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mercredi 16 novembre 2016

Erang

Erang

Panzerbrume

Du War Black Atmosphérique ? C'est possible

 

Panzerbrume : Salut Erang, Content de t'avoir pour cette interview ! On ne parle pas si souvent de Dungeon Synth par chez nous, et avoir le ressenti d'un acteur d'une scène aussi discrète m'intéresse vraiment beaucoup ! Tout d'abord, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, ainsi que l'univers que tu as développé autour de ta musique ? Ou est-ce l'inverse, d'ailleurs ?

Erang : Salut et merci à toi ! Je suis toujours très heureux d’être interviewé en Français car c’est plutôt rare. Erang est un projet très personnel pour moi qui va au-delà de la musique : c’est mon royaume intérieur et il continuera toujours d’exister même si un jour je ne sors plus d’albums. C’est un mélange de souvenirs personnels, de choses de l’enfance et de tout un monde imaginaire et de créatures et personnages fantastiques que j’ai créés. Donc ce monde existait depuis longtemps dans ma tête et la musique m’a servi à lui donner une forme… Mais ce monde existe aussi dans mes dessins, textes, poèmes, etc.

 

Panzerbrume : Un aspect récurrent de la scène Dungeon Synth (et assimilés) est la quantité d'albums par artiste. Sur ton Bandcamp, on trouve un peu plus d'une douzaine albums, tous achevés, avec une identité propre. Est-ce que tu penses que cette rapidité de sortie est directement liée au processus de composition sur ordinateur ?

Erang : Personnellement cela ne m’étonne pas ni ne me choque : pour moi c’est un mouvement musical basé sur le « Do it yourself » et la spontanéité avec une façon de faire un peu punk (je ne parle bien sûr pas du tout musicalement ou esthétiquement mais plus sur la façon de faire) ou que l’on peut rapprocher aussi du Black Metal des débuts : enregistrer avec ce qu’on a et s’exprimer de manière brute. Il ne s’agit pas de composer tout un opéra avec un orchestre philharmonique à diriger mais juste de faire parler ses émotions et ses sentiments sur le moment, avec un ordi ou un synthé, spontanément et sans vraiment trop de contraintes techniques ou technologiques… Donc si l’on est motivé, sincère et impliqué, on peut effectivement sortir un grand nombre de disques. Mais pour chacun d’entre eux je travaille beaucoup et m’investis totalement : presque 100% de mon temps libre est dédié à ma musique. Mais de toutes façons toutes ces questions ne m’intéressent pas et c’est toujours principalement une histoire de marketing et de commerce : les musiciens sortent un album, puis il faut faire une tournée, puis il ne faut pas inonder le marché et faire grandir l’attente des fans, etc. mais d’un point de vue purement artistique, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher un groupe ou un musicien en solo de sortir 2 albums dans l’année… C’est juste que « commercialement » ça serait un peu du suicide… Évidemment ça dépend aussi du style de musique : plus c’est quelque chose de complexe d’un point de vue technique, plus ça prendra du temps à composer.

 

Panzerbrume : Un autre aspect commun à l'ensemble des groupes de la scène est la représentativité sur Internet seulement. Les sorties physiques sont assez rares, et globalement limitées à quelques rares labels. Et concernant le live, je n'ai pour ainsi dire jamais entendu parler du moindre concert de Dungeon Synth. Est-ce une volonté globale de la communauté de rester à ce niveau de confidentialité ?

Erang : Je ne sais pas quelle est la volonté de la communauté et je ne peux parler que pour moi : je ne cherche pas à faire une musique confidentielle, je cherche à faire la musique que j’aime et qui représente ce que je souhaite véhiculer. Je suis toujours super heureux quand un maximum de gens écoutent mon album et je l’espère à chaque fois mais je ne ferai pas de compromis musical pour toucher plus de monde. Concernant les sorties physiques, pareil, je fais les choses comme je les sens, sans me soucier du reste… J’ai appelé un de mes albums Within the land of my imagination I am the only god parce qu’Erang c’est vraiment ça pour moi. Tous les jours nous avons tous nos contraintes de la vie quotidienne mais avec Erang je fais ce que je veux. Pour l’instant je n’ai sorti que des albums en digital parce que ça me convient comme ça. Si demain j’ai envie de faire une release physique, je le ferai… Mais pour moi il n’y a aucune règle à suivre ni bonne ou mauvaise méthode : fais juste ce que tu veux, on s’en fout que ça soit du digital, du physique ou je ne sais quoi d’autres… il y a des siècles en arrière les Vikings faisaient de la musique aussi et ils avaient pas de label ni de CD il me semble :) … Idem pour le live : ça ne m’intéresse pas à l’heure actuelle mais si demain j’ai envie d’essayer, je le ferai en essayant de le faire à ma façon avec une mise en scène, etc.

 

Panzerbrume : En regardant les visuels de tes albums, certaines références me viennent à l'esprit. Le logo utilisé sur We are the Past me rappelle Ulver, l'artwork de Within the Land of My Imagination I Am the Only God me fait penser à du Dan Capp, artiste ayant notamment collaboré avec Burzum et Ered Wethrin, celui de Kingdom of Erang me fait penser à L'Histoire sans Fin, et celui de Tome X me rappelle Le Chant de la Mer. Est-ce que ces artistes et films font partie de tes inspirations principales ?

Erang : Je suis content que tu aies noté la référence à Ulver dans le logo de We Are The Past, bien vu ! Pour Within the Land… ça n’est pas le cas, le visuel m’est venu « comme ça ». Pour Kingdom of Erang ça n’était pas LHistoire sans Fin en particulier mais ça en faisait effectivement partie : c’était un clin d’œil à ce genre d’affiche de films de Fantasy des 80’s/90’s ou des dessins des couvertures des livres « dont vous êtes le héros » ou de jeux de rôle papier, etc. En dehors de mon histoire personnelle et de mon enfance, mes sources d’inspiration sont clairement à prendre du côté des films de Fantasy et des jeux de rôles (papier ou vidéo : Zelda, Secret of Mana, Dungeon Master) des 80’s/90’s. Des films comme LHistoire sans Fin, Willow, Dark Crystal, Legend ou Conan m’ont profondément marqué et sont très importants pour moi… Ainsi que, comme tout le monde, les livres de Tolkien.

 

Panzerbrume : En parlant d'inspirations, ton dernier album dénote un peu du reste, et vire plus vers la Synthwave. Est-ce que c'est une direction que tu souhaites continuer à explorer ?

Erang : Comme tu l’as dit j’ai sorti plusieurs albums et j’avais besoin musicalement d’un bol d’air frais. Il n’y a pas longtemps je suis tombé sur le deuxième album de John Carpenter et ça m’a replongé en enfance mais plutôt côté Science Fiction/Horreur que Fantasy. Je te parlais tout à l’heure des films de mon enfance et, dans un autre registre, des films comme Terminator, Predator, Blade Runner, Halloween ou les adaptations de Stephen King m’ont bercé également… Et dans l’univers personnel que j’ai créé du Royaume d’Erang il y a plusieurs timelines avec un futur alternatif noir et menaçant, qui se situe quelques milliers d’années après les événements relatés dans mes autres albums de Medieval Fantasy : c’est donc le même univers, les mêmes lieux et personnages mais dans une version alternative futuriste (d’ailleurs les noms des morceaux de cet album répondent aux noms de certains morceaux des albums précédents : je laisse les plus motivés des lecteurs chercher ces correspondances ;) ). Pour la suite en revanche aucune idée à l’heure actuelle : je me laisse guider et on verra bien…

 

Panzerbrume : Quand on commence à se pencher sur la scène Dungeon Synth en général, on se rend très vite compte que la Russie en est un représentant majeur (Moongates Guardian, Splendorius, Morketsvind…). En continuant à creuser, on tombe ensuite rapidement sur l'Allemagne avec entre autres Depressive Silence et le label Deivlforst Records, puis sur la scène US (Lord Lovidicus, Sequestered Keep…), etc. Bref, où en est la scène Française dans tout ça ?

Erang : Aucune idée… Je suis plutôt solitaire à ce niveau-là et pas vraiment « communautaire ». Je suis toujours à l’écoute des autres groupes et je suis toujours heureux quand quelqu’un m’envoie un lien pour écouter ses prods et me demander mon avis, ça me touche… Mais je ne sais pas si l’on peut parler de scène française pour le moment… Mais il y a néanmoins de plus en plus de projets ici et là : d’abord il y a Arathgoth, qui est sur le même netlabel que moi, Katabaz Records. Ses albums sont très différents et souvent orientés Metal mais il a sorti 3 albums de Dungeon Synth, dont le dernier très bon qui s’appelle Return to the old castle. Ensuite je voudrais mentionner Drøm, mélange de Dungeon Synth et de Néoclassique, avec qui j'avais fait un split à l'époque. Drøm est le projet d’un type super, rencontré sur le net, et excellent musicien : Alex Lamia (je le salue au passage !). Il a plein de compos et de reprises sur sa chaîne Youtube. Récemment il y a aussi un projet français, Elixir, avec une atmosphère très sympa et plutôt low-fi et un autre qui s’appelle Lyrcis, prometteur également.

 

Panzerbrume : J'ai d'ailleurs vu que tu avais collaboré avec Lord Lovidicus pour un album appelé Gifted With Magic. Comment s'est passé le travail à distance ?

Erang : Très bien ! Lord Lodivicus est quelqu’un de vraiment sympa et très ouvert. On se « connaît » maintenant depuis un petit moment, via Internet, et on s’envoie toujours mutuellement nos musiques quand on sort un nouvel album. Bosser avec lui sur ce split était un réel plaisir et ça s’est fait très naturellement.

 

Panzerbrume : J'ai récemment découvert le Brésilien Iamí avec son album Cavernas do Inconsciente. En fouillant un peu plus, je suis tombé sur sa cover de Servant of the Nothing, de ton album Tome I. Ca fait quoi de voir tes compos reprises par des personnes vivant si loin ?

Erang : C'est un honneur, vraiment. J'ai eu quelques morceaux qui ont été repris ici et là et c'est à chaque fois un bonheur immense. Et c'est toujours plaisant de voir qu'une musique faite dans ma chambre puisse toucher quelqu'un à l'autre bout du monde... C'est le côté magique de la musique.

 

Panzerbrume : Rien à voir, mais comme on est plein de nerds à jouer à Magic sur Horns Up, je te pose la question ! Tu y joues ? Perso j'adore les formats Eternal, et plus généralement l'atmosphère des extensions de Alpha au bloc Ice Age !

Erang : Ha non, désolé, je ne connais pas ces extensions.

 

Panzerbrume : Revenons un peu à la musique pour finir ! Est-ce que tu aurais une suggestion de projet à découvrir ? Quelque chose qui te prend aux tripes ou pour lequel tu aurais eu un gros coup de cœur ?

Erang : Je préférerais citer des amis : Arathgoth c'est déjà fait donc je vous conseille le projet d'un autre ami qui est aussi sur Katabaz Records avec nous : Anakeion. Il a sorti deux albums excellents de ce qu'on pourrait appeler Dark Metal : un mélange de voix Black Metal avec des grattes et des atmosphères au synthé un peu orchestrales et une batterie qui blaste. Et si vous voulez vous reposer un peu les oreilles avec de la Dark Ambient glaciale il y a aussi This Mortal Night, toujours sur Katabaz.

 

Panzerbrume : Je te laisse le mot de la fin ! Merci encore pour cette interview !

Erang : Eh bien merci à toi ! Comme je le disais en introduction c’est toujours un plaisir pour moi de partager mon univers avec des Français car les gens qui me suivent sont majoritairement anglophones et j’aimerais développer mon univers en Français : je suis actuellement en train d’écrire un court roman qui se passe dans mon univers et je ne peux le faire qu’en Français… Aucune date de sortie pour le moment car écrire est long et fastidieux mais j’espère sincèrement pouvoir mener ce nouveau projet à terme !... Merci à tous ceux qui me soutiennent et longue vie au Royaume d’Erang !

 

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