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Album

22 septembre 2025 - ZSK

In Mourning

The Immortal

LabelSupreme Chaos Records
styleDeath progressif mélodique
formatAlbum
paysSuède
sortieaoût 2025
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

In Mourning est-il l’éternel espoir du death mélodique et progressif ? Je ne cesse de le répéter à chaque sortie, mais je pense que le groupe suédois aurait mérité un succès plus important, qui est certes existant mais semble être cantonné à une certaine niche. Parti des impressionnants Shrouded Divine et Monolith, popularisé par The Weight of Oceans si l’on en croit un célèbre site de référencement de collections – là où tous les albums d’In Mourning continuent malgré tout à recueillir de bonnes notes, signe que les fans sont bien là – le groupe a peut-être marqué le pas avec sa période Agonia Records et un passage par une sonorisation un poil plus traditionnelle. Mais la qualité est restée là, In Mourning pouvant se targuer de ne jamais avoir sorti un album réellement décevant. Son précédent effort, The Bleeding Veil, sorti à mi-chemin entre une autoproduction et un label suédois pas du tout spécialiste metal, laissait entrevoir que le groupe poursuivait sa carrière dans la discrétion et sans prétention. Même niveau concerts, c’est surtout en Scandinavie que le groupe de Vansbro se montre, même si on le verra sillonner l’Europe avec Omnium Gatherum et Fallujah en février et mars 2026 (on notera des dates à Colmar, au Petit Bain ainsi qu’au Luxembourg). Bref, In Mourning continue sa route à son modeste niveau malgré 25 ans de carrière. Avec dans ses rangs le batteur de Ahab, il repasse cette fois-ci chez un label metal européen, l’allemand Supreme Chaos Records (Agrypnie, Nocte Obducta, Todtgelichter…) pour un septième album, le bien nommé The Immortal. Parce qu’il est toujours là…

Et il ne va pas virer sa cuti, surtout pas vraiment essayer de se trouver un nouveau public et continuer à faire ce qu’il sait faire… quoique. Non, In Mourning ne se transforme pas en groupe plus mainstream en édulcorant son propos tel un Swallow The Sun, mais modernise un tantinet sa production. Ou remodernise car le groupe avait été capable d’opter pour un son bien dodu à l’époque de Monolith et The Weight of Oceans, mais on se souvient le côté quelque peu plus roots et vaporeux de l’époque Afterglow et Garden of Storms. The Bleeding Veil avait déjà montré la voie mais cette fois-ci c’est sûr, In Mourning montre à nouveau les muscles. Le groupe produit alors ici un metal plus « accessible » à sa manière, plus axé sur l’efficacité que les trois albums précédents, mais sans négliger la mélodie. Moins « doom scandinave », moins atmosphérique aussi, The Immortal se remet donc dans l’époque Monolith mais surtout The Weight of Oceans dans le fond comme dans la forme, pour un album contrasté et complet. Qui va d’ailleurs se retrouver de vrais tubes, ce qui à vrai dire avait manqué à Garden of Storms et The Bleeding Veil, deux albums plus homogènes. Et alors que pour la première fois In Mourning débute un de ses albums par une intro, il lance son nouvel opus avec un « Silver Crescent » très riffant d’emblée, presque trop « simple » pour du In Mourning mais cela fonctionne parfaitement surtout quand Tobias Netzell suit bien le mouvement avec ses growls. Mais « Song of the Cranes » mettra tout de suite tout le monde d’accord : In Mourning est en grande forme et livre ici ce qui est probablement son meilleur tube depuis un bon moment. Ultra percutant et rappelant donc les heures de gloire de Monolith, le morceau est en plus servi par un refrain absolument grandiose, en plus de compos mélodiques de premier choix (ce break émotionnel…). Le meilleur In Mourning est-il donc vraiment de retour pour de bon ?

En tout cas, ce In Mourning est aussi capable de surprendre. Avec un autre hit potentiel en la présence de « The Sojourner », au riffing plus moderne que jamais, presque syncopé, ce qui peut surprendre mais l’efficacité est toujours au rendez-vous. Le groupe se permet même de le faire suivre par une sorte d’interlude de luxe, le très aérien « Moonless Sky » où Tobias Netzell nous démontre encore une fois que son chant clair est bien maîtrisé. Et ceci embraye sur « Staghorn », un des morceaux les plus véloces de la carrière d’In Mourning où l’on frôle le black mélo d’un Night Crowned. Mais si In Mourning est globalement en réussite, à l’image encore d’un « North Star » très enlevé et en grande verve au niveau des mélodies, réussissant cette fois à faire du Afterglow en plus moderne ; The Immortal est un album tellement contrasté qu’il finit par céder à quelques anicroches. Déjà, je regrette que Tobias Netzell laisse de plus en plus de place au chant plus hurlé et arraché de Björn Pettersson, qui ne me convainc guère ; alors que pendant ce temps Netzell lui réussit ses meilleurs performances en growl depuis The Weight of Oceans… Et si ce dernier n’hésite pas à user souvent de son chant clair désormais bien maîtrisé comme je le disais plus haut, son placement fait parfois retomber la tension d’un album généralement dynamique (« Staghorn », « The Hounding »). Enfin, les morceaux les plus respirants et mélodiques de ce septième album ne sont pas ceux que In Mourning a fait de mieux (« As Long as the Twilight Stays » et le grand final « The Hounding », souffrant de longueurs et de redondances). On partait donc d’un album très enthousiasmant et un peu « blockbuster » à leur niveau pour finir sur un album assez inégal, autant vibrant qu’il est frustrant par moments. In Mourning se réinvente sans se trahir, innove aussi (on notera d’ailleurs cette pochette inattendue de Metastazis), se rapproche de ses meilleurs atours des années 2010, repond de vrais tubes inspirés mais… livre surtout un The Weight of Oceans en un peu moins bien, en fait. Bon, c’est toujours ça de pris, on pensera toujours que le groupe aurait pu être bien plus haut sur les affiches au fil des ans, il est toujours dans le coup et c’est bien le principal. The Immortal n’est pas son meilleur album au global, mais In Mourning reste le meilleur « second couteau » de sa scène suédoise. Et s’il doit s’en contenter après plus de 20 ans là où d’autres ont disparu, c’est pas si mal.

 

Tracklist de The Immortal :

1. The Immortal (1:07)
2. Silver Crescent (5:28)
3. Song of the Cranes (6:07)
4. As Long as the Twilight Stays (7:16)
5. The Sojourner (5:05)
6. Moonless Sky (3:01)
7. Staghorn (5:43)
8. North Star (5:15)
9. The Hounding (8:10)

 

 

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