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Album

16 juin 2025 - ZSK

Sumerian Tombs

Age of Eternal Night

LabelVán Records
styleBlack metal
formatAlbum
paysAllemagne
sortieavril 2025
La note de
ZSK
8.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Quand le soleil commence à taper et que les températures augmentent sévèrement, le black-metalleux devient vampire, se réfugie dans les caves, dans la nuit éternelle. Comme l’été semble lancer ses hostilités ces derniers jours, servons-lui un album parfait pour ce contexte, le black-metal à la fois vampirique et issu des tombes sumériennes de Age of Eternal Night. C’est sous la dénomination incongrue de black-metal « vampirique » que nous avions découvert Sumerian Tombs en 2022 avec son premier album éponyme, au propos plus ésotérique et mythologique que gothique. Dans le sillage de ses compatriotes – et collègues musiciens – de Beltez qui avaient sorti deux ans auparavant l’exceptionnel A Grey Chill and A Whisper, Sumerian Tombs avait convaincu grâce à son black-metal tout aussi terreux mais plus difficile à classifier donc plus original. Vampire, sumérien ou les deux ? Le paradoxe du groupe allemand qui livrait un bien bon metal de caves anciennes, peu importe les divinités ou les démons qu’elle abrite. Alors qu’on attendait plutôt un retour de Beltez, ces derniers ont du affronter des remous de line-up et c’est Sumerian Tombs qui ressort en premier du tombeau. Toujours chez Ván Records, Age of Eternal Night signe déjà le second effort de Sumerian Tombs, qui va se montrer plus ambitieux que son premier opus qui était déjà plutôt intéressant. On ressort ses lampes-torches pour partir à la découverte de nouvelles caves, mais attention aux morsures…

Sumerian Tombs ne va pas dévier de son chemin, avec une prod toujours aussi « poussiéreuse » mais dans le bon sens du terme, qui participe toujours à cette ambiance de cave abandonnée pendant des siècles attendant d’être redécouverte par de courageux explorateurs. Mais sans virer vers le blockbuster d’un Indiana Jones ou La Momie et restant sur le film d’aventures indépendant, Sumerian Tombs travaille son art pour encore plus appuyer les ambiances par rapport à Sumerian Tombs, n’hésitant pas à caler de petites outros ou interludes en transition ou d’user de discrets claviers. Le fonds de commerce reste un black metal très sec et terreux, un peu mélodique, un peu atmosphérique, un peu épique, mais Sumerian Tombs reste délicat à classer dans un de ces tiroirs précis tant il équilibre son propos avec tout ce qu’il a à disposition. Paradoxalement, il perd un peu en personnalité, s’éloigne de l’esprit de Beltez et même d’un black metal très « allemand » pour pencher vers une sorte de mélange entre Melechesh – influence clichée qu’il évitait jusque-là pourtant, Dark Funeral et The Ruins of Beverast. Mais cela ne veut pas dire que Sumerian Tombs régresse, bien au contraire, il affirme même son équilibre et surtout, ressort des profondeurs avec une inspiration insoupçonnée. Dans la lignée des meilleurs morceaux de l’album éponyme comme « Bloodspells of the Ancient » ou « Vampyric Dominance », Age of Eternal Night se déroule sur six compositions principales, un petit peu plus longues que celles de l’album précédent mais sans perdre en intensité ni en accroches. Inutile de dire que la visite de la tombe vaudra le déplacement !

« Edimmu Rising » démarre donc en fanfare Age of Eternal Night avec des compos franchement mordantes et entraînantes, dans cet esprit de black « oriental » à la Melechesh mais en plus cru et remuant, sans trop d’artifices mais avec une science de l’ambiance à chaque instant. W déclame déjà des lignes vocales plutôt efficaces et même fédératrices. Et Sumerian Tombs se montre capable de livrer des vrais bangers même si c’est une notion difficilement applicable à l’âge des vampires et des sumériens, mais bon : « Cuutha - Necropolis » est vraiment la sensation de cet album, avec des trémolos formidables, des explosions épiques remarquables et une atmosphère occulte prenante ; « Epitaph in Blood » est dynamique et efficace à souhait (accompagné d’une bonne alternance des chants avec le guest Horn), et le morceau-titre est quant à lui un véritable hymne. Seule ombre à la fresque de mon point de vue, le trop long et lent « The Seal - Blood Meditation », qui tranche avec le bien plus réussi et tout aussi lourd « Naamah - Temptress of the Night ». Sumerian Tombs est finalement bien plus en verve quand il privilégie l’offensive du black metal marié à un subtil travail sur l’ambiance sumérienne plutôt que quand il essaie de sonner vraiment atmosphérique. On le constate d’ailleurs avec les quatre morceaux « bonus » de Age of Eternal Night, qui constituent en fait un EP nommé Ritus. Les trois premières compositions tentent de donner dans de l’ambiant rituel mâtiné d’un metal plus bruitiste avec des chants clairs semi-incantatoires, sans vraiment convaincre. Mais la piste finale « Savage Dreams of Wrath and Blood » relève le tout, dans la lignée des bons morceaux de l’album complet. Et pour ce qu’il sait faire de mieux, Sumerian Tombs étonne, prenant pour base son déjà réussi premier album mais usant de suffisamment d’évolution et d’ambition par-dessus pour livrer un Age of Eternal Night assez flamboyant, sans trahir un black metal assez rugueux. Il fallait oser s’aventurer à nouveau dans ces caves sumériennes infestées de vampires, mais c’est une visite au frais assez passionnante qui nous attendait !

 

Tracklist de Age of Eternal Night :

1. The Gates of Ganzir Open (1:07)
2. Edimmu Rising (6:24)
3. Naamah - Temptress of the Night (6:38)
4. Cuutha - Necropolis (6:40)
5. Epitaph in Blood (7:02)
6. A Key to Unlock the Seal (0:58)
7. The Seal - Blood Meditation (8:40)
8. Age of Eternal Night (6:53)
Ritus :
9. The Ascent - When Night Falls (4:58)
10. The Dawn (4:41)
11. The Offering (5:44)
12. Savage Dreams of Wrath And Blood (6:15)

 

 

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