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mercredi 31 octobre 2007

Turisas

Warlord Nygard

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Après un moment de confusion totale à l'entrée de l'Elysée Montmartre, où je me retrouve nez à nez avec les membres de Turisas, qui ont l'air aussi perdus que moi, nous nous retrouvons conduits dans un bar avoisinant pour y régler les interviews. Le chanteur Warlord est fort aimable et bavard, un bon moment autour d'un café!

U-zine: Bonjour à vous, alors comment se passe la tournée?

W: Et bien tout se passe bien, les groupes, les salles tout est pour nous une bonne occasion de nous montrer et de mettre en avant notre musique. Toutes les personnes qui participent à cette tournée ont été vraiment cools, tout le monde s'entend bien. En coulisses on s'éclate assez souvent avec Annihilator, on fait les cons ensemble, on peut dire que nous sommes plus proches. Pour un grand nombre de personnes, ces concerts sont l'occasion d'une première rencontre avec Turisas.

U-zine: Et comment réagissent ces personnes qui vous découvrent?

W: On prend ça comme un challenge. On joue devant des gens qui ne sont pas venus pour nous particulièrement. Bien sûr, c'est plutôt plaisant de jouer devant un parterre tout acquis à vous et qui connaît déjà tous les titres, mais bon nous sommes fiers de relever ce défi!

U-zine: Peux tu me donner ton opinion sur cette citation du gratteux d'Annihilator (il parle de l'odeur pestilentielle qui règne en coulisses à cause des costumes de Turisas)

W (sourires) Oui ce doit être sûrement vrai, on pue un maximum, enfin nos costumes puent, je veux dire! On s'est habitué. Bien sûr on ne pue pas tout le temps mais il faut qu'ils endurent ça tous les soirs. D'ailleurs, là nos costumes sont dans leurs sacs, encore trempés de la veille (à Stuttgart). Dès qu'on descende la scène ils regagnent leurs sacs et on les ressort que le lendemain!

U-zine: j'ai lu que vous aviez eu un été occupé avec pas mal de festivals. Peux-tu nous en faire un petit bilan?

W: Un des points les plus importants est que nous avons pu jouer dans pas mal de gros festivals comme le Wacken et le With Full Force en Allemagne, le Tuska fest (le gros festival métal en Finlande) et un festival à Donington en Angleterre. Ce dernier était vraiment super, on a joué sur la scène principale devant un maximum de monde, excellent!

U-zine: Vous préférez le format open air ou plutôt les clubs?

W: En fait c'est un peu comme les saisons, si l'été ou l'hiver étaient perpétuels, on finirait par s'en lasser, donc le changement ça ne fait pas de mal. On prend du plaisir à jouer dans de gros festivals en open air autant que dans de petits clubs. Au niveau du public c'est aussi intéressant d'avoir un changement, de la masse au petit comité. C'est sympa d'avoir cette opportunité de changer et de jouer dans différentes conditions.

U-zine: Comment choisissez-vous les chansons que vous jouez sur scène?

W: Le premier élément que l'on prend en considération c'est la durée du set. Sur cette tournée, on joue 30 minutes, donc on ne case pas beaucoup de chansons. Il faut aussi réfléchir au public que l'on a en face de soi, penser que ce peuvent être des gens qui ne nous ont jamais vu auparavant. Et dans ce cas-là rien ne sert de sortir les chansons les plus difficiles d'accès, il vaut mieux jouer les chansons qui leur rentreront dans l'esprit un peu plus facilement et nous nous y sommes employés sur cette tournée. Quand on a plus de temps on peut se permettre d'ajouter certains éléments, de varier les ambiances.

U-zine: Ce qui est en lien avec ma prochaine question: à quoi ressemble un show de Turisas?

W: Notre show est très visuel, surtout en ce qui concerne les costumes. Bon on ne fait pas trop dans le gimmick, nous ne sommes pas Gwar, tout est en osmose avec la musique. Sur scène nous avons un violon, un accordéon, des chœurs, donc c'est une bon gros show. On dégage un maximum d'énergie et on a un bon contact avec le public, ce qui joue en notre faveur. Il y a souvent des gens qui sont conquis par le live alors qu'ils ne l'étaient pas sur cd. En fait c'est quelque chose que j'apprécie, montrer un nouveau visage, ne pas juste recracher notre album.

U-zine: Et comment faites vous pour garder cette énergie tout au long d'une tournée?

W: Et bien ça va, ça vient, parfois on ne se sent pas au meilleur de notre forme, mais tout revient juste avant le show quand on commence à ouvrir nos fameux sacs à costumes. C'est peut être de là, de cette odeur de cadavre en décomposition que provient l'énergie!

U-zine: Vous sentez vous proche d'un groupe en terme de musique? Si oui suffisamment proche pour partager une affiche?

W: Pas vraiment, vu qu'on essaye d'être nous-mêmes. On il y a les groupes dont on nous rapproche, comme les gars de Finntroll. On s'entend très bien avec eux, on a joué pas mal de concerts ensemble, mais pas de gros points communs entre nous. Parfois on se rapproche d'un style, parfois d'un autre, donc on fait notre bout de chemin sans nous soucier des autres. On ne regarde pas ce qui se passe autour de nous, on se concentre sur ce que l'on fait c'est tout.

U-zine: on vous qualifie de groupe épique, war metal, epique war metal? Vous en pensez quoi de tout ça?

W: Non, on ne parle pas de guerre. Notre album a un fort contexte historique et c'est ce qui nous inspire dans notre composition et bien sûr dans notre son. On essaye de garder l'esprit ouvert et de ne pas se limiter à un style, s'enfermer dans une boîte de laquelle nous ne pourrions sortir. On explore le spectre du métal, on va d'un style à un autre, on essaye de varier un maximum les choses, même si cette profusion de sons peut être difficile à gérer pour certains pour qui cela ressemble à un grand mix de beaucoup de choses. Mais cette grande variété d'éléments ne nous fait pas peur.

U-zine: Peux tu comparer ton dernier album à Battle Metal?

W: La première chose que nous avons gagné entre ces deux albums c'est de la maturité en ce qui concerne l'écriture. On savait ce que l'on voulait et où on allait. Le résultat est donc beaucoup plus solide quand tu as ces convictions. Nous avons rajouté des couches à notre musique ainsi que des parties expérimentales; pas dans le sens progressives, mais plutôt, on a essayé des choses nouvelles. D'un autre côté on a aplanit certaines choses, on les a rendues plus directes.

U-zine: Comment les gens ont-il réagit?

W: Jusqu'ici tout va bien! On a pris des risques en faisant un concept album. Il y a toujours le danger que les gens prennent ça pour une prise de tête intello. Et c'est bien ceci que nous avons voulu éviter: des tonnes d'intros, d'interludes. Le plus dur était de créer un album où tout est lié par le concept, mais que l'on peut écouter chanson par chanson. Il ne fallait pas que ce soit un bloc d'une heure.

U-zine: Je me demandais quelle importance tenaient les Varègues dans l'histoire finlandaise?

W: En fait, il n'y a pas ou peu de rapports entre ce peuple et l'histoire finlandaise. Ici on parle surtout des Scandinaves. Le choix s'est porté sur eux puisque les exploits et récits comme l'arrivée des Vikings en terre américaine ou les invasions des îles britanniques, tout cela a déjà été exploité en long en large et en travers. Je pensais donc que ce serait plus intéressant et moins connu de relater les aventures d'hommes du Nord traversant l'Europe du nord au sud. La Finlande se situant à l'extrême est de l'Europe, je voulais remettre notre culture en contact avec celle des pays Baltes et Slaves.

U-zine Sur une des vidéos de votre site vous parlez d'un éventuelle suite, après l'arrivée à Constantinople. Pouvez-vous nous éclairer sur le sujet?

W: En fait quand j'ai écrit le concept, il a fallut que je réfléchisse à tous les détails de l'histoire. Pour lui donner une profondeur, il m'a été nécessaire de travailler sur les personnages et leurs aventures. Ensuite il a fallut réduire ça pour que cela rentre sur un album. Donc si l'on y réfléchit, il y a suffisamment de matière pour un autre album. Mais je ne sais pas si cela est musicalement possible ou souhaitable, je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir avec l'enchaînement des tournées et des festivals. Mais bon, dans trois jours on rentre à la maison, et j'espère avoir le temps de me poser pour lire et de penser à la suite. Tout ce que je peux dire c'est qu'il y a de grandes chances pour que celle-ci ait un rapport avec le thème des Varègues.

U-zine: A propos, ça fait quoi de rentrer à la maison?

W: Du bien! Mais bon je ne voyage pas trop mal, je dors bien, je m'adapte. Le truc c'est que les journées sont un peu folles et bien remplies. On n'a pas le temps de s'arrêter et de profiter des endroits que l'on traverse. La journée est divisée en petites plages de temps: interviews, balances, concert, repos et on repart. En fait on ne dispose jamais de plusieurs heures où on pourrait faire quelque chose de plus intéressant. On attend souvent et on a le temps pour rien. Et C'est bien la partie la plus chiante de ce mode de vie.

U-zine: Quel effet ça fait de faire partie de l'écurie Century Médiaa?

W: on ne ressent pas de pression particulière de leur part. On a gagné notre place et je pense qu'ils respectent la manière dont on fait les choses. Ils ne nous poussent pas à faire telles ou telles choses ou à entrer en studio à tel moment. Tout ce qu'ils obtiendraient c'est de la merde. On a appris mutuellement à travailler ensemble et je suis vraiment content de pouvoir rentrer dans un magasin et trouver notre album. La distribution et la promotion marchent bien, alors je ne connais pas de vraies histoires d'amour entre un label et un groupe, mais pour nous c'est l'entente cordiale.

U-zine: un dernier mot pour nous parler de la réédition de votre album.

W: Je ne sais trop quoi dire, il sort un peu pour profiter du fait que l'on a de la visibilité pendant cette tournée. Le digipack est vraiment somptueux et il est accompagné de l'album en « director's cut » et d'un DVD avec des prestations live datant des festivals de cet été. On a aussi rajouté le single Rasputin. D'ailleurs même si on joue ce titre depuis des années en live et que le public aime beaucoup, on doit le détacher de ce que Turisas peut produire sur cd, ce n'est pas tout à fait le même esprit. Alors on l'a enregistré suite à de nombreuses demandes, en même temps que l'album. Il n'y pas de mélange des genres, c'est juste une chanson fun, que l'on aime jouer sur scène point. Alors le fait que la chanson aie plu et que les gens aient accroché, c'est cool mais bon ce n'est pas une fin en soi, on n'est pas un groupe de reprises de Boney M! Et il aura certaines personnes qui ont accroché sur cette chanson et qui risquent d'être surpris quand ils écouteront le reste!

U-zine: Voilà, c'est l'heure de la conclusion. A toi les dernier mots.

W: Merci pour tout et j'espère pouvoir revenir sur Paris pour y jouer un vrai show. D'ailleurs on prépare une tournée en tête d'affiche, donc si des promoteurs nous lisent, contactez nous!

Merci à Warlord pour sa gentillesse et à Century Media pour avoir eu l'opportunité de passer un moment avec Turisas!