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vendredi 4 novembre 2022

Wolves In The Throne Room + Incantation + Stygian Bough @Villeurbanne

CCO JP Lachaize - Villeurbanne

Quinn

Vendredi soir, longue et éreintante semaine derrière moi, quoi de mieux qu'aller profiter d'une séance d'introspection avec Wolves In The Throne Room pour commencer le week-end ? C'est une affiche alléchante que propose le COO Jean-Pierre Lachaize à Villeurbanne (juste à côté de Lyon) : 100% US, très orientée mid-tempo, et avec trois groupes que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir sur scène. Retour sur une des cinq dates françaises du "Primordial Arcana Tour 2022".

 

Stygian Bough

Stygian Bough est donc l'addition de Bell Witch et d'Aerial Ruin, projet solo de dark folk/ambiant mené par Erik Moggridge. Bell Witch est un nom qui vous dit peut-être quelque chose, ce duo basse/batterie de funeral doom issu de Seattle s'était fait remarquer avec son album Mirror Reaper en 2017, consistant en un unique morceau de près d'1h30. A noter que les deux entités ont déjà collaboré par le passé en live comme en studio.

J'avoue partir avec quelques réserves, n'étant pas un immense fan de doom, et constatant un public clairsemé pour le début de cette soirée.  Le trio commence donc avec "The Bastard Wind" issu deur unique album Stygian Bough Volume I. Le son est bon et on perçoit directement les nuances de chaque instrument, ce qui aide à mettre en valeur les mélodies d'ambiance de fin du monde qui nous sont proposées. Une bonne entame donc, mais au bout d'une dizaine de minutes, mes réserves se confirment malheureusement, et le tempo ultra lent peine de plus en plus à me captiver. Le morceau dure environ vingt minutes et ni le rythme ni les mélodies n'évolueront suffisamment à mon goût.

Autour de moi, le public semble également regarder poliment en dehors de quelques afficionados du style. Cependant Stygian Bough se démarque par moments : alternance de trois chants (même si c'est la voix claire de Moggridge qui prédomine), du clavier joué aux pieds pour accompagner les cordes, ou encore un jeu de basse apportant des textures intéressantes. Certaines lignes vocales me rappellent par exemple Pallbearer, ce qui est un bon point. Malheureusemnet le second et dernier morceau, d'une vingtaine de minutes également, aura raison de ma patience. Je ne suis tout simplement pas la cible, ou alors dans mon canapé. Le set se termine et certains membres du public se sont laissés prendre petit à petit au jeu mais il en faudra plus pour réveiller l'ensemble de la salle.

Setlist :
The Bastard Wind
The Unbodied Air

 

Incantation

Radical changement d'ambiance avec l'arrivée des vétérans américains d'Incantation, illustres représentants de la scène death metal oldschool depuis plus de trente ans. Je suis toujours passé un peu à côté du groupe, lui préférant ses concurrents, compatriotes ou européens. Pour autant, j'ai un grand respect pour leur longévité et apprécie leur premier album, Onward To Golgotha, sorti en 1992. Je compte donc sur ce live pour changer d'avis.

Très vite, on sent que le groupe emmené par papi John McEntee et ses cheveux blancs a envie d'en découdre et de se mettre le public du CCO dans la poche tant les membres arpentent la scène en haranguant la foule. Deux morceaux lents et lourds ouvrent le set ("Carrion Prophecy" et "Propitiation") ce qui permet de se chauffer un peu le cou même si ce n'est pas ce qui m'aide le plus à entrer dans le set, notamment car le son est un peu brouillon et manque de puissance. C'est alors qu'Incantation décide de passer à la vitesse supérieure et, ça y est, j'ai pris le train en marche et n'en descendrai qu'à son terminus. Les morceaux s'enchainent sans trop de pauses et la large discographie du groupe est parcourue avec une énergie assez remarquable. A mi-parcours, le son est bien meilleur et le pit se réveille à son tour, signe que le groupe a visé juste.

Il faut dire que sur scène ça s'agite de partout, les guitaristes ne s'arrêtent jamais d'headbanger ou de pointer le public du doigt à grands coups de "fuck yeah!".  Sans artifice et doté d'une scénographie et un lightshow ultra basiques,  Incantation incarne l'esprit old school et coche même pas mal de clichés visuels (notamment les cornes en l'air toutes les trois minutes) mais l'assume à fond et évite le kitsch ou le ridicule grâce à sa sincérité. Seul petit regret, un seul morceau issu d'Onward To Golgotha, "Christening The Afterbirth", mais le reste du set me donnera envie de me replonger dans la discographie du groupe sans plus tarder.

"Siege Hive", issu de Sect Of Vile Divinities sorti en 2020 chez Relapse Records ferme la marche. Les guitares sont tendues dans le public, les setlists et mediators lancés, les cornes sont à nouveau en l'air et c'est sous des applaudissements bien mérités qu'Incantation se retire, de grands sourires aux lèvres. 

Setlist :
Carrion Prophecy
Propitiation
Demonic Incarnate
Ascend Into The Eternal
Christening The Afterbirth
The Ibex Moon
Impending Diabolical Conquest
Siege Hive

 

Wolves In The Throne Room

La scène est généreusement décorée et le kit de batterie est imposant pour la tête d'affiche du soir. Le backdrop et autres ornements offrent un design très soigné, tout comme le merch vendu par le combo de Washington. Convaincu par leur black metal atmosphérique teinté de post sur les albums allant de 2007 à 2011 (Two HuntersBlack Cascade, et Celestial Lineage) les deux sorties suivantes marquaient pour moi un léger déclin. Et voilà que le dernier album en date, Primordial Arcana, (sorti en 2021 chez Relapse Records) me redonnait goût à Wolves In The Throne Room. Je suis donc curieux.

Ca y est, les lumières s'éteignent, l'encens se consume et le sample d'ambiance lugubre et aquatique est lancé. Quelques sons de cymbales pour accompagner le tout, on se croirait un peu au rayon ésotérique de Nature Et Découverte. Devant une affluence désormais tout à fait correcte, Wolves In The Throne Room démarre logiquement par le pemier morceau de Primordial Arcana,  "Moutain Magick" et ses arpèges inquiétants. Premier constat : le show light est au rendez-vous pour la première fois de la soirée et aide à entrer dans l'ambiance, contrairement au son un peu brouillon sur ce premier titre. En bonus, des faisceaux lumineaux bleus qui partent des chevalets de guitares et donnent un petit côté Celeste... mais en bleu. Niveau apparence, le maquillage est assez léger à l'instar des tenues vestimentaires en dehors du long manteau à capuche de Nathan Weaver.

Fidèle à l'album, l'enchainement  avec l'épique et lente "Spirit Of Lightning" me ravit et me voilà bien entré dans le set tant le riff principal fait mouche et bénéficie d'un son désormais plus précis. En cours de route je m'aperçois qu'il y a trois vocalistes : les trois cordistes et pas seulement Nathan Weaver (guitariste fondateur du groupe avec son frère Aaron Weaver (batterie)), chose que j'ignorais et qui ne saute pas aux oreilles sur album vu la similarité des voix.

Les morceaux s'enchainent ensuite avec fluidité entre quelques samples d'ambiances et toujours plus d'encens. Comme on pouvait s'y attendre le groupe n'est pas très communicatif même si chaque membre secoue la tête comme il se doit. A la moitié du set, l'addition de la fatigue, la différence d'ambiance avec Incantation, et la linéarité  rythmique (volontaire) des morceaux, me fait un peu piquer du nez et je peine à rester concentré sur l'intégralité des huit à dix minutes de chaque titre. Il faut reconnaitre qu'ne fois passée la découverte de l'ensemble scénographie-musique, on a droit à une prestation assez standard.

La setlist est bonne malgré un morceau comme "Prayer Of Transformation" qui me semble interminable et décolle assez peu. Ce sont deux morceaux issus de Two Hunters qui vont mettre fin au concert, dont "I Will Lay Down My Bones Among The Rocks And Roots" qui remporte les suffrages. En effet cette pièce de dix-huit minutes comporte de véritables climax.

Lorsque le groupe quitte la scène l'ensemble du public semble convaincu et les cris sont assez nourris. A juste titre car le job est fait et on a passé un bon moment. Pour autant je peine à effacer le sentiment qui m'a guetté à la moitié du set, à savoir un concert appliqué de Wolves In The Throne Room mais assez scolaire et duquel j'ai décroché par moments. A revoir peut-être en meilleure forme pour ma part car c'est tout de même en ensemble convaincant et qui mérite d'être vu tant la musique et la scénographie du groupe vont de pair, si on est réceptif au style.

Setlist :
Mountain Magick
Spirit Of Lightning
Angrboda
Prayer Of Transformation
Vastness And Sorrow
I Will Lay Down My Bones Among The Rocks And Roots