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jeudi 11 décembre 2014

Eyehategod + Monarch + Goat River

Dynamo - Toulouse

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Après un week end prolongé passé au Motocultor Festival et un lundi passé sur la route entre la Bretagne et Toulouse, quoi de tel que 4 soirs de concerts pour rester alerte et éviter de sombrer dans la déprime post-festival ? Le Noiser Fest, quatre soirées hétéroclites : une soirée sludge/doom avec Eyehategod, une soirée hardcore avec Walls Of Jericho, une soirée scène locale et enfin une soirée violence française avec Celeste. Quatre jours de concerts, une initiative ambitieuse pour un mois d’aout où les concerts sont assez peu légion.
 

Day 1 : Dope Smoker

Quoi qu’il en soit, c’est donc avec la soirée sludge/doom que nous commençons, intitulé par l’orga « Dope Smoker Day ». La chaleur de ce début de soirée sied parfaitement au propos, il fait lourd et c’est tant mieux puisque c’est sous le signe de la lourdeur que sera placée la soirée. Premier constat, les espagnols sont venus en masse pour cette date, et nos amis ibères ne lâcheront pas le devant de scène de la soirée. La Dynamo est déjà bien remplie quand j’y pénètre et les locaux de Goat River sont déjà installés. La scène est assez cocasse : la batterie est coincée entre un véritable mur d’ampli de toutes sortes. Des Peavey, des Marshall, des Oranges, des SunnO))), un véritable patchwork de baffles, de têtes et de racks donnant à la scène un aspect de forteresse sonore.

GOAT RIVER

Goat River commence son set par un riff donnant le ton d’entrée : c’est lourd, c’est lent, c’est pesant. Outre la volumineuse Big Muff du guiratiste de droite, beaucoup de pédales d’effets pour son compère de gauche, on sent que le son est travaillé, entre fuzz, disto et delay. Le son est bon, quoi qu’un peu fort, pour un premier titre instrumental. Quelques attentifs auront noté Mike William, au balecon de l’étage fort attentif à la musique des toulousains. Second titre et second parpaing à la gueule avec un chant lointain, noyé dans les profondeurs. Pour le dernier titre, le batteur prendra la place du guitariste/chanteur, et vis-versa. Le bassiste en profitera pour timidement présenter le groupe, non sans humour : « On est Goat River, on est de Toulouse et on a pas de tatouages ! ». Un dernier titre très lent, presque psychédélique avec grosse utilisation de pédales, rappelant quelque peu le travail sonore de Kylesa. Une entrée en matière de fort bon gout.
 


 

MONARCH

Groupe totalement inconnu pour ma part. Un ami me met en garde : « tu verras, c’est expérimental, soit on accroche totalement au concept, soit on déteste ». Effectivement, difficile de rester indifférent à la musique complexe de Monarch. Avant de poursuivre, notons la petite originalité du jour : Emilie Bresson, chanteuse de la formation s’est récemment abîmée les cordes vocales et plutôt que d’annuler la prestation, a fait appel à une amie pour la seconder au niveau des voix. Ce sera donc ce soir un duo de chanteuse, fait rare dans ce genre musical. Et effectivement, vu le pot de miel à ses pieds, on sent que la vocaliste a tout fait pour se soigner. Fort heureusement, tant au niveau sonore que scénique, cet impair ne sera que mineur.

Au niveau du set, les trois premiers titres sont tout en lenteur, à tel point que leur drone semble prendre des airs de funeral doom, avec le duo de voix semblant tel des nappes de claviers, parfois planantes, parfois arrachées et torturées. Je dois reconnaitre avoir mis du temps à rentrer dans l’univers complexe des Bayonnais, mais une fois que l’on est rentré dans le trip, quel pied ! Il suffit de fermer les yeux, se laisser entrainer dans les limbes, là où seul Cthulhu règne. La seconde partie du set sera constitué de reprises de Turbonegro, clairement plus rythmées, et réinterprétés à la sauce sludge. Le public, en transe jusqu’alors est sorti de sa méditation pour lancer un gros bordel se finissant par une douche à la bière pour votre serviteur. Clairement, Monarch est un groupe à part.
 


EYEHATEGOD

Quelle bande de farceurs, ces louisianais … Réussir à oublier une date sur une tournée, il n’y avait qu’eux qui pouvaient nous faire ça, et pourtant, c’est ce qui s’était passé au Motocultor Festival. Le groupe s’est pointé à Clermont-Ferrand avec une journée d’avance, oubliant le festival en Bretagne. Après l’annulation l’an dernier d’Electric Wizard, les fans de musiques psychotropes étaient en deuil. Fort heureusement, et c’est un moindre mal pour les toulousains, le groupe était bien présent ce soir, pour une session de rattrapage aux quelques afficionados les ayant loupés en Bretagne.

C’est donc devant une foule massive et dans une ambiance de bayou (comprenez chaud et humide), qu’Eyehategod entre en scène. L’ambiance y est déjà plus malsaine, avec leur sludge joué à un volume sonore très très élevé. Dès le premier titre, le single New Orleans Is The New VietNam, le public sera chauffé à blanc, provoquant enfin les premiers mouvements de foule de la soirée. La chaleur monte et l’humidité suit (ou suinte, ça marche aussi). Mike Williams ne sera que l’ombre de lui-même, la faute à la fatigue ? Pas si sur quand on connait l’addiction du bonhomme, qui se dandine sur scène tel un Ozzy sont l’équilibre ne repose plus que sur le pied de micro. Le bougre tentera de demander au public s’il va bien, mais le peu de phrases bredouillées à l’auditoire sortira comme de la bouillie de la bouche d’un nourisson.

Heureusement, les musiciens font bien leur boulot. On notera un Joe LaCaze en petite forme, le groupe se tournant vers lui entre chaque titres et semblant improviser sa setlist en fonction de sa forme physique. « Avez-vous déjà baisé vos sœurs ? » demande Mike en guide de prélude à SisterFucker, durant lequel Jimmy Bower casse une corde. Même si musicalement le tout tient la route, scéniquement, on sent que le groupe est en petite forme … Et cet état vaseux plombera un set qui aurait pu être énorme. Dommage … On notera malgré tout une grande disponibilité des membres du groupes, Jimmy Bower ayant squatté le bar quasiment toute la soirée.
 


Merci à Noiser et Nico ainsi qu'à Unholy Dawn et Aurore pour la soirée.