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Album

24 février 2023 - Pingouin

Hypno5e

Sheol

LabelPelagic Records
styleMetal progressif
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2023
La note de
Pingouin
7.5/10


Pingouin

Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.

7e album en vingt ans de carrière pour Hypno5e, Sheol sort ce vendredi sur Pelagic Records. Les Montpelliérains nous livrent ici la préquelle de leur dernier album, A Dark Distant Source, qui remonte déjà à 2019. Comme on s’y attendait, Sheol est une réussite où Hypno5e, sans prendre d’énormes risques, livre une version épurée et apaisée de son art.

Cela fait déjà plusieurs années qu’Hypno5e a amplement conscience de la puissance de sa musique.  Pas besoin de forcer sur les breaks, le chant hurlé, les descentes de toms. Le quatuor maîtrise tout ça à la perfection, et reste les deux pieds bien plantés dans son ciment prog. Les riffs et les signatures rythmiques sont toujours alambiquées, et la basse épaisse de Charles Villanueva se marie parfaitement avec les syncopes qui parcourent l’album.

On reconnaît également le talent du groupe à construire ses chansons et à leur conférer une puissance narrative. Dans une référence explicite à l’album précédent, Sheol c’est la lumière, avant le crépuscule et la noirceur. En maîtres du contraste, ils enchaînent les changements de rythmes, oscillant entre la douceur et la nervosité. Les breaks saccadés et les riffs en forme d’arabesque s’entrelacent avec des thèmes acoustiques merveilleux et quelques nappes de violons (« Sheol Pt. II, Lands of Haze »). Le tout forme une œuvre tissée, sorte de patchwork où se télescopent le chaud et le froid, le jour et la nuit, le doux et l’amer (« Lava from the Sky »).

Au milieu de ces compositions empruntant au prog de Gojira et d’Opeth, au metalcore d’Architects ou au post-rock d’A Silver Mt. Zion, la présence d’Emmanuel Jessua continue d’impressionner. Plus qu’un chanteur, interprétant des mélodies merveilleuses (« Bone Dust » pour n’en citer qu’une), le vocaliste fait figure de conteur/narrateur, qui revient au micro fort de son expérience de réalisateur sur Alba, les ombres errantes. Un film dont la bande-son a été composée par Hypno5e dans une sorte de projet parallèle poreux. Il n’y a plus de limites entre le groupe et le side-project, l’album et la bande originale, ni entre les genres et les esthétiques. La main ne tremble pas quand il faut sampler le poème « J'ai tant rêvé de toi » de Robert Desnos sur « Slow Steams Part II ». Le champ de vision d’Hypno5e s’élargit, et avec lui son champ des possibles. 

Rien de transcendant musicalement cela dit. C’est du Hypno5e, ça en a le goût, la couleur et la saveur ... Mais le quatuor montpelliérain fait partie de ces groupes qui, nous ayant souvent habitué au sublime, nous laisseraient presque de marbre quand ils se contentent du très (très) bon. Leur discographie est un exercice de continuité, et à ce titre Sheol n’est que partie d'un tout, en atteste ce « Tauca - Part I - Another, » qui une fois de plus appelle sa propre suite. Cette chanson, comme cet album, fait partie d’un chef d’oeuvre entamé au début du siècle, et dont on ne peut qu’espérer qu’il se prolonge encore longtemps.

Tracklist :
1. Sheol - Part I - Nowhere
2. Sheol - Part II - Lands of Haze
3. Bone Dust
4. Tauca - Part I - Another
5. Lava from the Sky
6. The Dreamer and his Dream
7. Slow Steams of Darkness - Part I - Milluni
8. Slow Steams of Darkness - Part II - Solar Mist

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