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Album

15 janvier 2025 - ZSK

Panzerfaust

The Suns of Perdition - Chapter IV: To Shadow Zion

LabelEisenwald
styleBlack metal orthodoxe
formatAlbum
paysCanada
sortienovembre 2024
La note de
ZSK
8/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Quand un groupe annonce qu’il va faire une tétralogie d’albums, on peut supposer que l’entreprise aura été réfléchie et étudiée depuis le départ, conceptuellement comme musicalement. Mais quand on s’étale sur quatre albums et qu’on est un groupe en devenir - quand bien même Panzerfaust existe depuis 2005 et The Suns of Perdition - Chapter I: War, Horrid War était son troisième album - cela va aussi permettre de dégager une certaine progression, surtout quand les sorties se dispersent sur cinq ans. Après un War, Horrid War assez brut, Chapter II: Render Unto Eden avait permis à Panzerfaust de se fixer sur un black/death orthodoxe assez offensif que l’on pouvait aisément taxer de Kriegsmaschine nord-américain. Chapter III: The Astral Drain avait balayé tout ça en livrant une partition nettement plus aérienne et introspective. On pouvait aussi, et logiquement, voir le troisième volet de la trilogie d’inspiration orwellienne The Suns of Perdition comme un disque de transition. Chapter IV: To Shadow Zion va donc clore la série dans une dernière explosion flamboyante histoire de mettre tout le monde d’accord. Tout du moins c’est ce qu’on pouvait croire, mais le regard sur la musique de Panzerfaust - que pas mal de monde a pu voir en Europe récemment lors de leurs ouvertures pour Kanonenfieber - a lui aussi évolué. Cela a logiquement été influencé par les particularités de The Astral Drain mais le groupe canadien est désormais vu par beaucoup comme un groupe « atmosphérique », étiquette qui est même utilisée par vote sur les sites de référencement. Pourtant, on reste bien dans ce black/death très « orthodoxe », avec force dissonances, arpèges noirs et ambiances qui vont avec, mais la plage dite « orthodoxe » a toujours été finalement vaste. C’est donc ça qu’est devenu le Panzerfaust bien cradingue des débuts, un groupe qui en fait bailler certains tel un Schammasch ?

A vrai dire, c’est surtout un « The Damascene Conversions », placé au milieu d’un album qui reprend le schéma de cinq morceaux uniques et relativement longs, qui justifie le sobriquet « atmosphérique » et en cela se situe dans la lignée des efforts de The Astral Drain. Car pour le reste, Panzerfaust fait surtout un pas en arrière, vers Render Unto Eden et son côté plus efficace, retrouvant même une prod un peu plus abrasive. « The Hesychasm Unchained » reprend donc le Panzerfaust le plus bouillonnant, toujours enveloppé dans son ambiance pessimiste, son duo de chants possédés et ses compos percutantes et aliénantes. Et il semble déterminé à terminer sa tétralogie avec toute l’énergie et l’inspiration qu’il lui reste. Cette excellente ouverture entraînante et bardée de moments de bravoure en est déjà un bon témoin, mais « When Even the Ground is Hostile » va montrer que les Canadiens ont encore de la ressource et qu’on aurait eu tort de les voir comme un groupe devenu lénifiant à cause de The Astral Drain. Avec une batterie bien chaotique, une parfaite alternance des chants agressifs et des dissonances bien étudiées (cette cassure à 5’ qui introduit un incroyable final…), Panzerfaust livre ici une de ses œuvres les plus mordantes. Pour ce qui sera logiquement son album « définitif » ? Pas forcément, mais To Shadow Zion a au moins le mérite de bien faire le tour de tout l’esprit de la tétralogie The Suns of Perdition. « The Damascene Conversions » sera donc tout à fait convaincant, même si l’on atteint pas la classe et l’aura que pouvaient dégager les meilleures pistes de The Astral Drain - et ce malgré une partie centrale redoublant d’epicness. « Occam’s Fucking Razor », morceau qui sera le plus équilibré de To Shadow Zion, finira quand même par taper un peu à côté, ne sachant pas où se situer entre le côté mélodico-orthodoxe, la lourdeur puis l’agression black/death, se faisant source de longueurs. Preuve que malgré une tétralogie au relatif long cours, tout n’est pas encore parfait…

Cependant, on s’attendait à ce que Panzerfaust clôture ce qu’il appelle affectueusement « Suns » en trombe et si les quatre premières offrandes de To Shadow Zion seront diversement appréciées, le grand final en vaudra vraiment la chandelle. « To Shadow Zion (No Sanctuary) » sera vraiment la flamboyante conclusion qu’elle pense être et sera, à mon sens et tout simplement, le meilleur morceau de la carrière de Panzerfaust, même devant l’inoubliable « The Snare of the Fowler ». Entre des percussions monumentales pour commencer, Panzerfaust atteint ici la quintessence de son art, entre ses ambiances noires et ses chants transcendantaux, qui atteignent ici leur apogée avec des lignes simples mais incroyablement fédératrices (comment ne pas reprendre à la force de toute sa capacité pulmonaire ces « To Shadow Zion ! » ?). Et que dire des compos parfaitement achalandées, où l’on constate que Panzerfaust a tout de même réussi à se forger une certaine personnalité sur la base Mgła-Kriegsmaschine-catalogue d’Eisenwald évidente, avec ici des remous mélodiques étonnants en deuxième partie, encadrés par des explosions épiques et des schémas accrocheurs. Ça valait le coup de rester jusqu’au bout. Pour que To Shadow Zion soit logiquement considéré comme le meilleur album de Panzerfaust ? Ça reste à discuter, mais entre un War, Horrid War un peu plus brouillon et un The Astral Drain de transition - ce qui est confirmé par ce successeur - To Shadow Zion égale au moins l’excellent Render Unto Eden mais de toute façon, c’est une tétralogie qui doit logiquement être considérée dans son ensemble. Même s’il n’a pas révolutionné le black/death orthodoxe daucune manière, Panzerfaust a fait un bon travail et a surtout su se faire un nom, un nom qui devrait maintenant compter. Album qui complète les travaux précédents et les termine en quelque sorte, The Suns of Perdition - Chapter IV: To Shadow Zion est à nouveau une belle expérience de black orthodoxe, plus ou moins « atmosphérique » puisque le terme ne doit pas être tabou, mais qui propose toujours une certaine maîtrise et une grâce dans son art. A voir ce que le groupe va trouver à dire, maintenant qu’il a complété la fameuse œuvre de sa vie…

 

Tracklist de The Suns of Perdition - Chapter IV: To Shadow Zion :

1. The Hesychasm Unchained (8:52)
2. When Even the Ground Is Hostile (6:28)
3. The Damascene Conversions (9:21)
4. Occam’s Fucking Razor (10:11)
5. To Shadow Zion (No Sanctuary) (11:00)

 

 

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