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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Abysse

Le Vide est Forme

LabelBlue Wave Records
styleMetal Instrumental
formatAlbum
paysFrance
sortieaoût 2008
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Comme il est étrange parfois le parcours de certains groupes, on dirait presque en regardant les différentes productions d'Abysse qu'ils font dans la régression : plus ils font de cds moins il y a de titres dessus. On est parti de 8 avec Eight Hours Before Dawn puis on passe à 6 pour De Profondeur En Immersion et enfin on descend à deux avec cette démo : le vide est forme. Mais ce que l'on perd en quantité on le gagne en longueur : 20 minutes de musique instrumentale jouée par ce jeune quatuor de Cholet. Je passerai sur le titre de ce mini : Le vide est forme, invitation à la discussion philosophique et sémantique de ce que l'on considère comme vide et comme forme, mais on sent que un ton un peu « prise de tête » est donné. On verra qu'il n'est en rien perceptible dans la musique et que le groupe a semble-t-il voulu jouer sur un effet d'accroche. Si on reste un instant sur l'extérieur, je suis un peu déçu par la pochette qui fait un peu simple et sombre au vu de ce qu'ils ont fait auparavant.

Quand on aborde un groupe de musique instrumentale on se demande dans quelles eaux on va évoluer. Et bien ici contrairement à pas mal de groupes Abysse propose une plongée dans l'univers du métal. Ici pas d'exploration multi styles ou mélange un peu pédant d'influences plus ou moins mal digérées. Il y a déjà énormément à faire autour d'un seul axe et les quatre membres du groupe l'ont bien compris et intégré dans leur musique. On pourra objecter que deux morceaux c'est un peu court pour se faire une idée précise du territoire que va occuper le quatuor mais en deux fois dix minutes on a déjà une idée de leurs capacités et du talent qu'ils mettent à l'ouvrage. Les deux titres commencent de manière similaire : une évolution de la douceur de l'acoustique au rudesses de l'électrique. Les thèmes sont différents mais on sent une certaine volonté de faire évoluer un modèle similaire sur deux modes assez dissemblables puisque les points communs s'arrêtent là.

Si l'on a parlé de leur volonté de ne pas mettre dans le même plat du métal et d'autres styles, on ne peut noter aussi la singularité des morceaux. Rares sont les fois où l'on peut intéresser l'auditeur sans faire dans la démonstration technique ou les méandres musicaux à gogo. Non là on peut le dire Abysse réussi le tour de force de jouer des titres qui ne prennent pas le chou et pourtant procurent un certain plaisir à les écouter. Les finesses sont de mise et le duo guitare – batterie marche à merveille surtout dans one last breath. Ce morceau possède un son assez « spatial » que l'on pourrait retrouver chez les éternels Gojira, influence que l'on retrouve partiellement dans certains passages surtout dans les derniers moments. Mais la comparaison s'arrête là, pas de quoi crier au plagiat. Le seul petit inconvénient de ce titre est la longueur de la fin, on se perd un peu en langueur, et même si on sait que c'est sans aucun doute un des parti pris du groupe, habitué à un petit côté atmosphérique. On attend un peu la suite et puis tout retombe, et c'est la fin. Mais d'ici là on a bien voyagé, sans aller trop, vite car on ne peut pas dire qu'on s'emporte, ici tout est dans la mesure et la pondération, c'est rythmé mais pas débridé, le groupe sait faire monter la sauce, ils multiplient les effets pour créer l'attente et après lâchent tout.

Pour finir je dirai que le seul détail qui manque à ces deux titres c'est un moment de grâce, quelque chose dont on se souvienne par dessus tout, car au final, on a passé vingt minutes en compagnie d'Abysse qui nous emmènent vers d'insondables profondeurs, mais ils ont gardé presque tout le temps cette retenue qui fait partie de leurs qualités et on ne conçoit le mini que dans son ensemble et pas pour un point particulier. Avantage : l'homogénéité de l'écriture est indéniable et ils réussissent à garder notre attention intacte, inconvénient : la durée de vie peut s'en trouver écourtée. Le débat est ouvert, moi je me retente une plongée.

1. Deviance
2. One Last Breath

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