, je ne résiste pas à l’appel du pit tant la quantité de tubes est colossale. « Endless Armageddon », « Wild Dogs », « Reaper’s Grave », les torpilles s’enchainent à une vitesse folle. Ça se marche dessus, ça voltige dans tous les sens et ça scande les chorus de « War is Hell » ou « Nuke the Cross » à pleins poumons.


Dylan Gauthier ©

Là encore, cette quarantaine de minutes passe malheureusement trop vite. Même après mes cinq ou six shows de Toxic Holocaust, j’en aurais bien repris une bonne demi-heure. Mais il est déjà temps de dire au revoir à Joel et sa bande… Cela fait pile dix ans depuis son dernier passage à Montpellier en compagnie d’Exhumed. Espérons que le délai sera moins long d'ici la prochaine tournée !
 

Abbath

Tâche ingrate que de devoir refroidir l’atmosphère après deux premières parties aussi enflammées. C’est pourtant ce qui incombe à l’ex-leader d’Immortal, pilier de la seconde vague black norvégienne. J’ai encore du mal à comprendre la cohérence de ce plateau, mais soit ! Au vu de l’affluence – et du maquillage de certains –, la plupart des gens semblent s’être déplacés pour Abbath de toute façon. Il y a même des parents venus avec leur enfant en bas âge !

En ce qui me concerne, j’aime beaucoup certains vieux albums d’Immortal mais ne suis pas du tout friand de la suite, et encore moins d’Abbath en solo. Et, même si je tente d’être bon public ce soir, le début de set ne me facilite pas la tâche. En effet, les problèmes de guitare – visiblement récurrents – obligent la star norvégienne à lâcher son instrument dès les premiers morceaux et à assurer uniquement le chant. On a donc droit à son fameux numéro de clown : danse du crabe, horns up, grimaces en tout genre, etc. Et je dois dire que c’est finalement ce que j’apprécie le plus du concert. Abbath a au moins le mérite d’être l’un des seuls (le seul ?) de toute cette vague de black norvégien en corpsepaint à ne pas se prendre au sérieux. Ses interventions entre les morceaux sont toujours aussi incompréhensibles, à l’exception des « ABBAT ? » qui font toujours autant rire l’audience.


Dylan Gauthier ©

Mais je dois dire que, mis à part cet aspect comique, ce concert ne parvient pas à m’intéresser. Même les rares titres d’Immortal interprétés ne me plaisent guère. Il faut dire qu’Abbath va effectuer plus tard dans l’année une série de concerts 100% Immortal, ce qui explique surement l’absence des compos incontournables dans la setlist de cette tournée-ci. Mais même un tube comme « One by One » – que j’aurais éventuellement pu apprécier en faisant un effort –, se voit brutalement coupé juste avant le break central à cause d’un énième changement de gratte. Au-delà de ce problème, le son des autres instruments reste relativement correct tout du long. Le lighteux s’en donne à cœur joie derrière sa console : des strobos blancs aux longs spots bleutés, en passant par les lights rouges ou même jaunes, tout y passe. Et l’essentiel du public semble totalement réceptif. N’est-ce pas tout ce qui compte au final ?

***

En sortant de la salle, je me dis que ce mélange retro speed thrash 80s & black norvégien 90s est finalement ce qui a peut-être permis le succès de cette date. Là où je m’interrogeais sur la pertinence d’un tel plateau, je constate que l’addition des deux types de publics génère au final une forte affluence. On est encore loin du sold out, mais les fans de tous bords étaient présents en nombre, surtout pour un mercredi soir en plein hiver ! Dans la team Norvège, de jeunes fans maquillés en corpsepaint mais aussi beaucoup de vieux briscards qui étaient surement présents lors du passage d’Immortal au Rockstore il y a 25 ans, avec en ouverture un petit groupe appelé Gojira (à l'époque Godzilla). Coté anglo-saxon, quelques fans, quelques curieux mais aussi plusieurs « moshers » venus en découdre dans la fosse. Bref, le brassage culturel était assez important ce soir et c’est peut-être bien ce qui aura fait toute la réussite de cette date. Un grand bravo à toutes les équipes de What the Fest, de Victoire 2 et de Garmonbozia pour avoir pu faire passer cette tournée dans nos contrées – l’une des trois uniques dates françaises et la seule dans le sud !

Photos par Dylan Gauthier :
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