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mercredi 15 novembre 2023

Birds in Row - double concert (+ The Guru Guru / + W!ZARD) @Nantes

Le Ferrailleur - Nantes

Dolorès

Non.

15 ans de Birds in Row ça se fête. Un an de Gris Klein, le dernier album, ça se fête également. Le groupe aux teintes punk hardcore lorgnant vers le post-hardcore était ce weekend à Nantes, au Ferrailleur, pour deux soirées un peu particulières. Célébrant la fin de la tournée du dernier album, le show du samedi soir était bien sûr dédié à Gris Klein, tandis que le dimanche soir était l'occasion de proposer un set dédié aux anciennes sorties du groupe.

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Samedi

The Guru Guru



Crédit photo : Matthieu Joubert

Le nom du groupe m'était familier, car je savais que les Belges de The Guru Guru avaient collaboré avec Brutus il y a fort longtemps. C'est quand même tout à fait une découverte en live pour moi et je suis assez étonnée de voir un groupe, officiant en première partie, si carré et précis dans son jeu de scène et la maîtrise de son son. Entre un frontman aux lignes vocales absolument impeccables et indéniablement parfait dans son rôle du début à la fin (les photos parleront d'elles-mêmes), le mix qui est vraiment superbement équilibré et l'énergie d'un groupe finalement très « rock » et accessible : je garde un très bon souvenir de ce live.

Le choix du groupe est plutôt pertinent pour ouvrir la soirée du samedi, car bien que The Guru Guru propose un rock bien énergique et perché, la musique reste plus accessible que du punk hardcore, et plus accessible que W!ZARD qui joue le lendemain. Ici, ouvrir pour le set de Birds in Row dédié à l'album un peu plus accessible qu'est Gris Klein fait sens. Je ne saurais pas me souvenir de tous les titres mais je me souviens avoir adoré « Joke's on You » issu du dernier album Make (Less) Babies, que je réécouterai sans doute, avec le véritable plaisir de les revoir en live à l'occasion.

 

Birds in Row


Crédit photo : Matthieu Joubert

J'avais découvert le set dédié à Gris Klein en live il y a environ un an, lors de leur première partie de Cult of Luna dans l'une des plus belles salles de Nantes. Je me souviens avoir été scotchée par le show light, millimétré au possible, mais aussi, et cela va finalement de pair, par la véritable ascension du groupe. Pour moi, Birds in Row avait toujours été un groupe punk dans l'âme mais sans ambition de vraiment se hisser parmi les grands. En réalité, j'avais devant moi un Birds in Row devenu bien plus maîtrisé que je ne l'aurais jamais imaginé, avec une prestation scénique extrêmement qualitative, sans perdre leur âme !

Même effet ce soir, bien que la salle du Ferrailleur ne rende pas le show aussi impressionnant qu'au Stereolux. Une salle plus que blindée d'ailleurs, c'est dire l'engouement lié à cette soirée : et avec autant de fans hardcore que de néophytes si j'en crois ce que mes oreilles ont pu entendre. La setlist est donc presque identique à d'habitude : avec ce que je considère, à titre personnel, être les meilleurs moments comme l'incroyable « Noah » et son enchaînement sur « Cathedrals » qui fonctionne à merveille, ou encore la performance du trio qui m'atomise sur « Rodin » à chaque fois.


Crédit photo : Matthieu Joubert

Inédits ce soir, le groupe nous joue cette fois les deux derniers titres de Gris Klein, qui ne font habituellement pas partie de la setlist. « Winter, Yet » et « Secession » ajoutent donc une touche de fraîcheur à un set déjà connu d'une grande partie du public. La boucle est bouclée et, malgré leur fatigue après un mois de tournée, Birds in Row fait vraiment le taff jusqu'au bout. L'émotion est palpable : notamment l'énergie que le trio dépense pour donner le meilleur et c'est une douleur qui se lit sur leur visage : sans doute un mélange de don de soi et de volonté d'habiter ces textes qui leur sont si chers. Bien sûr, Bart s'arrêtera quelquefois entre deux titres, samedi comme dimanche, pour dire quelques mots sur le monde qui nous entoure (car « on vit dans une saucisse »), paroles majoritairement applaudies par un public partageant les mêmes valeurs.

Impossible de partir comme ça : Birds in Row termine son set avec un rappel, jouant les deux tubes absolus que sont « 15-38 » et « I Don't Dance », repris en chœur par un public conquis et laissant un avant-goût de ce qui prendra vie sur scène le lendemain, pour celles et ceux qui ont pris un billet pour les deux soirées (et il y en a un paquet !).


Crédit photo : Matthieu Joubert

 

Dimanche

W!ZARD


De retour en selle après un after survitaminé sur le dancefloor du Ferrailleur (merci Terminado La Rigolada !). Quelques verres d'eau plus tard, c'est devant W!ZARD que s'effectue le retour au rock...

Deux soirs, deux ambiances (mais toujours la même salle). Ici, la première partie s'annonce plutôt noise rock avec des bouts de post-punk et il fallait bien ça pour réveiller une salle un dimanche soir. Si la musique me plaît bien, je n'accroche pas forcément au jeu de scène des Bordelais, mais c'est un point de vue purement personnel.

Le groupe a souvent accompagné Birds in Row sur des dates, de ce que j'ai entendu. Rien d'étonnant à cela quand on voit que les deux projets, qui évoluent dans des sphères musicales pas vraiment identiques, délivrent une énergie assez similaire sur scène. Le côté explosif est inévitablement ce dont on se souvient dans les deux cas. Pas familière du tout de la discographie du groupe, il me sera cependant difficile de dire quoi que ce soit de la setlist !

 

Birds in Row

Le set dédié aux « vieux titres » de Birds in Row était très attendu. Si la salle me semble un peu moins remplie que le soir précédent (bien que les deux concerts soient sold out), elle est cela dit remplie de gros fans. Une petite pensée aux deux mecs à ma gauche qui chantaient mot pour mot la plupart des textes à l'unisson avec Bart !

De mon côté, je ne peux pas dire que je sois une immense fan mais, à y réfléchir, Birds in Row m'a accompagnée un sacré moment. J'avais découvert leur opus Cottbus et bien accroché, alors même que je n'écoutais pas vraiment de hardcore à l'époque. J'ai ensuite suivi avec attention leurs aventures, les voyant de temps en temps en concert, toujours ravie. Il y a indéniablement une nostalgie très forte, dans le public comme sur scène. Comme Bart le dit lui-même, certains de ses textes n'ont plus forcément le même sens aujourd'hui pour lui, mais le groupe délivre quand même ces titres avec une grande sincérité qui fait plaisir à voir. Ils ont bien sûr précisé qu'ils n'avaient pas forcément eu le temps de répéter tant que ça ce set, puisque la tournée en cours était orientée vers Gris Klein. Les erreurs sont compensées par l'énergie et la volonté du groupe qui communique, tant verbalement que par la gestuelle, avec le public. Encore davantage que la veille, le groupe semble vraiment tirer sur la corde mais prendre un malin plaisir dans cet exercice épuisant.

En parlant de corde, pendant tout le set est projetée en fond une vidéo réalisée spécialement pour le groupe. Pendant une heure, Lou, une silhouette encordée et suspendue défait peu à peu les nœuds qui l'enserrent dans une quiétude et une douceur absolues, accentuées par le slow motion. Le contraste avec la musique parfois ultra violente de Birds in Row est assez parfait, laissant parfois respirer encore davantage les passages plus calmes du groupe.

Côté son, je n'ai pas forcément eu de souci alors que je m'étais placée près de la scène, ce que je ne fais d'habitude jamais. J'ai finalement eu de la chance car on m'a pas mal rapporté que, près de la console, la basse était omniprésente, faisant disparaître la guitare, là où l'équilibre était bien meilleur là où j'étais. Bien sûr, il manque toujours un peu de volume lorsque Bart passe en chant clair, mais c'est évidemment un équilibre difficile à trouver.

Peut-être aurais-je espéré un petit « Words of Astaroth » ou « Outro » issus de Cottbus histoire de vraiment revenir aux origines. A part cela, toutes les périodes du groupe sont représentées : des albums We Already Lost the World et You, Me & The Violence, de l'EP Personal War ou encore des titres du split avec WAITC. Il est assez drôle de voir comme le jeu de batterie ou encore la manière de chanter, sont parfois complètement différents entre le dernier album et les plus anciens ! Ce dimanche soir aura toutefois été un bon concentré de ce que le groupe a proposé de meilleur sur cette période, terminant, en miroir de la soirée de la veille, par un rappel avec deux titres de Gris Klein (setlist disponible ici).

Si les deux concerts n'ont sans doute pas été les meilleurs du groupe, ni ceux que j'ai préférés personnellement, l'expérience complète des deux facettes d'une même pièce a quelque chose de rare et d'extrêmement agréable à la fois. Une certaine proximité avec le groupe et l'impression d'avoir vu quelque chose qui ne se reproduira pas de sitôt crée, il faut le dire, un souvenir savoureux.

 

 

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Un grand merci à Tracass Asso pour l'invitation,
à Matthieu Joubert pour ses photos du samedi soir,
à l'équipe du Ferrailleur et aux groupes !