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Il fut un temps où votre serviteur habitait de l'autre côté de la Manche, en Albion et il m'a été donné à plusieurs reprises de constater l'attachement quasi irrationnel des insulaires pour le siècle dernier. On ne compte pas les concerts hommage aux gloires passées (Black Sab' , Led Zep et j'en passe). Alors quand Andrew "Mac" McDermott, connu pour officier dans Threshold, groupe de prog ô combien sous-estimé, s'est lancé dans un nouveau projet, il était presque évident que ce serait pour retrouver l'esprit 70s que le pays aime tant. Après maintes pérégrinations, il a réussi à mettre en place un quatuor solide de Geordies, nom que l'on donne aux habitants du nord de l'Angleterre (en gros Newcastle), réputés pour leur accent quasi incompréhensible qui ferait passer Dany Boon pour un professeur d'élocution.
Ce mini-cd de six titres fleure bon le fait maison, tant au niveau du packaging (l'arrière de la pochette) qu'au niveau du son. Savoir respecter un esprit créé il y a plus de trente ans, ça se travaille. Alors côté son, tous les instruments claquent bien mais ne vous attendez pas à quelque chose de ciselé et moderne. Il fallait retrouver l'esprit un peu garage de l'époque et surtout ce petit côté sale et bien gras, élément constitutif de tout bon album de rock'n roll. Et ça marche, on ne perd rien en puissance et en clarté, ça cogne et on se fait plaisir. Ils nomment leur style le « swamprock » (« swamp » étant un marais) et à la réflexion, ça leur colle pas mal !
Pour ce qui est du contenu, les Swampfreaks ont pioché des sons par-ci par-là. D'ailleurs quand le cd débute Gaitor sent plus de stoner et le bayou du sud des States que les rives de la Tyne. Le titre ne trompe pas puisqu'il semble que la personne à qui s'adresse le chanteur semble être destiné à l'estomac d'un alligator. Les guitares dégoulinent encore plus lors du break et sonnent à merveille pendant le refrain. Le tout accompagne parfaitement le timbre de voix de Mac, pas trop agressif et juste ce qu'il faut de mélodique pour coller au ton de l'ensemble. Côté influence, on trouvera du rock progressif, et ce fameux rock 70s. On se sent parfois l'envie de mettre le cd à fond dans la voiture la vitre baissée et le coude à la fenêtre, activité connue sous le nom de « cruising » aux USA.
C'est pour dire l'effet plutôt positif de ces six titres. Monkey In Yer Bed n'a pas besoin de battre des records de vitesse ou d'originalité pour accrocher l'oreille : refrain avec deux voix, riff accrocheur de simplicité et ambiance à la fois lourde et enjouée. La science du riff semble infuser les musiciens puisque Tiny People passe aussi comme une lettre à la poste. Avec des titres qui tournent autour des quatre minutes, Swampfreaks développe ses plans, change ses ambiances (j'en reviens à Tiny People pour illustrer mon propos) et assoit sa puissance assumée à travers le son. Puissance qui se perd dans le titre le plus faible du disque à mon goût : Broken. Trop inégal et surtout trop éloigné de l'ambiance créée par ailleurs.
Pour reparler des tendances du disque, on entendrait presque du blues sur Fell To Ground, ceci étant discutable car le grain du son les éloigne de ce genre. Peu importe, on sait qu'ils se sont nourris d'éléments loin de leurs bases musicales. Le tout pour finir par Follow Me, dont l'énergie finit par rappeler celle de Gaitor, le premier titre. Car on pourrait en effet se demander s'ils n'ont pas fait le tour de la question en si peu de chansons. En effet il ne manque rien et il n'y a rien en trop sur ce disque équilibré. Prenons le comme le coup d'essai des quatre musiciens de Swampfreaks qui regorgent de talents. On peut espérer qu'ils trouveront la ressource nécessaire pour nous plaire encore un peu plus et compléter un album entier. Affaire à suivre.
1. Gaitor
2. Monkey In Yer Bed
3. Broken
4. Tiny People
5. Fell to Ground
6. Follow Me
