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Album

13 octobre 2016 - ZSK

October Tide

Winged Waltz

LabelAgonia Records
styleDoom/Death mélodique
formatAlbum
paysSuède
sortieavril 2016
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Après In Mourning, il était logique que je prenne ma plume pour parler d’October Tide… Les deux groupes sont Suédois, ont sorti tous les deux un album cette année, sur le même label, et à un mois d’intervalle… et pratiquent stricto-sensu le même style, à savoir un Doom/Death mélodique et quelque peu atmosphérique. D’ailleurs In Mourning et October Tide « version reformation » sont actuellement dépositaires d’un certain style « à la suédoise », qui au lieu de la mélancolie des finlandais dans le domaine usent plutôt de mélodies Slumberiennes, du nom de l’ex fantastique groupe de Jari Lindholm (actuellement dans Enshine) qui avait pondu le chef-d’œuvre Fallout en 2004. Si Enshine ainsi que AtomA en assurent logiquement la succession, In Mourning et October Tide lui ont aussi emprunté le goût pour les mélodies supra-épiques et l’aspect Doom/Death lumineux latent. Enfin, le October Tide actuel, celui qui s’est reformé en 2009, loin de sa première période de la deuxième moitié des années 90, où il avait sorti deux albums (Rain Without End (1997) et Grey Dawn (1999)) avec Jonas Renske de Katatonia dans le line-up. Si le style de October Tide reste ancré dans le Doom/Death mélodique, il a été remis au goût du jour depuis A Thin Shell (2010), et apparaît un peu moins sombre. Fredrik Norrman de Katatonia (enfin, jusqu’en 2010) reste le seul membre fondateur encore présent aujourd’hui, le line-up d’October Tide est d’ailleurs assez instable. Le frère de Fredrik (et ex-Katatonia aussi) Mattias a repris la guitare après avoir tenu la basse pendant 4 ans, juste après l’enregistrement de Winged Waltz, 5ème album de October Tide qui a d’ailleurs du se dégoter un nouveau bassiste et un nouveau batteur depuis…

Bref, ce n’est pas facile à suivre. Jusqu’au niveau du chant qui est tenu par Alexander Högbom de Centinex depuis Tunnel Of No Light (2013), qui succède à Tobias Netzell, chanteur… d’In Mourning. La boucle est bouclée et parlons maintenant de Winged Waltz, 3ème opus post-reformation pour October Tide, 3ème album en six ans, et sur un 3ème label… Le groupe suédois n’est pas un modèle de stabilité, c’est le moins qu’on puisse dire, la seule chose qui ne change pas, c’est pourtant la musique. October Tide ne bouge pas d’un pouce depuis A Thin Shell, dans un Doom/Death 100% mid-tempo pétri de mélodies quasi-omniprésentes, au détriment de la lourdeur et du désenchantement d’autrefois. Le tout est cependant supplanté par la voix bien rauque d’Alexander Högbom, qui d’ailleurs a tellement bien succédé au ton vocal de Tobias Netzell (jusque dans les vocaux criés) qu’on croirait qu’en fait ce dernier est toujours là… Contrairement à In Mourning, pas de voix claires, rien de progressif et peu de passages réellement atmosphériques, même si bien sûr des breaks très enlevés restent présents. Tout comme Afterglow d’In Mourning, la production de Winged Waltz est légèrement plus rustre que celle de Tunnel Of No Light, mais October Tide est loin d’être revenu à l’underground. Winged Waltz nous propose donc avant tout 8 nouvelles compositions d’October Tide, qui ont charge de faire au moins aussi bien que A Thin Shell et Tunnel Of No Light qui étaient deux très bons albums de Doom/Death mélodique suédois.

En 50 minutes, October Tide ne révolutionne donc rien, ni son propre art ni le Doom/Death mélodique en général. Ce qui nous donnera un Winged Waltz forcément banal pour le genre mais non dénué d’intérêt, car les Suédois ont su garder l’inspiration. Très homogène, cet album ne recèle pas vraiment de hits à la "The Custodian of Science" ou "Caught in Silence". D’ailleurs les premiers singles dévoilés apparaissaient très fades. Mais Winged Waltz est un album à apprécier dans sa globalité, en fermant les yeux et en bougeant la tête au son des sublimes mélodies Jari Lindholmiennes qui jalonnent cet album assez enivrant. Quelques riffs bien râpeux et efficaces -à la Katatonia période The Great Cold Distance parfois- font tout de même leur effet, et la voix d’Alexander Högbom est toujours excellente, parfaite pour le style. Difficile donc de dégager du bloc de Winged Waltz quelque chose de précis, "Sleepless Sun" avec sa magnifique alchimie riffs/mélodies tire son épingle du jeu, ainsi que le beau final "Coffins of November", tandis que le milieu de l’album avec l’enchaînement "A Question Ignite"-"Nursed by the Cold"-"Lost in Rapture" est peut-être un peu trop redondant et anecdotique. Mais dans l’ensemble, Winged Waltz est tout de même un bien bon stuff de Doom/Death mélodique. Il y a tout ce qu’il faut pour faire un bel album du style, et si October Tide semble tourner en rond et ne dépasse pas ses deux opus précédents, il est toujours en forme malgré ses changements de line-up et c’est déjà une bonne chose. Bien sûr, cet album objectivement convenu reste surtout à conseiller aux stricts aficionados du style, mais avec de bons riffs, de belles mélodies et des growls bien sentis, October Tide a su pondre un nouveau modèle du genre, qui sied bien à l’atmosphère de ce mois d’octobre.

 

Tracklist de Winged Waltz :

1. Swarm (7:10)
2. Sleepless Sun (6:10)
3. Reckless Abandon (6:36)
4. A Question Ignite (5:13)
5. Nursed by the Cold (4:33)
6. Lost in Rapture (5:45)
7. Perilous (6:34)
8. Coffins of November (8:24)

 

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