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Album

06 août 2021 - ZSK

Hanging Garden

Skeleton Lake

LabelLifeforce Records
styleDoom/Death Metal mélancolique
formatAlbum
paysFinlande
sortiemai 2021
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Pendant un bon moment, à chaque sortie de Hanging Garden, on ne savait pas à l’avance ce qu’il allait faire… Entre des albums de Doom/Death mélancolique relativement classiques comme Inherit The Eden (2007), At Every Door (2013) ou Into That Good Night (2019) se sont glissés des singularités comme TEOTWAWKI (2009) et ses accents Sludge, le très épuré Blackout Whiteout (2015) ou encore I Am Become (2017) et ses assauts de riffs plus lourds quasi-industriels… Bien que très ancré dans la scène Metal mélancolique de sa Finlande natale, Hanging Garden est un groupe plutôt imprévisible. Même quand il reste dans ses carcans, en témoigne encore I Am Become. Il restait malgré tout sur un Into That Good Night qui demeurait dans les fondamentaux du Doom/Death mélodique. Ce qui lui avait d’ailleurs donné l’occasion de livrer son meilleur album depuis At Every Door, qui fait toujours office de référence malgré tout. Et sa productivité ne va pas baisser, peut-être aidée par les évènements survenus depuis plus d’un an qui ont fait que tous les musiciens de la planète ont pu trouver du temps pour composer. Il y a un an, Hanging Garden nous proposait déjà un EP, Against The Dying Of The Light, contenant des versions alternatives et épurées de certains morceaux de Into That Good Night. Pour mieux annoncer un nouveau revirage à la Blackout Whiteout ? Non, car le groupe finlandais va bien finalement rester sur la même route. On aurait même envie de dire que c’est étonnant, puisque c’est le troisième album de suite qui va majoritairement rester dans les codes du Doom/Death mélodique. Il deviendrait même décevant de ne plus se faire surprendre ? Pas vraiment, car Hanging Garden sait toujours faire de la musique de qualité dans la forme la plus « classique » du genre, et Into That Good Night l’avait bien prouvé. Donc d’un côté, c’est tant mieux. Skeleton Lake, septième album du groupe de Mikkeli (c’est le nom de leur ville), va tenter de couronner Hanging Garden comme un des meilleurs représentants du Metal mélancolique de sa contrée finlandaise, et ça serait déjà une bonne chose. Mais attention, avec Hanging Garden, il est toujours possible de voir apparaître une originalité qui va faire la différence !

Et ça sera à nouveau le cas avec Skeleton Lake. Bon, la base reste très clairement Doom/Death mélodique, l’ambiance froide, le growl et le chant clair, les leads épiques, le Metal lourd et pesant mais aéré et lumineux. Tout ceci est là pour le plus grand bonheur des amateurs de ce genre de Metal. Toutefois, il y aura donc ici un petit plus. Hanging Garden évolue désormais sous forme de septette (!) avec l’intégration à plein temps de la chanteuse Riikka Hatakka. Certes, ce n’est pas une nouveauté vu qu’elle était déjà au générique de Into That Good Night. Mais elle fait désormais partie intégrante du collectif et donc va prendre plus d’importance entre le duo Jussi Hämäläinen - Toni Hatakka. Passé quelques screams en fond, elle ouvre même directement le bal sur l’ouverture avec "Kuura". Hanging Garden va donc maintenant clairement fonctionner autour d’un trio growl - chant clair masculin - chant clair féminin, et mine de rien cela va faire légèrement évoluer le style du groupe. Qui penche donc, outre les qualificatifs habituels de Metal mélancolique ou de Doom/Death mélodique, vers un Metal qu’on pourrait aussi qualifier de « gothique ». Certes, le fonds de commerce reste un Metal relativement extrême (bien que forcément mid-tempo), les trémolos assez libérateurs de ce "Kuura" sont d’ailleurs là pour le prouver. Mais on part tout de même sur un certain niveau de raffinement, qui va d’ailleurs faire de ce Skeleton Lake un album plus lumineux qu’il n’y paraît. Et qui reste de qualité vu que la première partie de cet album est pour ainsi dire tonitruante, avec des hits potentiels d’emblée. Le prenant et cristallin "Faith", l’ultra-entraînant et accrocheur "Nowhere Haven" (quelles mélodies !), l’envoûtant et mordant "Winter’s Kiss" (avec des touches d’ambiance à la At Every Door) nous montrent un Hanging Garden en grande forme, qui n’a pas baissé son niveau par rapport à Into That Good Night. On se reprend donc avec plaisir une bonne rasade de Metal finno-finlandais, et on se dit que le groupe va finir par réellement s’imposer en tant que tel, plutôt que de se laisser à certains atermoiements en s’éparpillant stylistiquement comme il avait pu le faire par le passé. Même si c’était parfois avec de la réussite, on constate encore ici et pour l’instant que Hanging Garden est meilleur quand il reste dans les bases de son style d’origine.

Après, la deuxième partie de l’album va tout de même faire varier quelques humeurs. On le constate dès "When the Music Dies", qui entérine aussi les aspirations plus « gothiques » de cet album en restant dans un registre semi-acoustique, essentiellement porté par la voix de Riikka Hatakka. Et Skeleton Lake de malgré tout s’aérer un tantinet pour montrer que Hanging Garden ne veut décidemment pas toujours faire la même chose après un départ d’album plutôt efficace… "Tunturi", entièrement chanté en finnois, présente un souffle très mélodique malgré la grande présence de trémolos et de growls ; "Road of Bones" est très posé et enlevé malgré quelques riffs plus appuyés et le chant « harsh » ; quant à "Field of Reeds", il est très classique bien qu’appréciable (avec des mélodies de premier choix), mais on commence à se rendre compte que le chant de Riikka Hatakka devient assez lassant. Il y a à vrai dire un peu trop de parties de chant féminin sur ce Skeleton Lake - avec le recul on le remarque dès "Faith" d’ailleurs - et c’est un peu rebutant à la longue. C’est peut-être une question d’habitude ? Mais au final, il n’apporte pas forcément une véritable plus-value, si ce n’est de l’originalité par rapport aux précédents albums, comme toujours chez Hanging Garden… Sans faire offense à personne, il ne se montre pas indispensable en marge du duo toujours pertinent Jussi Hämäläinen - Toni Hatakka, et dessert un peu Skeleton Lake sur la durée, par moments. C’est plus dommage qu’autre chose, le fond Doom/Death mélo est toujours largement convaincant, mais ce léger penchant vers du « Metal goth à chanteuse », il passe finalement un peu moins bien. D’autant que sur le premier point, Hanging Garden a toujours des choses à dire, en témoignent encore les 4 premiers morceaux de l’album auxquels on pourra ajouter le fantastique final-titre, nous plongeant pendant plus de 7 minutes dans une ambiance sidérante avec des growls bien plus profonds qu’à l’accoutumée, dans la lignée des choses les plus lourdes qu’a pu faire Swallow The Sun récemment. Le bilan est bon, mais Skeleton Lake est malgré tout un peu plus hétérogène, et donc inférieur, à son excellent prédécesseur qu’était Into That Good Night. Le niveau est là, et des morceaux parfaits comme "Nowhere Haven" et "Winter’s Kiss" sont là pour le prouver, mais Hanging Garden a proposé des albums plus aboutis et complets. Et comme toujours, ses choix d’aspérités seront sources de divisions, ici il faudra vraiment apprécier l’adjonction de chant féminin, pas déplaisant dans l’absolu mais un peu trop présent à mon goût. C’est le jeu que joue Hanging Garden, qui sur le fond, reste tout de même un des indispensables pour tout amateur de la scène Doom/Death mélancolique finlandaise actuelle.

 

Tracklist de Skeleton Lake :

1. Kuura (4:41)
2. Faith (5:08)
3. Nowhere Haven (4:31)
4. Winter's Kiss (4:12)
5. When the Music Dies (3:59)
6. Tunturi (5:37)
7. Road of Bones (4:52)
8. Field of Reeds (5:29)
9. Skeleton Lake (7:38)

 

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