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Album

23 mai 2020 - Storyteller

Killitorous

The Afterparty

LabelTentacle Industries
styleDeathcore heavy barré
formatAlbum
paysCanada
sortiemai 2020
La note de
Storyteller
8/10


Storyteller

Why not ?

Killitorous ou le projet qui part dans tous les sens d’un groupe de musiciens qui a décidé de s’amuser. Déjà, rien que le nom est un poème, surtout si vous essayez de le prononcer un peu rapidement, vous trouverez rapidement l’analogie; et si vous avez l’occasion de jeter un oeil à certains de leurs t-shirts, vous comprendrez qu’on tape allègrement sous la ceinture. Par contre, regardez les noms et les pedigrees des musiciens, vous allez sûrement reconnaître les groupes avec lesquels ils jouent d'habitude : Annihilator pour un des guitaristes et Suffocation pour le batteur. Des pointures du genre et un tropisme des membres vers le Canada qui a toute son importance lorsque l’on connaît l’appétence de nos cousins du Nord pour le Metal brutal, technique et très largement hors des sentiers battus.

En parlant de Canada, on commence par un bruit de train, référence probable à leurs cousins de Cryptopsy sur And Then You’ll Beg  (dont le chanteur Matt Mac Gachy apparaît sur Insanity as a Pathway to Fame & Fortune The Tyrannical Tirades of Mike Tyson). Si l’on se penche sur All Hail The Startchild qui sert d’introduction, on remarquera l’habileté des musiciens qui font comprendre à l’auditeur tout ce qui l’attend : un riff heavy, des blasts pour la musique et des bruits de clown pour le côté perché de Killitorous.

On a mentionné la collaboration avec des membres d’autres formations, mais si vous vous lisez le tracklisting, vous verrez qu’il y en a sur tous les titres ou presque. L’aspect “travail avec les copains” est une composante essentielle de The Afterparty, titre bien ironique puisque la fête est loin d’être terminée. Cela vous permettra de découvrir des noms de la scène nord-américaine afin de parfaire votre connaissance du Metal extrême de ce coin du monde. Ces collaborations ne changent pas drastiquement l’identité des chansons et se font plutôt discrètes, agrémentent les titres en ambiance ou en soli. De la même manière, l’aspect original / fou / drôle de certains passages ne vient pas gâcher la musique, il est d’ailleurs souvent circonscrit à une partie de la chanson. L’objectif de Killitorous est clairement de faire un mélange de Death / Heavy / Brutal sans se prendre la tête.

Si l’on s’arrête un instant sur les titres, qui sont souvent des noms à rallonge, on remarque qu’ils font référence à des artistes ou des séries américaines. Married With Children, connu sous nos latitudes sous le nom de Mariés, Deux Enfants, est un délire sur une citation du légendaire Al Bundy (ou plutôt de l’acteur Ed O’Neill dans son rôle de personnage vraiment louche dans Wayne’s World), à partir de laquelle ils ont bâti une histoire invraisemblable avec un riff fort dès le début, comme tout bon titre qui se retrouve propulsé en single.

Autre référence, King Diamond Dallas Page nous met dans une ambiance ring dans une église, on s’attend à une bonne distribution de pains dans la gueule, Dallas Page étant un catcheur. Et on se rapproche avec ce titre des références du Deathcore comme The Black Dahlia Murder dans les riffs, pour repartir sur des cris fantômatiques appuyés par les guitares. Si vous voulez comprendre jusqu’à quel point le groupe pousse le délire, allez jusqu’au bout de la chanson, si vous y survivez et que vous n’avez pas jeté vos écouteurs au loin avant.

Le lien est aussi fort avec le heavy, qui se retrouve dans les parties les plus mélodiques comme les soli de Re Anima Tomatron ou ceux de Eat Your God Alive. Cela permet aux titres de ne pas être de simples boucheries de blasts à tout va, même s’il faut être honnête, ça distribue quand même très joyeusement et il faut être prêt à une dose de brutalité sur tous les titres. Alors quand on passe à Insanity qui glisse de la country folk à un pastiche du true heavy sans aucun lien ni aucune transition, on prend cette bulle d’air entre deux baffes.

Killitorous a un certain sens de la fête, un lien que l’on retrouve avec le titre de leur album précédent Party Grind, autour duquel ils ont construit leur image . Les collaborations, les délires, les clins d’oeil, les titres, tout dans The Afterparty fleure bon l’envie de se marrer. Ce qui a tendance à prouver une chose : que l’on peut tout à fait avoir des exigences musicales, respecter quelques canons de genre et proposer une musique dont la qualité globale est remarquable tout en ne se prenant pas au sérieux et en faisant un pied de nez à tous ceux qui ont érigé le sinistre comme état d’esprit de base du Metal de la Mort.

Tracklisting :

1. All Hail the Startchild
2. Married with Children (feat. Gore Lussier [Erimha])
3. Rodney Dangerfield of Dreams (feat. Raphael Weinroth-Browne [Leprous])
4. Eat your God Alive (feat. Paul Ablaze [Blackguard])
5. Slavesphere
6. Re_Anima_Tomatron (feat. Leo Diensthuber [Divine Realm] & Steven Henry [ex-Neuraxis])
7. 30 Minutes (feat. Youri Raymond [Unhuman] & Callum Clark [Ending Tyranny])
8. Insanity as a Pathway to Fame & Fortune The Tyrannical Tirades of Mike Tyson (feat. Matt McGachy [Cryptopsy])
9. Total Protonic Reversal (feat. Dan Mongrain [Voivod/Martyr])
10. King Diamond Dallas Page (feat. Bob Katsionis [Firewind], Tom "Fountainhead" Geldschlager [ex-Obscura], Riley McShane [Allegaeon] & Cody Ford [Soen])