
L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Autant le dire direct : s'il y a bien une chronique que je ne pensais pas écrire en début d'année, c'est celle de ce dernier album de LANDMVRKS. Et encore moins accompagnée d'une note aussi dithyrambique. Le metalcore moderne n'est habituellement pas ma tasse de thé, même si occasionnellement, une sortie me parle particulièrement – mais ce n'était plus arrivé depuis le You Are We de While She Sleeps en 2017, que je me réécoute toujours avec plaisir.
Peut-être pas un hasard, donc, si sur The Darkest Place I've Ever Been, on retrouve Mat Welsh des mêmes While She Sleeps (sur le très « classique » à l'aune de l'album « A Line in the Dust »), mais je m'avance. Le fait est que The Darkest Place I've Ever Been est un album que je n'aurais en théorie jamais dû aller écouter, mais qu'il aura suffi qu'un ami me passe le très surprenant « Blood Red » et ses désormais fameux couplets rappés pour que je sois intrigué. Bien sûr, le passage de Vald chez Carlito & McFly (eux aussi pas dans mon bingo des ref' 2025) où le rappeur – que j'apprécie vraiment – parle de l'exercice de Florent Salfati comme de celui d'un « rap de mec qui sait pas rapper » m'a aussi bien fait marrer, parce qu'on ne peut pas dire qu'il ait tort : le texte est un peu cliché, les grandes goulées d'air que Florent prend entre chaque vers font un peu mal aux oreilles. Mais inexplicablement, ça marche, et « Blood Red » est une tuerie, portée par un refrain hyper mélodique et des accélérations bien placées entre ces couplets auxquels on finit par se faire.
Et après une ou deux écoutes au terme desquelles je n'aurais probablement pas saisi la plume (même si, déjà, il y avait un petit quelque goût de reviens-y), me voilà devant le fantastique concert de LANDMVRKS au Graspop Metal Meeting dont j'ai déjà parlé ici. Et là, la révélation : une claque monumentale, probablement mon concert du jour au-delà de l'émotion ressentie devant Iron Maiden. Les anciens titres, que je connaissais fort peu, fonctionnent, mais c'est bien The Darkest Place I've Ever Been qui ne veut plus quitter ma tête. Impossible de faire autrement, je dois écrire sur cet album.
***
Dès l'intro éponyme, LANDMVRKS annonce en gros la couleur : Florent étale à peu près toutes les facettes de son chant en 3min27, du chant crié et growlé à un chant clair très maîtrisé (il suffit de le voir en live pour ne pas en douter) et, bien sûr, déjà ces passages rappés. Ils lancent le premier « vrai » titre de l'album, « Creature », le véritable tube qui lance d'ailleurs les concerts du groupe. Assez classique sur ses couplets, il est propulsé par un refrain absolument gigantesque sur lequel les premiers accents de... Chester Bennington apparaissent chez Florent. Une impression renforcée par les mots utilisés : « 'cause I'm... crawling in the dark » - peut-être un hasard, peut-être un hommage. Le break qui suit, lui, n'a rien d'un titre de Linkin Park - « I no longer feel... CAUSE YOU TOOK EVERYTHING » - et est taillé pour tout casser.
Mais impossible de nier, par contre, qu'un peu plus loin, quand « The Great Unknown » commence, on tique : est-ce qu'on est en train d'écouter une chute d'album issue des sessions de Living Things ? Cette fois, la référence à Linkin Park est évidente tant, pendant près de 2 minutes, on nage entre « Castle of Glass », « Breaking the Habit » et « Pushing me Away ». Et ça n'a rien de dramatique, même si ça jure un peu avec le beaucoup plus personnel « La Valse du Temps » qui suit. Exit le rap cette fois (qu'on avait retrouvé le temps du pur rap urbain du simili-interlude « Sombre 16 ») : Florent invoque plutôt la chanson française sur l'intro (et le thème récurrent) d'un titre parmi les plus réussis de l'album.
The Darkest Place I've Ever Been a d'ailleurs le bon goût de terminer assez fort, avec un « Deep Inferno » très While She Sleepsesque mais surtout cet énorme « Requiem », titre le plus violent de l'album, aux confins du deathcore le plus mélodique. LANDMVRKS, surtout, au-delà des références citées, semble avoir totalement achevé sa mue sur cet album : là où les vraies couleurs des Phocéens brillaient par à-coups sur Lost in the Waves (album que j'ai toutefois appris à apprécier), elles sont ici plus visibles que jamais derrière le vernis. Le tout peut encore aller un peu plus loin, mais une chose est sûre : LANDMVRKS est devenu une sacrée créature, destinée aux sommets des festivals européens.
Tracklist :
1. The Darkest Place I've Ever Been
2. Creature
3. A Line in the Dust
4. Blood Red
5. Sulfur
6. Sombre 16
7. The Great Unknown
8. La Valse du Temps
9. Deep Inferno
10. Requiem
11. Funeral