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Album

02 décembre 2020 - S.A.D.E

Somnus Throne

Somnus Throne

LabelBurning World Records
styleDoom / Stoner
formatAlbum
paysUSA
sortieseptembre 2020
La note de
S.A.D.E
7.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Globalement, si l'on demande en 2020 à un groupe de Doom/Stoner un peu standard quelles sont ses influences, il y a fort à parier qu'on aura une liste composée grosso modo d'au moins Black Sab', Electric Wizard et Sleep, plus quelques variations entre Cathedral, Pentagram, Yob et High On Fire (et davantage encore si l'on commence à lorgner vers le seconds couteaux, mais vous voyez où je veux en venir).

A l'écoute du premier album de Somnus Throne, il est évident qu'un bonne partie de ces noms ont tourné sur les platines des membres du groupe. Basé à Los Angeles (mais avec des membres qui auraient baroudé dans divers patelins US), le trio propose une musique dont l'atout principal n'est pas l'originalité mais l'efficacité. Le ton est donné rapidement après la courte introduction par le premier riff de Sadomancer : groove et pesanteur sont au rendez-vous. Le son est ronflant, chaud et douillet, il vous enveloppe et vous propose un voyage dans une agréable torpeur relaxante. Le chant est quelque part entre Monolord et Electric Wizard, avec un côté traînant et désabusé qui renforce encore la sensation d'avancer au ralenti. On trouve également quelques incartades vers un ton plus menaçant sur Receptor Antagonist ou Aetheronaut - Permadose, mais sans jamais atteindre la véritable colère. Somnus Throne nous plonge donc dans un lent mais toujours agréable périple qui à aucun moment n'ennuie l'auditeur.

Et c'est la toute la force et la réussite de cet album : alors que le genre a très largement poncé au cours des dernières années, les Américains parviennent à demeurer pertinents sur chaque riff, sur chaque passage. Une irrépressible envie de headbang vous prend aux ralentissements bien grassouillets que le groupe assène régulièrement. Les ambiances sont également bien travaillées, donnant un aspect parfois un peu psyché aux morceaux, comme sur Shadow Heathen lorsque le tempo ralenti et qu'une nappe étrange et nébuleuse se pose sur le riff. Les quelques solos sont aussi bien amenés, simples mais encore une fois efficaces et parlant à tout le monde : pas de fioriture dans les grilles, pas de démonstration stérile, juste du feeling qui fonctionne à merveille. Un autre très bon point, Somnus Throne construit intelligement ses morceaux :  si l'on prend le début de Receptor Antagonist, son riff de départ est un canon du genre assez basique que le groupe prend un plaisir patient à tordre et à faire muter pour préparer l'entrée du chant et de la batterie. Rien d'hors du commun, mais c'est tout simplement bien fait et, encore une fois, efficace.
   
Malgré ses influences fortement reconnaissables, cet éponyme de Somnus Throne donne à voir un personnalité déjà marquée et surtout un sens de la composition et du riffing tout à fait maîtrisé. Sans aucune prétention à révolutionner quoique ce soit, le trio sait ce qu'il veut faire et surtout sait comment le faire. Vous avez là quarante cinq minutes d'un Doom Stoner de qualité, cochant avec facilité toutes les cases du cahier des charges.

Tracklist de Somnus Throne :
01.Caliphate Obeisance
02.Sadomancer
03.Shadow Heathen
04.Receptor Antagonist
05.Aetheronaut - Permadose