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jeudi 11 décembre 2014

Satyricon + Zonaria

La Locomotive - Paris

U-Zine

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Satyricon, groupe qui rend souvent visite aux français, est de retour en novembre 2008 pour plusieurs dates en France. U-zine était présent à l’une d’entre elle : la date parisienne à La Locomotive. Ils devaient initialement être accompagnés par Evile et Zonaria, mais le premier groupe a déclaré forfait suite à une fracture de la machoire d’un de leurs frères guitaristes. C’est donc avec Zonaria uniquement, que la bande à Satyr a contenté La Loco.

Zonaria, jeune groupe suédois, a profité de l’aubaine due à l’absence d’Evile, pour honorer plus longtemps le 2ème passage à Paris de leur histoire. C’est parti de manière très correcte, avec 2 morceaux rentre dedans à souhait et 4 musiciens qui se donnaient à fond. J’ai rarement vu autant de headbangs et d’hélicoptères à la minute à vrai dire…

Sauf que la suite a été plutôt un désenchantement, dans le sens où le groupe a entamé une seconde partie de show mollassonne, axée sur l’aspect mélodique de leur death. Cela s’est ressenti au niveau du public, ce dernier étant assez enthousiaste au début, pour finir avec des encouragements de circonstance. Reste que ces jeunes en veulent sur scène, à l’image de leur leader Simon Berglund (guitare / chant). Je lui trouve un côté David Vincent dans l’attitude scénique (même si le charisme est bien différent). Aussi, le bassiste, Markus Akebo et l’autre guitariste Emil Nyström s’échangeaient souvent la place sur scène, même si on sentait qu’ils manquaient d’automatismes (le bassiste bougeant quand il voyait le guitariste arrivé à côté de lui). On saluera néanmoins l’effort. Une première partie moyenne, mais moyenne dans le sens où il y a un potentiel derrière qui est inexploité. A revoir avec plus d’expérience et des morceaux qui ont un peu plus de hargne.

Après une pause assez longue, sans pour autant paraître interminable, Satyricon est arrivé sur scène. Le public, beaucoup plus au rendez-vous que pour Enslaved quelques jours auparavant dans la même salle, a répondu présent dès les premières notes jouées. Le son ? Une merveille rarement constatée dans La Loco. C’était LE son qu’il fallait à Satyricon pour pouvoir asseoir pleinement son emprise sur la foule. Aussi, cette dernière était beaucoup plus mouvementée que lors du concert d’Enslaved, même si ça n’atteignait pas des sommets de brutalité.

Les norvégiens nous ont joué un concert qui a été plus loin dans la nouvelle démarche Rock n’ Roll du groupe, que leur dernier passage à Paris. Ce changement s’est ressenti auprès du public : la partie des fans de la première heure s’est concentrée sur les quelques morceaux anciens tandis que la jeunesse virevoltante (jeunesse d’écoute, pas nécessairement d’âge) a bougé sur les morceaux des 2 derniers albums Now, Diabolical et The Age Of Nero. En faisant le bilan, on peut dire que Satyr et ses hommes ont livré une très bonne prestation ce soir-là, même si elle a agrandi le fossé entre les différents types de fans.

Au niveau individuel, rien à redire sur la prestation des musiciens sessions que sont Steinar "Azarak" Gundersen (guitare), Jonna Nikula (clavier, headbangueuse folle), Victor Brandt (basse). Ils ont très bien fait leur job. Il y avait aussi un autre invité de la partie, qui a reçu un accueil plus chaleureux du public français : Gildas Le Pape (guitare). La fibre patriotique aidant grandement, il a été le chouchou du public, hors Satyr et Frost.

J’en viens à Frost justement : même s’il se cache derrière son kit de batterie, on sent en lui un réel plaisir à jouer, n’hésitant pas lui aussi à headbanguer plus que de nature tout en martelant ses fûts. Mais, on regrette le Frost purement black metal, qui nous convainc tant dans 1349, faute d’une setlist principalement axée sur les derniers opus du groupe. Néanmoins, la majorité du public a apprécié sa prestation. De même, à la fin du show, il a balancé une foultitude de baguettes et de peaux signées, histoire de se mettre le public dans la poche une dernière fois.

Enfin, le maître d’œuvre, Satyr, est dans la continuité de sa prestation au Hellfest 2008 : il est loin les spectres du black metal. Aujourd’hui, Satyr est une rock star à l’attitude haineuse dissipée, et aux nombreuses tentatives (réussies pour la plupart) pour se mettre le public dans la poche. Par exemple, à un moment, voyant qu’un décibelmètre avait été installé sur le côté, il l’a testé avec le public, histoire de mesurer l’intensité vocale des parisiens. Cette action, je la trouve fun, mais décidemment très lointaine du Satyr qu’on a connu auparavant. En fait, c’est comme s’il avait perdu en prestance, en charisme, pour gagner en humanité.
Aussi, il a profité à plusieurs reprises de son grand pied de micro (avec un décor en bois en forme de trident) pour tendre ce dernier au public. De nombreux autres exemples pourraient être cités, mais tout ça pour dire qu’on avait l’impression que c’était « too much ». Qu’importe ! Je pense que la majorité du public est ressorti content du concert. Enfin, il a joué de la guitare sur plusieurs morceaux, ce qui a été appréciable, bien qu'à un moment, il ait eu un soucis de son avec l'une d'entre elles. Mais on peut regretter là encore cet esprit changé, qui fait que nous le voyons arborer une guitare 7 cordes et une guitare à la forme tape à l'oeil, toutes deux sortant de chez ESP (il a signé un contrat avec eux il y a peu de temps).

D’un point de vue personnel, comme un « vieux con », j’aurais aimé un peu plus de morceaux anciens. J’ai du mal avec le côté rébarbatif des morceaux des derniers albums, reposant sur une même rythmique, avec des infimes changements de riffs. Satyricon pour moi, n’a pas su faire ce qu’a fait Enslaved quelques jours plus tôt : proposer un show de toutes les époques tout en gardant une réelle alchimie entre celles-ci. C’est donc en ce qui me concerne un concert moins réussi, même si clairement, Satyricon a su se renouveler.

Setlist :1) Angstridden – 2) Wolfpack – 3) Now Diabolical – 4) Black Crown On A Tombstone – 5) Havoc Vulture – 6) Commando – 7) Sign Of The Trident – 8) Forhekset – 9) Die By My Hand – 10) Du Som hater Gud – 11) The Pentagram Burns – RAPPEL– 12) K.I.N.G. – 13) Mother North – 14) Fuel For Hatred