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vendredi 14 octobre 2022

Machine Head + Amon Amarth + The Halo Effect @Paris

Zénith - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Dans la suite des tournées dont on peine à comprendre le fil conducteur, le « Vikings and Lionhearts Tour » regroupant Machine Head, Amon Amarth et The Halo Effect a fait un stop par le Zénith de Paris, le 12 octobre dernier. Si le lien entre les deux derniers est évident, puisqu’ils produisent tous les deux du death metal mélodique qui sent bon la Suède, le lien avec les Américains est un peu plus ténu. Mais peu importe, en réalité, tant la soirée fut une franche réussite.

 

The Halo Effect

J’avais immensément hâte de voir les Suédois sur scène, après un premier album de très bonne facture. Surtout, quel plaisir de voir sur scène tant de membres du In Flames de la bonne époque, accompagné de ce que je considère comme étant l’un des meilleurs frontman du monde du death mélodique !

Seulement voilà, des retards dans les transports en commun me font rater un bout de la déjà très courte prestation de The Halo Effect, commencée à 19h30. Ajoutez à tout cela des problèmes de micro de Mikael Stanne sur les deux derniers titres - ce dernier enchaînant les allers/retours en backstage - et vous obtenez un taux de frustration qui atteint des sommets.

Avec un son globalement correct, le groupe a tout de même pu nous offrir quelques-unes des pépites de son album, dont Shadowminds, dans une bonne humeur toujours aussi communicative. Du coup, j’espère sincèrement pouvoir revoir très rapidement le groupe (avec Jesper Strömblad, naturellement) dans un set plus long. Parce que ce death mélodique là est juste un petit bonbon dont on ne se lasse jamais.

Setlist :
Days of the Lost
The Needless End
Gateways
Feel What I Believe
Conditional
Shadowminds

 

Amon Amarth

Il y toujours eu des dissensions au sein de Horns Up sur ce groupe. Au-delà de ceux qui en pensent le plus grand mal d'une manière générale, il n’y a jamais eu de consensus sur ce qu’il fallait en retenir en live. Groupe affreusement chiant pour certains et très bon pour d’autres. A la vérité, le show de ce soir aura certainement montré que la réalité se situe entre ces deux positions extrêmes.

Car les points positifs ne manquent pas. Johan Hegg est un très bon frontman, mobile, qui adopte un langage corporel tout aussi enjoué et communicatif qu’il ne l’est vocalement avec le public entre les morceaux. Il y a une sensation de réelle joie d’être sur scène qui fait plaisir à voir et qui est un fil rouge des prestations du groupe. Plus généralement, il est évident que le groupe sait occuper une scène, qu’elle qu’en soit la taille. Et le recours à un décor assez riche ainsi qu’à des effets pyrotechniques vient assurer un show de qualité. On pense notamment à ces structures gonflables qui évoluent au fil du concert - gardiens de Asgaard / drakkar / dragon. Alors, lorsque le tout est porté par une setlist assez équilibrée et des titres du nouvel album qui passent plutôt bien en live comme « Heidrun » et son rythme bondissant, on obtient un cocktail très plaisant et avec un petit goût de reviens-y.

Seulement voilà, tout n’est pas aussi idyllique qu’il n’y paraît, et la prestation du groupe a parfois de quoi exaspérer un peu. Il faut admettre que le groupe manque parfois de subtilité et sombre vite dans le cliché, ce qui peut dérouter. Alors certes, lorsque l’on met en avant qu’on est un groupe de "viking metal", on ne s’attend pas à des envolées lyriques, mais le tout fait un peu carton-pâte. Les combats sur scène, notamment, sont toujours aussi cheap. Aucune évolution depuis les premières fois que j’ai vu le groupe au milieu des années 2000. Et si la scénographie sur scène est globalement bien réussie et impressionnante, la gestion des effets pyrotechniques interroge. Surutilisation sur les deux premiers titres puis quasiment plus rien avant la fin du show. Le risque d’en faire trop au départ, c’est de rendre le ventre mou de la setlist très fade. Et tel a été le cas ce soir.

Autre point qui saute aux yeux : nos amis Suédois auraient-ils des troubles aboutissant à ce que tout doit être symétrique sur scène ? Cela devient parfois très drôle quand chaque mouvement des guitaristes s’accompagne illico presto d’un mouvement du bassiste pour qu’une symétrie parfaite demeure sur scène, sauf dans les rares cas de mouvement chorégraphiés sur un côté de la scène. Tout est très millimétré, mais absolument rien n’est naturel, y compris en dehors des morceaux où l’utilisation de pyrotechnie contraint de fait les déplacements. Quitte à être théâtral, le groupe devrait pousser le bouchon encore plus loin.

Maintenant ne soyons pas trop exigeants ; du death mélodique sur l’imagerie viking ne sera jamais d’une finesse remarquable, comme l’a démontré l’invitation à faire une grande danse façon peña bayonnaise sur le titre « Put Your Back Into the Oar ». Je trouve cela juste un peu dommage que le groupe se borne au combo effets pyrotechniques / bonne humeur. La mythologie nordique pourrait se prêter à davantage d’explorations qu’à une simple invitation à boire de la bière dans des cornes.

Mais au-delà de ces constats, il est indéniable que le groupe a fourni une prestation massive qui a ravi le public. S’il a fallu attendre « First Kill » pour que cela commence sérieusement à mosher dans la fosse, le public était clairement venu en masse pour les Suédois et le tout a été très bien réalisé (sons et lightshow très bon, au demeurant).

Bon mais peu mieux faire, donc. Comme à chaque fois. Mais je ne désespère pas.

Setlist :
Guardians of Asgaard
Raven's Flight
Deceiver of the Gods
The Pursuit of Vikings
The Great Heathen Army
Heidrun
Put Your Back Into the Oar
Cry of the Black Birds
The Way of Vikings
First Kill
Shield Wall
Raise Your Horns
Twilight of the Thunder God

 

Machine Head

Machine Head en live et moi, ça a commencé - si ma mémoire est bonne - au Unholy Alliance de 2006. Puis je n’ai plus raté aucune date du groupe à Paris (ou en festival français) sauf celle après la sortie de Catharsis, album qui m’avait laissé de marbre. Il faut dire que ce groupe a un talent indéniable sur scène : celui de faire oublier la personnalité parfois indigeste de son talentueux frontman, mais également de nous détourner l’esprit du fait que, depuis The Blackening en 2007, le groupe navigue un peu à vue. Certes, il n’est pas évident de se remettre de ce qui constitue l’un des meilleurs albums de metal des 20 dernières années (oui oui), mais le groupe s’est parfois perdu et le départ de tous les membres de cette époque - à l’exception de Flynn - a un peu sonné le glas de mon intérêt pour le groupe.

C’est donc avec un peu d’appréhension que le concert du groupe a commencé, sur cette chute du drap cachant la scène (manifestement adoubé par tout le monde, en cette année 2022) précédée de « Diary of a Madman » de Ozzy.

Et, très vite, tout doute s’est dissipé. Porté par un son massif et un lightshow sublime, sans trop d’artifices, Machine Head a remis les pendules à l’heure et m’a rappelé pourquoi j’ai pu autant aimer les voir par le passé. Alors certes, Robb Flynn est toujours un peu exaspérant à faire un discours de 2 heures avant « Darkness Within » ou à en rajouter un peu partout, mais tout est vite pardonné quand il décide de nous offrir une setlist XXL : un seul morceau du dernier album (« BECØME THE FIRESTØRM » qui passe plutôt bien en live, sans plus) mais une valse de titres de la belle époque dont tous les grands classiques : « Imperium », « Ten Ton Hammer », « Davidian » et même un « From This Day » qui va me coûter trois séances d’ostéopathe. Et même les titres plus « récents » font mouche : « I Am Hell (Sonata in C#) » est toujours aussi bon en live, et les titres de l’album The Blackening persistent à offrir ce subtil équilibre entre émotion et violence, avec comme clou du spectacle « Halo », venu clore le set.

31 ans d’existence pour le groupe - Robb nous l’a rappelé à plusieurs reprises - et pas une ride. Le groupe apporte toujours cette combinaison d’énergie massive sans avoir à bouger beaucoup sur scène. Et je dois dire que si je regretterai toujours l’époque de Dave McClain, Phil Demmel et Adam Duce car c’est là où j’ai commencé sérieusement à apprécier le groupe, Jared MacEachern est très solide en live et le nouveau batteur donne une dynamique certaine (là où McClain était assez unidimensionnel, même si j'adorais ça). Et on l'a vu notamment lors de la reprise de « South of Heaven » de Slayer.

En bref, Machine Head a fait du Machine Head. Pas de surprise, toujours les mêmes travers ; mais cette impression aussi folle que l’on vit un concert unique. Evidemment que c’est faux, les phrases seront les mêmes lors de la prochaine date. Mais le groupe a ce talent, surtout Robb Flynn, d’ailleurs, à donner l’impression que chaque date est unique. Et pour ça, on ne peut que les saluer et les féliciter. Le point le plus saillant de cette date aura toutefois été la setlist, avec un live aux allures de best of type festival, qui a certainement laissé les fans récents du groupe sur le carreau. De notre côté, on a savouré le fait d’entendre des titres qui nous ont fait tant vibrer quand on était encore jeune, et au diable le dernier opus.

Setlist :
BECØME THE FIRESTØRM
Imperium
Ten Ton Hammer
I Am Hell (Sonata in C#)
Aesthetics of Hate
Darkness Within
Now We Die
From This Day
Davidian
South of Heaven
Halo