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dimanche 29 juin 2025

Interview de Curby, fondateur du festival Obscene Extreme

Čurby

Prout

Chroniqueur musiques du monde. Parfois Brutal Death / Black / Grind mais rien au dessous de 300BPM sinon c'est trop mou et je m'endors.

Ce qui ne devait être qu'une simple fête d'anniversaire est devenu une sorte de Woodstock du punk depuis plus de 25 ans. Aujourd'hui, on invite Čurby, le fondateur du festival de grindcore (et associés) mondialement connu qu'est l'Obscene Extreme Festival dont la prochaine édition aura lieu du 9 au 13 juillet 2025 en République Tchèque. Retrouvez notre pré-sélection ici

English version below

 

Salut Curby, tu es le cerveau tordu derrière l’Obscene Extreme Festival — tu te vois plutôt comme un promoteur bienveillant, un éternel adolescent, ou une sorte de punk philosophe ? Et au fond, quel genre de punk ou de metalleux es-tu ?

Oh mec, c’est toujours difficile de parler de soi… Je dirais que je suis un fan de musique éternellement jeune, fanatique (peut-être même fantasque). C’est ma passion depuis que je suis ado, et elle brûle toujours aussi fort après cinq décennies. Je veux juste aider ma scène à grandir et rester en bonne santé. Je veux voir mes potes, faire tout ce que je peux pour que ça continue à vivre !
A travers l'Obscene Extreme, j’essaie de montrer aux fans qu’on peut aussi être des humains normaux. Toutes les actions caritatives qu’on mène — elles me rendent vraiment heureux. Je crois qu’il n’y a qu’une seule scène, que ce soit le punk, le grindcore, le hardcore, le metal extrême ou le powerviolence. Tout est lié, et ça le restera toujours. Je fais tout pour garder l’esprit ouvert et soutenir ce qui, selon moi, peut rendre le monde un peu meilleur.

Tu organises l’un des festivals les plus extrêmes de la planète — tu cherches à provoquer, à unir, ou juste à survivre à la réalité ?

Haha, honnêtement ? Je veux juste soutenir ma musique, soutenir mes héros, et le faire à ma façon. Je veux juste créer le meilleur festival possible — c’est ça, l’objectif ultime !

Pour toi, l'Obscene Extreme c’est quoi : un méga concert, une séance de thérapie collective, ou un rituel tribal qui a dégénéré ?

On appelle ça un spa mental, et beaucoup de fans disent que c’est exactement ça. On a besoin de ce rassemblement au moins une fois par an pour continuer à encaisser la vie. Quelqu’un a dit un jour que c’était le Woodstock du grindcore, et je trouve que c’est assez proche de la vérité. Les festivals sont nés libres — comme Woodstock — pas de sécurité délirante, pas de barrières, pas de distance entre les fans et les groupes… juste une énorme marmite bouillante d’émotions.

D'après toi, qu’est-ce qui attire vraiment les gens à l'Obscene Extreme : la musique, la folie, ou le besoin de gueuler ensemble ?

Clairement le côté unique du festival — à tous les niveaux possibles.

Quelle est la chose la plus absurde, surréaliste ou totalement inattendue que tu aies vue pendant le fest ? Est-ce qu'il y a eu une année où tout aurait dû s’écrouler… mais où étrangement c’est carrément devenu légendaire ?

Ufff… Après 25 ans, on a eu plein de hauts et de bas — c’est normal. Mais 2001 ressort vraiment du lot. On a eu une tempête de malade, un temps de fou… et ensuite Exhumed et Haemorrhaghe ont donné des concerts complètement incroyables sur une scène abaissée. C’était irréel.
Il y a aussi eu la Wrestling Mania Night avec Eat the Turnbuckle — c’était dingue. Et les freak shows de Selfie the Clown ? Une vraie folie. Sérieux, se coudre la bite dans une fausse chatte, c’est brutal. Faire une auto-transfusion en direct sur scène… ouais, là on atteint le VRAI niveau d’EXTRÊME.

Est-ce qu’il t’est déjà venu une idée tellement conne pour le fest que même toi tu t’es dit : “Non, là c’est trop” ?

Jamais ! Franchement, j’ai généralement des idées plutôt excellentes — haha !

Tu as déjà eu à gérer de la censure, des flics, des pressions officielles ?

Pas vraiment, et j’en suis content. Peut-être un peu en ligne parfois — de la part de gens qui ne sont jamais venus à l'OEF — mais ça ne signifie rien pour moi.

Tu as déjà booké un groupe juste parce que tu étais un gros fan ? Y a-t-il un groupe que tu rêverais de faire jouer, même si tu sais que ça n’arrivera sûrement jamais ? Et à l’inverse, y a-t-il des groupes que tu refuses catégoriquement, par principe ou par goût ?

Absolument ! Plein de fois. Dernièrement, Carcass et Autopsy — je leur courais après depuis plus de 10 ans, et quand ils ont enfin joué et explosé la Battlefield… c’était inestimable !

Un gros regret : ne jamais avoir booké Bolt Thrower. J’ai essayé à l’époque mais je n’ai pas assez insisté. C’aurait été le groupe parfait pour l'OEF — musicalement et humainement. Comme un diamant dans la couronne ! Autre exemple : mon groupe préféré, Impetigo — un des meilleurs groupes underground de tous les temps. Je les écoute toujours en boucle, surtout le coffret édition spéciale de FOAD Records sorti l’année dernière. La voix de Stevo est irréelle, je suis totalement conquis.

Quant aux groupes que je ne veux pas voir chez moi — toute la merde nazie, c’est non à 100 %. Je pense que tout le monde peut comprendre ça.

Si un groupe veut jouer à l'OEF, comment doit-it postuler ? C'est quoi tes critères ?

Le plus important, c’est que ce soit un tueur en live. Je tiens beaucoup à la performance scénique — je vais à des concerts, à des festivals etc. tout le temps, et je cherche constamment de nouveaux groupes. Il n’y a rien de comparable au fait de voir un groupe tout casser en live.

Tu t’es déjà dit un jour : “C’est pas juste un festival — c’est une putain de zone libre” ? Est-ce qu'il y a eu un moment où tu t'es dit : “C’est ça, le vrai esprit de l’Obscene Extreme” ?

Carrément. L'OEF est devenu un lieu sacré pour beaucoup de groupes. Aujourd’hui, il y a des gamins qui montent un groupe avec comme objectif de jouer un jour à l'OEF — et c’est magnifique.

Je pense qu’on a influencé d’autres festivals aussi. Y’en a pas beaucoup de notre taille qui tournent sans subventions ni soutien public. Pas d’argent de la ville, ni de la région, pas de sponsors. Comme notre devise le dit : In Fans We Trust. Et on y croit vraiment — je crois en l’humain et en ce qu’il peut avoir de meilleur.

Après toutes ces années, tu fais encore ça par passion, par habitude, ou parce que t’as rien trouvé de mieux ?

Par passion ! Je veux donner le meilleur de moi-même. C'est jamais devenu chiant — chaque année, c’est un nouveau défi.

Tu as déjà pensé à tout arrêter ? Ou tu comptes mourir dans le pit, masque à gaz sur le nez ?

Jamais sérieusement envisagé d’arrêter. Mais après le COVID, organiser ce fest est devenu bien plus compliqué — tout coûte deux fois plus cher maintenant. C’est devenu dingue. Les prix des billets ont augmenté, et ça me déplaît. Mais on continue d’offrir des billets gratuits pour les moins de 14 ans, et un OEF Teenager Pass à 32 euros jusqu’à 19 ans.
J’adore toujours découvrir de nouveaux groupes — c’est là-dessus que je veux me concentrer. Par contre, négocier les prix des hôtels ou gérer les techniciens lumière/son… ça, j’aime pas.

Si l'Obscene Extreme disparaissait demain, qu’aimerais-tu que les gens en retiennent ?

Toute la folie. J’espère que les gens diraient que c’était un des meilleurs moments de leur vie.

Merci Curby pour cette interview, un dernier mot ?

Venez faire la fête avec moi et des milliers d’autres maniaques !!!

Pour rappel, la nouvelle édition de l'Obscene Extreme Festival aura lieu du 9 au 13 juillet 2025, à Trutnov en République Tchèque, comme d'hab.

 

English version, for those interested

Hi Curby, I've already written an introduction explaining who you are so you don't have too do it one more time. You're the twisted brain behind Obscene Extreme Festival — do you see yourself as a benevolent promoter, a forever-teenager, or some kind of philosophical punk? Finally, what kind of a punk or a metalhead are you?

Oh man, it’s always hard to talk about myself... I guess I’m a forever-young, fanatical (or maybe even fantastical) music fan. This has been my passion since I was a teenager, and it’s still burning strong after five decades. I just want to help my scene grow and stay healthy. I want to meet my friends and do whatever I can to keep it alive!

Through Obscene Extreme, I try to show fans that we can be real humans too. All the charity actions we do — they truly make me happy. I believe there's only one scene, whether it's punk, grindcore, hardcore, extreme metal, or powerviolence. It's all connected and always will be. I'm constantly trying to stay open-minded and support the things I believe can make the world a better place to live.


You run one of the most extreme festivals on earth — are you trying to provoke, unite, or just survive reality?

Haha, honestly? I just want to support my music, support my heroes, and do it my way. I’m just trying to make the best festival ever — that’s the whole point!


What is Obscene Extreme to you: a giant gig, a group therapy session, or a tribal ritual gone wrong?

We call it a mental spa, and a lot of fans say that’s exactly what it is. We need this gathering at least once a year to keep fighting through life. Someone once said it's the Woodstock of grindcore, and I think that’s pretty close to the truth. Festivals were born free — like Woodstock — no insane security, no barricades, no distance between fans and bands... just one massive, boiling pot of emotions.


What do you think really draws people to Obscene Extreme: the music, the madness, or the need to scream together?

Definitely the uniqueness of the fest — in every possible way.

What's the most absurd, surreal, or completely unexpected thing you've ever seen at the fest? Was there ever a year where everything should’ve collapsed… but somehow became legendary instead?

Ufff… After 25 years, we’ve had plenty of ups and downs — that’s totally normal. But 2001 really stands out. We had this insane storm, extreme weather… and then EXHUMED and HAEMORRHAGE delivered absolutely unbelievable shows on a lowered stage. It felt unreal.

Also, the Wrestling Mania Night with EAT THE TURNBUCKLE — that was insane. And the freak shows by SELFIE THE CLOWN? Total madness. I mean, if you stitch your cock into a fake cunt it’s brutal. Doing his self-transfusion live on stage… yeah, that’s as EXTREME as it gets.

Have you ever come up with an idea for the fest so dumb that even you said: “Nah bro, that's too far”?

Nope! Honestly, I usually have pretty great ideas — haha!

Have you ever had to deal with censorship, cops, or official pressure?

Not really, and I’m glad for that. Maybe sometimes online — from people who’ve never even been to OEF — but that doesn’t mean anything to me.


Have you ever booked a band just because you were a total fan boy? Is there one dream band you’d kill to book, even if you know they’ll probably never play? And the opposite — are there bands you’ve flat-out refused, out of principle or taste?

Absolutely! Many times. Most recently, CARCASS and AUTOPSY — I’d been asking them for a long time (over 10 years!), and when they finally played and destroyed the Battlefield… priceless!

One big regret is never booking BOLT THROWER. I tried back in the day but never pushed it hard enough. They would’ve been the perfect band for OEF — musically and as people. Like a diamond in a crown!

Another good example is my favourite band IMPETIGO — one of the best underground bands ever. I still listen to them all the time, especially that special edition box set from FOAD Records that came out a year ago. Stevo’s unreal vocals and I am sold.

As for bands I do not like — anything with Nazi shit, 100% no. I think everyone can understand that.


If a band want to play at OEF, how should it apply? What are your criteria?

The most important thing is that they’re a killer live band. I care deeply about live performance — I go to shows, festivals etc. all the time and I’m constantly searching for new bands. There’s nothing like seeing a band destroy it on stage live.

Was there a moment where you thought: “This isn’t just a festival — this is a fucking free zone”? And was it a time for you to think: "OK that's the true spirit of Obscene Extreme"?

Definitely. OEF has become a holy ground for many bands. These days, there are kids starting bands with the goal of one day playing OEF — and that’s wonderful.

I think we've influenced other festivals too. There aren’t many our size that get zero grants or government support. No city or regional money, no sponsors. Just like our motto says: In Fans We Trust. And we really do — I believe in people and their better side.

After all these years, are you still doing this out of passion, habit or because you haven’t found anything better?

Passion! I want to give everything my best. It never got boring — every year is a new challenge.


Ever thought of quitting? Or do you plan to die in the pit, gasmask on?

Never seriously thought about quitting. But after COVID, organizing this festival became way harder — everything costs twice as much now. It’s just crazy. The ticket prices went up and I don“t like that. But we still offer free tickets for kids under 14 and a special OEF Teenager Pass for 32 euro until you turn 19.

I still love discovering new bands — that’s what I want to focus on. I do not like negotiating hotel prices or dealing with stage and light crews etc.


 If Obscene Extreme disappeared tomorrow, what would you want people to remember about it?

All the craziness. I hope people would say it was one of the best moments of their lives.

Thanks Curby for this interview, any last words?

Come celebrate with me and thousands of other maniacs!!!