
Le retour du messie : Candlemass ft Messiah Marcolin @ Rock Hard Greece
Technopolis - Athènes

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Jusqu'où seriez-vous prêts à aller pour voir votre concert de rêve ? Qu'il s'agisse d'une reformation de Led Zeppelin, d'un premier concert de Summoning, du dernier concert de Black Sabbath à Birmingham ou du retour d'Acid Bath à la Nouvelle-Orléans, on a tous cet événement dont on se dit : « Si c'est annoncé un jour, où que ce soit, j'y fonce ». Et très haut sur cette liste, à titre personnel, il y avait un concert de Candlemass avec Messiah Marcolin.
En 2018, quand Candlemass s'est séparé de Mats Levén, vocaliste talentueux mais totalement dénué de la moindre personnalité, pour ramener au bercail... Johan Längqvist, chanteur de Epicus Doomicus Metallicus, je faisais partie des sceptiques : Längqvist n'a plus la voix de ses 20 ans et, surtout, LE chanteur iconique de Candlemass a toujours été Bror Jan Alfredo « Messiah » Marcolin, la voix de Nightfall, Ancient Dreams et Tales Of Creation. Mais il faut s'y faire : le personnage est ingérable, et même s'il est toujours en bons termes avec le groupe, une reformation dans ce line-up « classique » paraît inimaginable. Je n'avais cependant pas perdu espoir en un « one-off », une date unique avec Marcolin au micro, et la première édition du Rock Hard Festival Greece, version grecque du festival existant déjà en Allemagne, a réalisé mon rêve. Ni une, ni deux : billets d'avion et tickets achetés day one, je me suis envolé pour la capitale grecque afin d'y être bewitched !
Athens is... doomed ?
Je n'avais jamais mis les pieds à Athènes mais je savais qu'un jour ou l'autre, c'est la musique qui m'y emmènerait : la Grèce est devenue l'un des pays les plus riches en heavy metal « traditionnel » (chaque édition de notre rubrique trimestrielle Chasse Le Dragon compte au moins un groupe grec!), après avoir déjà été le berceau d'une scène extrême particulièrement fertile. Me voilà donc dans la ville de Platon et Socrate, berceau de la civilisation européenne... et le moins qu'on puisse dire, c'est que le berceau a morflé. Logeant près du quartier anar' d'Exarcheia, je n'étais pas préparé à voir autant de tags, de déliquescence et de pauvreté évidente. La drogue est un fléau visible, et je comprends désormais pourquoi les touristes qui s'écartent de l'Acropole reviennent souvent avec une image très négative d'Athènes.
Pourtant, arrivé le mardi alors que le Rock Hard Festival se tenait les vendredi et samedi, j'ai pu prendre le temps de m'imprégner de cette ville scarifiée, d'en apprécier les recoins, l'atmosphère, les gens – et la cuisine, ce qui n'est pas un luxe quand on a l'habitude de faire des festivals en Belgique et en Allemagne. Athènes, c'est une vibe, que tout le monde n'appréciera pas. Exarcheia, c'est aussi le quartier des disquaires : No Remorse Records, label derrière de nombreux immanquables heavy de ces dernières années, et Eat Metal ne sont qu'à quelques centaines de mètres l'un de l'autre. Après m'être offert un CD difficilement trouvable par chez nous (l'excellent Another Dimension de Crimson Fire), c'est par hasard que je vois à Eat Metal l'affiche du concert, le soir même, de Q5 à l'An Club, petite salle de concerts assez mythique située à 15 minutes à pied de mon logement. Moi qui regrettais de rater le Pyrenean Open Air pour ce trip athénien, c'est une consolation – et un warm up show idéal pour le Rock Hard Festival.
Les adieux de Q5 à la Grèce
D'autant plus idéal que ce concert fait partie de la tournée d'adieux de Q5, intitulée « Steel The Last Live », en référence bien sûr à leur cultissime album Steel The Light. Un album qui n'a pas pris une ride et qui sera interprété en quasi-intégralité dans un An Club absolument bondé... de fans venus des quatre coins de l'Europe voire du monde, mais naturellement pas juste pour eux. En effet, je ne suis pas le seul fan de Candlemass à avoir trouvé la coïncidence fort pratique. L'occasion de déjà sympathiser avec l'un ou l'autre, et de découvrir le public grec, particulièrement vocal et motivé. Il faut dire que la première partie est assurée par Marauder, tauliers de la scène locale dont l'album 1821 (racontant l'indépendance de la Grèce) a un statut culte au pays. Je suis bien content d'en entendre « Free Like an Eagle » et « The Greek Revolutions Begins », et le reste du concert a un côté heavy « Manowaresque » un peu pataud mais efficace, bien emmené – malgré de sérieux soucis de micro – par le vocaliste Tassos Krokodilos, dont le (véridique) nom a eu le mérite de bien me faire rire.
Ce « live report dans le live report » se conclut donc par quelques mots sur la performance de Q5, dont le seul membre d'origine est Scott Palmerton (chant). Plus d'1h30 de show, c'est particulièrement généreux, et si Palmerton tire un peu la langue en fin de soirée, c'est pour mieux être remplacé par le public sur la superbe ballade « Come & Gone » ou les énormes tubes qui composent la fin de set (« Lonely Lady », « Teenage Runaway » et, bien sûr, le massif « Steel the Light »). Et avant cela, le gaillard, lui aussi un peu lâché par son micro, avait parfaitement fait hommage aux plus exigeants « Pull the Trigger » ou « Missing in Action », tandis que le reste du line-up en place depuis 2020 fait très bien le job. On ne peut qu'espérer que le public du Pyrenean Warriors ait eu droit à un concert du même niveau. Mais maintenant, place aux choses sérieuses...
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Rock Hard Festival – J1 : InnerWish, Overkill, Hammerfall
Si le Rock Hard Festival existe en Allemagne depuis 1990, cette édition est la première du Rock Hard Greece – en attendant, qui sait, qu'une version soit lancée par nos amis français, qu'on salue au passage. Profitant de la clémente météo du mois de septembre grec (30 degrés minimum toute la semaine), il se tient en extérieur, dans le superbe cadre de la Technopolis d'Athènes. À une dizaine de minutes à pied de l'Acropole, cette ancienne usine à gaz a été reconvertie en 1999 en complexe culturel, comprenant des musées, un auditoire et une place centrale sur laquelle a été installée la scène. Dans l'auditoire auront lieu, lors du deuxième jour, des concerts acoustiques réservés aux détenteurs d'un ticket VIP ; ce n'est pas mon cas, mais on m'a dit le plus grand bien des prestations de Conception (Roy Khan et Tore Ostby) et Pain of Salvation (Daniel Gildenlöw et Johan Hallgren).
En retard pour cause de tourisme, je manque la prestation des locaux de Gandi Gun et arrive pendant celle de Cobra Spell. Un groupe dont la musique me passe totalement à côté, et qui joue qui plus est beaucoup trop FORT, au point que ça en sera désagréable, mais ce sera heureusement le seul souci du genre ce week-end.
Faire des festivals et concerts à l'étranger est l'occasion de voir des artistes locaux n'ayant pas nécessairement percé à l'international, mais ayant une belle notoriété au pays. C'était le cas avec Marauder la veille, c'est de nouveau le cas avec le power progressif d'InnerWish, particulièrement classe. Des pièces mélodiques et portées par l'excellente voix de George Eikosipentakis, une musique qui évoque immanquablement les maîtres du genre (Pagan's Mind voire Circus Maximus) mais aussi des aspects catchy avec les irrésistibles refrains de « Burning Desire » ou « Needles in my Mind » (LE tube du groupe, idéal pour découvrir InnerWish). Une entrée en matière sympa.
Vous l'aurez compris, je suis là pour Candlemass, et tout le reste est du bonus, mais l'annonce d'Overkill ne m'avait pas fait bondir de joie. Consommateur très occasionnel de thrash metal, j'avais souvenir d'un concert franchement pénible au Brutal Assault, la voix de Bobby Ellsworth m'étant insupportable. Pas de miracle : je ne vais pas passer un grand moment devant Overkill cette fois non plus, mais je ne peux que m'incliner devant une telle pêche à leur âge (Bobby a 66 ans tout de même), et quelques titres comme « Electric Rattlesnake » ou le récent « The Surgeon » font leur effet. Je ne suis juste pas le public cible.
Je le suis cependant bien plus pour Hammerfall, qui offre une setlist en forme de best-of... mais j'aurai du mal à être convaincu. La faute à une scénographie en carton-pâte un peu cheap et, surtout, à une attitude franchement poseuse – tout y est : plate-formes pour aller jouer ou chanter en hauteur, mouvements de guitares synchronisés... Musicalement, ça fait le taf, avec il faut le souligner un dernier album qui passe assez bien en live, mais un excès de titres mid-tempo et un Joakim Cans un peu mou m'empêchent de passer un moment mémorable.
(crédit photo : Elena Vasilaki Photography)
Rock Hard Festival – J2 : I bind unto myself...
Difficile de nier que l'excitation monte au fil de la journée, que je passe encore à visiter Athènes, les concerts (hors-VIP) ne débutant qu'à 17h. Assez drôle, d'ailleurs, de croiser dans l'écrasante chaleur athénienne autant de t-shirts Candlemass, autant de fidèles venus assister à ce qui devrait être le tout dernier concert de Messiah Marcolin avec le groupe. On parle d'une affluence de 4000 personnes, dont environ 500 venus de l'étranger. Et ce samedi, le line-up est de gala puisque Rock Hard nous offre aussi une « reformation » partielle de Heavens Gate et une véritable star locale, à savoir Gus G !
Battleroar
Plus encore que InnerWish, Battleroar est un secret bien gardé du metal grec. To Death & Beyond (2008) est une véritable pépite de heavy épique taillé pour les fans de DoomSword voire Visigoth. C'est d'ailleurs sur le long et épique « Finis Mundi », tiré de cet album, que le groupe débarque. Quatre titres seulement, dont deux de près de 10 minutes : c'est ambitieux. Kostas Tzortzis (guitares), seul membre fondateur, a un peu de mal à trouver son rythme, et le violon, présence appréciable en live, va et vient dans la sono, revenant parfois de manière impromptue pour donner plus d'ampleur au tout. Michalis Karasoulis, nouveau vocaliste ayant remplacé cette année John-Jaycee Cuijpers (Praying Mantis), a un sacré costume à remplir et s'en sort assez bien, malgré son allure de roadie qui en a laissé plus d'un sceptique à son entrée hésitante sur scène. Battleroar s'en va sur le titre du même nom, efficace, et peut certainement mieux faire, les conditions (de jour sur une assez grande scène, avec un son aléatoire) n'ayant pas fait honneur à leur musique.
The Crypt
Mais d'où sort The Crypt ? C'est franchement étonnant que le premier album de ce groupe de « scooby-doom » suédois, selon l'expression désormais consacrée, soit passé inaperçu chez Horns Up tant il a sur papier tout pour nous plaire. Poulain de Leif Edling, qui promeut le groupe via son label, The Crypt offre un heavy doom emmené par Pepper Potemkin, l'envoûtante maîtresse de cérémonie (« I'm the mistress of fire, and you're my slave », chante-t-elle sur le morceau du même nom, l'un des tubes du set). Une sorte de Castle Rat occupant le créneau occulte et « contes de la crypte » plutôt que celui de la fantasy, pour schématiser... même si à mes oreilles, on s'ennuie bien moins que devant Castle Rat. Il y a de vrais tubes (« Metal Priestess », imparable), du riff lourd comme il faut (« Open the Gate ») et un décorum scénique au poil : The Crypt a tout compris, et mérite de décoller. Même si là aussi, l'open air en plein jour leur seyait assez peu...
Sacha Paeth's Masters of Ceremony / Heavens Gate
On ne savait pas encore vraiment à quelle sauce on allait être mangé quand le « duo » Masters Of Ceremony/Heavens Gate commençait son set alors que le soleil commençait à se coucher. L'annonce de la reformation de Heavens Gate, groupe de power « à l'allemande » séparé depuis 1999, était une bonne surprise et un vrai plus pour cette première édition, mais que Sacha Paeth (guitariste de Heavens Gate mais aussi d'Avantasia et producteur bien connu) en profite pour placer un demi-set de son projet Masters Of Ceremony était étrange. C'est d'ailleurs presque l'intégralité d'Avantasia qui est sur scène puisque Felix Bohnke (batterie) et André Neygenfind (basse) en sont également membres live, et qu'on retrouve au micro Adrienne Cowan, l'un des guests du dernier album et chanteuse live d'Avantasia. Particulièrement versatile et très à l'aise sur scène, Cowan a cependant quelques ratés, comme sur le très lyrique « I Hear Your Voice Still », qu'elle rend fort pénible, et son growl est loin d'être convaincant. De manière générale, comme la majorité de ces projets un peu fourre-tout, le talent et l'interprétation sont présents, mais les compositions sont un peu bancales. Qu'importe : tout le monde est là pour Heavens Gate.
Et la « touche Avantasia » se précisera d'ailleurs puisque le vocaliste remplaçant Thomas Rettke, pas convié à cette reformation, n'est autre que Herbie Langhans, guest fréquent de Tobias Sammett tant sur album qu'en live et chanteur... des Grecs de Firewind. Sans faire injure à Masters Of Ceremony, le niveau monte d'un coup : en 6 titres, Heavens Gate rappelle qu'il a quelques sacrés scuds dans sa discographie, de l'inaugural « In Control » aux inévitables « Gate of Heaven » et « Livin' in Hysteria », reliques d'une époque où le power metal à l'allemande régnait sur l'Europe. Adrienne Cowan vient prêter main forte à un Langhans pourtant fringant, chantant le refrain périlleux de « Livin' in Hysteria » et restant pour le final fédérateur « Can't Stop Rockin' ». Est-ce la reformation de l'année ? Certainement pas, mais c'est un sacré bonbon offert par le Rock Hard Festival.
Gus G & friends
Si on veut rester objectif, LA star du soir, c'est certainement Gus G, qui se produit sous l'appellation « Gus G & Friends » - voilà qui rappelle la tournée d'Ozzy Osbourne, son ancien employeur, montée en hâte à l'époque quand Tony Iommi, victime d'un lymphome, n'avait pas pu assurer les dates de réunion de Black Sabbath. Qui sont les « friends » en question ? Tout d'abord, sa formation live, à savoir Dennis Ward (Magnum, Place Vendôme, ex-Pink Cream 69, ex-Unisonic) à la basse et Jo Nunez (Firewind, Dragonland, ex-Kamelot) à la batterie. Le trio déboule sur deux titres instrumentaux, et franchement, quel niveau. « Force Majeure » et ses riffs plutôt lourds (et, évidemment, un solo fantastique) est très différent de « Fearless » qui place cette mélodie centrale à la Satriani entre des passages de shred saisissants. Tout un concert de ce style aurait peut-être été trop long, mais que c'est intelligent de jouer deux titres si réussis avant la suite.
(crédit photo : Peter Papapetros)
La suite, ce sont d'abord deux guests de choix : Roy Khan et Tore Ostby, chanteur et guitariste de Conception (Khan s'est surtout fait connaître dans Kamelot jusqu'en 2011), pour l'interception de ce que Gus G décrit comme son titre préféré du groupe, « Roll the Fire ». C'est sans faille, sombre, puissant, et on aurait aimé avoir du rab, mais les deux Norvégiens s'en vont déjà. Frustrant, d'autant que la suite est franchement convenue. Alors que je m'attendais à voir participer Herbie Langhans, qui est tout de même chanteur de Firewind depuis 2020, c'est Ronnie Romero (Rainbow), vocaliste habituel de Gus G, qui débarque pour le reste du concert, et offre bien sûr le meilleur pastiche existant de Ronnie James Dio sur « Kill the King » et « Mob Rules ». Deux tubes accueillis chaudement par un public entre-temps refroidi par des titres plus fades du répertoire solo de Gus G, dont le nouveau single « My Premonition ». Le dernier guest, c'est David Ellefson, LE bassiste de Megadeth, viré par le groupe en 2021 pour une sordide affaire de « revenge porn » sur laquelle on ne reviendra pas mais dans laquelle, à ce que je sache, l'intéressé n'a manqué que de discernement. Depuis, Megadeth n'a rien sorti de bon, et on ne peut que souhaiter qu'Ellefson soit réintégré dans le groupe pour leur tournée d'adieu, mais je m'égare. Malheureusemnt, Gus G n'en profitera pas pour se frotter aux nombreuses parties de shred que peut offrir la discographie de Dave Mustaine & co : le set ne se termine « que » sur « Bark at the Moon » et « War Pigs » , et c'est évidemment un grand moment vu le passé de Gus G chez Ozzy, dont le nom est scandé longuement par le public. Son absence à Birmingham était étrange, mais cet hommage émouvant prouve qu'il n'y a visiblement aucun malaise entre Gus et le clan Osbourne. Un concert assez événementiel, mine de rien.
Candlemass ft Messiah Marcolin
Alors que je me place idéalement pour ce qui est de loin le concert le plus attendu de mon année, je ne peux pas m'empêcher de me poser une dernière fois une question : que vaut Messiah Marcolin en 2025 ? Bien sûr, on trouvait sur YouTube une très encourageante vidéo live du légendaire vocaliste avec Anvil en 2024, chantant une excellente version de « Forged in Fire » à Stockholm. Mais un titre (qui plus est pas de Candlemass) n'a rien à voir avec un concert entier. Les dernières tournées de Messiah datent de 2011, en tant que guest vocalist de Therion. Depuis, il s'est fait très discret. Mais on sait aussi que Leif Edling est très exigeant avec ses chanteurs, et n'aurait certainement pas accepté cet événement sans être certain du résultat.
L'inévitable « Marche Funèbre » retentit, dans une ambiance de folie, quand les premiers mots de Nightfall sont prononcés en coulisse par Messiah. « I bind unto myself... » : le messie fait durer le suspens, avant de débouler sur scène, cheveux gris mais même robe de bure et même énergie qu'il y a 20 ans. « Crypt of despair, the old man is there ! » : on distingue à peine la voix de Messiah, couverte par l'un des publics les plus bruyants que j'ai jamais entendus. On comprend cependant vite que son timbre n'a pas bougé d'un poil, à part les quelques montées de l'époque qu'il baisse intelligemment de quelques octaves. Pas le temps de se remettre de cette version colossale de « Well of Souls » que Candlemass enchaîne avec « Dark Are the Veils of Death » au début duquel Messiah... se casse la gueule juste après sa première « doom dance » iconique. Sans conséquences, heureusement. On assiste véritablement à un miracle : Marcolin est magistral, joue avec le public qui lui mange dans la main. Leif Edling se déride rapidement, enfile verre de vin sur verre de vin, mais c'est surtout avec « Mappe » Landström que Messiah interagira (les deux hommes sont restés amis proches).
Que dire de la setlist ? Les classiques joués avec Johan Längqvist sont bien sûr là : « Mirror Mirror » rend tout le monde fou (même si, sacrilège, c'est l'un des rares titres où la version plus agressive de Längqvist me convainc plus!), « Bewitched » est le karaoké ultime. Mais la petite sucrerie, c'est cet immense et authentiquement doom « Darkness in Paradise » que Messiah Marcolin n'avait... jamais chanté live – le titre avait été joué pour la première fois en 2011. Il s'agit pourtant d'un des tous meilleurs titres d'Ancient Dreams, sur lequel Messiah est particulièrement mis en valeur. « Au début des répétitions, on s'est dit qu'il faudrait jouer un titre rare, mais est-ce que vous connaissez seulement ce morceau ? », faisait mine de s'interroger Marcolin : pas d'inquiétude, les 4000 fans présents m'avaient tout l'air de connaître chaque ligne de texte sur le bout des doigts – sauf peut-être celles de « Black Dwarf », autre rareté plus nerveuse tirée de Candlemass (2005) et qui me fait fort plaisir aussi. Pas autant que « Samarithan », pas toujours joué ces dernières années et peut-être mon morceau doom ultime - « un morceau qui raconte que vos bonnes actions seront récompensées », résume Marcolin. « How poor a man can be ? I gave him hospitality, a room a bed and lots of food to eat... ». Pas le moindre signe de faiblesse de la part du maître de cérémonie sur ce titre exigeant. La fin de set, bien sûr, est dédiée à Epicus Doomicus Metallicus : après un énorme « Crystal Ball », toujours traversé par un long passage instrumental permettant à Messiah d'introduire ses camarades – et de recueillir une ovation en se présentant lui-même, c'est « A Sorcerer's Pledge » qui conclut le set. L'un des premiers morceaux de doom épique de l'histoire, et peut-être bien l'un des plus grands de Candlemass, dont le riff central massacre Athènes. Leif Edling mérite sa place au panthéon aux côtés de Tony Iommi dans ce domaine particulier.
On retourne à Nightfall au rappel avec le classique entre les classiques « At the Gallows End » (qui déclenche... un pit ?!) avant l'inévitable final « Solitude », qu'il est inutile d'encore décrire. Onze titres, 1h20 de concert : le public en réclame encore, mais la messe est dite (on regrettera l'absence du moindre morceau issu de Tales of Creation, pourtant si riche). Large sourire aux lèvres, Messiah Marcolin remercie longuement « Athena », comme il la nomme, et ce public venu « juste » pour lui, il faut bien le dire. Puis le moine fou disparaît, et on se regarde comme si la dernière heure et demie n'avait été qu'un rêve. Car Candlemass a donné ce concert, au final, sans grands artifices, sans décorum particulier – comme si Athènes avait été transportée en 2005 le temps d'une soirée. Aucune grande déclaration, pas d'adieux de la part de Messiah, qui a clairement encore le coffre et les jambes de ses 30 ans.
Alors, a-t-on assisté au dernier concert de Candlemass dans ce qu'on considère largement comme sa configuration « culte » ? Ceux qui, comme moi, se sont rendus en Grèce sur base de cette promesse ne peuvent que l'espérer, sans quoi ils se seraient un peu faits avoir. On ne peut aussi que le souhaiter pour l'adorable Johan Längqvist, enfin bien installé au micro presque 40 ans après avoir enregistré Epicus Doomicus Metallicus et qui fait le job avec classe, même si d'une façon bien différente, moins expansive que Messiah. La « solution à deux chanteurs », comme chez Helloween ? Si elle fonctionne chez les Citrouilles, c'est parce que la musique de celles-ci est bien plus légère – on imagine mal la Star Ac' version doom metal avec Längvist et Messiah se succédant sur scène. Mais quelques dates, par-ci par-là, pour des événements exceptionnels ? Ou un retour de Memento Mori, l'autre groupe de Messiah ? Ca ne serait pas surprenant. Jusque là, on savourera l'impression d'avoir vécu un moment légendaire à Athènes ce 13 septembre. « Ashes to ashes, and dust to dust... ».
Setlist :
Well of Souls
Dark are the Veils of Death
Mirror Mirror
Bewitched
Darkness in Paradise
Samarithan
Black Dwarf
Crystal Ball
A Sorcerer's Pledge
At the Gallows End
Solitude