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mercredi 10 juillet 2019

Hellfest 2019 - Jour 1

Open Air - Clisson

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Sleap : Ah le Hellfest… LE festival français qui chaque année fait jaser toute la planète. Rendez-vous incontournable pour les uns, foire à la saucisse pour les autres, il n’y a pas un fan de Metal (et pas que) qui n’ait pas son opinion sur la question. Toujours est-il qu’à l’approche de mi-juin, le Hellfest reste LE sujet de conversation, et rien que pour ça, on peut dire que l’organisation a réussi son boulot ! De plus, la météo nous est encore une fois favorable, même si la chaleur sera parfois étouffante. Et malgré quelques couacs de dernière minute que nous nous garderons bien de rabâcher, le festival est encore une réussite sur bien des points.

Après une année d’absence, Horns Up est donc de retour sur le site de Clisson. Nous ne pouvions effectivement pas passer à côté de l’affiche de cette année, voyez plutôt :

Agrémenté pour l’occasion de quelques splendides photos de Leonor d’Hard Force, voici donc notre live report de cette édition 2019 riche en rebondissements !

Jour 1

Cult Leader
Altar
12h50 - 13h30

Di Sab : Un crâne à la mâchoire détachée en guise de backdrop et de programme, Cult Leader vient enfin défendre son excellent dernier album, A Patient Man, en Europe un peu plus d’un an après sa sortie. Et c’est devant une Altar bien pleine pour l’heure que le groupe débute sur un I am Healed absolument monstrueux. C’est bien par la mise en place d’ambiances anxiogènes via des riffs dissonants qui contrastent parfaitement avec les déflagrations de haine et d’énergie pures que le groupe s’est démarqué sur album. C’est extrêmement bien retranscrit en live et des titres comme Isolation in the land of Milk and Honey sont à la limite du soutenable à midi cinquante après une courte nuit arrosée. Ce qui explique sans doute l’attitude timorée du public pourtant attentif à ce que propose les ex-Gaza. On aurait aimé entendre les titres les plus calmes du groupe comme In a World of Joy, mais disons qu’avec un temps de jeu aussi court, Cult Leader n’a pas faillia donné tout ce qu’il a pu et nous les en remercions.

Conan
Valley
14h20 - 15h00

Di Sab : Comment écrire sur Conan sans tomber inévitablement dans les lieux communs ? Car oui, Conan est ce qu’il est, c’est-à-dire primitif, et même si le tempo s’est accéléré avec le temps, le cœur du propos reste le même : un riffing extrêmement frontal, des lignes vocales qui tiennent plus de la déclaration de guerre que de l’art lyrique et des patterns de batterie qui amènent le minimum de groove nécessaire à la survie de plus de 3 neurones. Le groupe semble plutôt fier de son dernier Existential Void Path puisqu’il en propose plusieurs extraits malgré le temps de jeu imparti et Volt Thrower et ses riffs majestueux seront pour moi le meilleur moment d’un concert à l’image du groupe : surpuissant mais légèrement indigeste sur le long terme.

Power Trip
Altar
16h00 - 16h40

Sleap : Ayant manqué l’année 2018, c’est avec une certaine appréhension mais aussi une impatience certaine que je retrouve le site du Hellfest. Et quoi de mieux pour se mettre en jambe qu’un set survitaminé de la part des Américains les plus en vogue de la scène Crossover actuelle ! À ma grande surprise, le quintet a délaissé la Warzone au profit de l’Altar cette année. J’avais déjà pu assister à des concerts de Thrash sur cette scène pourtant estampillée Death Metal, mais s’il y a un groupe qui, à mon sens, a toute sa place sur la Warzone, c’est bien Power Trip. Mais passons…

Que ce soit sur une scène ou une autre, les cinq gus distribuent tout autant de mandales. Et la première du jour se nomme Soul Sacrifice (qui n’est pas une reprise de Santana, malgré la très nette similitude entre les deux groupes)… Étant resté sur la baffe Manifest Decimation, je ne connais pas encore très bien les récentes sorties du quintet. Mais la majorité de ces nouveaux titres est déjà parfaitement assimilée par le public du jour. Je suis d’ailleurs très étonné du nombre de personnes reprenant en chœurs tous les refrains. Un vrai plaisir de voir autant de fans, même dans un festival tel que celui-ci ! Il faut dire que chaque titre est tout aussi fédérateur que le précédent. La musique des Texans est vraiment taillée pour le live. Power Trip possède toujours cette science du ralentissement et de l’accélération typique du Crossover ‘ricain. C’est absolument tout le temps les mêmes schémas, mais ça marche à tous les coups. Une vraie recette miracle !

Toujours affublés de leur merch à l’effigie d’autres groupes qu’ils respectent, les Américains ne cessent de rendre hommage à leurs aînés. Aujourd’hui, plusieurs de leurs titres seront d’ailleurs dédicacés à PestilencePossessed ou encore Carcass. L’attitude des gars sur scène est toujours irréprochable, ni trop « métale » et friendly, ni trop passive et fermée. Juste ce qu’il faut d’agressivité sur scène, le reste se passe dans la fosse. Toujours un peu trop de circle pits à mon goût, mais le public se déchaîne comme il se doit, notamment en fin de set sur Waiting around to Die (qui n’est pas une reprise de Townes Van Zandt malgré l’évidente corrélation entre les deux artistes)… 

Le son de l’Altar reste équivalent à celui de mes souvenirs (à savoir pas terrible), mais ce n’est heureusement pas un très gros problème pour la musique de Power Trip. Le set se termine pour mon plus grand plaisir sur l’éponyme du premier full-length lors duquel un impromptu wall of death a lieu. Même si ça ne valait clairement pas la précédente fois sur la Warzone, ce set des Texans est parfait pour débuter cette première journée !

***

Sleap : Après cette dose de violence, j’alterne entre la Main Stage 1 et la Temple pour ma caution Heavy Metal du jour (une certaine tête d’affiche n’étant malheureusement pas présente…). Là encore un choix assez hasardeux de la part de l’organisation : deux groupes jouant en même temps et attirant le même public. Bien que les différences soient nombreuses entre Demons & Wizards et Diamond Head, ce chevauchement reste pour moi une énigme. J’assiste donc au début de set du supergroupe Germano-ricain pour ensuite me déplacer vers les Anglais.

Demons & Wizards, pour ceux qui ne connaitraient pas encore, est l’alliance de deux grands noms du Power Metal 90’s à savoir Jon d’Iced Earth et Hansi de Blind Guardian. Je remarque d’ailleurs que pour cette date française, une bonne partie du line up de Blind Guardian est présente. Mais musicalement parlant, on est assez loin des envolées épiques du groupe susnommé. Le songwriting de Jon prédomine sur la plupart des morceaux, avec ce jeu de guitare très Power moderne. Ce n’est pas déplaisant comme peuvent l’être les compos de certains groupes actuels que je ne nommerai pas, mais ça n’est vraiment pas transcendant non plus. Même la reprise d’Iced Earth n’a pas la même saveur…

Je prends donc la route de la Temple histoire d’assister à la fin de set des légendes britanniques Diamond Head (et manque par le fait même la reprise de Blind Guardian, dommage)… Et il faut dire que, de ce côté–ci non plus, il n’y a rien de vraiment bluffant. Les vocaux du nouveau chanteur sont extrêmement convaincants, mais j’ai l’impression que ce n’est vraiment pas le cadre pour savourer les hymnes NWOBHM du groupe. Même le tube Am I Evil en final ne me fait pas plus vibrer que ça. Je suis content d’avoir pu assister à une partie des prestations de ces deux groupes, mais elles ne m’auront pas pour autant marqué…

Pestilence
Altar
17h40 - 18h30

Sleap : Ce premier jour de festival est également l’occasion pour moi de donner une seconde chance à Pestilence en live. Depuis le set chiant à mourir du Neurotic Deathfest il y a quelques années, le peu qu’il restait de Pestilence avait été mis au placard par Patrick Mameli lui-même. Mais comme bien d’autres artistes du genre, la fièvre de la reformation se fait sentir très rapidement. Il n’aura donc fallu que quelques mois de hiatus pour que Pestilence se reforme une nouvelle fois, pour le meilleur ou pour le pire… D’après les échos que j’avais eus çà et là, le combo néerlandais semble avoir opéré un « retour aux sources » (avec toute l’incertitude que cette formule implique)… Verdict ?

C’est une nouvelle fois un non négatif. Malgré une setlist effectivement géniale (grande majorité de titres de Consuming Impulse) et une interprétation impeccable, le set du groupe ne dégage absolument rien. Ça joue bien trop scolaire et appliqué, surtout pour les passages techniques, mais il n’y a absolument aucun feeling. Aucun poil ne se hérisse, aucun poing ne se serre, tous les monstrueux missiles de Pestilence sont passés au filtre « reprise ». Je ne ressens rien de ce qui fait le charme studio. Bon, j’admets que c’est en grande partie dû à l’absence de Van Drunen au poste de bassiste / vocaliste, mais je m’étais fait une raison. Mameli fait pourtant du mieux qu’il peut pour proposer des vocaux hargneux et possédés, mais rien n’y fait. N’est pas Martin qui veut !

Le frontman semble pourtant à fond sur scène, c’est même le seul à fond je dois dire… Entre le public qui se fait la malle petit à petit et les autres musiciens trop occupés à s’appliquer, Mameli me ferait presque de la peine. Je m’abstiendrai de tout commentaire sur sa coupe de cheveux, mais son attitude reste pour moi trop « métale ». Beaucoup de remerciements entre les titres et d’effets d’annonces tout aussi gênants que ses publications sur les réseaux sociaux. En résumé, il en fait trop pour un rendu qui, lui, n’est pas assez. Le tout est en plus couronné par des problèmes de son pendant Process of Suffocation. Bref, c’est la tristesse. Il faut croire que la grandeur de Pestilence est toujours loin, très loin derrière nous. Et je me suis fait à l’idée que je ne la connaitrai malheureusement jamais…

Kvelertak
Altar
19h40 - 20h40

Di Sab : Pour ceux qui n’avaient pu voir le groupe lors de la tournée de cet hiver avec Mastodon, la surprise ou l’inquiétude du show de Kvelertak résidait en la performance du nouveau chanteur Ivar Nikolaisen qui a remplacé en 2018 Erlend Hjelvik. Coupons court à tout suspense inutile, malgré un changement de registre vocal et une attitude scénique différente, le nouveau frontman s’intègre parfaitement à l’univers du groupe de Black n roll Norvégien. Là où Hjelvik et sa chouette donnaient une dimension quasi cérémonielle à l’indéboulonnable titre d’introduction Apenbaring, Nikolaisen et son cosplay Axl Rose débarquent en courant pour prendre tout le monde à la gorge. Le public, clairsemé pour la stature du groupe, semble néanmoins mariner dans sa gueule de bois et Bruane Brenn se déroule dans une ambiance attentive assez peu appropriée à l’énergie transmise par le groupe. Histoire de bien en rajouter, un problème de batterie fait perdre au groupe 5 petites minutes, et là, on commence à penser que ce concert se transforme lentement en pétard mouillé. Heureusement, pour des raisons que j’ignore, cette petite interruption a remotivé tout le monde et dès la reprise du set, c’est le bazar à tous les étages. La setlist est équilibrée entre les deux premiers efforts du groupe, on retrouve tous les classiques, de Blodtorst à l’éponyme avec comme point culminant l’enchainement imparable Fossegrim / OffernattSultans of Satan fait néanmoins office de grand absent de ce set hyper efficace, et qui est illustré par une grosse implication du groupe qui, avec Nikolaisen, gagne en agressivité. Le chanteur donne en effet énormément de sa personne, slame plusieurs fois, plaisante sur le fait que nous, Français, avons copié les Norvégiens en brûlant récemment Notre Dame. Bref, au terme d’un concert hyper efficace, le groupe se retire après avoir fourni l’une des meilleures prestations du weekend. L’instant fraîcheur du vendredi, à l’instar de Baroness, il y a deux ans.

Venom inc.
Temple
20h45 - 21h45

Sleap : Après tous mes concerts de Venom premier du nom, je n’avais encore jamais pu croiser la route de la version de Mantas et Abaddon. Et première chose notable pour ce dépucelage, Abaddon n’est plus de la partie. Il est aujourd’hui remplacé par un jeune clone d’Aaron Paul. Avec Mantas aux allures d’Hulk Hogan et Dolan en James Coburn chauve, nous avons face à nous le parfait trio de sosies. Je ne sais pas si la présence d’Abaddon derrière les fûts y était pour quelque chose (sûrement cela dit), mais on m’avait vendu Venom inc. comme bien supérieur à la version de Cronos. Eh bien ce n’est, à mon sens, pas le cas du tout. Les nouveaux morceaux y étant pour beaucoup. La simplicité du songwriting original est toujours là, mais l’efficacité et le côté cradingue, eux, se sont fait la malle. Zéro méchanceté.

Les musiciens sont pourtant irréprochables : grimaces, signes à la foule, déplacements, etc. L’attitude est au top mais sur cette grande scène cela manque d’aura. De plus, le public ne répond que timidement aux vieux titres comme Live like an Angel... Tout cela ne sonne vraiment pas fou, surtout agrémenté du son toujours aussi exécrable de la Temple. En définitive, mis à part le final sur Black Metal / Countess Bathory, l’ambiance ne décollera pas vraiment. J’aurais peut-être un avis différent en les voyant dans une petite salle, mais pour l’instant cette seconde version de Venom ne m’aura pas tellement convaincu.

Hank Von Hell
Warzone
20h45 - 21h45

Di Sab : Top ! Je ne suis pas venu en France depuis 12 ans malgré une armée de fans attendant ma venue, je suis je suis …. ? Tool ? C’est non. Depuis 2007, il n’est pas aisé de suivre la trajectoire de Hank Von Helvete. Frontman ultra emblématique de Turbonegro, l’héroïne l’a poussé à arrêter ce qu’il faisait de mieux : du rock. La trajectoire de Hank n’a pas été facile à suivre : scientologie puis/et supergroupe intitulé Doctor Midnight and the Mercy Cult qui a proposé un rock plus intimiste que Turbonegro. Ce n’est que l’année dernière que Hank est revenu dans le registre dans lequel il excelle avec Egomania, un album moins mémorable que ce qu’il produisait par le passé avec ses camarades norvégiens mais meilleur toutefois que le Rock N Roll Machine sorti la même année. C’est devant une foule ridiculement minuscule, la faute aux Dropkick Murphys en face, que Hank arrive sur son titre éponyme et ses chœurs über catchy que tous les Turbojugends présents reprennent en cœur. Immense fan de Turbonegro, c’est avec une émotion difficile à cacher que j’acquiesce lorsqu’il demande à la foule s’il nous avait manqué. Je ne dois pas être le seul tant les Turbojugends présents mettent tout en œuvre pour faire de ce concert le moment le plus décadent de ce Hellfest à grands renforts de fesses plus ou moins nues, de cravaches, de poppers et d’idées intelligentes comme slammer pendant les circles pits. Le groupe de Hank suit le théorème de Kiss qui dispose que le plus de paillettes, le mieux et gagne haut la main la palme de l’élégance de ce cru 2019.  La setlist est focalisée sur l’album de Hank et il est touchant de voir que le public le connait assez bien. Bien que Bump to Bum fasse vraiment figure de hit, les 4 reprises de TurbonegroGet it OnSeldestructo BurstI Got Erection et All My Friedns Are Dead sont sans surprise les points culminants de ce set.

Après plusieurs années de silence, Hank semble déterminé à revenir et à faire amende honorable. Vis-à-vis de Turbonegro tout d’abord, via un message sur son compte facebook, et vis-à-vis de son public à travers de concert généreux qui laisse présager le meilleur si le sort et les addictions ne s’acharnent pas, une fois de plus, sur lui.

Possessed
Altar
21h50 - 22h50

Sleap : Je profite du final de Venom inc. à côté pour me placer devant l’Altar. Les gratteux finissent d’ailleurs leurs balances en reprenant le riff de Countess Bathory joué sur la scène voisine. Bien que j’aie déjà plusieurs concerts de Possessed au compteur, je trépigne d’impatience de revoir les Californiens tant leur musique me rend fou en live.

Premier constat à l’arrivée des membres sur scène : Jeff Becerra a tellement maigri ! Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais signe, mais il a l’air en forme. Malheureusement, je vais vite déchanter, notamment à l’écoute de la batterie. Cette fois-ci, le son de l’Altar n’est pas le principal point faible, ni le batteur du groupe (bien au contraire), mais les triggers de grosses caisses sont tout bonnement insupportables… De très loin le pire son de kick du week-end. C’est même la chose qu’on entend le plus durant tout le show. Quelle horreur ! Pour un groupe de la trempe de Possessed c’est vraiment un comble.

Comme dit plus haut, le son global n’est pas aussi crade que pour d’autres prestations, mais on peine tout de même à entendre la guitare de gauche. Et Becerra, en plus de lire les paroles affichées au sol, galère vocalement lors de certains passages – surtout pour les nouveaux morceaux bizarrement… Ces derniers passent assez bien l’épreuve du live, mais ce sont évidemment les Pentagram et autres Evil Warriors qui constituent les meilleurs moments. Si seulement les triggs n’étaient pas aussi surmixés… Les rototoms sont en plus parfaitement exécutés, avec cette résonnance si 80’s, mais cette grosse caisse vient vraiment tout gâcher…

Le pit – en majorité constitué de Sud-Américains –, n’est pas très effervescent. Il faudra attendre la doublette Exorcist / Death Metal pour que tout cela se remue un peu. J’essaie d’apprécier le set comme il se doit, mais rien à faire. C’est vraiment la pire fois où je fois Possessed en live. Ça me fait vraiment mal de le dire… Allons de ce pas nous consoler devant Manowar ! Ah… On me dit dans l’oreillette que ça ne va pas être possible. Quelle dure journée…

Uncle Acid & the Deadbeats
Valley
21h50 - 22h50

Di Sab : Difficile de passer de la fête Hank Von Hell à l’Occult rock mâtiné de doom d’Uncle Acid et de ses Deadbeats. Les ayant vus à Milan en décembre, je savais à peu près à quoi m’attendre et avais été convaincu par la prestation du groupe à qui la scène de Black Sabbath lors de sa tournée européenne de 2013 avait semblé un peu trop grande. C’est donc en terrain connu que je m’apprête à accueillir Kevin Starr et ses mauvais payeurs. Le set étant 1 tiers plus court qu’à Milan la setlist est bien raccourcie pour rentrer dans le timing. Melody Lane, Waiting for Blood, Blood Runner, Crystal Spiders et Evil Love sont donc sur le banc ce soir. Equilibrée, la setlist propose des titres de toutes les périodes du groupe (Night Creeper étant tout de même un peu délaissé) et met en avant le meilleur du petit dernier Wasteland. Il y a un contraste visuel assez amusant entre le guitariste très concentré et le bassiste charismatique. Kevin Starr centralise forcément l’attention et est plutôt déter par rapport à la musique qu’il propose avec des bons petits tapages de pieds que n’aurait pas renié le frontman de Power Trip. Les extraits des clips s’enchaînent et je me prends à penser que tout ce délire érotico vintage commence à devenir bien ringard même si cela illustre plutôt bien le propos des Anglais. Le public est un peu trop chaud pour le propos, avec des slammers un peu hors sujet sur Death Door et une petite meuf à mi-chemin entre Billie Eilish et Harley Quinn qui faisait des invocations bizarres à côté de nous entre deux stories Insta. Un super moment malgré la brièveté du set. Uncle Acid s’apprécie mieux en salle mais cela reste une valeur sûre en live.

Hellhammer
Temple
22h55 - 23h55

Sleap : Même si Manowar était l’un des shows que j’attendais le plus lors de cette édition 2019, leur annulation aura le mérite de transformer mon seul triple clash du week-end en un simple clash Hellhammer / Descendants. Mais là encore, il faut faire des choix. Et le caractère exclusif du show des vétérans suisses me fait rester une fois de plus sous la Temple au détriment de la Warzone. Je reste sceptique (frost), mais j’ai tout de même bon espoir. Alors, était-ce la bonne solution ?

Eh bien pour moi, la réponse sera finalement non. Contrairement à la quasi-totalité des personnes présentes, j’ai l’impression d’être le seul à ne pas avoir apprécié le concert des Suisses. Abordons tout d’abord les points positifs. Visuellement, le groupe n’en fait pas trop : de simples flags à l’effigie de Triumph of Death sont disposés de part et d’autre de la scène, en plus du grand backdrop. Niveau sonore rien à redire non plus, même si sonoriser du Hellhammer n’est évidemment pas la plus ardue des tâches. Et… ma foi, c’est tout.

Pour rester sur le son, il est vrai que pour un concert sous la Temple cela reste bien au-dessus de la moyenne. Seulement, l’ajout d’une seconde guitare était-il nécessaire pour un groupe tel que Hellhammer ? Je ne pense pas. D’autant que la personne choisie pour l’occasion n’est à mon sens clairement pas adaptée. Son jeu est beaucoup, beaucoup trop propre pour du Hellhammer. Et après quelques recherches, je confirme en effet qu’un guitariste de Death technique est tout sauf idéal pour réinterpréter les compos crades et approximatives du trio suisse. Pas de commentaire sur le batteur qui a l’air de s’endormir sur place (comme s’il écoutait son groupe principal)…

Mais enfin, le dernier et principal problème de cette formation vient évidemment de Tom G. Warrior lui-même. Restant dans la même optique que pour Triptykon, le frontman a fait le choix de ralentir et d’alourdir (dans le mauvais sens du terme) la plupart des morceaux joués. Y compris en fin de set pour la reprise spéciale du second titre de Morbid Tales, pourtant bien plus véloce en studio. Bien que je sois le premier à exulter en entendant en live du Hellhammer et du Celtic Frost, c’est presque un calvaire de remuer la tête si lentement. Même les refrains de certains titres déjà très mid-tempo comme Reaper sont encore plus ralentis par le vocaliste. Au fur et à mesure du show, je suis presque satisfait de ne pas entendre Satanic Rites ou d’autres de mes titres fétiches tant l’interprétation ne convient pas.

Enfin, l’attitude un peu trop friendly de Tom ne colle pas non plus à l’ambiance du show. Bien que cela reste acceptable, le frontman annonce presque tous les titres et se permet même quelques commentaires qui cassent complètement l’effet : « My mom likes this song » ou encore une série de « UGH » pour faire marrer le public… Et, Hellfest oblige, ce dernier lui répond bien. Malgré le peu de monde présent, certains ne peuvent s’empêcher de slammer pendant le concert. Sur Hellhammer… Sérieusement… Bref, je n’épilogue pas, pour moi ce show fut une bien belle déception. Je regrette d’autant plus de ne pas avoir été voir les Descendants

Carcass
Altar
00h00 - 1h00

Sleap : Après cette série de déceptions, place heureusement aux deux derniers shows de cette première journée. Et je dis « heureusement » car, oui, ce seront de très loin les deux meilleurs concerts du jour, et ils figureront dans le top du week-end tout entier. Cela commence avec Carcass, pour lesquels je viens me placer en avance (alors que Triumph of Death clôture la setlist des Suisses à côté). Je ne sais pas si c’est l’effet Manowar, mais l’Altar est totalement blindée pour la venue des Anglais. Je ne pensais pas le groupe aussi attendu, surtout à ce festival. Mais j’en suis le premier ravi !

Ce doit être la douzième fois que je vois Carcass en concert, je vous épargnerai donc les éternels éloges. Je me contenterai de dire que le son est absolument parfait, et pour l’Altar c’est un fait à souligner. Que les trois musiciens à l’avant sont toujours les mecs les plus classes du festival (Bill Steer en tête évidemment). Que la setlist est assez semblable aux fois précédentes mais que, ô joie, nous avons encore droit au retour magistral de Genital Grinder ! Jeff ne blague pas autant qu’à l’accoutumée, mais le public est totalement réceptif. Je ne pensais vraiment pas voir une fosse aussi compacte (et active !) durant un set de Carcass au Hellfest. Rien à dire, c’est le concert de la journée… À moins que…

Fu Manchu
Valley
00h00 - 1h00

Di Sab : Existe-t-il un groupe plus ensoleillé que Fu Manchu ? Est-ce que jouer la nuit à l’ombre de la Valley a carencé Scott Hill en bêta-carotène et que cela explique pourquoi ce soir il semblait aussi à l’aise sur scène qu’un Allemand en pleine après-midi à Ouarzazate ? La bouche grande ouverte, cherchant le sens de la vie comme un orque à Marineland, le leader emblématique du Fu faisait un peu de peine pour son retour au Hellfest après un set mitigé il y a trois ans.  Ne boudons pas notre plaisir, cette année, à l’inverse de 2016, le concert fut loin d’être décevant. Comme à chaque fois que je les vois, il y aurait toutefois toujours un petit ajustement de setlist à faire pour faire passer ce concert de « très bon » à « légendaire ». En premier lieu, l’absence, toujours plus criante de Squash that Fly et la fin en queue de poisson par Saturn III qui est pourtant loin d’être ce qui se fait de mieux pour finir un set énergique. Pourtant ce soir, le groupe a lâché, dans sa grande mansuétude, quelques raretés : notamment Coyote Duster et Laser Blast. Par ailleurs, quand tu as le répertoire des Californiens, même si tu ne joues pas ce que tu as de meilleur, il t’est facile de te mettre un public à ta botte via des enchaînements d’une efficacité rare à commencer par Evil Eye / Eating Dust / Clone of the Universe. La fosse s’en donne à cœur joie et c’est sous une pluie de slammers que les éternels Fu Manchu referment cette Valley de la meilleure des façons. Pro et propre.

King Diamond
Temple
1h00 - 2h00

Sleap : Ok, je retire tout de suite ce que je viens de dire concernant Carcass. Le concert de la journée [spoiler] et du fest [/spoiler] va avoir lieu, contre toute attente, sous la Temple ce soir. C’est pourtant la scène la moins bien réputée niveau son – et, encore une fois, ce ne seront pas les conditions sonores les plus idéales –, mais seigneur dieu quel show ! Dès l’ouverture des immenses rideaux qui cachent la scène, nous sommes éblouis par une scénographie tout bonnement grandiose. King Diamond figurait déjà en première position des shows visuels les plus dingues que j’avais pu voir de toute ma vie, mais le décor de ce soir repousse encore les limites ! Véritable façade d’hôtel ou de manoir, le décor se divise en trois niveaux. Le sol de la scène, sur lequel se trouvent de nombreux éléments et accessoires et duquel montent deux escaliers de part et d’autre. Ces derniers menant au premier étage – sur lequel, au centre, se trouve la batterie –, puis à un second et dernier étage surplombant la totalité de la scène. Cet immense décor de théâtre est assez large pour accueillir de chaque côté de sa structure des lits, chaises, lampadaires, torches et autres ornements muraux.

Alors que quelques lampes et ampoules s’allument, la porte centrale du bas de décor s’ouvre lentement laissant apparaître le King sur un lit d’hôpital miteux accompagné d’une perfusion. Le frontman se lève en titubant tel un zombie, saisit une croix d’os inversée sur laquelle est plantée son micro, et c’est alors que résonne l’intro de The Candle, premier morceau du premier album. C’est la liesse générale ! Les autres musiciens descendent de chaque côté des immenses escaliers, le batteur accompagne le riffing d’ouverture depuis son premier étage central alors que le King et le public à l’unisson entonnent les « woooooooh » qui ouvrent l’album. J’en ai des frissons. C’est déjà le meilleur moment de tout le week-end !

Il s’agit ce soir du tout premier concert du groupe en deux ans, et le King nous a concocté pour cette nouvelle tournée une setlist absolument effarante. Gros best of agrémenté de quelques inédits. Ainsi, en plus d’un nouveau titre qui ne présage que du bon, nous avons droit au retour de VoodooInvisible Guests et même Tea dans la setlist. Pour chacun des titres, la seconde vocaliste est présente sur le premier étage de la structure, de même que l’actrice qui accompagne visuellement chaque morceau. Elle se déguise tantôt en zombie, tantôt en esprit ou en sorcière et interagit avec le King lors de certains passages. D’autres personnages en bures noires à capuches interviennent de temps à autre pour l’entraîner vers l’arrière du décor ou même pour apporter d’autres accessoires comme un cercueil, des chandeliers ou des plateaux.

Comme prévu, ce set de King Diamond rafle tous les oscars : mise en scène, décors, costumes et évidemment bande son ! La setlist est à tomber par terre : du Abigail, du Fatal Portrait, du Conspiracy, du Them, du The Eye, avec notamment un énorme Behind these Walls joué pour la toute première fois en live. Quel concert, mais quel concert ! J’en oublie presque l’absence de titres de Mercyful Fate. Mais mon petit doigt me dit que cette setlist full King Diamond ne fait que précéder une potentielle reformation… À suivre en 2020. Pour l’heure, la messe est dite. Je viens de vivre le concert du festival. Ni plus ni moins !

***

Sleap : Ainsi s’achève ce premier jour de festival haut en couleurs. L’annulation – puis le remplacement au pied levé – d’un certain groupe dont on ne prononcera pas le nom, en aura fait commérer plus d’un. Mais malgré cette semi-déception, la journée semble avoir été parfaite pour bien des festivaliers. Retrouvailles multiples, murges anthologiques et évidemment concerts exceptionnels, tous les ingrédients du bon début de festival sont là. Et, comme à l’accoutumée, la fête continue au camping ! À demain… selon notre état…

Jour 2


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Crédits photos : Leonor Ananké - Hard Force
Textes par l'équipe Horns Up.

Photos