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dimanche 11 septembre 2005

Nile

Dallas Toler-Wade

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Nile, ou l'un des plus grands représentants de la scène death metal, revenait en France un certain 11 Septembre 2005. Pour Alexis, fan absolu de ce groupe, il était inconcevable de passer à côté d’une interview. Accompagné de Martin, nous nous sommes lancés dans une interview pharaonique pour avoir quelques explications sur le groupe en général, leur dernier rejeton Annihilation Of The Wicked, l’arrivée de nouveaux membres,… Pour nous répondre, c’est donc un Dallas Toler-Wade « pas très net » qui s’en est chargé !

U-zine.net : Actuellement, vous êtes l’un des groupes qui tourne le plus... N’en avez-vous pas marre d’être toujours sur la route ?
Dallas Toler-Wade (guitare & chant) : Non, pas du tout car nous voulons dédier notre vie à la musique. Nous aimons cette vie, tout comme nous adorons cette tournée. Mais nous aimons également passer beaucoup de temps en studio. L’enregistrement d’un album est vraiment agréable, surtout avec Georges ! Tout se passe bien, et nous sommes on ne peut plus content de ce qu’est Nile à l’heure d’aujourd’hui. Notre niveau ne cesse de s’améliorer et ce sera encore mieux sur notre prochain album ! Donc, pour résumer, on est tout simplement heureux de cette vie !

Penses-tu que votre succès est le résultat de votre persévérance ?
Peut-être bien… Mais pour nous, le véritable succès, c’est de faire ce qui nous plaît. On est à la fois surpris et honoré de pouvoir composer la musique qui est la nôtre, ainsi que de tourner partout dans le monde. On peut donc découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux horizons, et cela nous apporte beaucoup. A la base, tout ce qui nous importait c’était de jouer quelque chose de bien heavy, on ne s’attendait pas du tout à un tel succès.

De nombreuses personnes, comme moi, vous considèrent comme le plus grand groupe de death metal actuel. Que ressentez-vous vis-à-vis de ce titre honorifique ?
Je ne dirais pas ça… Il y a tant d’excellents groupes de death metal, ou même d’extrême tout simplement à découvrir et à écouter. Tout dépend des goûts et des couleurs. Nous sommes juste très heureux d’être une étoile dans la galaxie du metal.

De plus, on vous compare au renouveau du death-metal, qu’en pensez-vous ?
Non pas du tout ! Tout devient juste plus populaire depuis les années 1996 / 1997 car de plus en plus de gens disposent d’Internet, ce qui est vraiment génial pour l’expansion des groupes. Les gens peuvent découvrir pas mal de trucs extrêmes que personne d’autres ne connaît alors qu’avant il fallait lire des bouquins ou des magazines pour découvrir certains groupes.

Vous incluez des éléments de l’Egypte Ancienne dans votre musique, ce qui est plutôt atypique. D’où vous vient cette passion pour l’Egypte ?
Après avoir réfléchi pendant des heures, on a trouvé que c’était un sujet idéal pour le death metal. Notre musique est très différente et bien plus originales que d’autres groupes dont je ne citerai pas le nom (rires). Je trouve que c’est un sujet passionnant car il y a tellement de choses à apprendre sur cette civilisation, tellement de choses à explorer… Toutes ces choses démentes nous influencent énormément.

Sur chacun de vos livrets, vous accompagnez vos paroles d’un discours explicatif. Cela vous demande t’il beaucoup de travail et de recherches ?
Karl est passionné par ce monde antique, et fait de très nombreuses recherches, ce qui nous aide beaucoup à la fois dans notre inspiration, mais également lors de l’écriture ces lignes explicatives. Mais on bosse également, je te rassure (rires). Mais, pour faire court, c’est un sujet très intéressant, qui nous amuse beaucoup et via lequel nous puisons beaucoup de notre inspiration ! Même si le but principal de Nile, c’est de jouer de la musique heavy !

Avez-vous le même succès aux Etats-Unis qu’en Europe, car les Européens d’avantage sont baignés dans la culture égyptienne grâce aux expéditions françaises et anglaises, il y a quelques siècles. Les Américains n’ayant pas eu la même culture, apprécient-ils autant votre musique et le sujet abordé ?
En fait, c’est la même chose partout. Beaucoup de gens sont attirés par ce style de musique, quelque soit la langue qu’ils parlent, leur culture… C’est vrai qu’en Europe, on a une très bonne communication avec le public, mais aux Etats-Unis c’est également très sympa car les gens viennent nous voir et nous revoir depuis des années… Nous avons des vrais fans un peu partout, donc on ne prête pas vraiment d’importance au pays où nous jouons.

Vous avez engagé Georges Kollias pour faire les parties de batterie de Nile. Comment s’est passé son recrutement car, d’une part, il joue dans un groupe grec, Nightfall, et d’autre part, la musique de cette formation n’a rien à voir avec Nile ?
C’est un gars véritablement passionné par la musique et Nightfall est un très bon groupe d’extrême technique. J’ai écouté quelques morceaux du prochain album, et j’ai véritablement été abasourdi par la technicité de ces mecs ! Pour ce que Georges voulait faire, Nile était parfait pour lui, car on lui proposait une plus grande expérience.
Par ailleurs, le batteur Derek Roddy (ndr - Hate Eternal) l’avait vu et il nous a dit que c’était tout simplement un monstre derrière les fûts. On a donc téléchargé plusieurs vidéos de Kollias et on a fait Whaouh ! C’est clair que ce mec peut le faire !. (rires)

Comment s’est passée l’audition ?
En fait, on lui a demandé s’il était intéressé de jouer dans Nile et il a tout de suite accepté. Après on a répété pendant deux mois avec lui !

Et ça ne vous a pas posé de problème de travailler avec quelqu’un qui vit en Grèce ?
Non, pas vraiment. Il était prêt à se déplacer autant qu’il le fallait. Et puis, il n’a pas cessé de s’entraîner pendant cette période, et c’est cette persévérance qui a payé…

Etes-vous toujours à la recherche d’un bassiste ou votre jeune bassiste de 19 ans intégrera le groupe ?
On fait le tour de la question et regardons toutes les options possibles…

Comme Steve Tucker ?
Originalement, on avait demandé à un autre guitariste mais il était incapable d’avoir son passeport à temps, alors que Joe le pouvait. Mais on prend très au sérieux l’incorporation définitive de Joe dans Nile ! Je suis dans Nile depuis 1997, je connais Karl depuis 8 ans, ce n’est donc pas facile d’intégrer un nouveau membre, mais la persévérance de Joe nous impressionne, il n’arrête pas de s’entraîner… Dès qu’il a un moment, il s’entraîne (rires).

Parlons de vos albums studios, maintenant. Pourquoi avoir préféré Neil Kernon à Bob Moore en tant que producteur pour Annihilation Of The Wicked, sachant que la production de Bob Moore sur In Their Darkened Shrines était plus puissante ?
Bob est un très bon technicien et il nous pousse le plus loin possible… (rires)
Mais Neil Kernon a bien plus d’expérience car il a travaillé avec énormément de groupes pendant des années, enregistrant avec eux de nombreux albums. Et puis, il aime le jazz fusion et différentes sortes de musiques toutes plus dingues les unes que les autres… Toute sorte de metal extrême en fait ! Il a donc une expérience et des influences qui lui permettent de réaliser un boulot extraordinaire et d’apporter un véritable plus à notre musique en studio. Il nous dit "attends, refais le… Retravaille ce passage", et on est reparti (rires). Et puis, il est toujours de bon humeur, ce qui met de la bonne ambiance en studio, même si parfois, on n’arrivait pas à travailler (rires). Ce fut vraiment un grand moment de plaisir de travailler avec lui, et il est clair que nous retravaillerons avec lui dans le futur. Il est incroyable, et la prochaine fois, il sera encore meilleur !

Le titre “Chapter Of Obeisance Before Giving Breath To The Inert One In The Presence Of The Crescent Shaped Horns” est extrêmement long et difficile à retenir. Pourquoi avoir choisi un titre si long et compliqué ?
(répétant le nom du titre avec une voix grave) C’est une juste une façon de faire quelque chose de dingue et de faire chier notre maison de disques (rires). En fait, à la base, nous voulions que ça soit le titre de l’album (il explose de rires). Mais au final, on a trouvé que le titre Annihilation Of The Wicked collait bien mieux avec notre musique et nos paroles car ça sonne très apocalyptique et brûlant. Et puis, ce titre est l’un des titres les plus inspirés, donc nous avons décidé d’appeler cet album Annihilation Of The Wicked au lieu du nom de ce titre.

Pourquoi n’avez-vous pas enregistré à nouveau un titre instrumental unplugged comme sur in The Darkned Shrines avec « In Their Darkened Shrines: I. Hall of Saurian Entombment » ?
En fait on marche d’une façon très organique par rapport à notre manière de composer. Cette fois-ci, nous sommes partie sur une dynamique différente car avec Karl nous avons programmé de nombreux sons avec une batterie électronique. Georges était également présent et fut impliqué dans la composition de l’album… On a donc développé nos idées traditionnelles sur la manière dont devait sonner la batterie… Avec beaucoup de blasts (rires) afin que cet album te botte le cul le mieux possible !
Cette fois-ci, c’était quelque peu différent, on a cherché à vraiment être le plus brutal possible sans passer par des parties unplugged !

La box limitée Annihilation Of The Wicked fut-elle l’une de vos idées ou celle de votre label ?
En fait, c’est une idée que nous avons approuvée car l’idée originelle vient de Relapse, mais on a trouvé que c’est une idée cool. Ca me tentait bien d’en avoir une comme beaucoup de groupes le font (rires). Il y a pas mal de choses collector à l’intérieur et les gens apprécient la démarche, donc tout va bien !

Votre nouveau clip Sacrifice Unto Sebek dégage moins de puissance que Execration Text, n’es-tu pas déçu par celui-ci ?
Je ne suis pas d’accord. Je pense que ce nouveau clip marque un pallier supplémentaire par rapport au précédent, d’un point de vue de la production en tout cas ! Mais, pour être honnête, on s’en fout complètement des clips vidéo ! Mais je suis tout de même très content de Sacrifice Unto Sebek qui est notre meilleur clip pour moi. Attends, en plus du côté technique du morceau, tu vois des mecs entourés de poussière et envoyant la sauce ! Ils ont carrément créé une scène pour filmer ce clip, ce qui est vraiment cool ! Et puis, tu peux préférer notre précédent clip, c’est plutôt mieux même… Car il en faut pour tous les goûts.

Karl utilisera t’il la même guitare que celle du clip en live ?
Pas lors de la tournée Européenne car elle aurait pu être cassée dans l’avion, ce n’est donc pas une bonne idée de la prendre avec nous.

Par contre, vous l’utiliserez aux Etats-Unis ?
Tout a fait, on l’utilise depuis deux ans même !

Et ce n’est pas trop dur de jouer avec une telle guitare ?
Non, pas du tout, c’est vraiment une sensation excellente.

Pour changer de sujet, êtes-vous satisfait de votre travail avec Relapse ?
Oui, notre label fait un très bon boulot !

Si un label plus important comme Nuclear Blast ou Roadrunner Records vous proposait de signer chez eux, quelle serait votre réaction ?
Question suivante, s’il vous plait (il explose de rires) !

Bon, très bien ! Est-ce vous avez déjà commencé des projets pour votre prochain album ?
Oui, on a toujours du matériel en cours… On ne dispose que de quelques riffs tous très différents et complètement barrés. Mais on en est très content. On cherche à faire quelque chose d’un peu différent sans pour autant perdre notre identité première et donc, sans jamais arrêter de blaster ! Jamais ! Je ne pourrais jamais m’en passer (rires).

De plus en plus de groupes sortent des DVD… Qu’en est-il de vous ?
On ne s’en est pas trop soucié en fait, mais si on doit faire un, on voudrait que ça soit un énorme concert et c’est tout. On rajoutera sûrement quelques clips, mais le minimum… L’important c’est de se concentrer sur notre prestation live, c’est ça qui envoie du bois !
En plus, nos fans se feraient chier en regardant un DVD behind the scene car nous ne sommes pas comme ces groupes rock star qui font pleins de super choses en backstage (rires). Pour jouer du metal extrême, il faut savoir rester concentré et ne pas se disperser sans cesse.

Aujourd’hui, nous sommes le 11 Septembre… 4 ans après la tragédie américaine, quelles sont tes impressions ?
C’est très compliqué… (Il réfléchit) C’est d’ailleurs si compliqué que je ne sais pas si je vais répondre à la question (rires).
Cet événement, c’est comme l’ouragan Katrina… Vu qu’on a planifié une tournée Américaine pour la promo d’Annihilation Of The Wicked courant Janvier 2006, j’espère qu’une telle catastrophe ne se passera pas pendant qu’on est là bas !
Tout ce que je sais, c’est que les Etats-Unis ont été complètement abattu après les événements. Quant aux réactions des gens, je n’en sais rien, je ne les connais pas personnellement…

Tu veux rajouter quelque chose ?
J’espère que vous apprécierez le concert et ne vous inquiétez pas, nous allons continuer d’exister. Merci beaucoup de permettre au metal de se développer et de devenir accessible à tous !

Un grand merci à Dallas Toler-Wade et à Yvonne de Relapse