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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Helel

A Sigil Burnt Deep Into the Flesh

LabelDebemur Morti
styleBlack metal indus
formatAlbum
paysFrance
sortiejanvier 2009
La note de
U-Zine
5.5/10


U-Zine

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En France, il faut un certain temps pour faire le tour de la scène Black Metal industrielle, et au cours de votre quête de machines bien fâchées, vous croiserez sur votre chemin de nombreux groupes de qualité. Blackloge, Haemoth en sont deux excellents exemples, et égayeront si vous ne les connaissez pas encore, vos soirées d’hiver à grands coups de déflagrations sonores.

Et pour se démarquer de cette prolifération, il faut apporter quelque chose de plus, la petite plus-value qui permettra d’éviter de hurler au plagiat, ou carrément apporter une réelle nouveauté pour ne souffrir aucune comparaison, les sentiers du black metal industriels ayant été déjà balisés et arpentés des centaines de fois et depuis longtemps.

En 2009, Debemur Morti, le label français pourvoyeur d’Art Noir fortement réputé pour la pertinence de ses signatures à pris sous son aile les mystérieux Helel, dont on ne sait pas grand-chose excepté qu’ils sont gaulois, de la région parisienne, et qu’ils débarquent de nulle part avec A Sigil Burnt Deep Into the Flesh, un EP de quatre titres, pour une durée respectable d’environ une demi heure. Et puisque nous ne pourrons pas, faute d’informations suffisantes, nous attarder sur l’état-civil du groupe, attelons nous à décortiquer un peu l’opus, savoir tout de même ce qu’il a sous la godasse.

Eh bien, très simplement, Helel verse dans le black metal industriel extrême, tambourine à bloc, fonce tête baissée et manifestement ne réfléchi pas trop. Et ce sera à peu près tout et c’est bien là le problème. Helel rentre directement dans la catégorie des groupes à fort potentiel largement sous exploité, et mal orienté car de mauvaises idées illustrent peu intelligemment le propos des parisiens. Alors que certains passages témoignent d’une vraie recherche de construction et d’escalade de la violence, la boîte à rythme, qui ne chôme vraiment pas sur A Sigil Burnt Deep Into the Flesh, assure la majeure partie du boulot, extrêmement surmixée.

Alors que le sens du riffing est bel est bien là, le peu de mordant qu’il distille est malmené par une utilisation maladroite et excessive du blast, beaucoup trop mis en avant, comme si Helel voulait à tout pris prouver que c’est un groupe extrême, en bâtissant un mur de caisse claire continu même si le groupe ose varier les plaisir, proposant diverses atmosphères et changement de tempo au cœur des morceaux, relativement longs et variés, nantis parfois d'une véritable mais confuse recherche mélodique. La musique est industrielle et extrême, ça ne fait aucun doute. Industrielle car l’heure est au synthétisme des guitares, cliniques et incisives, parfaitement ancrées dans leur genre, les vocaux sont hallucinés, avec un timbre étonnamment proche de ce que proposerait un Mortus de Marduk, et se voient même parfois accompagnés de chœurs. La boite à rythme est aussi véloce et mécanique, bref, les codes usités du Black Metal Industriel extrême sont ingurgités mais manifestement pas suffisamment digérés.
Extreme enfin, car la démarche est sans concession, rapidité, parties électro et même rythmes martiaux ne viennent pas un seul instant érafler le mur brut d’agressivité dégagé sur A Sigil Burnt Deep Into the Flesh.
Seulement voilà, à trop vouloir en faire, à trop chercher, peut-être inconsciemment, à faire un déballage de violence beaucoup trop démonstratif, on peine à rentrer dans l’album et encore moins à saisir la démarche du groupe, se retranchant derrière une pensée ayant pour thème la quête de l’absolu à travers le relâchement de leur musique, quelque chose d’obscur et d’alambiqué dans le genre. Si on ne met pas en cause la sincérité d’Helel dans son propos, et qu’on le félicite de s’éloigner des thèmes sataniques qui sont légions dans le BM Indus, on regrette que le potentiel soit bêtement gâché par un manque de maîtrise en dépit des bonnes idées seulement effleurées et on finit par déplorer l'ennui qui s'installe.

Pas dégueulasse, A Sigil Burnt Deep Into the Flesh n’est pas pour autant voué à faire date, et n’éveille qu’un intérêt limité à quelques écoutes. Dommage, moi je m'en retourne à mon (V.E.G.A.)


1. Mass Destruction / Mass Alienation
2. A Sigil Burnt Deep Into The Flesh
3. This Is Hel(e)l
4. Cosmos Is Out Of Order