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Album

19 novembre 2021 - S.A.D.E

So Hideous

None But a Pure Heart Can Sing

LabelSilent Pendulum Records
stylePost Black Metal bigarré
formatAlbum
paysUSA
sortiedécembre 2021
La note de
S.A.D.E
7/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Les années 2010 ont vu apparaitre une nouvelle forme de (post-) Black Metal plus lumineuse et moins frontalement agressive que ce que le genre proposait jusque-là. Deafheaven a été la figure de proue aux Etats-Unis, bien vite suivi par d'autres. Et parmi ces autres, se trouve So Hideous, dont le second album, Laurestine sorti en 2015, avec ses nombreux arrangements aux claviers, tendait déjà à s'affranchir de l'ombre des Californiens.

Avec son nouvel album, le groupe new-yorkais va plus loin et se propose de déconstruire davantage encore le Black Metal en l'agençant à tout un tas de styles avec lesquels on ne l'aurait jamais imaginé flirter. None But a Pure Heart Can Sing garde une partie de ce qui faisait sa patte, à savoir l'alliage des guitares tranchantes et de claviers riches et surplombants, mais a semble-t-il décidé de s'engager plus loin dans l'expérimentation. Et comme tout exercice de ce genre, c'est casse-gueule. Ce troisième album s'avère donc ne pas être une réussite totale, mais il regorge de tellement d'idées que je n'avais jamais entendues ailleurs que l'envie d'en parler un peu m'est venue.

Pour commencer, parlons des incroyables surprises qu'est parvenu à enregistrer le groupe. Et qui d'ailleurs, ouvrent l'album. Souvenir (Echo) reprend un peu le style de Laurentine en allant chercher encore plus loin dans l'émotionnel et le grandiose avec ce final en envolée presque orientalisante mais néanmoins tout à fait furieuse. Le chant écorché reste un atout majeur du groupe. Mais le titre le plus incroyable de l'album demeure The Emerald Pearl. La fiche promo annonçait que les New-Yorkais faisait cohabiter Afrobeat et Black Metal, et je m'imaginais un bête collage entre les deux styles. Alors qu'en fait, So Hideous réussi l'exploit de réellement imbriquer ces deux genres sans aucun patrimoine génétique commun dans un même morceau. Blast beat et trompette fusionnent sur une même séquence, chant hurlé et rythmique dansante se marient à merveille. Ce titre est un bijou de composition intelligente et innovante.

Le problème est que le soufflet retombe un peu, après. Intermezzo n'est pas grand chose de plus que son nom : une transition pas mauvaise mais assez peu mémorable, au ton mélancolique sans parvenir à nous faire ressentir pleinement ce qu'on perçoit dans l'intention (le final piano/arpèges/batterie légère est même un poil kitsch). Motorik Visage redonne un peu d'intensité à l'album avec le retour de cette rythmique assez saccadée et surprenante, mais on est loin de la folle aventure qu'était The Emerald Pearl. Beaucoup plus conventionnel dans le riffing (qui reste bon, attention), ce titre fleuve de 11 minutes peine à convaincre vraiment, même si quelques passages donnent furieusement envie de se dérider. En revanche, le dernier morceau se présente de nouveau comme un mélange audacieux et réussi : Black Metal + slow. Malgré les cris déchirants et les guitares aiguisées, l'envie de danser lentement la joue tendrement posée contre l'épaule de son/sa partenaire déboule comme une évidence.

Au final, le principal problème de None But a Pure Heart Can Sing est que l'on sent un peu trop l'exercice de style. Sa cohérence est bancale, son propos général confus. Mais si l'on prend les titres au cas par cas, So Hideous fait preuve d'une inventivité peu commune, s'autorisant (et avec succès) des alchimies jusqu'à présent inconnues. Un drôle de voyage bariolé en terre Black Metal qui, s'il divague et papillone, s'avère être une expérience unique.

 

Tracklist de None But a Pure Heart Can Sing :
01.Souvenir (Echo)
02.The Emerald Pearl
03.Intermezzo
04.Motorik Visage
05.From New (Til the Time We're Still)