Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Cradle of Filth

Evermore Darkly

LabelPeaceville
styleBlack Metal Symphonique
formatAlbum
paysRoyaume-Uni
sortieoctobre 2011
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Ombre rampante prête à déchirer vos chairs, la bête n’est pas loin…
Moins directement suffocante qu’autrefois, l’atmosphère n’en est que plus menaçante et hostile, laissant éclater sa rage et ne se cachant plus derrière les funestes enchantements d’une ambiance tourmentée pour terrifier sa proie.
Repliée dans sa forêt retranchée au milieu des goules et des fantômes, la bête s’apprête à frapper une nouvelle fois… le ciel se charge d’éléments sombres annonciateurs d’un chaos à venir. Une légère brume se lève, propre à dissimuler un danger surgissant de toutes parts. Inexorablement, l’air devient irrespirable et les loups affamés se mettent à sortir de leur sombre tanière, vestige d’une époque où ils régnaient en maitre sur les lieux. Néanmoins, dans l’obscurité d’un paysage désolé et démoniaque, dans lesquels tu oses pénétrer…tout est toujours plus sombre…l’appel de Lilith est le plus fort…

L’appel de Lilith…

Après avoir narrée ses exploits et son histoire tout au long d’un ambitieux concept de quinze titres cependant controversé, et s’être endormie parmi les tableaux mythologiques de ces adorateurs, son réveil n’est plus qu’une question de temps. De très peu de temps…

Si Cradle of Filth est revenu, après quelques années de disette créatrice, parmi les sommets de son aptitude de composition sur le magistral "Godspeed on the Devil’s Thunder" et son excellent successeur, "Darkly, Darkly Venus Aversa", la suspicion reste toujours de mise lorsque vient l’heure de découvrir une nouvelle pièce de la féconde discographie des britanniques.
"Evermore Darkly", comme son patronyme le laisse paraître, n’est pas un véritable nouvel album mais un ep très généreusement bouffi de contenu présenté théoriquement à bas prix (les quelques 24 € d’Amazon ou de la Fnac étant une folie et une honte manifeste, ne vous procurez pas cet article à ce prix) mais néanmoins dans une superbe édition propre aux récentes productions Peaceville, un harmonieux digibook cd + dvd à l’artwork magnifique et aux illustrations internes des plus morbides et baroques.

A la lecture de la tracklist, il est rapidement évident que la nouveauté est un facteur à la dimension éminemment réduite. Concrètement une introduction faite d’interférences chaotiques ("Transmission From Hell") et le morceau suivant "Thank Your Lucky Scars" (Dani n’a visiblement pas perdu son sens de l’humour…) se partagent les profondes nouveautés, auxquelles s’ajoutent une nouvelle panoplie de versions courtes, remixées et autres joyeusetés bien souvent inutiles. Autre attraction de l’aspect audio, la présence inédite d’un extrait du projet à venir et attendu de tous, le fameux "Midnight in the Labyrinth" qui reprendra les morceaux des premiers disques mais de manière entièrement symphoniques, en la présence ici de "Summer Dying Fast".

Quelques détails ?

Si l’on reconnait relativement aisément la mélodie initiale, il est évidement difficile de retrouver l’ensemble des similitudes d’un morceau original ayant toujours souffert d’une production cartonnée à l’extrême, où les claviers n’étaient audibles que lorsque les guitares acceptaient gentiment de se taire. La grandeur ici est bien plus de mise, entre envolées lyriques très « lovecraftiennes », chœurs féminins gothiques sombres et brumeux et mélodies de claviers très fantomatiques et évoquant les châteaux hantés et leurs maléfices. Les moyens mis en œuvres sont clairement conséquents, et l’impact des cuivres (les cors sont très audibles notamment) et des percussions confèrent au morceau une dimension forcément cinématographique. On peut penser que l’album dans sa globalité contiendra une expression plus tragique que sur "Summer Dying Fast", ou tout au moins plus sombre, le final se voulant d’une beauté presque optimiste.

Concernant le reste du disque, le fameux "Thank Your Luck Scars" s’inscrit dans le sillon du disque précédent, furieux et rapide mais sans grande originalité, aux riffs thrashisants et tranchants et à la batterie rapide et très techniques. On pourra regretter des lignes vocales trop conventionnelles pour Dani Filth, entre hurlements bien connus et phases narratives toutes aussi convenus. Un titre passe-partout qui, en lui-même, ne nécessite pas l’achat du produit, même si on retiendra un solo à l’entame arabisante de James McllRoy.
A cela s’ajoutera des versions non masterisées inutiles, un remix cette fois-ci raté de "Forgive Me Father" (on est loin des expérimentations électroniques jouissives de "Abracadaver") et une version longue de "Lilith Immaculate" ajoutant un pont symphonique morbide et angoissant, tellement bien agencé que l’on s’en demande pourquoi il n’apparait pas sur la version finale.

Mais "Evermore Darkly" avait été annoncé par le groupe lui-même également comme un dvd à part entière, avec son documentaire au titre savoureux (littéralement « on ne peut pas faire briller une merde, mais l’entourer de paillettes »).
Au final très consensuel lui aussi, ce doc de 50 minutes retrace la dernière tournée des festivals de l’été 2011 ainsi que la tournée en Europe de l’Est, dans des pays où le groupe est moins habitué à jouer (Slovénie, Russie, Ukraine…) mais où les fans n’en sont pas moins déchainés et réceptifs. Sinon, pas grand-chose ni scoop à se mettre sous la dent, "Midnight in the Labyrinth" n’est pas évoqué et Dani parle aussi de ceux qui s’amuse depuis toujours à descendre son groupe, autant sur le net qu’en live (on se souvient des projectiles au Hellfest…). La caméra laisse aussi la parole à Ashley Jurgemeyer (chanteuse/claviériste live) ainsi que sa place de femme dans un monde essentiellement masculin et de ce que cela implique en tournée, avec sourire et sens de l’humour. On remarque surtout un groupe bien loin de son imagerie « evil » à la ville (même si on le savait déjà) une fois débarrassé de son maquillage et de ses accessoires.

Sympathique mais légèrement inconsistant…
En revanche, le live au Graspop est excellent…la réplique du concert du Hellfest, mais ici avec envie et entrain, et sans l’attitude exécrable et profondément dérangeante de Dani en France (comme quoi les caméras font parfois des miracles), avec une setlist revisitant chaque album (sauf "Thornography") et un son très puissant. On pourra redire de l’interprétation de Dani sur certains titres (l’intro de "Honey & Sulfur" ou encore ce formidable "Cruelty Brought the Orchids" qui devient décidément inchantable avec les années…) mais l’ensemble reste d’excellente facture, avec un Martin Skaroupka intraitable et démentiel derrière les futs. On ajoutera un clip dans la droite lignée de l’imagerie Cradle avec "Lilith Immaculate" et nous nous retrouvons avec un double disque sympathique, faisant passé le temps mais manifestement inconsistant pour honorer le prix que les grandes enseignes lui offre actuellement (ils n’ont surement pas compris comme l’emballage est beau…).
Un encas de luxe en attendant "Midnight in the Labyrinth" en quelque sorte…"Evermore Darkly" n’est rien de plus, mais se veut professionnel et certainement pas bâclé comme la plupart des sorties similaires. Il permet simplement de ne pas oublier le groupe à l’heure où un projet de longue date est enfin sur le point de sortir de terre…nous serons présent ce jour-là…avec toute l’intransigeance que Cradle of Filth demande et récolte depuis des années…patience…

DISC 1
1. Transmission from Hell
2. Thank Your Lucky Scars
3. Forgive Me Father (I Have Sinned)
4. Lilith Immaculate (Extended Length)
5. The Persecution Song - Elder Version
6. Forgive Me Father (I'm in a Trance)
7. The Spawn of Love and War - Elder Version
8. Summer Dying Fast (Midnight in the Labyrinth)

DISC 2
1. You Can't Polish a Turd, But You Can Roll It in Glitter (Documentary)
2. Lilith Immaculate (Promo Video)
3. Intro / Humana Inspired to Nightmare
4. Heaven Torn Asunder
5. Honey and Sulphur
6. Lilith Immaculate
7. Her Ghost in the Fog
8. Nymphetamine
9. The Principle of Evil Made Flesh
10. Ebony Dressed for Sunset
11. The Forest Whispers My Name
12. Cruelty Brought Thee Orchids
13. From the Cradle to Enslave
14. Summer Dying Fast / Orchestral Outro

Les autres chroniques