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jeudi 11 décembre 2014

Killswitch Engage + Sylosis + Heartist

Trabendo - Paris

U-Zine

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Rien de mieux pour commencer la semaine qu’on bon concert de métal. Qui plus est au Trabendo. Le Trabendo, c’est cette salle qui parvient à combiner capacité et intimité. Cauchemar des photographes, elle est le rêve pour tout musicos en herbe qui peut approcher au plus près ses idoles. En plus, contrairement à d’autres salles, les consommations ne sont pas (trop) chères et les bouchons d’oreille sont gratuits, si, comme moi, vous les avez oubliés (on ne déconne pas avec ça les jeunes, ok ?). Bref, une belle affiche dans un haut lieu du métal parisien, de quoi faire le plein de décibels.

C’est avec un peu d’avance sur le planning communiqué que Sylosis entre en jeu. Les anglais m’avaient épatés avec leur premier album Conclusion of an Age, terriblement technique et efficace. En live, devant un public qui semblait ne pas connaître le groupe (ou très peu), les natifs de Reading ont délivré une prestation sobre et sans fioriture.

Largement aidés par un Josh Middleton jamais fantasque mais toujours juste, Sylosis nous a emmené dans son univers thrash/death où la guitare est reine. Avec un son globalement bon (tout dépend où on se situe au Trabendo…), tout un chacun a pu se chauffer les cervicales sur quelques bons breaks et constater à quel point le sweep picking c’est simple quand on y met du sien. Une belle aisance technique le gonze.

Mentions particulières à Teras et Altered States of Consciousness qui sont vraiment solides sur scène, le finish sur la remarquable Empyreal part 1 demeurant mon petit plaisir du jour. On aurait bien aimé en avoir un peu plus, surtout que je n’avais encore jamais eu l’occasion de les voir en live (oui oui, je fais partie des ****** qui ont manqué le concert TBDM + Cephalic Carnage + Sylosis en 2009).

Quelques mouvements dans la fosse sur ces riffs entrainants et lourds, de quoi faire monter la température. Bref, une bonne prestation qui ne demande qu’à être confirmée dans de meilleurs circonstances, la musique des anglais étant tout de même en relatif décalage avec celle de Killswitch Engage.

Setlist :
Fear the World
Sand of Time
Stained Humanity
Reflections Through Fire
Teras
All Is Not Well
Altered States of Consciousness
Empyreal Part 1.


A 9h20 pétante, après des balances relativement rapides, Killswitch Engage entre en scène sous un tonnerre d’applaudissement. Des sourires sur le visage et The Hell in Me résonne dans le Trabendo. Un titre rapide, fédérateur qui balaye tout sur son passage. L’occasion pour Jesse de nous montrer qu’il est de nouveau le patron en s’égosillant tout en sautant aux quatre coins de la scène.

Avant tout, ce concert était pour bon nombre d’entre nous la première occasion de voir KSE évoluer avec le chanteur d’origine du groupe. Autant couper court à la discussion, je n’ai pas été complètement convaincu. Il est incontestable que sur les titres de l’ère Jesse ce dernier est à l’aise (et heureusement d’ailleurs). Une voix puissante et surtout un jeu de scène très dynamique qui, combiné au brin de folie d’Adam, donne bien plus de mouvements que par le passé, Howard n’étant pas un monstre de scène. Toutefois, sur les titres de l’ère Howard on ne le sent pas particulièrement à l’aise. Et sans attendre la performance médiocre du Rock Am Ring de 2012 qui m’avait un peu sidérée après visionnage sur internet, le rendu n’est pas toujours terrible. Sur les titres exigeants comme The End of Heartache ou A Bid Farewell, Jesse tatillonne un peu et s’en remet bien volontiers au public pour l’aider dans sa tâche. A l’inverse les passages en voix « saturée » sont très bons, pas loin d’être meilleurs que ceux d’Howard.

Sans pour autant toujours convaincre vocalement, Jesse est néanmoins à l’aise sur scène et donne du mouvement au groupe. Mike et Joel étant particulièrement passifs – ce qui n’est d’ailleurs pas exclusivement du à l’étroitesse de la scène du Trabendo. Sa gestuelle et ses mouvements de corps accompagnent les changements de rythme et de riffs à la perfection, renforçant l’esprit « -core » du groupe. Visuellement, ça fait son effet.

La recette d’un bon concert ne saurait également être réussie sans une setlist solide avec quelques surprises. Solide, elle l’a été. Tous les grands « tubes » du groupe ont été joué, de la dynamique Rose of Sharyn à la pleine d’émotion The End of Heartache en passant par les entrainantes My Last Serenade, My Curse et Fixation on the Darkness. Surprenante un peu moins, même si les titres du dernier album envoient des petits buchettes.

Magistralement accompagnés par Adam et Joel, qui ont fait un sans faute à la guitare (leurs harmoniques artificielles sonnent toujours aussi bien en tout cas), Mike et les autres n’ont eu qu’à suivre le raz de marée. Un set plein d’énergie qui ne laisse que très peu de temps de récupération entre les titres.

Et c’est bien la principale déception de la soirée : la durée du concert. Ne jouer qu’une heure quinze minutes devant un public complètement acquis à votre cause et ayant fait le déplacement spécialement pour vous voir peut laisser pantois. Certains iront plus loin en disant que c’est du « foutage de gueule » comme j’ai pu l’entendre. C’est peut-être un mal du genre, la prestation récente de Bullet for My Valentine au Bataclan ayant souffert des mêmes maux. Jouer 17 titres parait normal, mais les enchainer à cette vitesse donne un petit goût de vite fait bien fait, « à la Metallica au Stade de France » pour reprendre l’expression consacrée (par moi).

La communication du groupe reste très limitée à quelques blagues de Adam en engloutissant bruyamment sa bière (cf. photo), ou de Jesse qui remerciera le public parisien à de multiples reprises tout en serinant à quel point la Heineken est infâme. Et, une fois sorti du pit photo et confortablement installé au fond de la salle, je dois admettre que le public ne donnait pas nécessairement envie au groupe de donner plus que le minimum syndical. A l’exception de quelques mouvements sur des titres fédérateurs comme My Curse ou Rose of Sharyn, la foule est rarement sortie de sa torpeur, même si les mouvements de tête ou de jambes laissaient supposer qu’ils étaient tous acquis à la cause de KSE. Il aura fallu attendre The End of Heartache pour entendre donner de la voix et faire suite aux invectives de Jesse devant un public « calm » dixit ce dernier.

En quittant le Trabendo, sur les merveilleux pavés qui nous ramènent au métro, on ne peut s’empêcher d’avoir un petit gout d’inachevé. Un concert dont la prestation de très bonne facture (bien que trop rythmée) aura été nuancée par un public amoureux du groupe mais pas nécessairement très impliqué, au-delà des cinq premiers rangs d’irréductibles. D’ailleurs le Trabendo n’était pas rempli à fond, au delà du premier « palier » du Trabendo. Et la qualité d’un concert tient aussi au public, à mon sens.

Toujours est-il que le retour de KSE en France avec Jesse fut réussi et laisse présager un bel avenir pour le groupe. D’autant plus que leur dernier album est une cure de jouvence après un Killswitch Engage bien terne.

Setlist :
The Hell in Me
A Bid Farewell
Fixation on the Darkness
The New Awakening
Life to Lifeless
No End in Sight
Take this Oath
The Arms of Sorrow
This is Absolution
All We Have
Rose of Sharyn
Numbered Days
Self Revolution
In Due Time
My Curse
The End of Heartache
Rappel : My Last Serenade
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Merci à Karine de Roadrunner pour l'accréditation, John pour son temps et à McDonalds pour son merveilleux Chicken Mythic d'avant-concert.