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jeudi 23 juillet 2015

Toxic Holocaust

Joel Grind

Ludwigrgf

LudwigRGF, chroniqueur et live reporter à dominante Black Metal,mais également Thrash, Death, Grind, Crust et Hardcore, made in Clermont Ferrand!

Une heure après le concert de Toxic Holocaust à l'Xtreme Fest, on me signale que Joel Grind m'attend pour une interview au sommet, visiblement il y a eu une incompréhension, le décoloré à bandana de Toxic Holocaust cherche désespérément un stand de bouffe vegan depuis une demi heure et semble au bord du désespoir ou de la folie furieuse. Malgré ça il m'adresse un grand sourire et nous nous asseyons autour d'un micro pour une quinzaine de minutes.

 

Joel, Avec Toxic Holocaust vous avez très peu de matos sur scène, vous participez pourtant à de très gros événements, comme le Hellfest, mais vous êtes équipés comme pour jouer sur des dates de Punk Hardcore ou de Thrash un peu raw, est-ce volontaire?

On aime avoir des setups très simple pour la scène, c'est du Do It Yourself, on gère tout tous les trois, on ne veut personne qui gère ça pour nous, on fait au plus simple, au plus rapide à installer et ça nous évite pas mal de soucis. Plus tu as de matos plus ça prend de temps et plus grandes sont les possibilités qu'il y ait un problème.
 

On vous a vus en France sur de gros events, comme le Hellfest, mais aussi dans de très petites salles, comme le Secret Place à Montpellier, quel genre de public et d'ambiance préfères-tu avoir face à toi?

Ca dépend vraiment en fait, j'adore le pouvoir qu'on ressent, en jouant devant des milliers de personnes comme au Hellfest, c'est incroyable, c'est presque impossible à décrire l'échange avec une foule pareille, c'est... puissant vraiment! Mais il y aussi l'intimité des petites salles, le plaisir de jouer avec tes fans véritablement en face de toi, interagir avec eux. C'est difficile de choisir un gagnant, on est un groupe qui peut s'adapter à ces deux configurations, et ça nous permet de ne jamais nous lasser dans nos tournées. J'apprécie vraiment qu'on puisse faire les deux à la fois, chaque concert de nos tournées est différent grâce à ça, on reste connectés à l'Underground, à nos racines Punk, mais aussi jouer dans des événements aussi immenses c'est fantastique. 
 

Ce soir vous jouiez sur le mainstage de l'Xtreme Fest, donc une grande salle, mais malgré ça, entre votre son et votre jeu de scène, j'ai vraiment eu l'impression de vous voir jouer dans une cave ou un squat, c'est voulu?

Tu sais Discharge est un de mes groupes préférés, et également Venom et Destruction, et quand je vois leur performance sur scène, j'aime ce genre de vibrations, crade et puissant. On joue proprement mais il faut que ça reste Raw.
 

Donc tu es un fan de Discharge, Destruction, Venom, de quels autres groupes t'inspires-tu dans ton travail musical?

Eh bien, Hellhammer, Celtic Frost, Bathory évidemment, j'écoute beaucoup de trucs comme GBH, et toute cette vieille scène Punk, j'apprécie aussi le vieux Metallica, Slayer, enfin tu vois le genre, tu sais ces groupes, qui ont sorti des morceaux vraiment cultes, vraiment puissants, c'est catchy et mémorable, sans être de la Pop, mais ça fait partie de l'Histoire.


 

Une chose qui m'a frappé, que ce soit sur vos albums ou sur scène, c'est au niveau de votre son, vous êtes un groupe de Thrash assez moderne, américain, mais vous ne sonnez pas comme tous ces groupes qui s'inspirent du Big 5, à mon sens vous sonnez vraiment comme un groupe de la scène Allemande, comme du vieux Sodom à vrai dire.

Eh bien Sodom est un de mes groupes préférés tu sais, le vieux Sodom te donne l'impression que tout est sur le point de se casser la gueule, et c'est excellent, on dirait que tout va s'éclater mais ils arrivent à maintenir une cohérence dans leur musique. J'adore Sodom, Kreator et Destruction.
 

En parlant de groupes cultes, je sais que tu es arrivé sur l'Xtreme Fest aujourd'hui, mais hier on a eu droit à D.R.I, avant hier à Black Label Society, et donc, en 1999, quand tu as créé Toxic Holocaust, est-ce que tu te disais, “okay dans 10-15 ans je jouerais avec Zakk Wylde”, ou tu faisais de la musique en te foutant de ce qui pourrait se passer?

J'aurai jamais pu deviner, tu sais comme au Hellfest, on a quand même partagé la scène avec Slayer! Si tu m'avais dit ça quand j'ai lancé Toxic Holocaust, je ne t'aurais foutrement pas cru. Vendredi on a joué avec Motörhead et (rires) rien ni personne n'aurait pu nous préparer pour ça! Si on me l'avait dit à l'époque j'aurais cru à un mensonge, mais c'est génial, c'est même presque irréel tu sais, difficile à croire. Tu sais, on n'a pas d'événements comme ça aux USA, et participer aux festivals européens c'est une toute autre histoire, par exemple au Resurrection Fest, c'était nous, D.R.I, Iron Reagan, The Exploited, Nuclear Assault et Motörhead, tout ça sur la même journée! Et j'ai encore vraiment du mal à y croire!
 

Joel, tu fais vraiment énormément de choses à la fois, en plus de Toxic Holocaust tu as Tiger Junkies, War Ripper, ton projet solo Joel Grind, tu es aussi ingénieur son, tu enregistres des albums, tout dans ta vie tourne autour de la musique.

Oui, absolument tout, c'est toute ma vie tu sais!


 

Mais pour toi c'est un travail, ou une chose à laquelle tu te dévoues totalement?

C'est quelque chose que je suis chanceux d'avoir, évoluer constamment dans la musique, mais j'ai dû bosser très dur pour y arriver, ça n'est jamais tombé tout cuit et j'ai toujours dû faire énormément d'efforts pour y arriver, tu sais le boulot d'ingé son, c'est pas quelque chose qui se fait tout seul, c'est un travail long et difficile, mais je suis heureux de pouvoir continuer à faire ça. Absolument tout dans ma vie est lié à la musique, en fait, c'est bizarre de se dire que quand on va rentrer de la tournée, je fonce direct en studio, et même en sortant du studio, en arrivant chez moi je mets immédiatement de la musique. Pour quelqu'un comme moi qui aime la musique, c'est vraiment la vie rêvée.

C'est le genre de vie que tu voulais mener, 16 ans auparavant, quand tu as lancé Toxic Holocaust?

Absolument, c'est quelque chose que j'ai toujours voulu, tu sais, l'élément déterminant dans tout ça, c'est que je me suis toujours fixé un objectif vers lequel avancer, et j'ai toujours travaillé dans cette direction.
Tu sais, je pense que c'est l'erreur que font énormément de groupes, ils veulent tout dans l'immédiat et ne savent plus prendre le temps de travailler et d'avancer pas à pas vers un objectif.

Je me souviens qu'en 2007/2008, les européens ont pas été tendres avec vous, tu sais c'était le début de cette vague de Revival Thrash, et beaucoup vous ont assimilés à ce mouvement, bien que Toxic Holocaust existait déjà bien avant, et maintenant tout le monde vous encense en Europe, qu'est-ce que ça te fait de te retrouver maintenant face à ce public?

Tu sais, on faisait du Thrash bien avant cet engouement et le début de cette vague de Revival. Quand j'ai commencé en 1999 le Thrash Metal était mort, les gens n'écoutaient plus, n'achetaient plus de Thrash à cette époque, ce n'est qu'en 2006/2007/2008 que les gens se sont dit “ah ouais je me souviens du Thrash Metal”, les jeunes ont découvert ce style à ce moment-là, ce qui est plutôt cool bien sûr, qu'ils se mettent à écouter de vieux trucs et que le Thrash revive à travers ça. Par contre, on ne fait vraiment pas partie de cette vague de Revival Thrash tu sais, on tournait déjà depuis des années quand ça s'est lancé, et on ne sonne pas du tout comme eux, on n'essaie pas de sonner comme Overkill ou les derniers Exodus ou ce genre de trucs, on est plus crade, plus Rock'N'Roll tu vois, c'est ce qui nous distingue aussi je pense, ce n'est pas ultra-lisse et clean.

Une dernière question Joel, entre ToxicHolocaust, War Ripper, Tiger Junkies et ton side project, sur quelle formation te concentres-tu le plus en ce moment?

Sans hésiter, je dirais Toxic Holocaust, ça a toujours été mon projet principal, tu sais les autres groupes sont beaucoup moins actifs, on ne tourne pas vraiment, et on ne sort pas énormément de choses, mais on prend plaisir à faire quelque chose de différent du reste, ça nous change les idées.