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Album

18 février 2020 - Mess

Higher Power

27 Miles Underwater

LabelRoadrunner Records
styleHardcore / Alt-Rock
formatAlbum
paysRoyaume-Uni
sortiejanvier 2020
La note de
Mess
8/10


Mess

T'façon, je préfère Aphex Twin.

Les acharnés du listing de labels le savent : Roadrunner Records a, en 40 ans d’existence, fait la pluie mais surtout le beau temps de la scène Metal.

En signant des artistes bankables (Lamb Of God, Airbourne, Slipknot) comme underground (Glassjaw, Periphery, Nailbomb), le label américain a toujours su être force de proposition au sein de l’industrie metal en secouant le cocotier des tendances, avec un certain flair que beaucoup leur envient. 40 ans après, Roadrunner poursuit toujours, caché dans l’ombre de ses superstars comme Korn ou Gojira, un travail de mise en avant de nouvelles scènes émergentes propices à devenir la bande son de demain.

Ses dernières signatures sont éloquentes : Code Orange, Turnstile, Trapped Under Ice et Angel Du$t. C’est bien simple, le label vient de s’offrir les services de 4 des plus grosses formations Punk – Hardcore Américaines à l’heure où j’écris ces lignes.

Le dernier entrant dans cette liste d’envergure se nomme Higher Power et nul doute que la pression est grande pour la formation anglaise. Leur précédent et premier effort Soul Structure, sorti par leurs propres moyens, avait convaincu les amateurs d’un Hardcore historiquement localisé dans les années 90. Un album qui rendait hommage, sans se vautrer, à Misery, Leeway ou encore Helmet tout en y injectant ce populaire groove que je qualifierai de « turnstilien ». L’heure est maintenant à la confirmation avec 27 Miles Underwater.

Honnêtement, j’étais persuadé qu’avec toute cette hype provoquée par la sortie des 3 solides singles que sont « Lost In Static », « Low Season » et « Seamless », je serais forcément rattrapé par la réalité de la déception. Il n’en fut pas ainsi. Pourquoi ? Parce qu’Higher Power s’est également distingué en saisissant, avec succès, une identité propre. Une identité qui réconcilie les fans de grunge, de punk, de hardcore et de metal alternatif sous une même chapelle. Une identité qui invoque un large spectre d’artistes issu des années 90 pour consolider son œuvre. Higher Power ne réinvente rien mais semble avoir définitivement compris l’énergie et la recherche de l’efficacité qui caractérisait l’industrie du metal il y a 30 ans.

Et quand le groupe pourrait n’être qu’un tribute band de Deftones sous redbull, Higher Power utilise avec intelligence les 34 petites minutes de l’album pour tartiner ses riffs de chorus et toucher une émotion qui fait écho aux envolées ultra-clean du frontman Jimmy Wizard. Un frontman capable de jongler entre l’émotion d’un Chino Moreno et un crachat vocal rudimentaire du chanteur de Snapcase. Le ton est donné.

Comme un groupe comme Korn est capable de le faire, Higher Power réussit à trouver une nouvelle variation énervée de ce qu’on peut faire du « groove » en attaquant sans fioritures un exercice de Punk Hardcore simple mais 100 % efficace, piochant, au passage, quelques élans Crossover Thrash histoire de définitivement sécuriser l’énergie débordante du disque. « Seamless » et « Passenger » grattent allègrement du côté du New-York Hardcore pour nous empêcher d’oublier que ce disque existe aussi pour se manger quelques baffes à la Terror.

Il est littéralement impossible de ne pas saisir l’ADN profondément groovesque imprimé sur le CD. Merci à une basse (comme sur le titre Drag The Line) slapée avec amour et élément-clé pour apprécier le côté finalement très  juvénile de l’album. Une innocence de composition qui ne fait pas dans la fioriture et le détail. Une innocence qui pense plutôt par le mantra de l’ efficacité.

Cette innocence, c’est également le chanteur Jimmy Wizard qui l’invoque par sa voix nasillarde et constamment haut perchée (certains n’apprécieront pas l’exercice) sans jamais fatiguer l’auditeur par une certaine redondance de l’exercice vocal de Wizard. Mieux encore, Wizard s’essaye à l’accompagnement d’une guitare acoustique sur le titre « In The Meantime» pour charger en émotion un morceau qui termine sa course en rock alternatif taillé pour les stades. Wizard sait écrire et crier des refrains qui pourraient terminer dans toutes les têtes de ceux qui oseront se frotter à des titres comme « Low Season » ou « Staring At The Sun », véritables tubes radio-friendly que Deftones ne renierait pas.

Tout comme Alice In Chains, dont nous retrouvons des connexions évidentes dans le son d’Higher Power, les Anglais n’hésitent pas à jouer de l’équilibre entre structures pop accrocheuses et lourdeur sonore pour ne pas rendre la tambouille niaise et mollasse. Higher Power utilise sa jeunesse comme une arme pour concrétiser chaque occasion de déclencher un pit surchauffé, tout en saupoudrant son énergie débordante de multiples références 90’s citées précédemment. Une actualisation réussie et une convergence maîtrisée entre le rock alternatif et le hardcore qui plaira très certainement à ceux qui souhaitent étendre leur amour pour la culture hardcore au-delà de l’éternel, mais parfois trop parodique, New-York Hardcore.

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Tracklist:

1. Seamless
2. Shedding Skin
3. Lost In Static
4. Rewire (101)
5. Low Season
6. Passenger
7. King Of My Domain
8. Staring At The Sun
9. Self-Rendered: Lost
10. Drag The Line