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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Ebony Lake

In Swathes Of Brooding Light

LabelLes Acteurs De l'Ombre Productions
styleBlack Metal Avant-gardiste
formatAlbum
paysFrance
sortieoctobre 2011
La note de
U-Zine
5/10


U-Zine

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La question du jour : Est-ce que tout ce qui est original est forcément bon ?
Il y cinq ans, je vous aurais dit « oui » sans aucune hésitation. Le jeune métaleux que j'étais aimait tout ce qui était « différent » privilégiant la forme au fond. De l'eau a coulé sous les ponts depuis et de personnes superficiels, je suis devenu quelqu'un de plus sentimental qui a retourné sa veste sur quelques groupes qui me semblaient cultes car « différents ».

Désormais, je privilégie l'émotion quitte à ne rien comprendre à la forme. Par exemple, le film de Terrence Malick Tree Of Life a fait beaucoup jaser pour sa forme mais m'a touché comme aucun autre. De même, pour Donnie Darko de Richard Kelly et l'évident 2001, L'Odyssée De l'Espace de maître Stanley desquels vous ressortez avec la larme à l'œil, le filet de bave au coin de la lèvre et la chair de poule en vous disant : « Putain, j'ai rien compris mais j'en veux encore! ». A dire vrai, c'est un peu ce que j'espérais en écoutant In Swathes Of Brooding Light d'Ebony Lake vu le bien que j'en avais entendu.

Ebony Lake, au premier abord, ça ne me dit rien. Je n'ai pas connu le groupe sous sa première formation à la fin des années 90 qui a vu le groupe sortir une démo, As Ghosts We Dance In Thrashing Seas et un album One The Eve Of The Grimly Inventive qui a visiblement été beaucoup apprécié par les fans de Black Metal Avant-gardiste. Je pourrais juger par moi-même ce soit-disant glorieux passé par moi même puisqu'en bonus de ce nouvel album, on retrouve un réenregistrement de la démo.

En attendant, penchons nous sur ce In Swathes Of Brooding Light qui reste visiblement dans la norme des précédents enregistrements à savoir qu'il n'y a justement pas de normes. On y retrouve un duo de musiciens techniquement irréprochable. Ca en devient même bluffant tellement ceux-ci maitrisent parfaitement chacun des styles auxquels ils touchent et il en faut de la maitrise dans un groupe aussi fou. La folie est mise en musique de façon étonnante comme un Mayhem l'avait fait avec son Ordo Ad Chao avec des changements de rythmes qu'on ne voit jamais venir, d'autres passages qui se répètent inlassablement, des instruments qui ne jouent pas du tout sur le même rythme et des instruments qu'on n'a pas pour habitude d'entendre dans du Metal (Cuivre, claverins,...). Bref, de la Musique contemporaine comme on en fait, au final, relativement peu et qui se veut hypnotique, effrayante et folle. Enfin ça, c'est pour la partie théorique.

Concrètement, je ne retrouve cela que le temps de « I Painted The Suicide Of Neptune ». Cette composition possède un riff mélodique qui prend aux tripes mais qui est répété jusqu'à l'indigestion totale. Ce problème revient souvent tant le groupe tire sur ses idées (pas souvent bonnes) à outrance. Tout du long, on a cette douloureuse impression que le groupe essaye d'être original pour être original. Même si on se fout de savoir où il veut en venir, Ebony Lake ne dégage absolument rien sur les cinq autres compositions. J'ai n'ai à aucun moment sursauté ou frissonné car je ne rentre pas dans l'album et quand je trouve une brèche pour m'y engouffrer, j'en ressors très vite (« I Painted The Suicide Of Neptune »). Je trouve cela vain et par dessus tout, à force d'écoutes, je ne ressens plus cela comme vraiment original et j'ai tendance à y voir une sorte de Leviathan pas du tout maitrisé où l'émotion est reléguée au second plan.

Le comble, c'est que quand on écoute le réenregistrement de la démo, on se rend compte qu'elle est mieux maîtrisée et légèrement plus traditionnelle. Du coup, elle a plus de charme avec ses influences Limbonic Art affirmées. « A Voice In The Piano » a même une aura particulière et est le seul titre véritablement effrayant même si le groupe est obligé de foutre des changements de rythmes partout alors qu'il aurait gagné à se maitriser pour en faire un grand morceau.

Sur les trente-cinq minutes que dure In Swathes In Brooding Light, la seconde moitié me paraît très longue. Je n'y trouve rien sauf fadeur et ennui. Ebony Lake est élitiste, oui, mais plus par pures vanité et prétention que par l'élan de son talent. Il n'y a qu'à regarder les titres des morceaux pour s'en convaincre...

1. And From the Seas the Sickening Things
2. I Painted the Suicide of Neptune
3. The Curious Cave of Deformities
4. In Swathes of Brooding Light Skeletal Birds Scratch At Broken Windows
5. Human Mannequin Puppeteer
6. Licking at the Nesting's of Young Fledglings

As Ghosts We Dance In Thrashing Seas :
1. Amethyst Lung Concerto
2. Within Deepest Red (The Opening Of..)
3. The Theory of Sexual Carvings
4. A Voice in the Piano