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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Ghost

Infestissumam

LabelLoma Vista Recordings
styleHard Rock FM
formatAlbum
paysSuède
sortiejuillet 2013
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Je n'ai jamais compris la hype autour de Ghost. Quand ils ont sorti Opus Eponymous, leur premier album, je voyais cette formation plus comme le Slipknot de la musique « occulte » que comme un groupe génial. Si la formation suédoise a eu le succès qu'on lui connait, c'était plus pour son apparence que pour sa musique finalement bas du front et simpliste mais pas dépourvue de charme pour autant. C'est juste que sans tous les habits qui, en l'occurrence, font le moine (ou Des Moines, je ne sais plus trop), le maquillage ainsi qu'une communication bien trouvée, personne n'aurait fait l'effort d'écouter l'album au profit d'autres sorties autrement plus intéressantes.

Devant la déferlante d'éloges qu'il était difficile d'anticiper à la base, le groupe a su parfaitement se remettre en question avant la sortie de leur deuxième album, Infestissumam. Je ne vais pas me cacher très longtemps, cet opus – pas très eponymous pour le coup – est tout bonnement génial.
C'est exactement ce que j'attendais de la part du groupe quand je l'ai découvert en 2010 comme tout le monde. Opus Eponymous, c'était un album gentil, pour faire rire alors qu'Infestissumam est bien plus ambitieux à tous les niveaux. Il n'y qu'à voir l'introduction du même nom qui rend enfin hommage à l'apparence cléricale du groupe avec le Latin d'usage. Pourtant « Per Aspera Ad Inferi » qui la suit, revient vers des sentiers battus se rapprochant clairement du tube de l'album précédent « Con Clavi Con Dio ». Il faut dire qu'avoir des refrains en langues « latines » (Le Latin et l'Italien), ça aide vachement pour le faire ressortir parce que ces langues sont très musicales quand on sait les utiliser convenablement. C'est efficace mais pas forcément aussi annonciateur que l'introduction « Infestissumam » d'un excellent album. Cependant, c'est à partir de « Secular Haze » que le changement s'opère pour Ghost qui va s'en aller vers des registres sensiblement plus variés, ce qui était loin d'être la tendance d'Opus Eponymous, espèce d'In Solitude (étonnant ça alors) plus Pop, plus dilettante et sans génie à l'exception du dernier morceau instrumental « Genesis » clairement au dessus du reste et qui est justement le morceau le plus proche d'Infestissumam. Avec « Secular Haze », Ghost devient enfin ce groupe théâtral justifiant enfin tout l'accoutrement des membres qui, jusqu'ici, laissait plus le goût d'un buzz préparé qu'à une vraie démarche artistique. Il est le seul morceau sombre de bout en bout de l'album où la lumière tant attendue ne vient jamais.

Parce que Ghost a décidé de se baser sur un Hard Rock FM de la fin des 70's aux accents Heavy et au son chaud pour vénérer notre maître à tous, Lucifer. Ce dernier voulant dire littéralement si on le traduit du Latin « Porteur de lumière », les Suédois ne s'y sont pas trompés et vont délivrer une œuvre lumineuse où les refrains dévoués à vous-savez-qui viennent souvent comme une délivrance après des couplets sombres (« Ghuleh/Zombie Queen », « Year Zero » ou « Monstrance Clock »). La Lumière viendra de Satan, que cela soit dit. Cela passe par des mélodies très mises en avant qu'elles soient jouées par les guitares ou, plus surprenant, par le clavier qui a enfin trouvé sa place dans la musique de Ghost. Sur Opus Eponymous, ces dernier était, il est vrai, présent mais seulement en second rideau derrière des guitares inattaquables mais là, il est au même niveau que les guitares. Seul le chant de Papa Emeritus II prend plus de place dans le mixage. Il a également pris en confiance dans les capacités de sa voix, n'hésitant pas à varier son jeu pour apport la théâtralité de rigueur. Il a, également, réglé ses problèmes de justesse et peut désormais aller chercher de très belles notes aigües.

Le groupe se la joue moins dilettante que sur son premier effort où on retrouvait des morceaux coupés en plein refrain, par exemple. Ici, tout est fait pour caresser dans le bon sens du poil l'auditeur qui part pour un road trip vers l'Enfer un sourire idiot aux lèvres. Enfin tout, Ghost reste un suppôt de Satan et va arriver à saloper une chose dans le son. La caisse claire sature à mort et j'imagine que c'est bien volontaire pour se la jouer hype. Cela ne dérange pas vraiment l'écoute à vrai dire car on finit par s'y habituer à la longue. On sera moins transigeant avec cette perte de vitesse sur de vitesse à mi-course avec « Body And Blood » et « Idolatrine » qui aurait mérité leur place sur le premier album, mais pas sur celui-là autrement supérieur et ne laissant pas passer la baisse de régime, d'autant plus après une entame parfaite jusqu'au sixième morceau.

Mais c'est bien peu de choses comparées avec la grandeur de l'enchainement « Ghuleh/Zombie Queen » - « Year Zero » qui est le point d'orgue d'un Infestissumam (et de la carrière de Ghost)qui est à la hauteur des promesses affichées par les morceaux qui sont apparus sur le net avant la sortie de l'album. Il ne lui manque que d'être un peu plus égal sur sa longueur pour faire de lui un chef d'œuvre qui aurait marqué son temps. En attendant, il marque déjà l'année 2013 et permet à Ghost d'entrer dans une nouvelle dimension. Désormais, ce ne sera plus Ghost qui ouvrira pour In Flames mais In Flames qui ouvrira pour Ghost (ou presque) et ça sera parfaitement justifié.

1. Infestissumam
2. Per Aspera Ad Inferi
3. Secular Haze
4. Jigolo Har Megiddo
5. Ghuleh/Zombie Queen
6. Year Zero
7. Body And Blood
8. Idolatrine
9. Depth Of Satan's Eyes
10. Monstrance Clock

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