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dimanche 9 octobre 2022

Arch Enemy + Behemoth + Carcass @Paris

Zénith - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce mardi 4 octobre 2022, le Zénith de Paris accueillait le « European Siege Tour » qui rassemblait Arch Enemy, en tête d’affiche, ainsi que Behemoth, Carcass et Unto Others. Une date globalement cohérente, si ce n’est la tristesse que l’on peut ressentir à l’idée de voir Carcass, quasi-inventeur du death metal mélodique, groupe mythique s’il en est, se retrouver en première partie. Commercialement, c’est d’une logique implacable. Mais ça pique toujours un peu quand cela arrive.

Quoi qu’il en soit, retour sur cette soirée en texte et en images !

 

Carcass

Arrivé après quelques minutes dans le set des Anglais, je ne peux malheureusement pas aller prendre de photos. Les dates commencent toujours aussi tôt ; contrainte parisienne oblige. Mais quel plaisir de les revoir sur scène. Cela n’a pas bougé d’un iota, quelques cheveux gris en plus.

Ce n’est peut-être plus aussi dynamique sur scène, mais cela fait partie des petits bonbons de la scène. C’est toujours un immense plaisir que de zouker sur Corporal Jigsore Quandary et Heartwork. Tous les titres n’ont pas forcément bien vieilli, mais puisque c’était assurément mieux avant (évidemment), on écoute tout cela avec un plaisir non dissimulé.

Le son n’est pas fou, les lights minimales, mais au diable ces détails. Au fond, le seul point qui vient un peu « gâcher » la fête est que le public en a globalement pas grand-chose à faire du groupe. Voir Carcass en première partie, ce n’est pas commode.

Bien heureux de les avoir revus en live, malgré tout.

 

Behemoth

Je restais sur une prestation de Behemoth au Motocultor que l’on aurait pu qualifier de « peut mieux faire ». Alors forcément, j’avais hâte de revoir les Polonais dans de meilleures conditions pour qu’ils puissent mettre une calotte sur ma bouche pour avoir douté d’eux ne serait-ce qu’un moment. Leur dernier album, Opvs Contra Natvram, s’est du reste révélé être très bon ; alors plus d’excuse pour nous mettre des tartes sur le museau.

La nouvelle introduction, sur « Post-God Nirvana » est exceptionnelle ; ni plus, ni moins. Ce grand drap blanc dressé devant la scène sur lequel est projeté des images ; les mains des membres du groupe qui apparaissent, de même que leurs ombres du fait des back lights ; le micro éclairé de Nergal qui fait apparaître son visage à travers le drap lorsqu’il crie. Tout, absolument tout est réussi sur cette introduction.

Et là, bim, bam, boum, le groupe enchaîne avec un de mes titres préférés de l’ère post-Evangelion : « Ora Pro Nubis Lucifer ». Alors, le titre a un peu été gâché par le crash complet de mon appareil photo qui m’a fait passer plus de temps à pratiquer un massage cardiaque à mon 5D plutôt que de regarder ce qui se passe sur scène mais… quand même. L’intensité est là dès les premières minutes. Le son n’est pas parfait, mais le groupe l’est.

Quand on regarde le groupe aujourd’hui, je trouve qu’il y a eu un certain rééquilibrage. Il y a encore quelques années, la scène était occupée par Nergal et Orion, avec un Seth complètement en retrait. Ce n’est plus du tout le cas ; la scène est mieux occupée, mieux distribuée par les trois membres. Et même si cela reste toujours un peu théâtral et millimétré, le show est simple et puissant. Et l’on retrouve cette dynamique sur l’excellente « The Deathless Sun », où la chorégraphie est divine. Le titre passe du reste excellement bien en live (comme plus ou moins tous les nouveaux titres, d’ailleurs) ; l’un des moments forts de ce concert.

Mon cerveau se déconnecte alors complètement pendant l’enchainement « Ov the Fire and the Void » / « Thy Becoming Eternal » / « Conquer All » / « Daimonos ». On pourra toujours regretter l’absence de tel ou tel titre, surtout des premiers albums (rendez-nous « At The Left Hand ov God », bon Dieu !), mais ce quatuor va parfaitement bien ensemble. Une réussite totale et gros plaisir de réécouter « Daimonos » en live.

Petite redescente avec « Bartzabel » et « Off to War » qui ne passent définitivement pas de mon côté, mais l’on reprend de plus bel avec une fin de setlist un peu accélérée mais toujours aussi intense, laquelle finira par la traditionnelle « Chant for Eschaton 2000 ». Le tout devant un public, partagé je dirais. Manifestement, il y avait des die hard fans de Behemoth mais essentiellement des fans de Arch Enemy, pas forcément dans la même ligne musicale. Cela a donné du mouvement sur les titres les plus connus mais une fosse assez placide quand il s’agissait de titres plus anciens (pour le peu qu’il y avait). Et ce n’est certainement pas la communication minimale de Nergal qui allait changer la donne (on lui pardonne cela, d’ailleurs, car c’est parfaitement cohérent avec la performance monolithique du groupe).

Rien de quoi gâcher mon plaisir. J’ai trouvé Behemoth excellent, ce soir. La petite bévue du Motocultor est oubliée ; le contenu de l’instagram de Nergal est oublié ; on vous aime les gros.

Setlist :
Ora Pro Nobis Lucifer
The Deathless Sun
Ov Fire and the Void
Thy Becoming Eternal
Conquer All
Daimonos
Bartzabel
Off to War!
No Sympathy for Fools
Blow Your Trumpets Gabriel
Versvs Christvs
Chant for Eschaton 2000

 

Arch Enemy

Bon. J’ai toujours eu un peu de mal avec le groupe alors que, comme vous le savez peut-être, je suis un aficionado de death mélodique. Et tout ce qui me pose problème avec ce groupe se matérialisera dès les premiers titres.

Premièrement, toute la mélodie du groupe réside dans le jeu de guitare, comme souvent dans le genre, mais du côté du chant c’est l’encéphalogramme plat. Aucune variation, aucune émotion, même quand les titres s’y prêtent. C’est hyper lisse, même si Alissa White-Gluz a de toute évidence des growls puissants et une certaine présence scénique. On regrette un peu Angela, en réalité.

Deuxièmement, j’ai besoin de cohérence sur scène. J’en ai reparlé la semaine dernière avec mon live report de la date de Parkway Drive au Zénith, mais on ne peut pas avoir une inadéquation entre ce qui se passe sur scène, la musique et ce qui se dit dans les paroles. Quand le groupe aborde un thème guerrier, agressif, violent, et que Alissa fait des pirouettes avec ses cheveux et des poses full cliché façon Tiktok, ça me détruit. Je ne dis pas que tout doit être théâtral, mais un peu de cohérence les amis.

Enfin, ça me flingue tout autant de voir Jeff Loomis comme cela. Le type est hyper talentueux et il vit sa meilleure vie de fonctionnaire dans le groupe. Minimum syndical ; le genre à attendre dès 16h25 devant la pointeuse, prêt à rentrer en courant pour manger son goûter. Lui qui était d’un dynamisme fou dans Nevermore est rendu à un rôle de faire valoir. Si ça lui va, on est naturellement heureux pour lui ; mais on ne peut quand même pas s’empêcher de penser que c’est du gâchis.

Pour le reste, pas grand-chose à signaler, en réalité. Arch Enemy est une machine très bien huilée. C’est très, très propre ; soli et riffs parfaits, batteur solide, Alissa qui a un talent absolument indéniable tant pour sa technique vocale que pour la façon dont elle mène de main de maître le groupe. La communication avec le public est juste assez développée pour créer une certaine proximité avec le groupe et le sentiment qu’on vit un moment unique. Assurément, le groupe est bon en live, sous les réserves précédentes.

A noter, tout de même, qu’il fallait être fan du dernier album pour suivre le groupe ce soir, avec pas moins de six titres de Deceiver sur 14 titres joués, avec un rendu allant de l’excellent (« Deceiver, Deceiver »), au très bon (« The Watcher », par exemple) au plus hasardeux (« Handshake with Hell »).

Et c’est sur « Fields of Desolation » que le groupe quitte la scène, après avoir saigné à blanc le public sur « Nemesis », qui remporte toujours les suffrages à l’applaudimètre. Le public parisien a été manifestement hyper conquis. Aucun doute là-dessus.

Une date réussie, donc, malgré un Zénith en configuration réduite qui n’était pas plein. On aurait certainement préféré être dans une salle plus petite ; les places vides et l’espace sur les côtés de la fosse c’est très Covid-compliant, mais pas du plus bel effet pour être immergé dans le concert.

Setlist :
Deceiver, Deceiver
War Eternal
Ravenous
In the Eye of the Storm
House of Mirrors
My Apocalypse
The Watcher
The Eagle Flies Alone
Handshake With Hell
Sunset Over the Empire
As the Pages Burn
Snow Bound
Nemesis
Fields of Desolation

Photos