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Album

02 janvier 2017 - Pamalach

Metallica

Hardwired... To Self-Destruct

LabelBlackened
styleMetal
formatAlbum
paysUSA
sortienovembre 2016
La note de
Pamalach
7/10


Pamalach

"Les vrais savent, les vrais font".

Au vu de la rapidité avec laquelle certains chroniqueurs ont chroniqué « Hardwired… To Self-Destruct », je fais véritablement office de lanterne rouge avec cette chronique. Mais comme le disait à l’époque un de mes collègues chroniqueurs « est-ce que certains n’ouvriraient pas un peu trop vite leur clacos en parlant prématurément de ce qui nécessite du temps (si tant est qu’il existe des albums qui ne méritent pas de temps) ? ». Ce n’est pas une variable vérifiable à 100% mais il arrive parfois qu’un album se révèle avec les écoutes, qu'une fois qu’on le laisse faisander un peu il s'avère qu'il ait meilleur goût… quelques semaines sont souvent trop justes, alors que dire de quelques écoutes ?

Accompagné par le groupe depuis mes 14 ans, je sais pertinemment que mes affects influent sur ma perception de la musique des Four Horsemen et que certains de mes ressentis seront biaisés. Cela ne m’empêche pas de voir (ou d’entendre) quand le groupe se barre en couille ou quand ils font des trucs qui font rougir même leurs fans les plus hardcore. Du coup, même si ce nouvel album n’est pas exempt de défauts, c’est plutôt selon moi un bon cru du Metallica 2.0. Qu’attendre du Metallica 2016 d'ailleurs ? Certains n'en attendent plus grand chose et dans un sens je comprends qu'on puisse estimer que le groupe a vu avec les années sa prime géniale créativité réduite à peau de chagrin. Lars est désormais très loin du niveau qui avait fait sa gloire (il faut se rappeler que le gus squattait régulièrement le haut des référendums des meilleurs batteurs dans les années 90’s sans que personne ne trouve à redire), Kirk Hammet semble toujours tourner autour des mêmes plans solos, Trujillo est honteusement sous exploité et James n’a plus le mordant d’il y à quelques années. Ajoutez à cela « le star system » et des performances live en dents de scie et vous obtenez la photographie d’un groupe qui essaye de maintenir sa barque à flot en se souvenant de ses épiques traversées juvéniles… Sad But True. Mais...

Mais pourtant « Hardwired... To Self-Destruct » m’a surpris par la variété de ses chansons, les bonnes idées qu’il contenait et les fulgurances de ses meilleurs titres. Évidemment pas débarrassé de la Kryptonite du groupe (le fameux syndrome du trop long/répétitif), pas toujours inspiré comme pourrait l'être un groupe avec un tel background, « Hardwired... To Self-Destruct » arrive quand même à faire preuve de pertinence... et de malice, notamment grâce aux multiples clins d‘œil ou dans le rétroviseur proposés et appuyés par le groupe.

Certaines ossatures rappellent les grands titres du groupe comme "Halo of Fire" à l'ADN très proche de "Fade to Black", "Dream No More" qui rappelle "The Thing That Should Not Be", "Confusion" qui singe l'intro de "Am I Evil?" ou encore "Moth Into Flame" et ses relents à la  "Disposable Heroes". A d'autres moments, le combo remet de vielles recettes qu'ils négligaient un peu au goût du jour (les harmonisations à la tierce, les duos de guitare comme sur la fin de "Sanitarium", le Poum Tchack groovy période Load/Reload) et se réapproprie une partie de son vieil arsenal pour dynamiser ses nouvelles chansons. Et ça marche carrément bien à plusieurs moments.

Sans trop appuyer sur le bouton nostalgie, Metallica arrive avec des titres comme "Spit Out the Bone", "Murder One", "Atlas, Rise!" ou "Hardwired" à proposer des chansons percutantes vers lesquelles on a envie de revenir. Cohérentes, parfois même inventives dans certains cas (Hetfield défriche quelques terrains rythmiques sur lesquels il n'avait jamais été) ces chansons ravivent un fun et une envie de casser la baraque malheureusement trop absente des compositions du groupe ces dernières années. "ManUNkind" ou "Now That We're Dead" me font quand à eux penser que Metallica n'a pas toujours su éviter l'indigestion en bourrant à ras la gueule ses albums de titres dispensables... et on n'attend pas de l'anecdotique de leur part.

Un petit coup de Cthtulu, un peu de Lemmy Kilmister, un brin de N.W.O.B.H.M, Metallica revient assez loin en arrière, à l’époque de ses premiers amours avec Diamond Head, Budgie, Blitzkrieg, Holocaust et Motörhead (j'aurai bien pris un peu de Misfits et d'Anti-Nowhere League mais on peut pas tout avoir) et ravive le tout en le mixant à son identité actuelle.

J'imagine sans difficultés que certains mélomanes perçoivent cet effet Madeleine de Proust comme une basse tentative de renouer avec un passé depuis longtemps révolu, mais ce qui me fait relativiser cet argument, c’est que je ressens une bonne dose de fun dans cet album. James Hetfield notamment, semble tout à son affaire, proposant des lignes de chant aux mélodies parfois tarabiscotées et très intéressantes ou des riffs bien velus et bien branlés. Si il n’est plus le glorieux combattant qu’il était à 20 ans, l’ombre du vieux guerrier est toujours là, le grand James Hetfield et son aura sans pareil dont la musique a, qu’on le veuille ou non, transformé à tout jamais le metal contemporain. Appuyant à des moments sur des automatismes et des facilités de composition, Metallica souffre aussi ici d’un certain déficit technique qui n’était pas le sien à ses débuts. Inutile de disserter sur les désormais limites de Lars et le coté stagnant du jeu de Kirk Hammet, ils n’aident pas en tout cas à ouvrir un nouveau champ des possibles au groupe concernant l'expression artistique. Heureusement, que quelques fulgurances guitaristiques font irruption de manière inopinée, que les lyrics font mouche et que quelques déflagrations de double pédale métallisent l'ensemble (Lars ne va-t'il pas avoir du mal à les reproduire en live ?).

« Hardwired... To Self-Destruct » reste donc selon moi un album avec de belles qualités mais handicapé par quelques faiblesses qui l’empêchent d’exploser. A l'époque où il était au sommet de son succès commercial, Ulrich avait coutume de dire qu'un jour, Metallica se prendrait un méchant coup de bâton au vu de tout l'amour qu'ils avaient récolté au début de leur carrière. La volée de bois vert a commencé il y a longtemps déjà et ne semble pas en voie de s'arrêter... parfois pour des raisons justifiées d'autres fois de manière arbitrale ou par pure facilité. En essayant de me distancer des passions, j'ai fini par adhérer à plusieurs chansons que je prend plaisir à réécouter. Ce n'est pas le plus important au final ?

Track List :

1 - Hardwired
2 - Atlas, Rise !
3 - Now that we're dead
4 - Moth into flame
5 - Dream no more
6 - Halo of fire
7 - Confusion
8 - ManUNkind
9 - Here comes revenge
10 - Am I savage ?
11 - Murder one
12 - Spit out the bone

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