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jeudi 11 décembre 2014

Overkill + Suicidal Angels + Savage Messiah + Cripper

Nouveau Casino - Paris

U-Zine

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Après une tournée en compagnie d’Exodus en 2009, où la France avait été boudée, Overkill était de retour à Paris. Enfin ! Rendez-vous donc au Nouveau Casino, à un horaire assez tôt dans la soirée (18h), pour voir les américains en découdre sur scène. Les fans old school du groupe et les plus jeunes étaient présent, si bien qu’il semble que le concert a été joué à guichet fermé, chose rare pour un mardi, en pleine période de vacances à Paris. Trois groupes étaient chargés d’ouvrir pour les dieux Overkill (qui fêtent leurs 30 ans d’existence cette année) : Cripper, Savage Messiah et Suicidal Angels. Bref, une affiche de pur thrash, qu’on attendait impatiemment.

Cripper

Ce sont les allemands de Cripper qui ont investi en premier le Nouveau Casino, devant un public assez décimé et timide. Timide, parce que personne ne s’était positionné devant la scène. Tout le monde était à distance, si bien que dès le début, la jolie chanteuse Britta Görtz est descendue dans le public, et a poussé les derniers rangs pour que tout le monde aille devant. Personnellement, malgré les centaines de concerts auxquels j'ai pu assister, c’était la première fois que je voyais ça… Et ça a fait son petit effet, puisque par la suite, Cripper a reçu un bon accueil. Musicalement, Cripper a été plaisant, pratiquant un thrash teuton sympathique et varié, emmené par la voix death de Britta. Bénéficiant d’un temps de passage relativement correct, les allemands ont pu jouer 7 morceaux et convaincre malgré leur relative jeunesse, surtout qu’ils bénéficiaient d’un bon son. Néanmoins, le tout manquait d’originalité, et pouvait rappeler qu’en Allemagne, Holy Moses était indétrônable dans le thrash à chanteuse.

Setlist : 1) Junkie Shuffle – 2) Attention Deficit – 3) Shortcut – 4) Fire Walk With Me – 5) More Than Four – 6) FAQU – 7) Hysteria
 

Savage Messiah

Après une entame encourageante avec Cripper, place à Savage Messiah, et un autre style de thrash metal. En effet, dès les premiers riffs de guitare joués et la voix posée, on avait l’impression d’entendre un mix entre Metallica et Testament. Cela s’est confirmé par la suite, puisque les anglais ont continué sur leur lancé, tout en ponctuant leur thrash de touches progressives, un peu comme le fait Annihilator par moments. Reste que malgré la dextérité du guitariste/chanteur Dave Silver, Savage Messiah a été moins persuasif que Cripper, malgré une maîtrise technique plus importante. Puisant pour la setlist dans leur unique album Insurrection Rising, le quatuor, bénéficiant lui aussi de bonnes conditions sonores, a pu pousser le public à s’intéresser à leur musique en écoutant cet album par la suite.
 


Suicidal Angels

Mais la suite a été d’un autre niveau, avec le retour à Paris des grecs de Suicidal Angels. Pourquoi retour ? Parce qu’ils ont joué en première partie de Kataklysm moins d’un mois avant, dans la même salle. C’est ce que le leader Nick Melissourgos a rappelé, en demandant au public (salle pleine à partir de ce moment là) s’ils étaient déjà présents à leur première date. Après un thrash teuton à chanteuse, un thrash plus travaillé voir progressif, ce furent les assauts sans concession, à la Slayer, de Suicidal Angels. Presque tout a été joué à fond, pour le plus grand plaisir du public qui s’est déchaîné dans la fosse, même si le groupe a mis les freins au milieu de son set (assez court finalement, avec moins de 40 minutes), pour reprendre de plus belle jusqu’à la fin. Comme lors de leur première date parisienne de 2010, Suicidal Angels a eu un son correct, et on a déjà vu les progrès opérés en un mois : maintenant, le groupe fait vraiment professionnel, il maîtrise son sujet, les interactions avec le public ont été travaillées. Mais il reste toujours ce petit défaut que j’avais constaté un mois auparavant : sans la présence de leur leader Nick Melissourgos, le groupe pourrait paraître assez anonyme tellement les autres musiciens ne se mettent pas en avant. Autre point négatif à constater : le jeu du batteur Orpheas Tzortzopoulos : il est d’une simplicité que certains pourraient trouver agaçante : un rythme punk et un roulement, un rythme punk et un roulement, etc.
D’autres s’en sont amusés, tel un fan qui, à la fin du show, criait : « on veut encore du toutatouta… toutatouta toutatouta toutatouta toutatouta toutatouta »
Bref, Suicidal Angels a fait de bons progrès et paraît pro sur scène. Il restera à trouver un moyen de mettre vraiment le feu, avec un jeu de scène plus démonstrateur. Du bon thrash bourrin.
 

Overkill

Après 3 groupes de moins de 10 ans, place à Overkill et ses 30 années de service pour le thrash metal. Le groupe américain a commencé en retard d’une quinzaine de minutes, mais n’a nullement amputé son concert de morceaux ensuite. Et quel concert ! C’est simple, Overkill a mis une déculottée à tout le monde au Nouveau Casino. Emmenés par un Bobby Ellsworth déterminé et très en forme, les new-yorkais ont démontré qu’ils valaient plus que leur statut de « second couteau » du thrash (sous entendu derrière le big four : Metallica – Slayer – Megadeth - Anthrax). Empruntant seulement 3 titres à leur nouvel album Ironbound, et faisant la part belle à leurs vieux morceaux, véritables hymnes pour certains, Overkill a délivré un concert de grande qualité.
Le public a été très répondant, si bien que la dernière fois où un tel « bordel » avait été constaté, cela remontait à la venue de Pestilence à Paris. Encore un groupe d’une autre génération, de retour à Paris… Comme par hasard. Les slammeurs ont été très nombreux, soulignant le plaisir qu’a eu le public à voir Overkill sur scène, même s’ils ont causé beaucoup de tracas aux musiciens et aux techniciens du groupe. En effet, la plupart du temps, les pieds de micros étaient renversés et les retours complètement bougés. D’où l’énervement de la sécurité et des techniciens, qui, à la fin, balançaient littéralement les slammeurs dans le public. Au passage, certains au premier rang ont pu constater que D.D. Verni (basse, backing vocals) et Derek Tailer (guitare) s’amusaient, tout en jouant, à faire des croche-pieds à leurs techniciens ou bloquaient leur passage, juste pour les embêter tandis qu'ils remettaient les pieds de micro en place. J’ai trouvé ça super fun, bien qu’ennuyeux pour les techniciens…

Au niveau individuel, il n’y a rien eu à redire. Dave Linsk (lead guitar), a fait l’étalage de tout son talent : à la fois précis dans son jeu, beau à voir jouer, efficace et communiquant sa joie d’être sur scène à Paris. Derek Tailer, l’autre guitariste, n’a pas été en reste, étant même un peu plus charismatique que le premier. Ron Lipnicki le batteur fut excellent de technique et de précision, bien que discret derrière ses fûts. On aurait pu avoir peur au début, en voyant que sa batterie était entièrement trigguée, mais le son fut très bon.
Mais c’est avant tout le duo D.D. Verni / Bobby Ellsworth (chant) qui a transcendé Overkill. Un charisme fort, une vraie passion partagée avec le public, un professionnalisme exemplaire, une bonne énergie sur scène ont fait qu’ils ont porté vers le haut le groupe. Et le très haut ! Bobby Elsworth s'amusait même à disparaître en coulisses quand il ne chantait pas, et revenait précipitamment, en sautant, en volant, en courant, pour attraper son micro et reprendre le chant.

Cependant, on a pu regretter le manque de mouvements des guitaristes, mais il a été grandement compensé par le duo mobile Bobby "Blitz" Ellsworth / D.D. Verni. Aussi, dommage juste, au niveau des lumières, d’avoir installé un stroboscope à flash blanc juste devant la batterie. L’objet, très souvent utilisé, éblouissait les premiers rangs…
Puis, le son a pu paraître inégal suivant l’endroit où on se trouvait dans le public, mais globalement, il était d’excellente qualité, bien que privilégiant de temps en temps la basse. Mais ce sont bien là les seuls points de regret à constater. Overkill a été excellent. Tellement excellent qu’il nous tarde de les revoir au Hellfest 2010.
Après 1h20 menée tambour battant, le groupe a terminé avec un rappel plutôt long (pour notre plus grand bonheur) et les 3 titres d’Ironbound, leur nouvel album, ont vraiment bien fait figure en live. Pour finir, un peu comme Turbonegro, qui jetaient des dollars à leur effigie au public à la fin de leur show, un fan club d'Overkill a fait de même, avec des faux billets d’1 dollar avec le logo d'Overkill et personnalisé à la date parisienne. Les fans ont apprécié cette action, si bien que pas mal d’entre eux ont ramassé le précieux papier à terre. Précieux dans leur cœur bien sûr…
Merci Bobby et Overkill. A bientôt !

Setlist : 1) The Green And Black – 2) Rotten To The Core – 3) Wrecking Crew – 4) Battle – 5) Hello From the Gutter – 6) Feel The Fire – 7) Ironbound – 8) In Union We Stand – 9) Bare Bones – 10) Gasoline Dream – 11) Overkill – 12) Bring Me The Night – 13) Elimination - RAPPEL - 14) Necroshine – 15) Old School – 16) Fuck You / Sonic Reducer