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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Arcania

Sweet Angel Dust

LabelGreat Dane Records
styleThrash metal
formatAlbum
paysFrance
sortiejuin 2010
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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A part le fait que les premiers aient débuté dans le metal grâce aux seconds, et que les deux groupes ont déjà tourné ensemble, est-ce que vous avez déjà vu un lien quelconque entre la musique de Gojira et celle de Metallica (hormis, bien sûr, l’utilisation de guitares saturées) ? Entre un “From Mars To Sirius” et “Master Of Puppets”? Réunir ces styles pourtant assez éloignés en un seul album, tout en créant une entité propre, c’est le tour de force qu’a réussi Arcania sans le vouloir.
Il faut dire que « Sweet Angel Dust », premier effort du groupe, est le fruit de dix années de travail de la part des Angevins. Et depuis la création du groupe par trois gamins en 1999 du chemin a été parcouru, et les épreuves n’ont pas vraiment épargné notre jeune trio (à l’époque) en soif de musique : décès d’un de leurs camarades (Gabriel) à 16 ans, puis Cyril et Guillaume ont du se remettre au travail, jusqu’à la formation d’un nouveau line-up, ajoutant Olivier derrière les fûts (Nicolas Alberny viendra en tant que second guitariste fin 2008). Ce genre d’aléas de la vie qui vous fait grandir un peu plus vite que prévu. Je ne vous surprendrai donc pas en disant que le maître mot de ce premier essai est : maturité.

Bon, on va parler un peu musique maintenant. Arcania est une formation de thrash metal qui nous rappelle fortement Metallica, avec le côté ambitieux qui va avec. Car oui, dès les premières écoutes on le sent : les Arcania ont mis le paquet pour ce skeud, et on sait dès le départ qu’il va nous falloir plusieurs écoutes tant les subtilités sont nombreuses ! Bien sûr, le côté thrash old school est très présent, des mélodies nous évoquent immanquablement Metallica (le riff principal de « No End » fait penser à « Damage Inc. »par exemple, et pas mal de riffs « épiques » rappellent les Four Horsemen), les solos sont bien présents et de qualité (même si dans leur globalité, ils auraient gagné à être un tantinet plus développés)… Mais surtout l’album est composé de morceaux longs, parfois grandiloquents, mais qui n’atténuent jamais l’impact des compos, et sont toujours choisis avec cohérence.

Le groupe use donc des introductions acoustiques (« Leave My Mind ») voire des interludes en plein milieu des morceaux (sur « This Man Failed » à 1 :45 où la basse est bien mise en avant) ou tout simplement d’ajouts ici et là de passages façon « musique classique » comme pouvait le faire Metallica dans ses plus belles pièces («…And Justice For All » notamment). Arcania peut même se targuer d’aller encore plus loin, puisqu’on trouve dans la musique du groupe un côté thrash progressif fort plaisant, certains morceaux pouvant être aisément qualifiés de « morceaux à tiroirs » sans pour autant paraître trop longs, ni tirés par les cheveux, ni ennuyeux. Un tour de force que je n’ai quasiment jamais constaté, si ce n’est par les Four Horsemen eux-mêmes ! Le seul petit regret que j’ai c’est de ne pas avoir eu un véritable instrumental à la « The Call Of Ktulu » ou « Orion », mais juste un court interlude certes joli, mais pas transcendant au piano (d’ailleurs sobrement nommé « Interlude »). Avec la qualité des compositeurs, ça aurait pu donner un excellent titre j’en suis sûr !

Mais Arcania ne s’arrête pas à ce côté thrash old school, ni progressif, et c’est d’ailleurs étonnant comme d’un instant à un autre on peut se dire à l’écoute d’un même morceau du disque « tiens ça sonne old school ! » et l’instant d’après « ah non, ça sonne moderne ! », le tout sans que ça nous choque plus que ça. Les Angevins ont intégré à leur sauce quelques éléments death moderne (notamment dans les structures des morceaux), de la double pédale, même un peu de blast, et également un chanteur, Cyril, qui a une drôle de particularité : selon l’intensité qu’il met dans ses vocaux (sans pour autant changer de timbre du tout au tout), et selon le passage musical qu’il y aura derrière, sa voix passe d’un ton à la James Hetfield, à un autre façon… Joe Duplantier !

Je ne sais comment expliquer ça tant les deux voix semblent différentes de premier abord, constatez vous-même en écoutant les morceaux dispos sur le MySpace du groupe… Pour illustrer, je prendrai mon morceau préféré de l’album, alias la tuerie « No End » : sur les couplets, impossible de se tromper : rythmique thrash, phrasé assez proche de celui de James Hetfield)… Mais sur le refrain à 3 :30 (d’une puissance remarquable) à la double pédale qui sonne plutôt death moderne, le chant hurlé de Cyril devient « Duplantiesque ».
C’est peut-être même encore plus visible sur le magnifique « Leave My Mind », avec son début en chant clair, puis cette montée en puissance où le chant hurlé fait son apparition jusqu’à ce que le vocaliste se mette à lâcher du bon gros growl pour le final. Un peu le « One » d’Arcania, en plus énervé ! Je terminerai sur « Against My Fear » dont les couplets me rappellent au bon souvenir de « From The Sky » de Gojira. Je tiens quand même à souligner une chose : j’ai dit que le timbre de voix de Cyril était proche de ces deux personnalités du metal, à aucun moment le chanteur ne fait de la copie. Son style vocal contribue en tout cas à apporter une personnalité et une variété non négligeable à la musique magistralement composée d’Arcania.

La production est nickel pour ne rien gâcher, et il faut dire que ce ne sont pas des amateurs qui se sont chargés de cette offrande : enregistrement au Dome Studio avec David Poitvin (Lyxanzia, One Way Mirror) et mastering en Suède au Tailor Maid Studio par Peter in de Betou (Opeth, Enslaved, Dimmu Borgir, Meshuggah…), rien que ça !
J’ai parfois entendu cet album comparé au premier disque de Metallica, « Kill’Em All ». Pour moi, « Sweet Angel Dust » serait plus proche de « Master Of Puppets » ou « …And Justice For All » tant les subtilités y sont nombreuses, et le travail de composition maîtrisé et proche de la perfection. On a face à nous un album qui ne risque pas de prendre la poussière sur l’étagère, car on aura toujours envie d’y revenir souvent pour découvrir de nouvelles petites choses (comme ce passage légèrement oriental façon Orphaned Land sur « Memento »)… ou tout simplement se reprendre une claque. Il y aura toujours ce petit moment de bonheur, ce refrain, cette ligne de chant qui fait du bien et qui nous poussera à ré appuyer sur « play ». Très grosse claque, et j’attends la suite avec gourmandise.


1. Sweet Angel Dust
2. No End
3. Memento
4. Leave My Mind
5. Against My Fear
6. As We Fall
7. Interlude
8. This Man Failed
9. My Funeral