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Album

13 février 2021 - S.A.D.E

Sarin

You Can't Go Back

LabelProsthetic Records
stylePost metal / Postcore
formatAlbum
paysCanada
sortiefévrier 2021
La note de
S.A.D.E
7.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Avec ces deux premiers albums, Sarin se montrait comme un rejeton d'Isis dévoué mais pas vraiment capable de s'affranchir du poids des maîtres, faisant partie du ventre mou du post-metal/postcore ; pas mauvais mais franchement intéressant non plus. C'est la signature des Canadiens chez Prosthetic, label au catalogue très varié et où la qualité est très souvent au rendez-vous, qui m'a donné envie de me pencher sur leur trosième album, You Can't Go Back. Et grand bien m'en a pris.

Enregistré en décembre 2020 par Simon Larochette (Chastity, Familiars), ce troisième album se distingue de ses prédécesseurs dès les premières secondes : la production est devenue nettement plus massive et compacte, là où les précédents efforts pêchaient par un son un peu flottant et distant, cotonneux. Ici, c'est tout l'inverse, les guitares saturées sont plutôt tranchantes tout en gardant une véritable épaisseur, tandis que les parties plus légères offrent un toucher plus cristallin et froid que les aérations brumeuses des albums précédents. Et, au-delà de cette production nettement plus marquante et personnelle, c'est l'entièreté de son style que Sarin a retravaillé. Bien qu'œuvrant toujours dans un registre post metal, le groupe parvient avec cet album à se montrer plus percutant et direct, diluant ses influences dans ses compositions, sans qu'elles ne s'entendent immédiatement.

Avec leur format plus court, les titres de You Can't Go Back sont nettement plus prenants que ceux de Darker Lakes (l'album précédent) où, souvent, les parties plus mélodiques et peu saturées étaient un peu poussives. Moins nombreux, mieux amenés, ces passages où la colère cède la place à des émotions plus tristes s'en retrouvent plus mémorables et pertinents. L'utilisation du chant est également différente de celle que proposait auparavant le groupe : les interventions vocales sont elles aussi plus rares et plus courtes, mais de ce fait d'autant plus marquantes, avec une voix variant du grognement assez grave aux cris plus déchirés. Il y a également un travail sur les arrangements minutieux et précis, avec des effets qui parviennent à se faire oublier tout en créant une ambiance (l'intro de Thick Mire, le pont de Reckoner). Enfin, le très gros point fort de l'album est le riffing : sans ne rien faire d'hyper original, Sarin distille tout au long de l'album des riffs qui donnent la bougeotte (Thick Mire, Cold Open), tout en donnant une impression de gravité et de sérieux.

Un son plus personnel, des compositions plus directes, un travail de construction cohérent, un sens du détail certain, Sarin est clairement passé à la vitesse supérieure avec ce troisième album. Amateurs de post choses, ne vous laissez pas entièrement happer par le dernier EP de Cult Of Luna, ce mois de février marque également l'arrivée de Sarin en première division.
 

Tracklist de You Can't Go Back :
01.Cold Open
02.When You Melt
03.Reckoner
04.Thick Mire
05.Otherness
06.Leave Your Body