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mardi 9 septembre 2008

Neuraxis

Yan Thiel

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Après deux albums dantesques que sont "Truth Beyond..." et "Trilateral Progression", plus d'un fan de Neuraxis salivait à l'idée d'écouter un nouveau morceau du groupe. Mais voilà, c'est qu'il y en a eu du changement depuis leur dernier album. Les changements de line-up, la sortie de « The Thin Line Between », une carrière de plus de 10 ans,... il était venu le temps pour nous de faire le point avec le seul membre originel du groupe, à savoir Yan Thiel (basse).

U-zine.net : Pour commencer, pouvez-vous faire un point sur le line-up du groupe qui a subi bien des changements depuis « Trilateral Progression » ?
Yan Thiel (basse) : Depuis la sortie de « Trilateral », il y a en effet eu de gros changements. Steven, le dernier membre original à part moi, a quitté le groupe en janvier 2006 juste après une tournée canadienne avec Decapitated. Un an plus tard Ian quitte le groupe après 7 ans de service comme frontman. Ce sont 2 gros morceaux à remplacer mais William et Alex sont d’excellents musiciens qui se sont bien intégré au groupe.

Votre nouvel album est le premier à sortir sans Steven Henry, guitariste depuis la création de Neuraxis. Vu qu’il avait un poids important au niveau des compositions, est-ce que son départ ne risque pas de trop affecter la musique du groupe ?
Il y a maintenant plus de 2 ans que Steven a quitté Neuraxis. L’absence du jeu unique de Steven s’est définitivement fait sentir au niveau des structures des compositions et des solos. À commencer par « A passage Into Forlorn », Rob s’est de plus en plus emparé du rôle de compositeur principal. Faisant parti du groupe depuis maintenant 11 ans, il est la raison, avec William et Tommy, de l’évolution du son Neuraxis pour « The Thin Line Between ».

Au niveau du chant, Alex Leblanc (Atheretic, Point Blank Rage) remplace donc Ian Campbell… Sur le nouveau titre que vous avez mis en ligne sur Myspace, sa palette semble bien moins étendue que son prédécesseur. N’avez-vous pas peur que cela vous porte préjudice ?
Je crois que Alex est tout aussi versatile que Ian. Son style de chant s’adapte très bien aux compositions et il est capable de diversifier les tonalités. Un changement de vocaliste va toujours avoir un impacte notoire sur le produit. Je crois qu’il faut écouter l’album au complet et plus d’une fois pour reconnaître l’étendu de son jeu. Je dois dire qu’il a impressionné pas mal de monde autant en studio qu’en performance live.

Comment pourais-tu comparer votre nouvel album avec le reste de votre discographie ?
Personnellement je le trouve beaucoup plus mature et « complet » que les 4 albums précédents. Les compos sont plus soignées, plus progressives mais elles restent toutes aussi brutales et mélodiques qu’avant. Chaque chanson se lit et s’écoute comme une histoire là où sur les albums antérieurs, certaines semblent comme une succession de « riffs ».

Est-ce une idée ou les guitares semblent moins mélodiques ou mises en avant ?
Non, je ne crois pas. Les guitares ont toujours été en avant-plan sur chaque album que nous avons produit. La qualité supérieure du mix et du mastering donne peut-être cette impression.

« The Thin Line Between » sort sur Prosthetic Records. Pourquoi avez-vous quitter l’équipe Earache Records ?
En fait nous n’avons jamais signé quoique ce soit avec Earache. C’est notre compagnie de disque de l’époque (Willowtip) qui a signé un contrat de distribution avec eux. Nous avons seulement été distribué mais n’avons jamais fait parti de l’écurie Earache. Après des mois de pourparlers avec plusieurs labels, c’est l’offre Prosthetic qui était la plus approprié pour nous.

Après avoir longtemps fait confiance à Yannick St-Amand pour la production, vous avez fait appel à Jef Fortin d’Anonymus. Pourquoi ce choix ?
Nos 3 derniers albums ont été enregistrés avec Yannick. Notre collaboration remonte à 2001, soit depuis « A Passage Into Forlorn ». Au fil du temps, Yannick est devenu un ingénieur de plus en plus en demande et a récemment déménagé dans sa région natale de l’Abitibi. Jef aussi est un gars que nous connaissons bien depuis des années et le travail qu’il a fait pour des groupe comme The Last Felony et Under the Grave nous littéralement jeté sur le cul. Après avoir fait une pré-prod avec lui, nous avons décidé de continuer notre association pour l’album.

Qu’est censé représenter l’artwork de votre nouvel album créé par Dennis Sibejin (Chimaira, Job For A Cowboy) et celui de « Trilateral Progression » ?
L’album parle de dualité et de paradoxes... Sur la couverture, on voulait représenter l'humain (pensée) confronté à sa propre animalité. Celle-ci est à son tour est confrontée à la connaissance humaine (sciences, religions, etc.) et l'ignorance (la peur qu'elle amène) représentée par le monument. Cette double dualité est aussi représentée à travers le contraste de couleur de l'album (bleu sombre/lumiere dorée). Vous pouvez voir que l'album est plus sombre en commençant mais s'éclaircit en avançant. On a aussi dit à Dennis que l'on voulait une cover qui était beau et perturbé en même temps. Je crois que le résultat va très bien avec la musique de l'album... Sombre, beau et tourmenté sur les bords... Pour l’album Trilateral Progression, les paroles parlent du dévelopment humain par rapport de 3 point de vues : le spiritualisme, la science et la religion. Alors la pyramide représente ces 3 points de vues au niveau du progression d’un humain.

Sur votre précédent opus, il y avait beaucoup de guests de qualité telles que Jason Netherton (Misery Index) ou Alex Erian (Despised Icon). Cette fois-ci, il s’agit de Luc Lemay (Gorguts). Comment réussissez-vous à obtenir de si belles guests ?
Nous sommes tous des fans de Gorguts dans le groupe alors je te dis pas le feeling que c’est d’avoir Luc Lemay chanter sur une de tes chansons. C’est un honneur et un privilège d’avoir eu sa contribution sur l’album. Nous lui avons demandé si ça l’intéressait de venir faire des vocales sur l’album et il a accepté. Il est même venu faire une chanson « live » avec nous lors de notre lancement pour « Live Progression » en décembre dernier.

Au niveau de tournées, vous faites partie du Summer Slaughter Canada (avec Necrophagist, Dying Fetus, Into Eternity, WhiteChapel, Veil of Maya, Divinity et Condemned). Ca s’annonce être du lourd… du très lourd !?
C’est la première fois que nous faisons partis d’une tournée avec un bill aussi large. Nous sommes déjà de bon pote avec Necrophagist, Dying fetus, Into Eternity, Beneath the massacre et Divinity, alors non seulement ça s’annonce lourd, mais ça s’annonce comme un « party » de 2 semaines.

Neuraxis s’est formé en 1994, comment vois-tu l’évolution de Neuraxis après presque 15 ans ?
Le mot progression me vient tout le temps à l’esprit quand on me pose la question. Depuis le début, nous avons beaucoup évolué musicalement, mais en tout en restant fidèle à nos origines. L’intensité, les « riffs pesants », les « grooves » et les mélodies ; c’est ce que tu vas entendre sur chaque album.

Neuraxis est « la partie axiale et non assortie du système nerveux central par opposition aux deux hémisphères cérébraux ». Dans le métal, nous sommes (malheureusement) plus habitués à des noms de groupes gores, sataniques ou brutaux que scientifiques… Pourquoi avoir choisi ce nom ?
À l’époque il y avait justement cette surpopulation de groupe avec des noms comme tu mentionnes. On voulait un nom court et qui avait du « punch ». Steven a trouvé le mot dans un dictionnaire de médecine et on trouvait que la signification du terme était adéquate.

Comment peux-tu expliquer que la scène québécoise et canadienne soit un tel vivier pour le métal ?
Je ne pense pas que je puisse trouver de raison. D’après moi, il fait trop froid l’hiver et tous les musiciens restent à la maison et pratiquent… Des groupes cultes de la scène Québécoise comme Voivod, Gorguts, Obliveon, Necrotic Mutation et Barf pour ne nommer que ceux là, ont influencé et laisser un héritage aux jeunes musiciens d’ici.

Neuraxis a vu passé dans son sein des membres de Despised Icon ou d’Augury. La scène québécoise ne serait pas une petite famille au final ?
Au lieu d’être en compétition, il semble régner une vraie fraternité entre les groupes du Québec. Nous faisons notre possible pour supporter et promouvoir les groupes d’ici soit en allant à leur concert ou en nous procurant leur albums ou leur merchandise. La scène regorge de talent et le futur du métal au Québec est assuré pour des années à venir.

Et s’il ne fallait ne garder que 3 groupes québécois, lesquelles prendrais-tu ?
Un spectacle a eu lieu à Montréal il y quelques mois, qui commémorait les 25 ans de métal au Québec. Alors seulement 3 groupes ? Cette question est vraiment trop dure (et trop chiante !) à répondre…héhé.

Quel regard portes-tu sur la scène death mélodique et sur la scène brutal death, puisque vous ne faites pas vraiment parti ni de l’une catégorie, ni de l’autre…
J’ai toujours eu de la misère avec les catégories de métal. Death brutal, Metalcore, deathcore, black, grind ce sont juste des termes. Il y du bon et du moins bon dans chaque style. La seule chose que j’ai à dire c’est que le métal se porte très bien depuis des années. Il est impressionnant de le constater en visionnant les films de Sam Dunn « Headbanger’s Journey » et « Global Metal » !

Et enfin, quand est-ce que vous venez en France ?
Une fois l’album sorti, les tournées vont se succéder. Vous allez sûrement nous voir d’ici quelques mois...

Merci à Yan d'avoir répondu aux questions et à Charles d'avoir rendu celle-ci possible.