Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Imaginez la hype qui a entouré la sortie du premier album de The Halo Effect parmi les fans de mélodeath. Eternels aficionados, déçus de l’évolution de certains groupes phares de la scène de Göteborg et simples curieux, tous étaient enthousiasmés à l’idée de retrouver un line-up all-star désireux de faire un album à l’ancienne, entre amis. Le résultat, particulièrement bon et empreint du mélodeath suédois des années 2000 et 2010, avait d’ailleurs marqué les esprits. La pression n’était toutefois plus la même pour ce second opus, même pour des musiciens de ce calibre. Et ce d’autant plus que, pour la plupart d’entre eux, il s’agit désormais de leur unique projet ou de leur projet phare.
Dès les premières notes de l’excellente « Conspire to Deceive », tous les doutes ont été levés. Les Suédois reprennent le flambeau de Days of the Lost exactement là où ils l’avaient laissé, avec des titres où la mélodie est reine et où l’esprit de Göteborg est omniprésent. Enfin, pas tout à fait là où ils l’avaient laissé en réalité ; car tout en gardant cette volonté de faire des clins d’œil au passé, le groupe trouve peu à peu sa propre identité. La seconde vitesse est enclenchée et même si l’on s’abreuve toujours de comparaisons, The Halo Effect dessine sa voie grâce à un travail de composition réussi, et un mix absolument parfait.
Difficile en effet de ne pas tomber sous le charme du travail effectué par Niclas Engelin et Jesper Strömblad. Tout est assez simple, en réalité. Pas d’hyper technicité, pas d’envolées lyriques, pas de soli interminables. Le duo continue à porter cet équilibre très plaisant où les leads à la guitare sont omniprésents sans jamais écraser les autres instruments. Le mélodeath reste le mélodeath, mais les écueils sont nombreux dans le genre et cet album ne tombe dans aucun. Et je dois dire, d’ailleurs, que même s’il est loin d’être le batteur le plus technique de la scène, l’apport de Daniel Svensson est évident.
Difficile également de ne pas saluer la prestation de Mikael Stanne. Après un dernier album de Dark Tranquillity qui a trouvé sa place dans de nombreux tops, dont le mien, il délivre encore une fois une copie remarquable dans les titres plus rapides, comme sur ceux où le groupe sort de sa zone de confort et tente des choses plus lentes. Les paroles, particulièrement soignées, se mettent au service d’une musique riche et intense. Encore une masterclass.
Simplement, au-delà de la faiblesse relative de quelques titres, l’ambiance de cet album est parfois un peu déconcertante. Bien que les mélodies demeurent le cœur des compositions, les aspects assez mélancoliques du précédent album ont globalement laissé leur place à des musiques plus enjouées (« March of the Unheard ») ou pleines d’espoir (« Between Directions » ; « Forever Astray »), qui font d’ailleurs écho au message délivré par l’album. Dans les titres plus chargés émotionnellement, comme « The Burning Point » et « Between Directions », le groupe alterne allègrement entre passages très aériens et mélodiques et passages plus rapides et agressifs, brouillant un peu le message. Cet album manque parfois de lisibilité, de clarté émotionnelle. Peut-être que ce brouillard se dissipera au fil des écoutes mais, pour l’heure, il persiste. Est-ce grave pour autant, docteur ? Tout dépendra de vous, en réalité ! A titre personnel, j’ai toujours aimé les deux aspects que peut offrir le mélodeath : une musique résolument moody et atrabilaire qu’In Flames avait su maîtriser lors de sa période 2004-2011 (notamment sur A Sense of Purpose et Sounds of a Playground Fading) et une musique plus dynamique qui utilise la mélodie pour véhiculer messages et émotions variées. Mon sujet est qu’ici, The Halo Effect tente de naviguer entre les deux eaux sans vraiment parvenir à s’inscrire dans une dynamique précise.
Quoi qu’il en soit, ce March of the Unheard est un très bon album qui évite les écueils du fameux « sophomore slump ». L’attente sur le groupe était énorme et la bande à Mikael Stanne a fait le boulot. De toute évidence, cet album ne révolutionnera pas le genre mais il doit être apprécié pour ce qu’il est : un projet par des passionnés pour des passionnés, désireux de faire vivre éternellement le son d’une scène qui nous a tant offert et qui leur a tant offert.
Tracklist :
1. Conspire to Deceive
2. Detonate
3. Our channel to Darkness
4. Cruel Perception
5. What We Become
6. The Curse of Silence
7. March of the Unheard
8. Forever Astray
9. Between Directions
10. A Death That Becomes Us
11. The Burning Point
12. Coda