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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Nightmare

Genetic Disorder

LabelRegain Records
stylePower / thrash
formatAlbum
paysFrance
sortieoctobre 2007
La note de
U-Zine
9.5/10


U-Zine

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Le temps des incertitudes est désormais révolu, celui des doutes banni, loin derrière…Nightmare est aujourd’hui un personnage centrale de scène heavy métal. Huit ans après leur retour, et trois albums plus tard, le statut des grenoblois a été métamorphosé. Il est bien loin le temps où un pourtant excellent "Silent Room" sortait dans un relatif anonymat, sans rameuter grandes foules ni passions. Car il y a eu l’épisode The Dominion Gate, époustouflant concept futuriste et novateur musicalement qui permis au groupe de prendre définitivement ses distances avec le reste de la scène.

Dernier album chez Regain Records, "Genetic Disorder" arbore visuellement une esthétique plus sombre, que l’on rapprocherait plus volontairement de combos black ou brutal death que heavy…mais Nightmare ne fait pas comme les autres, et "Genetic Disorder" va permettre de catapulter encore plus haut les efforts des français, de les placer dans le peloton de têtes des formations actuelles, "Genetic Disorder" prend la forme d’un chef d’œuvre.

Là où "The Dominion Gate" laissait place à de nombreuses atmosphères, à une vision plus atmosphérique de leur art, plus pesant, "Genetic Disorder" installe une ambiance agressive, aux guitares omniprésentes, tranchantes et vindicatives. Un aspect thrash d’une puissance peu commune ressort de compositions touchées par la grâce, emplie de feeling, si bien que certaines compositions semblent déjà cultes, faisant partie de nous, comme si nous les avions en fait toujours connu, comme si cette jouissance qui parcourait notre échine était celle d’un album fondateur. L’intro proprement hallucinante au tapping de "Forsaken Child" fait partie de ceux là, surmonté par un riff direct et magnifiquement lourd, les vocaux gorgés d’émotions et de puissance de ce formidable Jo Amore font toute la différence. Plus sombre, plus mesuré et grave, son chant prend toute sa mesure lorsqu’il s’évertue à s’envoler dans des aigus absolument impressionnant (qu’un certain Rob Halford n’est plus en peine de réussir…).

Le fait que l’album est été enregistré au mythique studio Fredman n’est probablement pas étranger à l’agressivité qui ressort de ce disque taillé pour le live mais d’une richesse forçant le respect pour un album se voulant aussi direct. Les riffs dominent ici complètement des claviers mis considérablement sur le brancard, les riffs sont tous plus tortueux et originaux les uns que les autres, et démontrent une complexité de tous les instants, Jo plaçant souvent ses refrains si uniques sur des leads mélodiques.
Franck et Alex s’en donnent à cœur joie et font de chaque composition une merveille. Le génial "Battleground for Suicide", au riff mid tempo ravageur se métamorphose en une accélération foudroyante pour un refrain unique et magistral, où Jo démontre l’entière capacité de son talent, autant aérien qu’incroyablement puissant, voir violent. Derrière ses futs, son frère David multiplie les cassures et les breaks, renforçant un peu plus le côté thrash.
"The Winds of Sin" continu de nous abreuver d’une jouissance quasi-divine, que l’on n’avait pas entendu si inspiré dans le genre depuis des années. Sur une double pédale monstrueuse se pose un riff monstrueusement gros et taillé pour le headbanging, pour laisser la place à un pré-refrain enlevé et épique avant de voir débouler un refrain simple mais d’une efficacité si redoutable qu’il démolira à coup sur les premiers rangs des salles de concerts. Puis ce solo, au tapping, magistral, inspiré, beau…parfait…avant de repartir sur une envolé de Jo troublante et simplement magnifique.

Dans cette spirale de puissance quasi infinie, Nightmare pousse encore un peu plus loin le visage extrême qui commençait à se profiler sur "Heretic" ou "The Watchtower", notamment sur un "Conspiracy" qui sème les ténèbres de par le chant black de Yves, autant à l’aise dans ce chant criard que derrière sa basse. Et lorsque Jo refait surface, le parallèle se fait de lui-même, cette voix, cette tessiture est toute la personnalité d’un Nightmare plus conquérant que jamais, plus couillu et brutal. "Leader of the Masquerade", comme un rappel à Messenger of Faith, installe un lead mélodique magnifique de beauté et une base rythmique simple mais hymnique. "A Thrill of Death" instaure quand à lui un climat plus mystérieux et martial, syncopé…quand à "Wicked White Demon", il n’est autre qu’un rouleau compresseur défonçant tout sur son passage. Son riff syncopé et purement thrash est une merveille de brise nuque, le tout se ralentissant intelligemment pour laisser éclore un refrain une nouvelle fois magistrale, posé et envolé, où Jo réalise de nouvelles prouesses à chaque seconde.

Que dire si ce n’est que Nightmare a rejeté loin derrière la concurrence heavy métal au sens large. Si le power semble de plus en plus en berne (Gamma Ray déçoit, HammerFall ne fait plus rien, Rhapsody s’est éloigné de son style de prédilection…reste les légendes ou des groupes comme Edguy ou Sonata Arctica, dans un genre bien différent, tentant d’avancer avec leur propre personnalité) et le thrash à l’abandon par le public, Nightmare parvient à réunir la quintessence des deux mondes pour nous livrer un album proche de la perfection (qui n’écoutera pas "Queen of Love and Pain" jusqu’à satiété tant son refrain ne vous quitte plus une fois entré dans le crâne ?). Et s’il est dit que la perfection n’a pas de nom, "Genetic Disorder" est un sérieux candidat au titre des meilleurs albums de ces dernières années…la moindre des choses étant simplement de dire merci !

1. Nothing Left Behind
2. Battleground for Suicide
3. Queen of Love & Pain
4. Conspiracy
5. Leader of the Masquerade
6. Final Procession
7. The Dominion Gate (Part II)
8. The Winds of Sin
9. Forsaken Child
10. A Thrill of Death
11. Wicked White Demon
12. Dawn of Darkness

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