
Ambush + Century @ Courtrai
DVG (De Verlichte Geest) - Courtrai

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
On commence à prendre nos marques à ce DVG Kortrijk (Courtrai), situé à une bonne heure de route de Bruxelles mais surtout, pour le lectorat hexagonal, à une demi-heure de la métropole lilloise. Les affiches de qualité s'y succèdent : récemment, Rotting Christ, Kanonenfieber ou encore The Vision Bleak s'y produisaient, et ça n'est pas près de s'arrêter avec notamment Crimson Glory pour son grand retour dans une grosse semaine.
Ce 9 mai, c'était une doublette suédoise au programme, et la fine fleur de la relève en heavy metal : Ambush et Century, pour leur tournée commune qui passait notamment le lendemain au Anthems of Steel VII près de Poitiers. Le genre de soirée pour laquelle on se déplace volontiers, en se félicitant que les petites villes belges proposent de plus en plus de concerts de heavy de ce genre (dans un mois, Angel Witch sera à Ittre, et nous aussi) alors que la capitale les boude ostensiblement.
Speed Queen
Comme le veut la tradition, c'est un régional de l'étape qui ouvre le bal, et Speed Queen s'est taillé une réputation correcte en deux EP dont le second date déjà de 2020. Deux problèmes ce soir, cependant : un son franchement pénible, et un chanteur loin d'être en voix, poussant un peu trop des cordes vocales qui ne sont déjà pas le point fort du groupe. Les titres de Still on the Road, «Fire » en tête, sont réussis, ce qui laisse optimiste pour la suite et un éventuel premier album, mais Speed Queen peine à transformer l'essai... sauf sur un point. Andreas Stieglitz, unique guitariste du groupe, est un monstre, purement et simplement, qui assume à lui seul rythmique et soli (bien appuyé par son bassiste dans ce cas), avec une vélocité et une précision ahurissante. De très loin le meilleur guitariste du soir, et il n'était pas suivi par des manchots. Je me réjouis de revoir le maestro à l'œuvre en juin prochain au Heavy Sound Festival, à Poperinge, où Speed Queen jouera pour l'occasion des titres issus du répertoire de U.F.O. On reparle d'ailleurs de ce festival sur HU en temps venu...
Century
D'une certaine façon, Century est l'OVNI de l'affiche : au contraire de Speed Queen et Ambush, l'imagerie du groupe de Stockholm est plutôt axée sur le « sword & sorcery » et le heavy de Century est plus racé, plus mid-tempo et plus épique que speed et fun. Une respiration bienvenue, d'autant que Sign of the Times était clairement l'un de nos albums de heavy de 2024 et que la musique de Century garde toute sa classe en live. J'y ai retrouvé cette attitude à la fois dépouillée et prenante que chez les superbes Writhen Hilt vus au Keep It True l'année passée, qui culmine sur les épiques « Chains of Hell », « Children of the Past » et surtout l'éponyme « Sign of the Times ». Peut-être manque-t-il encore d'un petit quelque chose, d'une capacité à entraîner le public avec eux ou de trouver LE refrain qui fera mouche, mais en deux albums, Century s'impose déjà comme l'un des noms à suivre sur la scène heavy épique.
Ambush
Je ne vais pas le cacher : j'étais un peu là pour Century plutôt que pour Ambush, et même si j'avais passé un assez bon moment devant ceux-là, je n'étais pas sûr que ceux-ci justifient le prix assez élevé du ticket d'entrée (plus de 20 balles, quand même). Je me trompais. Dès les premières notes, on comprend ce qui manquait à Speed Queen et (un peu) à Century : des planches, de la bouteille, et un frontman absolument extraordinaire. Dès l'enchaînement « Firestorm/Possessed by Evil », on mange dans la main de Oskar Jakobsson, qui gère sa voix comme une espèce de Rob Halford période Defenders of the Faith sans pour autant sonner comme une version hard discount... ni en faire des tonnes (je pense à vous, Riot City). Enchaîner autant de tubes speed (le nouveau single « Evil in All Dimensions » augure du meilleur pour l'album à venir) sans lasser l'auditoire et sans perdre sa pertinence est réservé à très peu de groupes, et Ambush s'impose très clairement comme le plus talentueux des rejetons d'Enforcer. Ils se paient même le luxe d'avoir pour meilleur moment du set un titre bien plus groovy, à savoir l'imparable « Natural Born Killers ». Plusieurs dates avant celle de Courtrai ont eu les honneurs d'une reprise du « Metal Gods » de Judas Priest, on se contentera du dévastateur « Don't Shoot (Let'em Burn) » où Jakobsson pousse son organe dans ses derniers retranchements. Fans du genre, ne manquez pas Ambush s'ils passent près de chez vous !