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Album

20 avril 2020 - Michael

Lorna Shore

Immortal

LabelCentury Media
styleDeathcore
formatAlbum
paysUSA
sortiejanvier 2020
La note de
Michael
9/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Difficile de chroniquer cet album en faisant l’impasse sur le contexte dans lequel il est sorti. Pour schématiser et afin d’éviter de rentrer dans des détails scabreux, Immortal a été enregistré par Lorna Shore avec le chanteur CJ McCreery (ex-Signs Of The Swarm), qui a rejoint le groupe en 2018. Sauf que ce dernier a été accusé par de nombreuses femmes, à la fin de l’année 2019, d’abus (sexuels) en tous genres. Naturellement, le groupe s’est séparé de son chanteur, se retrouvant dans la situation délicate d’avoir un album enregistré et prêt à être lancé, avec un chanteur fraîchement viré pour de bien bonnes raisons. Lorna Shore a cependant pris la décision de sortir cet album malgré tout ; nous mettant à notre tour (moindre mesure, évidemment) dans l’embarras d’aimer un album avec ce genre de type derrière le micro.

Car lorsque l’on se lance dans l’écoute d’un album de Deathcore, à l’exception peut-être de certains groupes qui continuent d’enchaîner les bons opus les uns après les autres (Thy Art is Murder en tête), on ne sait jamais trop si l’on va tomber sur une galette intéressante ou sur un énième ersatz de ce qui se fait déjà et qui finira sur un placard à ne plus jamais être écouté. Lorna Shore nous a certes habitué dans ses deux premiers albums à offrir des produits finis de qualité, techniquement d’équerre ; mais on était tout de même en droit de se poser la question.

Le doute a toutefois été de courte durée, ce Immortal s’étant rapidement révélé être un très bon cru. Dès les premières notes du titre éponyme, on comprend que Lorna Shore a franchi un cap : si sa musique était déjà précise et mélodique, elle a pris une autre dimension avec l'ajout d’éléments symphoniques. Des leads précis, des soli bien pensés, des rythmiques tranchantes, des orchestrations épiques et, il faut l’avouer, une prestation vocale qui fait vraiment la différence, tous les ingrédients témoignent d'une avancée artistique. Le break et l’outro finaux d’Immortal sont des modèles du genre et l’on termine l’écoute de ce premier titre avec cette sensation aigre-douce d’avoir franchement aimé le début d’un album qu’on aurait bien aimé détester, par principe.

Et le reste de l’album n’est pas en reste, alternant les passages particulièrement brutaux (des growls profonds ; du blast ; de la double pédale en veux-tu en voilà ; des breakdowns hyper violents ; des riffs ultra rapides) avec des passages symphoniques et aérés (Death Portrait ; This Is Hell ; Hollow Sentence ; King Ov Deception). Si certains titres peinent à convaincre et que l’album est clairement difficile à digérer si on l’écoute d’une traite, il contient quelques perles dont il est assez difficile de se remettre, sauf à appuyer sur « lecture » encore et encore. Je pense notamment au titre éponyme mais également à Warpath of Disease et ses relents Death mélo dans les riffs, où les rythmiques, les vocals et les orchestrations sont juste absolument parfaites.

Une grande partie de l'album repose ainsi sur des éléments symphoniques, mélodiques et parfois même orientés vers le Black. Ce melting-pot d’éléments, très bien aidé par des compositions riches et fouillées, ainsi qu'un bon équilibre entre brutalité inhérente au Deathcore et mélodies, aboutit à un cocktail qui met parfois du temps à être assimilé mais qui, globalement, est très au-dessus de la moyenne. Si vous ajoutez à tout cela une production irréprochable et un mix très bon (d’aucuns pourront critiquer l’entremêlement des orchestrations et des guitares comme sur Misery System, ce qui ne m’a pas dérangé, bien au contraire), vous avez là un grand album de Deathcore.

Alors certes, tout n’est pas hyper original (les orchestrations dans le Deathcore, ça devient presque un classique), mais tout est ici très (très) bien fait. Le trio de base de Lorna Shore, toujours aussi au point techniquement, pousse à l’extrême ce combo brutalité/mélodies que l’on retrouvait déjà, dans une moindre mesure, sur Flesh Coffin. Ce Immortal est un excellent album, qu’on le veuille ou non.

Tracklist :
1. Immortal
2. Death Portrait
3. This Is Hell
4. Hollow Sentence
5. Warpath Of Disease
6. Misery System
7. Obsession
8. King Ov Deception
9. Darkest Spawn
10. Relentless Torment

 

 

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